Submarino

Ma seule expérience du cinéma de Thomas Vinterberg jusqu'alors, c'était le film "La Chasse" qui malgré ses critiques plutôt bonnes ne m'avait pas franchement convaincu. Le thème était intéressant sur le papier, mais je n'ai pas aimé la façon dont il a été traité. C'était trop simplet et attendu, voire même niais à mon gout. Néanmoins, le souvenir d'une bonne direction d'acteur et d'un thème original m'ont poussé à laisser une seconde chance à ce réalisateur. Grand bien m'en a pris ! J'ai donc regardé "Submarino" : critiques moins élogieuses que pour "La Chasse", mais ce film m'a pourtant BEAUCOUP plus séduite.

Dès les premières minutes du film, j'ai senti que je ne retrouverais en aucun cas les défauts que j'avais pu regretter dans l'autre film. Outre les thèmes qui me touchent personnellement plus, et qui font que je trouve d'emblée ce film plus puissant, j'ai apprécié le fait qu'on ait eu une vraie volonté de faire un film âpre et réaliste, avec un rythme lent, et une ambiance parfois pesante. On montre les choses sans fard, quitte à être dur et déprimant. Personnellement ça me convient tout à fait. ça correspond vraiment à ma vision du film dramatique, qui ne présente pas réellement d'intérêt s'il n'est pas éprouvant. Comment faire sentir le vide et le désespoir des personnages si on édulcore le propos ? ça me semble pas possible.

Le film n'est malgré tout pas sans défauts. Il y a notamment un scénario parfois un peu trop attendus, je pense surtout à la fin. Je n'ai pas non plus trop apprécié quelques scènes assez crues sans réelle raison. Je regrette aussi une construction assez maladroite. La première moitié du film, centré sur l'enfance des deux frères et sur le personnage de Nick, est très claire. La fin est également pas mal. Mais dans toute la partie centrale du film, je trouve que le montage est assez mal fait. J'ai eu un sentiment de scènes mises bout à bout sans qu'on essaye de créer un véritable ensemble. On passe vraiment d'un personnage, d'une époque à l'autre sans aucun enchainement. Du coup il est un peu compliqué de toujours comprendre où on veut en venir, il est également très difficile de savoir si une scène se passe avant, après ou simultanément à une autre scène du film. Mais bon, globalement je me suis prise en jeu sans trop de mal et j'ai passé un bon moment.

Je pense que le fils rouge du film, les liens familiaux, qu'ils soient parents/enfants ou entres frères, offre un angle d'attaque hyper intéressant aux thèmes. Mais ça apporte aussi une petite touche de douceur, je trouve. Malgré tout ce qu'il leur arrive, j'ai quand même eu le sentiment que les personnages concevraient une certaine forme d'affection les uns pour les autres, ce qui m'a tout particulièrement touché.

J'ai ressentis beaucoup d'attachement et d'empathie pour le personnage principal, Nick, et j'ai été complètement séduite par l'interprétation froide mais pas inexpressive pour autant de Jakob Cedergren. Sans me marquer autant que lui, les autres acteurs jouaient aussi assez bien, sauf peut-être le gamin qui joue Martin qui n'est pas toujours totalement crédible, notamment dans les scènes où il s'énerve. On va dire que son âge l'excuse un peu. La réalisation en elle-même m'a par contre semblé assez quelconque, tendance inexistante (très peu de musique, des plans fixes, une lumière naturelle et/ou trop sombre) néanmoins il y a un bon travail sur les décors notamment, qui nous plongent complètement dans l'ambiance.

En bref, des petits défauts à droite à gauche qui font que ce film n'ira pas dans ma liste or, mais il n'y a rien d'insurmontable non plus. Je conseille sans hésitation aux amateurs de ce genre de drames sombres et assez durs.