Le Sergent Noir

Un film de western indéniablement intéressant et différent de ce que j'ai vu jusque-là. John Ford nous offre un scénario anti-raciste. Ici, le personnage mis en valeur est le sergent Rutlegde, un noir dont il est héroïsé sous les traits d'un héros fordien (on notera que l'acteur Woody Strode dira que c'est l'un de ses plus beaux rôles au cours de sa carrières d'acteur), tandis que les Blancs qui président le tribunal, l'avocat, l'épouse du colonel et ses amies sont dépeints comme des racistes, dont chacun a un rôle stéréotype dans un film typique fordien (nous retrouvons un homme important qui est au final assez ridicule, une femme niaise, un homme sûr de lui-même qui ne veut pas reconnaître ses torts et j'en passe). Ce que j'ai beaucoup attendu dans ce film de procès fictif est le rôle du défenseur, ici incarné par Jeffrey Hunter. Les deux principaux du film sont convaincants et profondément humains comme la cavalerie du 9e régiment, composés des esclaves noirs affranchis depuis la fin de la Guerre de Sécession. Une remarque personnelle pour Constance Towers, je l'ai trouvé un peu effacée mais elle incarne la féminité pure et dotée de bon sens au milieu des hommes soldats. Comme en grande partie des films fordiens, les Apaches sont vus comme des antagonistes avec une vision manichéennes. En réalité, le film porte sur l'anti-racisme, dont à l'époque où le film tournait, la ségrégation raciale était présente aux États-Unis. C'est en réalisant ce film que John Ford veut démontrer qu'il dénonce le racisme, contrairement aux idées reçues sur son opinion.

Malgré que nous avons un visuel classique et simple, pour un film de cavalerie, il est très loin d'être exceptionnel, contrairement à la trilogie de cavalerie de John Ford (réalisé 10 ans plus tôt). Certaines scènes offrent un très beau cadrage, notamment la scène où le sergent Rutlegde est derrière la lune pleine, représenté en tant que héros fordien avec une chanson de Capitaine Buffalo.

Un film intéressant et atypique qui mérita d'avoir une place dans sa discothèque, surtout pour les fans du western et des films fordiens.