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Commentaires de films faits par pwachevski

Répliques de films par pwachevski

Commentaires de films appréciés par pwachevski

Répliques de films appréciées par pwachevski

date : 13-11-2023
J'ai vu récemment le film "Sans un bruit" que j'ai beaucoup apprécié. En me renseignant sur cet autre film, j'ai découvert l'existence de celui-ci au concept très similaire. Apparemment personne n'a copié sur personne, les deux films ont été développés en parallèle, et surprise à l'arrivée, des similitudes troublantes, mais dues à un simple hasard. Tout ça pour dire que je ne peux pas m'empêcher du coup de comparer un peu les deux films, et ce n'est malheureusement pas en la faveur de celui-ci, que j'ai trouvé beaucoup moins aboutis.

Moins aboutis techniquement parlant. La réalisation est bien moins recherchée, très banale, sans inventivité visuelle, à part sur le design des monstres. Le son n'a pas été assez travaillé non plus, alors que bon, c'est un peu la thématique quoi ! L'interprétation est relativement bonne, mais pas transcendante non plus ; on a déjà vu ces acteurs meilleurs ailleurs. Et la somme de tout ça provoque une ambiance infiniment moins prenante et mémorable. Pour tout vous dire, je n'ai même pas ressenti cette petite angoisse propre aux histoires qui ont un fond horrifique comme celle-ci.

Mais moins aboutis aussi au niveau du scénario, qui est beaucoup plus bancal.

Le premier tiers du film traite de la découverte et la propagation des bestioles dans le monde. Après une introduction qui faisait très blockbuster, et qui fonctionnait plutôt bien dans son genre, on fait vite face à des personnages qui prennent des décisions qu'on a beaucoup de mal à comprendre. Je veux bien que ce soit un peu la base dans un film d'horreur les personnages un peu con-con qui prennent des décisions stupides, mais enfin, pas à ce stade de l'histoire ! Là on veut les découvrir, s'attacher à eux, s'identifier a eux. Et non désolée, je ne m'identifierais pas à une famille de teubés.

Ils font l'exacte inverse de ce que la raison commande ! On leur dit de rester chez eux : ils partent explorer monde. On leur dit de rester silencieux : ils continuent d'agir normalement, regarder la télé, écouter la radio, maintenir une sonnerie de téléphone, conduire une voiture etc. Ils partent avec une petite valise comme s'ils allaient en vacances, sans emporter le moindre matériel "de survie" : pas d'eau, pas de nourriture, pas de médicaments,... Bien sûr ils prennent quelques armes à feu aussi, ils ont peur de rien, ce sont des américains, dommage que là encore, c'est la dernière chose logique à faire quand on doit rester silencieux. Évidement aussi que le groupe se sépare, là aussi classique du genre, qui fini toujours mal, on le sait. Franchement, je peux tourner les choses dans tous les sens, je trouve aucune explication logique à leur comportement au début du film ; c'est de la pure ficelle scénaristique qu'on voit à 3 km.

Un basculement s'opère cependant au bout d'une demi-heure, vers un tiers central bien plus sympathique et réaliste, plus tourné sur la survie et l'adaptation à ce nouveau monde. J'ai vraiment repris espoir dans le film à ce moment. On l'avait enfin la crédibilité, les enjeux étaient intéressants, et on fini même par les aimer un peu les personnages.

Mais on revient tout gâcher malheureusement dans le dernier tiers. Outre la conclusion trop précipitée et un peu simpliste, on introduit sur le tard une nouvelle thématique que j'ai trouvé très mal amenée et peu crédible là encore.
Spoiler(cliquez pour révéler)
Cette espèce de secte sort plus ou moins de nulle part, on ne cherche même pas à justifier comment ces gens ont pu s'organiser, se couper la langue (en silence) et cicatriser si vite. On justifie ça par une question de fertilité et donc derrière l'idée de repeupler le monde décimé. Pourquoi pas. Mais pas à ce stade !!! Ça fait littéralement que deux jours que le monde est dans cet état, c'est tellement précipité de penser à ça. [/spoiler]

Sur la globalité du film, on regrettera quelques thématiques amorcées mais jamais franchement traitées [spoiler](la maladie de la grand-mère notamment, qui n'apporte au final rien au film ; tout comme la petite romance entre ados).
La thématique de la surdité n'est pas toujours très bien exploitée non plus. Parfois les personnages parlent en langue des signes, parfois non, comme si c'était un accessoire dont pouvait se passer le personnage d'Ally. Sauf que non. Parfois l'actrice grimace comme si elle entendait le bruit qu'elle produit. Sauf que non. On a des lignes de dialogues qui ne tiennent pas, comme quand elle dit savoir vivre dans le silence, entendu sans faire de bruit... Bah non plus, c'est pas parce qu'on est sourd qu'on ne produit plus de bruit, c'est même en réalité certainement plus complexe pour une personne sourde que pour une personne entendante de ne pas faire de bruit. Elle passe des appels visio sur sa tablette, avec du son... Et alors qu'ils doivent rester silencieux en plus... Enfin bon, je ne vais pas multiplier les exemples, vous avez compris l'idée. J'ai clairement trouvé ça assez maladroit, alors que ça aurait pu au contraire être l'occasion de donner une visibilité à ce handicap peu exploité au cinéma (enfin, je suis pas certaine que les autres handicaps soient plus exploités, mais celui-ci étant non visible c'est d'autant plus dur d'en faire quelque chose de pertinent à l'image, je pense).

Pour conclure, même si c'est un film que j'ai regardé avec un certain plaisir, car il reste globalement distrayant, je n'ai pas grand chose qui m'a réellement séduite. Un concept qui reste intéressant et ne partie centrale assez prenante, c'est mieux que rien, mais pas suffisant pour faire un film réellement bon.
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date : 11-11-2023
C'est le film que j'attendais le plus cette année ! Mais vraiment, là j'ai à nouveau 10 ans je viens de voir le dernier Harry Potter. Je suis dans cet état parce que c'est le retour de David Fincher, et que j'adooooore ce réalisateur. Parce que c'est le retour de David Fincher sur un thriller, s'il ne faut pas le réduire à cela, c'est quand même incontestablement le genre où il excelle le plus. Et puis parce que c'est le retour de David Fincher, sur un thriller, avec Michael Fassbender dans le rôle titre *insérez un cri strident de fangirl ici*. Ça fait un moment qu'on a perdu ce bougre des radars, son dernier bon film, il faut remonter jusqu'à 2016, pourtant c'est un excellent acteur. Je suis tellement contente de retrouver, enfin, et d'autant plus s'il est associé à un réalisateur que j'aime au moins autant que lui.

On part donc pour 2h à suivre notre tueur à gage psychorigide, philosophique et fan des Smiths (<3 moi aussi c'est complètement dans la BO de ma vie). Le début du film m'a semblé un peu bizarre, d'autant plus pour une sortie en streaming, qui normalement vous accroche à votre siège tout de suite pour que vous ne partiez surtout pas ailleurs. Ici on est au contraire très bavard, presque lent, sans qu'on comprenne totalement dans quoi on s'embarque. Puis le tueur fait une grosse bourde, est lâché par ceux qui l'emploient, il va donc devoir remonter à la source avant qu'ils ne le retrouvent et là on se laisse ensuite porter par la magie du film.

Pourtant ce n'est honnêtement pas une intrigue originale, trèèèèèèèès loin de là. Le tueur à gage et surtout la thématique de la vengeance, on en a un peu déjà bouffé à toutes les sauces (au hasard Piégée de Soderbergh - déjà avec Fassbender - et la totalité de la filmographie de Jason Statham aussi). Le côté "surhomme" du tueur, ne rencontrant jamais de difficulté majeure dans sa quête est également un peu trop facile. Ce n'est pas la première fois que Fincher s'attaque à un thème un peu éculé (les tueurs en série dans Seven et Zodiac, ce n'est pas d'une originalité folle non plus) mais on le sent quand même moins inspiré ici, car on n'échappera cette fois pas à un sentiment de film trop linéaire et sans suspense particulier (c'est con quand même pour un thriller).

Par contre, à part ça, c'est un film d'une propreté absolument remarquable.

Le film est très bien écrit, pas d'erreur de cohérence et une gestion du rythme assez impeccable. Cette espèce de monologue intérieur du tueur est vraiment percutant, avec pas mal de matière à réflexion et même des pointes d'un humour piquant qui font vraiment mouche. Franchement ça m'a complètement rappelé l'esprit de Fight Club à de nombreux moment, notamment lorsqu'on aborde les problématiques les plus contemporaines (le côté hyper connecté, hyper intrusif, mais pas plus protecteur, qui baigne tout le film, c'est du génie). On voyage physiquement, on traverse plusieurs pays, mais aussi mentalement, notre personnage évolue au fil du film, on crée dans chaque phase du récit une ambiance différente des autres, on n'a jamais de routine et du coup on s'ennuie pas, à aucun moment du film.

A part le filtre verdâtre un peu pisseux qui a été appliqué sur les images, et dont je ne suis pas fan fan j'avoue, je n'ai rien à redire sur la réalisation. La mise en scène est ultra précise, que ce soit dans les scènes d'action ou les scènes plus intimistes. Il y a un vrai regard de cinéaste. La musique est bien employée, même si on aurait pu aimer plus de créations originales. Il y a un gros travail sur la photographie également, les jeux sur les lumières etc... on s'efforce vraiment de créer des ambiances marquantes (le combat avec "la brute", nouveau chef d’œuvre de clair obscur).

Et puis on a donc cet excellent Michael Fassbender !!! Pourtant je ne m'attendais pas nécessairement à ce que ce soit un rôle très marquant. Enfin je veux dire que sur le papier, c'est pas un nouveau Tyler Durden (Fight Club), c'est pas une nouvelle Amy Dunne (Gone Girl), c'est pas un personnage qui par essence a une singularité qui va vous marquer. C'est juste un autre tueur à gage sur le papier. Mais en fait si, ce tueur est vraiment singulier dans sa façon de penser et de parler en revanche assez peu ; ce qui amène en plus une difficulté d'interprétation, car c'est finalement un rôle deux en un : acteur quasiment muet, mais narrateur très bavard. Je ne veux pas faire ma chieuse prétentieuse de base, mais pour le coup c'est VRAIMENT un film à voir absolument en VO, car une très grosse partie du travail d'interprétation ne se joue pas à l'écran mais sur la voix off. Même si vous ne parlez pas anglais, vous percevez le ton, l'intonation, le rythme, bref l'intention qui met l'acteur quand il fait cette narration et qu'un doubleur, même certainement talentueux, ne peut reproduire à la perfection.

Bref, Fassbender, en plus d'apporter tellement de bonnes choses au film, nous marque vraiment. Les scènes sans l'acteur principal se comptent sur les doigts d'une main. Tout tourne autour de lui, c'est lui qui fait que le film fonctionne ou sera une sombre bouse. Et nul doute que le film fonctionne, avec sa colère froide mais millimétrée, qui laisse place à personne d'autre (à part peut-être Tilda Swinton a qui on a offert une très jolie scène). Il est littéralement le film et le personnage, on ne pourrait pas l'imaginer autrement que de la façon dont il l'interprète. Voilà, t'as gagné Michael, tu quittes ma vie pendant 6 ou 7 ans, tu reviens sans prévenir, avec une réalisation qui cherche même pas à nous cacher que tu as vieilli, tu claques des doigts et je suis à nouveau amoureuse de toi (oui, j'ai des relations toxiques avec des acteurs hollywoodiens).

Il y a un peu de fangirlisme primaire dans mon appréciation, je le reconnais. Mais pas seulement non plus, puisque même si ce n'est clairement pas le meilleur film de Fincher, c'est quand même un film avec de très belles qualités et qui m'a fait passer un excellent moment.
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J'avoue que j'y allais un peu beaucoup à reculons. Déjà je trouve peu d'intérêt à adapter encore une fois cette histoire, mais en plus ce n'est absolument pas le genre d'histoire qui me parle personnellement. Je trouve ça niais, caricatural et prévisible (et pas seulement parce qu'on a déjà vu 10 adaptations de la même histoire). Pas de miracle à l'arrivée, je reste assez sceptique sur le projet et ai levé les yeux au ciel un nombre incalculable de fois pendant mon visionnage.

Comme si un support de départ pas à mon goût ne suffisait pas déjà, ce qu'on y a ajouté, bah on aurait dans l'ensemble mieux fait de s'abstenir ! Je n'ai pas trop compris ce choix de construction du film, avec des flash-back qui s'insèrent parfois (pour pas dire souvent) assez mal dans la narration. Je ne rêve pas, on n'a aucun autre indice que la coupe de cheveux des actrices pour savoir si on est dans le passé ou dans le présent ?! Fausse bonne idée, clairement. Puis les messages féministes glissés dans le film manquaient globalement de subtilité pour moi. Ce n'est pas une question d'être d'accord ou non avec le propos, mais c'est bien une question d'écriture pertinente ou non du film. Désolée, mais ce n'est pas bien écrit ici. Céline Sciamma dans Portait de la jeune fille en feu y arrivait parfaitement bien, et sans jamais trahir l'esprit d'un "film en costumes", mais là, c'est vraiment fait sans finesse, et ça tombe littéralement comme un cheveux sur la soupe.

Après, je reconnais quand même et malgré cela le côté distrayant du film. C'est rythmé et sans aucun temps mort, donc on se laisse quand même prendre au jeu. Les décors et costumes sont assez superbes également, ce qui rend la chose plaisante à regarder. Je suis très contente aussi que Greta Gerwig prenne son envole et trouve un vrai style à elle avec ce film ; parce que Lady Bird faisait lui quand même beaucoup penser au cinéma... de son compagnon, Noah Baumbach.

Le casting dégage aussi une très belle énergie, et participe grandement à la sympathie qu'on a pour le film. On est souvent déçu des films qui ont un casting 5 étoiles, alignant les grands noms, parce que c'est tellement survendu qu'on se dit un peu "tout ça pour ça ?!", mais c'est pas le cas ici. Si j'ai quand même trouvé Emma Watson pas toujours très juste, et si je ne suis toujours pas une grande amatrice de Louis Garrel, la globalité du casting fonctionne très bien. Ma préférence ira à Florence Pugh, ce qui m'étonne (agréablement) car c'est clairement pas elle que j'attendais dans ce film. Je pense que je ne la vexerais pas si je lui disais que Emma Watson et Saoirse Ronan sont plus connues qu'elle, Saoirse a en plus le rôle titre, donc c'est elles deux que je m'attendais à voir crever l'écran. Eh bah non, c'est Florence. Emma, je l'ai déjà dit, mais je l'ai trouvé plutôt à côté, et si Saoirse joue bien, le côté excessif de son personnage et donc de son jeu (mais c'est pas une erreur d'interprétation pour le coup, c'est le personnage qui fait ça) a eu tendance à m'irriter un peu. Florence s'impose du coup naturellement dans mon esprit, comme le personnage alliant sympathie et jeu solide.
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date : 11-11-2023
Conformément à mon habitude, je ne suis pas une fan des films à sketches, pour une raison très simple : ce n'est JAMAIS équilibré. Il y a systématiquement soit une histoire que vous adorez et vous fait oublier les autres, soit une histoire que vous trouvez complètement nulle et plombe le film (soit les deux en même temps).

Par contre, il y a un point où les trois histoires de ce film se valent, c'est sur la qualité de la réalisation. Les trois films proposent des techniques d'animation/slow-motion originales, voire carrément inédites, avec des univers assez forts à chaque fois. Je ne connaissais pas ces réalisateurs, mais ça me donne vraiment envie d'en savoir plus, pour chacun d'entre eux, et rien que pour ça, merci à ce film ! Ils partagent aussi des scénarios qui ont tous un lien avec une maison pleine de promesse de prime abord, mais qui tournera vite au cauchemar. Il serait très excessif de classer le film dans la catégorie horreur, mais on a quand même un travail sur l'ambiance qui est assez remarquable et en étonnera plus d'un de la part d'un film d'animation. Comme souvent avec Enda Walsh (le scénariste) derrière des apparences parfois innocentes, il nous donne quand même du grain à moudre, matière à réflexion.

La première histoire est de loin celle que j'ai préférée. Les 3 films ont donc une réalisation intéressante, mais pour le coup, j'ai eu un vrai coup de cœur pour le style d'animation de celui-ci. On est un peu dans une ambiance type Wallace et Gromit mais avec des poupées en tissus à la place de la pâte à modeler. Ça donne un résultat très chaleureux je trouve, avec des jeux de textures hyper saisissants, et jamais vus pour ma part. J'ai en plus beaucoup aimé l'intrigue. Cette maison qui change au fil des jours à un coté complètement onirique et fascinant. Malgré tout, on se projette très facilement dans le récit, parce que les deux personnages enfants sont super attachants. Une vraie belle réussite. On aurait sûrement pu trouver de la matière pour faire un film entier sur ce sujet.

La seconde histoire m'a moins séduite, principalement parce que pour le coup, je n'ai pas eu du tout d'attachement pour le personnage qu'on suit. Je l'ai rapidement trouvé assez peu sympathique. L'intrigue qui est développée reste intéressante, mais moins recherchée je pense que la première, car jouant sur deux angoisses plus communes (insectes et intrusion). Avec cette histoire, j'ai plus eu un sentiment de déjà vu, et surtout de déjà vu mieux fait (Parasite, Malveillance...)

La 3ème histoire renoue avec des personnages pas mal attachants, bien qu'un peu caricaturaux parfois. On a aussi un univers qui se veut plus onirique, qui ne cherchera pas nécessairement le réalisme, ni même de justification crédible, et j'ai trouvé ça très plaisant. Par contre, on perd complètement l'ambiance de comédie noire des deux premières histoires, ce qui m'a un peu dérouté.
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date : 11-11-2023
Même si j'ai un peu passé l'âge et trouvé la fin trop abrupte, mal amenée, j'ai dans l'ensemble bien apprécié ce teen movie que j'ai trouvé distrayant mais surtout assez finement écrit ; et on va pas se mentir, ça c'est plutôt très rare pour ce genre.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est Enda Walsh à l'écriture du scénario, qui écrit des pièces de théâtres et des scénarios de film, sans être du tout enfermé dans les histoires alakon pour les ados. Il écrit de tout, et surtout des choses plutôt sérieuses, je pense au film Hunger de Steve McQueen par exemple, drame historique assez âpre. Au-delà de l'anecdote, je trouve sincèrement qu'en tant que spectateur on sent qu'il y a un vrai auteur derrière Disco Pigs. Dans les très grosses lignes, c'est un énième triangle amoureux, mais on su y intégrer pas mal de détails et subtilités qui donnent une saveur très intéressante au film et clairement de l'intérêt.

On suit donc deux amis d'enfance, le garçon surnommé Pig et la fille surnommée Runt. Tout va bien dans le meilleur des mondes pour eux, jusqu'à ce que le désir sexuel (plutôt unidirectionnel, mais pas tout à fait non plus) s'installe, et avec lui pression, frustration, jalousie, déception et j'en passe. C'est déjà un point de départ que je trouve très pertinent. Je ne dis pas que ça nous est tous arrivé, mais la relation que, parfois même après coup, on ne sait pas vraiment où classer, amour ou amitié, est quand même un classique je pense de sa construction émotionnelle, donc pertinent à traiter dans un film pour ados.

Ensuite, si parfois dans ce type de film on glamourise un peu trop les relations dysfonctionnelles ou toxiques sans les nommer, ce qui me dérange personnellement (exemple type : Edward de Twilight, qui est juste un stalker creepy sur lequel on a fait tripper toute une génération d'adolescentes), ici on n'est pas du tout dans un schéma de ce type. On assume totalement le fait qu'on traite d'une relation qui ne peut en rien servir de modèle (ou alors de modèle de ce qu'il ne faut pas faire). C'est réellement le concept du film, comme une image, je pense, du chaos de l'adolescence et de la violence parfois du passage à l'âge adulte

Par ailleurs, on ne tombe pas non plus dans la facilité de faire un personnage méchant et un personnage gentil, un bourreau et une victime. Il est trop simple pour moi de mettre la faute, la responsabilité uniquement sur Pig, car Runt ne lui dit pas stop au bon moment, semble quand même un peu flattée de cette excessive attention, joue avec ses sentiments et donc aggrave assez clairement la situation. Ça aussi c'est un point particulièrement bien écrit du film, pas pour faire culpabiliser, mais avec l'idée je pense de faire grandir son spectateur, quel que soit le personnage auquel vous vous identifiez ou vous attachez spontanément. Si ce n'était que de l'amitié, est-ce que je n'ai pas laissé planer une ambiguïté à un moment ? Si c'était de l'amour, est-ce que je ne l'ai pas exprimé de la mauvaise manière ? Il y a clairement quelque chose d'excessif dans le film, mais qui n'empêche pas l'émergence d'un message fort et beau à sa manière. Enfin pour ma part, même si j'ai dépassé la tranche d'âge auquel s'adresse le film, il y quand même quelque chose qui m'a touché dans cette histoire.

Les aspects techniques viennent cependant un peu plomber l'ensemble. La réalisation n'a ni style ni charme particulier. Elle est au mieux proprette, mais sans aucune saveur. Par exemple la ville dans laquelle ça se passe n'est pas du tout mise en valeur, malgré des plans dans les rues, les monuments, quelques vues d'ensemble de la ville, mais on nous fait rien ressentir pour ce décor. Ça aurait pu mérité une BO plus mémorable également.

Je ne pense pas dire ça uniquement parce que je sais que le film est tiré d'une pièce de théâtre, car ça m'a semblé extrêmement visible : j'ai à de nombreux moments trouvé la mise en scène trop théâtrale. Enfin, je veux dire, il y a quand même littéralement des monologues dans le film ! Ce qui manque forcément de naturel, de réalisme. Il y a aussi ce décor des chambres, avec le trou dans le mur ; limite je les vois sur scène les acteurs séparés par un paravent. Ou l'introduction avec les bébés, franchement je l'entendais la voix off de théâtre. Mais il y aussi plein de petites autres choses, comme des scènes qui misent presque uniquement sur le visuel et pas la parole, comme les scènes en boite de nuit. Bref, le passage d'un support à l'autre n'a pas été ni suffisamment travaillé ni très bien pensé et ça donne malheureusement un aspect pas totalement aboutis au film, ce qui est vraiment dommage.

Autre rapprochement à faire avec le théâtre, dans la façon de jouer des acteurs, avec comme un léger surjeu par moment. Alors pas nécessairement sur les expressions du visage, mais plus dans la façon de se mouvoir, le travail du corps, avec beaucoup de gestes amples, là encore pas totalement naturels. Ça n'empêche pas d'avoir une belle énergie entre les interprètes, la justesse globale du propos et même une émotion parfois très sincère, mais c'est quand même une façon un peu désuète de jouer, quoi.

Par contre, ce qui est très sympa dans l'interprétation, c'est les nombreux non dits, qui sont réellement interprétés par les acteurs. Les gestes, les regards, qui ont une grande puissance, racontent tant de choses, sans aucun mot. Par exemple quand Pig tombe sous le charme de Runt dans sa robe, c'est un moment très pur, très charmant. Cette scène où Pig, troublé, hésite à glisser sa main vers Runt à travers le mur, ce geste si banal et enfantin jusqu'alors, qui prend maintenant une autre saveur. L'un des monologues de Pig où jusqu'aux muscles de ses épaules se crispent. Dans ces scènes on a une grande empathie qui se crée avec les personnages, et c'est sans trop de doute les moments les plus marquants du film. Dommage qu'on n'ait pas su mieux canaliser à d'autres moments l'énergie et le talent des interprètes.

En bref, même si ce n'est pas un coup de cœur et qu'il y a des défauts parfois assez gênant quand même, ça reste une découverte sympathique et un film qui m'a donné matière à réflexion. J'en garderai donc plutôt un bon souvenir.
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date : 11-11-2023
Je comprends que ce film d'animation a un statut assez culte. D'une part il développe un univers SF/dystopique/cyberpunk sans âge, encore très crédible 30 ans après sa sortie. Les IA, l'informatique, les virus, le sens de la vie, la conscience, les cyborgs,... tout, absolument tout fonctionne encore. D'autre part, même si le visuel a parfois un peu vieilli (et c'est normal), c'est un film avec une cinématographie assez magnifique, la "mise en scène" est extrêmement léchée, ce qui maintient un sentiment de modernité. Par ailleurs, la bande son est également très marquante et assez superbe. Tout ça provoque une ambiance mémorable et immersive.

Là où j'ai moins accroché à titre personnel, c'est sur le manque d'explications. L'univers est riche, dense pour un film de seulement 1h20, mais on ne prend pas réellement le temps de nous le détailler. Par moment on nous balance à la tronche du jargon propre au film, section untel, section truc, ministère de ça, pays voisin inventé... Honnêtement ça m'a un peu perdu. J'ai compris les grosses lignes de l'intrigue, je ne suis pas teubée non plus, mais il me manque les détails, et ça m'agace un peu.

Plus largement, le rythme m'a semblé vraiment étrange. Les "temps morts" du récit ne sont pas bien placés. Ils devraient intervenir après les phases de révélations, pour prendre le temps de digérer les infos et d'y réfléchir aussi, puisque ça invite clairement à la réflexion. Mais non, ce n'est jamais là qu'on les place... Du coup le film ma parfois semblé trop lent mais à d'autres moment trop rapide. L'ensemble ne m'a pas semblé plus distrayant que ça, et j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages.

Bref, je ne déconseille pas, parce que ça reste une chouette découverte, mais je ne suis pas totalement emballée.
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date : 05-11-2023
Techniquement parlant, je n'ai pas grand chose à redire. C'est un vrai plaisir pour les yeux, les images sont superbes. La réalisation se montre assez créative, dans ses choix de plans à hauteur d'enfant. La musique est parfaitement employée également. Le casting est globalement convaincant. Bref, rien à redire sur tous ces points.

Par contre, je suis méchamment passée à côté du scénario... Je ne m'étais pas imaginée le film comme ça en fait. Je pensais qu'on aurait parlé beaucoup plus frontalement de l'histoire de l'Irlande et de cette guerre civile, un peu à la façon de Le vent se lève de Ken Loach (nota : oui je sais, ça ne parle pas du même sujet, mais dans l'idée, je m'imaginais un film de ce style). Au final, je ne peux pas dire que c'est absent du film, mais c'est loiiiiin. C'est juste une toile de fond, qui parsème tout le film, mais sans jamais être réellement traitée. Le plus gros du film se compose d'anecdotes d'enfance du personnage de Buddy, comme le fait qu'il ait une amoureuse à l'école, ou qu'il travaille pour avoir des bonnes notes.

Ça ne manque pas de sincérité, avec l'inspiration autobiographique pour Kenneth Branagh. Ce n'est pas mauvais, c'est même bien fait, mais ce n'est pas ce que moi je venais chercher dans ce film. L'ensemble m'a semblé du coup un peu plat. Je ne me suis pas spécialement attachée aux personnages. L'émotion ne m'a pas complètement atteinte. J'ai même fini par trouver ça assez ennuyeux sur la 2nd moitié, alors que le film n'est pourtant pas long.

Je ne déconseille pas le film, car je pense sincèrement qu'il peut trouver son public, car il ne manque pas de qualité. Mais définitivement, il n'était pas fait pour moi, malheureusement.
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date : 04-11-2023
Je suis une mauvaise cliente assumée en matière de film d'horreur, pas par peur, mais par total désintérêt pour ce genre. Mais du coup quand j'aime miraculeusement un film, c'est d'autant plus une bonne surprise, d'où ce très bon classement.

J'ai vraiment instantanément accroché au concept du film. Alors oui bien sûr, on n'échappera pas à quelques facilités
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(notamment l'accouchement non filmé et visiblement très rapide)
et prises de décision contestables des personnages, on ne peut pas dire sur les péripéties débordent d'originalité et on aurait aussi aimé en savoir plus sur les monstres. Mais globalement, j'ai quand même trouvé qu'on proposait un concept atypique et très bien mené. Même sans réelle phase explicative, on comprends très vite ce qui se passe, on entre dans l'ambiance, on se met à stresser avec les personnages et à s'attacher à eux - parce que le côté horrifique n'empêche pas l'émergence d'émotions plus classiques également, le traitement d'une vie de famille et de couple touchante.

C'est dire la précision de l'interprétation, de la mise en scène et du choix des décors, puisqu'on a tout cela quasiment sans parole. Et surtout du traitement du son est simplement remarquable, pas classiquement la BO au sens la musique, mais vraiment les sons, les bruitages, leur mixage,... qui sont employés de façon extrêmement pertinente. Au-delà de l'intrigue en elle-même, c'est un film qui affiche des ambitions cinématographiques assez claires, et c'est surtout ça qui me fait plaisir.

Par contre, ça n'aurait pas du durer plus longtemps, car sur un format plus long, je pense que l'absence de parole et surtout d'explications serait devenu pénible. 1h30 c'était parfait (et même moins en réalité, si on enlève le générique qui fait quasiment 10 minutes). Ça me rappelle un peu certains films de Cronenberg qui sont hyper percutants sur un format très court (La Mouche, A History of violence...).

Maintenant go voir la suite et son film jumeau, The Silence, qui n'a apparemment aucun lien avec celui-ci, mais qui est juste bizarrement sorti quasiment en même temps et quasiment avec le même concept. Oui, je ne suis pas du tout une personne obsessionnelle moi quand j'aime un truc.
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date : 04-11-2023
Film quand même assez singulier dans la filmographie de Lars von Trier puisqu'on est strictement dans le registre comique. Alors oui, avec l'exigence du réalisateur, son ton très décalé et absurde, et un message qui se veut encore et toujours dénoncer une certaine vision du monde du travail, mais ça reste une vraie comédie, ce qui n'est vraiment pas courant pour lui. On n'aura pas d'incursions d'autres genres et malgré des moments grinçants, on n'est pas dans les ambiances pessimistes habituelles du réalisateur.

Peut-être que c'est ça qui a fait que je n'ai pas accroché plus que ça, car pas vraiment l’impression d'avoir vu un film de Lars von Trier, et c'était forcement un poil moins marquant que d'autres de ses films. Peut-être que c'est la bizarrerie de la réalisation, avec ses très nombreux faux raccords et des acteurs qui jouent parfois (volontairement) assez mal. Peut-être aussi le fait que je n'ai pas vraiment réussi à en tirer un enseignement pour ma vraie vie ; les personnages montrés sont tellement caricaturaux qu'on n'a pas le côté "hey, ça me rappelle tel collègue". Quoi qu'il en soit, le film m'a assez vite un peu lassé, et la 2nd moitié a même été assez pénible pour moi, alors même que le film ne fait que 1h30.

Je signale quand même que je ne déconseille pas, même si je n'ai pas aimé plus que ça, parce qu'il y a de vrais instants de comédie qui fonctionnent dans le film. Je suis même assez fan du personnage joué par Jean-Marc Barr. Le film est tourné en danois et j'imagine qu'il ne le parle pas. Plutôt que lui faire cracher de façon plus ou moins convaincante un texte appris en phonétique, ça devient un effet comique récurant du film, quand il n'arrivera pas à s'exprimer ou à suivre les conversations. Difficile de savoir où s'arrête la vérité et où commence la fiction, mais j'ai trouvé ça drolissime pour le coup.
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Bon bah voilà, il y a rien de plus à dire : Martin Scorsese nous fait à nouveau une leçon, que dis-je, une masterclass de cinéma. C'est typiquement le genre de film où il n'y a aucun défaut majeur. Réalisation ? On touche au divin. Acteurs ? Topissime. Scénario ? Passionnant. Musique ? Envoûtante. Émotion ? Bouleversant.

J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose d'absolument fascinant dans ce film, sa mise en scène, ses décors naturels ou non, ses costumes, ses plans, sa BO, ses couleurs... C'est littéralement une expérience à vivre. On tombe dans un vortex qui nous coupe complètement de notre vraie vie et nous fait voyager dans un lieu, un époque, un milieu, des sensations. C'est un vrai film à ambiance, où on ressent comme rarement les choses (vous voyez ces poils qui se dressent sur vos bras ?).

Pour autant, on ne tombera jamais dans la catégorie des films contemplatifs, où c'est bien joli tout ça, mais il se passe rien. Comme toujours avec Martin Scorsese, il y a un vrai message fort à la clé, une vision glaçante, ténébreuse, si ce n'est carrément terrifiante de l'histoire de son pays ; en détournant pertinemment la forme des westerns, qui ont si souvent nié, minimisé, glamourisé cette histoire. Je sais que la durée du film en découragera plus d'un, mais on est sur un film qui peut être assez grand public quand même, du fait de son histoire qui se met en place avec une précision et un didactisme assez chirurgical. La lenteur du film permet une immersion très progressive et extrêmement claire pour le spectateur. Également une émotion qui nous pète à la gueule à plusieurs reprises.

C'est aussi un film "à étage" je pense, il est très hétérogène, tout en contraste. Je veux dire qu'on va vraiment créer des phases différentes dans le film. L'ambiance du début du film sera totalement différente de celle que vous avez au bout d'une heure, qui sera encore différente de celle que vous avez au bout de 2h, qui sera totalement différente de la fin. On nous parle aussi bien de la grande histoire, celle des États-Unis, que de la petite histoire, le huis clos familial macabre qui est en train de se jouer. Par moments, on sera complètement dans un western classique. A d'autres, complètement dans un thriller, polar ou film noir. A d'autres, dans un film romantique. A d'autres, dans un drame, voire une tragédie grecque. On peut même se permettre par moment d'oublier les deux personnages principaux, et de céder pleinement la narration durant quelques phases du film à d'autres personnages. Et du coup, malgré la lenteur, on ne s'ennuie absolument pas. Il n'y a aucune lassitude, aucune routine qui s'installe dans le film.

Et ce casting de folie... Franchement, on voit ça, on se dit que les jeux ne sont définitivement pas faits, pour les Oscars et le reste, pour Cillian Murphy et Robert Downey Jr. dans Oppenheimer ; franchement ça va se bagarrer cette année, et c'est très excitant à voir pour un cinéphile. Parce qu'en face, vous avez un Leonardo DiCaprio des grands jours, mais vraiment, pas la truite la mieux oxygénée du ruisseau, avec ses dents pourries, sa bouche à l'envers et sa mâchoire en avant, manipulé par un cruel et crépusculaire Robert De Niro, un monstre dans le film, un monstre du cinéma dans la vraie vie. La dynamique et la complémentarité du duo est assez implacable. DiCaprio passe par une palette d'émotions rare. Il est aussi accompagné d'une stupéfiante Lily Gladstone, qui derrière une première apparence froide nous offrira pourtant les plus gros moments d'émotion du film. La complicité avec DiCaprio est assez parfaite aussi, il se contente pas de dire qu'il est amoureux d'elle, ça se voit à 3 km qu'il l'est ; et pourtant, c'est aussi eux qui vont nous offrir les moments les plus tendus du film, parfois sans même le verbaliser, uniquement par la posture, les regards, les non dits.

Je ne tarie donc pas d'éloges sur ce film. Le seul truc qui me bloque un peu, c'est que j'ai déjà vu un film qui m'a fait cet effet là. Tout du long j'ai pas pu m'empêcher de penser, de repenser, et de penser encore à There Will Be Blood. L'intrigue est très différente, mais en terme d'ambiance et d'intention j'ai vraiment trouvé qu'il y avait un énorme parallèle à faire. Je me suis même sérieusement demandée si on avait pas choisi l'apparence physique du personnage d'Alvin sur le modèle de Daniel Day-Lewis dans cet autre film, tant la ressemblance est frappante. Et ne me demandez pas pourquoi, je n'ai pas d'explication rationnelle à ça, mais j'ai préféré There Will Be Blood.

On ne peut pas non plus faire comme si le film ne durait pas 3h30... Même si j'ai trouvé ça excellent, on éprouve quand même la longueur du film. Je pense qu'on aurait pu facilement passer sous la barre des 3h, en abandonnant certains détails et/ou en dynamisant certaines choses, pour rendre la chose plus accessible au plus grand nombre. Même s'il y a déjà des ellipses assez énormes parfois... On aurait aussi pu prendre le parti de rallonger, d'être exhaustif dans la narration, et de partir sur une mini série en une saison. Quoi qu'il en soit, le format interroge.

Ah et aussi, je ne sais pas si les 19€90 que j'ai payé pour voir le film en IMAX ont été parfaitement investis. Pas de mauvaise interprétation les images sont sublimissimes, je redis que la réalisation est à couper le souffle. Mais le film n'est pas spectaculaire. C'est du pur talent d'un réalisateur "à l'ancienne" qui n'a pas besoin de se cacher derrière des effets grandiloquents pour faire un film marquant. Ce n'est pas du tout le western avec des courses poursuites à cheval par exemple. Du coup je reste un peu sur ma faim pour l'IMAX. Ce n'est pas indispensable pour moi en tout cas.
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Vous voyez les phrases du deuil ?

Il y a d'abord le déni et la colère. Ça c'est moi devant le premier film. Je faisais l'autruche, non, cela n'a pas existé, on n'a pas un jour trouvé cool de faire tout un film Batman basé sur des clichés sur les pays asiatiques.

Ensuite il y a le marchandage. Ça c'est moi devant le second film. J'ai fait tout un commentaire pour expliquer ce qui ne me plaît pas et ce que j'aurais préféré. Je termine sur la phase dépressive, puisque j'annonce dans ce même commentaire pleurer de désespoir.

Et enfin, il y a la phase d'acceptation. Ça c'est moi devant le 3ème film. En fait, j'en suis arrivée au stade où je lutte plus. J'ai bien compris qu'il fallait que j'arrête de rêver, ce n'est pas avec Christopher Nolan qu'on m'offrira un Batman torturé pour de vrai ou des réflexions abouties sur le bien, le mal, la différence entre justice et vengeance. On veut à la place me proposer une sorte comédie romantique autour de Batman. Pfff, bon aller, lâchons prise, acceptons.

(Fun fact : Nolan est pas le seul a avoir osé cet angle d'attaque foireux, il y a aussi le comics The Dark Prince Charming de Enrico Marini... Mais j'étale juste ma science là, parce que je ne conseille pas, en fait)

On commence sur une incohérence assez grosse quand même, puisqu'on a quitté Bruce à la fin du film 2, qui s'en foutait un petit peu, il faut bien le dire, de la mort prématurée et dans d'affreuses circonstances de Rachel. Mais on le retrouve ici dans une profonde dépression, pour ce motif, depuis 8 ans. Bon. On va dire que lui aussi a eu sa phase de déni, qu'il avait pas encore réalisé dans le film 2...

J'en profite pour faire un compliment (PROFITEZ IL Y EN AURA PAS BEAUCOUP !!) à Christian Bale, qui n'est donc pas franchement un acteur que j'aime. Mais je trouve qu'il a une évolution très positive dans cette saga. A chaque film, il est meilleur que dans le précédent. Et dans celui-ci, il propose un Bruce vieillissant et déprimé assez convainquant. Et ça offre aussi de jolis moments d'interprétations à d'autres acteurs du film, notamment Michael Caine, et dans une moindre mesure Gary Oldman, qui débordent d'un talent qu'on n'a absolument pas exploité dans les deux premiers films.

Toujours plein de bons conseils, ce bon vieux Alfred dit plus ou moins à Bruce : "allez gros, bouges-toi un peu, maries-toi, fais des enfants, emmènes-les en vacances à Florence", car comme chacun sait, une vie ne peut avoir de sens sans ces éléments (surtout si vous êtes une femme) et c'est un super message que de faire culpabiliser une personne dépressive en lui disant que c'est juste une grosse feignasse qui vit dans sa crasse. On bascule du coup dans une sorte de triangle amoureux à la noix. Bruce va ainsi tout le long du film papillonner entre Marion Cotillard, a qui il fera notamment l'amour sur une peau de bête devant la cheminée (mais c'est d'un kitch, JPP), et Anne Hathaway, jouant la fameuse Catwoman.

ATTENTION SVP : je vais faire un autre compliment.

Franchement, je ne misais pas un kopeck sur Christopher Nolan pour traiter correctement du personnage de Catwoman. Même le plus grand de ses fans ne pourra me nier ce fait : ce n'est pas du tout un réalisateur connu pour son traitement des femmes. Ses films sont très masculins, et même parfois exclusivement masculins (Dunkerque), il n'a jamais eu une héroïne, les femmes dans ses films sont au mieux des plantes vertes (Inception), parfois des clichés désuets (Interstellar), au pire des objets sexuels (Scarlett Johansson dans Le Prestige ou Florence Pugh plus récemment dans Oppenheimer). A côté de ça, on a le personnage de Catwoman, qui par essence est un personnage ultra sexualisé. Ce qui n'est pas à mon sens le cas de Harley Quinn, qu'on a déjà pu voir très peu sexualisé, plutôt sur le registre de la femme battue qui se rebelle. Mais Catwoman, par définition même, c'est son côté félin, et donc sexualisé, qui la définit. On ne peut pas traiter de ce personnage sans introduire une dose de cet aspect.

Donc Catwoman par Christopher Nolan, sur le papier, c'était la catastrophe assurée... Eh bah pas du tout. Franchement, j'en suis la première surprise, mais c'est très bien amené dans le film, c'est juste, le personnage a ce côté félin, attirant, créant ce trouble chez Bruce, mais sans jamais tomber dans quelque chose d'explicite ou de graveleux, ni même simplement de trop insistant au niveau de la réalisation. On n'insiste pas lourdement sur le corps de l'actrice avec ce regard lubrique qui vous dit "regardez, c'est une femme sexy". De plus, je sais qu'elle n'a pas fait l'unanimité, mais moi j'ai trouvé Anne Hathaway excellente dans ce rôle. Alors oui, c'est pas un nouveau Joker, mais ça reste une bonne interprétation.

Traitons du cas Marion Cotillard aussi, parce que je n'aurais pas l'occasion d'y revenir ensuite. Elle a été extrêmement critiquée pour sa prestation dans ce film, et notamment sa dernière scène, moquée, parodiée un demi million de fois. Je ne peux pas dire le contraire, ce n'est franchement pas terrible. Mais je trouve très injuste qu'elle se soit prise toute cette merde à la gueule, et que dans le même temps Nolan ait été encensé et élevé au rang de grand réalisateur. Pour moi, les tords sont complètement partagés. N'importe quel acteur, même le meilleur, peut jouer mal et c'est pas grave, tant qu'il y a un réalisateur pour le corriger, pour lui faire jouer la scène encore et encore, jusqu'à obtenir une prise correcte. Cette fameuse dernière scène tant moquée, je suis désolée, mais le réalisateur a clairement fait une énorme erreur en la validant.

Bon, et tout ça pour dire qu'aussi étrange que ça puisse paraître, ce triangle amoureux foireux est ce qui marche le mieux dans le film, puisqu'à côté de ça, on a un méchant absolument pas mémorable. Principalement parce qu'on a décidé de lui coller le pire masque au monde sur la gueule, puisque non seulement il cache les 3/4 du visage, mais en plus il empêche de parler normalement. Je ne critique pas Tom Hardy, déjà parce que je suis amoureuse de lui, ensuite parce que j'aurais peur qu'il m'en colle une, mais aussi et surtout parce que c'est probablement le premier à subir cette situation. Honnêtement PERSONNE, aucun acteur, n'aurait pu marquer les esprits avec une contrainte aussi énorme. J'en reviens à ce que je dis juste au-dessus, je ne suis pas sûre que le réalisateur ait fait un choix très pertinent ici...

On développe aussi une intrigue aux relents écolo, sur le nucléaire, les énergies propres, qui franchement, aurait pu marcher. C'était peut-être moins présent dans la société qu'aujourd'hui, mais on en parlait déjà en 2012. Puis il y a quand même un joli précédent avec Avatar, sorti en 2009, dont le fond était très écolo, et a vraiment marqué les esprits. Pour moi ce n'est pas une mauvaise idée. Par contre, on lui offre un traitement superficiel, très peu aboutis, et donc un peu naze, faut bien le dire.

L'intrigue n'est pas vraiment d'une cohérence folle non plus. On décide de faire une ellipse de 8 ans, ok, pourquoi pas. Mais c'est fou de voir à quel point les choses on pu changer et pas changer en 8 ans. D'un côté la ville de Gotham s'est beaucoup améliorée et (NOUVEAU BON POINT) la réalisation nous le fait très bien sentir. Mais d'un autre côté, Bruce a rien fait de sa vie en 8 ans ou on pleure toujours ce bon procureur, comme si on s'était quittés la semaine dernière. Il y a quand même des points de l'intrigue qu'on cherche même pas à justifier de façon crédible
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comme la ruine de Bruce, si soudaine.[/spoiler]

On fait émerger un personnage pourtant sympathique, joué par Joseph Gordon-Levitt... Mais trop tard. On savait que ce film concluait la saga, on n'a pas envie d'un nouvel héros à ce stade là de la saga. [spoiler]Et même si on se plaçait dans l'optique d'une hypothétique suite, Robin est un personnage qui ne fonctionne pas sans Batman, donc ça fait pas envie non plus.


Comme dans le film précédent, on ressort à un moment du placard à archives le personnage de Scarecrow, on ne sait pas pourquoi et on ne cherche même pas à donner une explication. Comme je le dis dans mon commentaire sur le 2, c'est toujours un plaisir de se rincer l’œil sur Cillian Murphy mais en terme de scénario, ça n'a zéro sens. Le type était toubib, il est devenu juge. Euh... ok, il a le droit de faire une reconversion professionnelle... La scène a quand même un côté piquant, rigolo, marquant, qui est plaisant, à défaut d'être utile.

Et puis le principal point noir du film c'est la fameuse ascension, qui donne son nom au film. Ne pensez pas que c'est une image, tel un phœnix qui renaît de ses cendres, pour signifier que Batman revient dans la course. Non, c'est bien plus premier degré que ça. On va littéralement demander à Batman de faire de l'escalade !!! Alors il s'entraîne, il va pas y arriver, il va se faire mal, il va réessayer : c'est INTERMINABLE et chiant comme la mort. Et j'en reviens à ce que je disais plus haut : on n'a pas envie de ça à ce stade de la saga. Si ça avait été dans le un, comme rite initiatique dans le cadre de la formation de Batman, ok, mais à ce stade, ça n'a plus aucun sens. Nous on veut un final grandiose, qui nous marquera durablement... Et on ne l'a pas. Ce qui donne un aspect assez frustrant à cette fin.

Côté technique, on dénote encore une fois un changement de style de réalisation, et je trouve extrêmement dommage qu'on n'a pas su crée une cohérence visuelle d'ensemble sur la saga (ex : Harry Potter, c'est aussi l'esthétique mémorable du château de Poudlard, qui est la même pour tous les films ; ici, trois films Batman, trois manoirs différents pour Bruce...). Par contre, le choix d'une réalisation un peu moins grandiose, plus posée, plus sur des gros plans, plus centrée sur les visages, se justifie pour nourrir la fameuse intrigue romantique ; donc personnellement je ne la critiquerais pas, car je trouve qu'elle fait sens (demi-compliment).

Je crois que j'arrive à la fin du mal que j'avais à dire sur cette saga. En étant à mon 6ème film de Christopher Nolan pour cette année, alors que je n'aime pourtant pas son travail, je me fais la promesse de ne plus en regarder jusqu'à la prochaine sortie ciné...
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J'ai souvent entendu dire que The Dark Knight était le meilleur film de la saga de Nolan, je l'ai encore entendu très récemment - Eparm12, je parle de toi là, et t'inquiètes, je t'aime quand même ;-). Je vais complètement assumer mon opinion non populaire, et la haine que je vais m'attirer avec ce commentaire, mais moi je trouve bien au contraire que c'est le pire, et de très loin même.

36 15 je raconte ma vie : je n'aime tellement pas ce film, que pendant très longtemps je n'ai même pas réussi à le regarder en entier. Ah j'ai essayé par contre, j'ai du voir le début 10 fois au moins, mais j'arrêtais systématiquement avant la fin, voire bien avant la moitié même, tellement ça me saoulait. J'ai fini par le voir en entier à une espèce de pyjama party entre copines, où j'étais bien obligée par effet de groupe de rester devant l'écran sans trop ronchonner ; on m'a donc littéralement prise en otage que pour que termine le film. Même aujourd'hui, alors que j'ai décidé (volontairement) de le revoir à l'occasion d'un voyage en TGV, je me suis arrêtée avant la fin, et j'ai repris le film le lendemain seulement. J'ai littéralement préféré ne rien faire dans mon train plutôt que de regarder ça. Oui, on est à ce niveau là de détestation du film.

Je suis juste complètement désespérée par le scénario de ce film en fait. Je n'aime pas cette saga dans sa globalité, et je ne dis donc pas que le scénario du premier était du grand art, mais on y développait quand même une histoire qui avait une certaine cohérence : l'entraînement de Bruce pour devenir Batman, une petite intrigue policière à résoudre, des touches d'intrigues un peu plus personnelles (les parents de Bruce, sa relation avec Alfred ou avec Rachel) qui construisaient un minimum le personnage. Je ne dis pas que le scénario du 3ème film est du grand art, mais là aussi, j'estime qu'on me propose une histoire qui a un minimum de sens, d'attrait. Mais dans ce deuxième film, il y a rien, mais alors RIEN, qui va dans le scénario. Des passages du film sonnent à mes oreilles juste comme un kamoulox tant il n'y a rien à comprendre, pas le début d'une réflexion aboutie, logique ou réaliste.

Je vous préviens, je vais balayer grosso modo tout le scénario pour expliquer mon point de vue. Comme je peux pas mettre tout mon commentaire en "spoiler", et considérant en plus le fait que le film a quand même quelques années et est donc assez bien connu des gens, je me suis permise de ne cacher que le plus important. Mais si a tout hasard vous n'avez jamais vu le film, ne savez vraiment pas de quoi ça parle et voulez vous gardez à 100% la surprise, honnêtement passez votre chemin, il y a bien d'autres commentaires disponibles ici ;)

On commence par un hold up dans une banque digne d'un western, puisque les voleurs repartent avec UN BUS plein d'argent, on nous donne le montant ensuite : 68 millions de dollars. Il va vraiment falloir que Monsieur Nolan révise comment fonctionne le système bancaire, puisqu'il n'y a quasiment plus d'argent liquide dans les banques actuelles... Mais soit, admettons, je veux pas me braquer dès le début.

C'est quoi cet argent ? C'est l'argent de la mafia. Dans une banque ?! Oui, Madame, parce qu'ils le blanchissent dans cette banque. Euh... Bon alors va falloir que Monsieur Nolan révise également la définition du blanchiment d'argent, parce que ça se fait partout sauf dans des banques, c'est plutôt dans des kebabs et des coiffeurs au rabais...

Arrive le personnage que nous pouvons appeler "le méchant chinois" - son vrai nom c'est Monsieur Lau et franchement c'est pas mieux : "hum... Comment je vais appeler mon chinois... Plouf, plouf, plouf : Chang, Li ou Lau ?". Le méchant chinois explique à la mafia (composée EXCLUSIVEMENT de méchants noirs et d'un méchant italien, car Christopher Nolan n'a pas peur des clichés) qu'il va blanchir l'argent volé. Les chinois, les blanchisseries, toute ressemblance avec un stéréotype douteux sur les asiatiques ne sera probablement qu'un pur hasard.

Mais soyez rassurés, Batman va vite aller chercher le méchant chinois basé à Hong-Kong (bah, donc il est pas tout à fait chinois du coup ?...) en sautant dans un avion sud-coréen, en partance pour Pyongyang, en Corée du nord donc. Et comme chacun sait il est hyper facile de traverser la frontière de la Corée du Nord, surtout pour un Sud-coréen. Et c'est pas franchement sur la ligne New-York/Hong-Kong non plus, Pyongyang... Bon après c'est vrai qu'on sait pas où est Gotham aux États-unis. Mais bon vous placez la ville ou vous voulez aux US, c'est toujours pas logique comme trajet. Ajoutons donc la géographie et la géopolitique coréenne et chinoise sur la liste des choses que Nolan peut réviser. Puis là ça commence à charger un peu pour les asiatiques, non ?.. Entre ça, le traitement clichouille à souhait de l'Asie dans le premier Batman et le biopic sur Oppenheimer plus récemment, sans rire, fais gaffe Chris, des gens ont été blacklistés d'Hollywood pour moins que ça.

Mais surtout, ce que je préfère dans l'arc narratif du méchant chinois, c'est que quand Batman décide d'aller l'attraper pour lui apprendre la vie, il se fait aider par Morgan Freeman, qu'il utilise pour créer une diversion. Et Morgan agit ainsi sans AUCUNE couverture. Il se présente littéralement au méchant chinois comme Monsieur Fox de la compagnie Wayne. Alors autant il faut que Bruce prenne un avion totalement déconnant pour rejoindre Hong-Kong, sans risquer de révéler son identité de Batman, autant ça il y a aucun soucis ?! Les bras m'en tombent.

Entre-temps on ne sait pas trop pourquoi, sort de nulle part une scène avec Scarecrow du film 1. Bon alors, si c'est toujours un plaisir de se rincer l’œil sur Cillian Murphy, en terme de scénario, ça n'a zéro sens. Ça veut donc dire qu'on ne l'a pas foutu dans un asile à la fin du dernier film ?! D'accord.

Arrive le Joker qui demande à Batman de révéler son identité. Pourquoi ? Euh... Il ne donne pas de raison en fait. Mais ok, passons. Et il est colère Joker, si Batman le fait pas, il va tuer des gens. S'en suit 3 ou 4 morts de personnages inconnus dont on se fout un peu
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et la mort de Jim Gordon, personnage assez important dans la saga, donc qui devrait nous émouvoir un minimum quand même. Sauf que non, tout le monde s'en bat littéralement les couilles ! Même l'annonce de sa mort à sa femme et ses gosses ne présente pas le début d'un aspect triste.[/spoiler]

Vient alors le ventre mou, non, pas le mien, celui propre à tout film comprenant une enquête. Le temps des fausses pistes, des déceptions et/ou des plans foireux, parce qu'on peut pas conclure le film au bout d'une heure, faut faire traîner un petit peu, histoire de rentabiliser le ticket de cinéma. [spoiler]Comme Christopher Nolan est fin scénariste, il optera pour le plus simple : le plan foireux. Donc ce nouveau procureur, qu'on sent quand même bien trop bon pour être honnête, décide de se faire passer pour Batman pour attirer le Joker dans un piège visant à l'attraper. Bien sûr ça foire. Mais Batman vient le sauver notre gentil procureur à temps parce qu'il est trop fort (bon, il est un peu défiguré, mais ça va, il court encore).[/spoiler] Comme on est dans un film Batman, et qu'on a le budget, ajoutez des explosions, des gadgets, des hélicoptères, un accident de Lamborghini, des bateaux qu'on menace de faire péter, une meute de malinois qui n'ont pas mangé depuis 15 jours et une course poursuite en batmobile et/ou en batmoto où vous voulez pour maintenir le spectateur éveillé. Ce n'est franchement pas subtile et déjà vu 1000 fois, mais c'est peut-être le moment du film qui marche le mieux, c'est dire...

Vient alors le temps des révélations et des retournements de situations tellement fins qu'on ne les voit pas du tout arriver à 10 km. [spoiler]On commence avec Gordon qui revient d'entre les morts. Oui oui. Et le pire, c'est qu'on n'essaye MÊME PAS de donner une explication à ça. On l'a vu se prendre une balle en plein cœur, il réapparait 15 minutes plus tard en disant juste qu'il voulait "protéger sa famille". Oh qu'est ce que c'est beau. J'espère que t'as une bonne mutuelle pour payer les 10 ans de thérapie psy à tes gosses à qui on est venu apprendre ta mort pour rien... Mais il est promu commissaire, alors tout va bien. Sans oublier, actors studio, "Ooooooh, non, c'est pas vrai, je l'avais vraiment pas vu venir, trop choquée", donc ce gentil procureur a qui on veut mettre des baffes depuis le début du film est en fait un méchant ?! Ce n'est pas possible, comment aurais-je pu imaginer une chose pareille ?!! (je suis à peine moqueuse)[/spoiler]

Puis, bien sûr, faut aussi que Batman aille une fois de plus sauver la vie à son crush, pour bien justifier le fait qu'il la baisera à la fin. [spoiler]Et là c'est peut-être la seule bonne idée scénaristique du film, la seule chose surprenante et qui aura un impact sur la construction du personnage : il ne va pas réussir à la sauver. Ça va meurtrir, et à raison, notre pauvre Bruce/Batman qui basculera dans la vengeance plus que la justice, deviendra enfin le Dark Knight qu'on nous annonce dans le titre du film, plus brutal dans ses méthodes, avec une frontière entre le bien et le mal qui n'est plus si claire.... MAIS NON JE DÉCONNE ! Ça aurait pu être ça. Ça aurait dû être ça même. Mais non, Bruce va bien en vrai. Il boira son petit jus d'orange pressé le lendemain au petit dej' comme si de rien était, parce qu'il s'en cogne visiblement de la mort de Rachel, parce qu'il sait qu'elle l'aimait, et que ça suffit à son bonheur. Achevez-moi tellement ce film est con.[/spoiler]

On a ensuite ma scène préférée du film, un bonbon, vraiment. Alors qu'un type est à l'hôpital [spoiler](notre bon vieux procureur/double-face donc)[/spoiler] il y a le Joker qui débarque, avec un masque chirurgical, vous voyez, comme on en mettait pendant le Covid. Zéro réaction du gars alité. Joker enlève son masque. Le gars alité panique. Euh... Donc si je comprends bien, il n'a pas reconnu le Joker avec le masque ? Il s'est juste dit que c'était une infirmière qui a un peu forcé sur le make-up ce matin ? Et après on va me dire que je suis une grincheuse de mauvaise foi, mais allez-y, je vous écoute, je suis tout ouïe, comment vous justifiez l'écriture d'une scène aussi stupide ?

Puis vient (ENFIN, MERCI MON DIEU) la morale finale dans le dernier quart d'heure. [spoiler]Sauf que comme on a fait n'importe quoi du personnage de Batman après la mort de Rachel, on se retrouve obligé de nous pondre une histoire absolument abracadabrante pour justifier l'apparition de notre chevalier noir. Double Face décide donc de s'en prendre à ce bon vieux Gordon, qui n'a pourtant foutrement rien à voir avec ses problèmes, puisque rappelons qu'il était "mort" quand ils sont apparus. Il prend en otage l'un des enfant de Gordon, qui aura définitivement besoin d'une thérapie psy. Grâce à Batman et 36 cascades plus tard, le mioche est sauvé, double face est mort, mais que va penser l'opinion publique quand on leur dira que le bon procureur était en fait méchant ? Oh la la, c'est vrai que c'est bouleversant comme nouvelle (absolument pas). Donc Batman décide de s'accuser des méfaits de Double Face, pour se donner de la street cred, et que l'image du procureur reste parfaite. Ok. Donc je résume : Batman n'est toujours pas un personnage ambigu, ça reste un gentil, qui se fait juste passer pour un méchant. Donc même à ce stade de la saga, à la fin de 2 films sur 3, on n'a toujours pas traité de l'attrait principal du personnage de Batman. J'ai juste envie de pleurer de désespoir.


Sans transition, les aspects techniques.

On n'est pas vraiment dans la continuité du premier film. On sent bien que le premier a très bien marché, ce qui a permis d'augmenter le budget. Ce qui pour Christopher Nolan veut dire qu'il peut encore plus en faire des caisses pour rien. Ça y va encore plus sur la cascade pour la cascade, le spectaculaire pour le spectaculaire, les effets numériques à tout va (dont la qualité s'est aussi améliorée au passage depuis le 1er film). Je ne suis toujours pas spécialement convaincue de l'intérêt et c'est toujours pas une conception du cinéma qui est la mienne, mais bon, ça fait du grand spectacle, je ne peux pas dire l'inverse, et les amateurs apprécieront.

On a beaucoup de changement de décors aussi, qui se veulent plus modernes, plus grands, plus grandioses... plus froids aussi. Par contre bizarrement, j'ai trouvé le travail sur la ville elle-même moins aboutis, on a plus de plans d'ensemble de la ville vue du ciel, mais moins de plans rapprochés dans les rues, à côtoyer la misère de Gotham. C'est très dommage pour moi, parce que c'est un peu un personnage à part entière cette ville ! Notamment, à plusieurs reprises on nous dit que la situation de la ville s'est aggravée depuis le premier film, c'est bien de nous le dire, mais de nous montrer c'est mieux. Et on ne nous le montre pas, malheureusement.

Les scènes de combat ont gagné en qualité, je pense, depuis le premier film. Elles sont mieux chorégraphiées, plus lisibles. On a bien moins d'effets un peu cheap, comme l'usage de l'hors champ. Je n'ai pas dit beaucoup de bien de ce film, mais là on a un vrai point d'amélioration, et je le reconnais.

Côté interprétation, Katie Holmes s'est faite virer pour un "motif inconnu" au profit de Maggie Gyllenhaal. C'est dire à quel point elle jouait bien dans le premier film... Mais voyons le positif, j'ai plutôt bien aimé Maggie. Enfin ce n'est pas la prestation de l'année, mais elle fait le job. Christian Bale, ça aurait été un peu trop visible par contre de le remplacer, alors on continue de subir. Je lui reconnais quand même une certaine progression, disons qu'au lieu de 2 expressions faciales, il est passé à 5. Aaron Eckhart traverse le film sans le marquer. Michael Caine et Morgan Freeman sont dans la continuité du film 1, sympathiques à défaut d'être très marquants.

Et puis il y a Heath Ledger en Joker. Qui propose indéniablement une interprétation habitée, avec des moment vraiment très forts, comme la scène de l'interrogatoire par exemple. Je vais pas faire dans l'originalité en disant ça, mais dites vous que si même moi je le dis, vu ce que je pense du film, c'est que ça doit être vrai : c'est sans aucun doute le point le plus positif du film et de la saga en fait. C'est vraiment ce qui a le plus marqué les esprits, qui marquera à jamais l'univers Batman, pose une vraie référence pour ce personnage.

Voilà. C'est tout pour moi. Je vous embrasse. A bientôt pour le film 3 (si vous me supportez encore).
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date : 28-10-2023
Comme j'aime me faire du mal, je viens de revoir Batman Begins (bénie soit la touche "vitesse de lecture x1.5" de Netflix). Je dis ça parce que je n'aime pas beaucoup le travail de Christopher Nolan d'une façon générale et je gardais en plus un souvenir assez mauvais de ce film - et du reste de la saga d'ailleurs. Pourtant j'aime le personnage de Batman, j'ai aimé d'autres films, j'ai lu des comics, j'ai saigné l'animé des années 90 (rien que son splendide générique me fait frissonner), j'ai fait des rêves érotiques incluant Robert Pattinson en costume de Batman 2 ans avant la sortie de son film (euh, je crois que j'en dis trop là...). Je n'ai donc pas un problème avec Batman, vraiment pas, j'ai un problème avec son interprétation par ce réalisateur. Malheureusement, ayant vu les films il y a un paquet d'années, je n'en avais plus aucun souvenir suffisamment précis pour pouvoir en dire quelque chose de pertinent ; ils n'étaient pas dans ma cinéthèque jusqu'alors pour cette raison d'ailleurs.

Les choses me sont vite revenues en mémoire quand j'ai lancé le film. Je n'étais pourtant pas vieille quand le film est sorti, je devais avoir 12-13 ans quand je l'ai vu, mais même à cet âge, je trouvais déjà le film par moment parfaitement ridicule. Par exemple, on sait tous que les parents de Bruce Wayne meurent sous ses yeux quand il est enfant. Immédiatement après le gamin est pris en charge par des policiers, il est assis sur une chaise dans le commissariat. Le policier joué par Gary Oldman (immense acteur, c'est pas le talent d'interprétation qui manquait) débarque et tente de le consoler un petit peu, avec cette réplique tellement recherchée, tellement juste, tellement finement écrite : "it's ok, it's ok". Non mais c'est une blague ?!! Enfin vous vous mettez à la place du gamin qui vient de vivre un événement hautement traumatisant et on vous dit juste "non mais ça vaaaaa quouua". Et puis quoi encore "un de perdu, dix de retrouvés, dans 10 ans on en rira" ?!

Je ne vais pas multiplier les exemples, mais toute l'écriture de ce film me semble tellement faiblarde. La force de Batman c'est d'être un justicier légèrement dépressif sur les bords, entraînant sa flopée de thématiques et questionnements complètement terre à terre, qu'on peut retranscrire "dans la vraie vie" assez facilement. C'est probablement le plus sérieux, le plus dramatique des super héros (après les Watchmen peut-être et certains X-men peuvent rivaliser également). Avec un réalisateur "sérieux" aux commandes et la promesse d'un film moins cartoonesque que ceux des années 80-90, on était en droit d'attendre cette intensité dramatique je pense (qu'on a par exemple dans Joker de Todd Philips). Mais non. Rien. Vaguement une référence à la frontière entre le bien et le mal à un moment ou deux, mais rien de fouillé ou de détaillé. Il y a aucune puissance, aucune intensité dramatique dans ce film.

On oscille plutôt en entre des passages assez risibles tellement ils sonnent faux (comme celui du gamin dans le commissariat donc) et des clichés assez énormes. Même en 2005, c'était déjà gênant d'avoir une vision aussi stéréotypée de l'Asie. Que dire de plus qu'on ose même la blaguounette à la saveur "ils ont tous la même tête ces gens-là" ?... Il manque que le yakuza en chemise rouge motif peau de serpent, et là ça serait parfait. On n'a pas évolué depuis Karaté kid sorti 20 ans plus tôt et on n'a même pas le second degré de Tarantino dans Kill Bill pour faire passer la pilule.

A part ça, on propose un film qu'on peut trouver distrayant, même si personnellement ça ne me distrait pas beaucoup, j'entends que les amateurs de films d'action y prennent leur pied. Mais par contre, c'est d'un goût parfois douteux et surtout déjà vu 50 000 fois dans des blockbusters du même style : la relation élève/mentor, qui rappelle avec "subtilité" l'absence du père au personnage, la jolie nana qu'il faut aller sauver et qui materne le premier gamin venu, le méchant complètement con qui révèle consciemment son plan à la personne qui va le mettre en échec, le crush de ton enfance qui te fait la gueule parce que tu as changé (et bien sûr, tu luttes, tu cours après des gens qui veulent sortir de ta vie, c'est tellement sain comme message), blablabla. Autant dire qu'on est sur un suspense plus ou moins au point mort, tant les retournements de situation sont attendus.

Cerise sur le gâteau, Christian Bale. L'exemple type de l'acteur dont je ne comprends pas le succès. Il a à peu près autant de charisme qu'une boite de thon. Sérieusement, TOUS les autres acteurs masculins du film sont plus charismatiques et badass que lui. Ça commence par Liam Neeson, pourtant plutôt en pilote automatique, qui nous rejoue le maître Jedi de La Menace Fantôme, mais on y croit quand même. On enchaîne sur un assez sympathique Michael Cane, là encore, ce n'est pas son rôle le plus marquant, mais il nous séduit par sa douceur et son côté posé. Morgan Freeman, toujours pas un rôle indispensable à sa carrière, mais il apporte une touche d'humour assez bienvenue au film. Plus tard mes ovaires explosent et je veux rejoindre les forces du mal quand je comprends que c'est Cillian Murphy le méchant (ah ben c'est que j'ai vu les images de son casting en costume initialement passé pour le rôle de Batman, Robert Pattinson a pas le monopole dans mon subconscient...). Blague à part, c'est pour moi le seul rôle du film, hors Batman, avec une interprétation qui présente une certaine difficulté, puisqu'on est sur un personnage qui cache son jeu et devient inquiétant à des moments clés du film ; eh bah ma foi il fait ça très bien, même si on le voit assez peu à l'écran, il nous marque. Et à côté de ça, on a Christian Bale, qui même avec le costume a toujours pas une tête de Batman avec sa mâchoire étroite, son menton pointu et ses lèvres pincées. Mais ça reste quand même mieux que sans masque, puisqu'il n'est capable que de 2 ou 3 expressions faciales. Son seul vrai mérite c'est d'avoir fait de la gonflette pour préparer le rôle. Ah et aussi il sait parler avec une voix grave. Parce qu'on sait tous à quel point il est difficile de parler avec une voix grave quand on est un homme qui a terminé sa puberté il y a environ 25 ans (est ce que je me moque ? Nooooon, c'est pas mon style).

Comme toujours avec Nolan, on ne sent de toute manière pas une direction d'acteur remarquable. Les acteurs qui s'en sortent à peu près bien sont ceux qui sont réellement talentueux et/ou on a un peu de métier derrière eux. Mais les interprètes un peu moins chevronnés, qui auraient besoin d'être vraiment dirigés pour donner le meilleur d'eux mêmes (et ce n'est pas un problème en soit ça), comme Christian Bale donc, mais aussi Katie Holmes ou l'enfant qui joue Bruce enfant, ils sont littéralement en roue libre là (et c'est ça le soucis). Genre quand le gamin explique à son père qu'il a peur et fait des cauchemars à répétition... avec un grand sourire ?!! Je n'accable pas ce pauvre enfant qui n'a je crois jamais rien fait d'autre dans sa vie, ça ne serait pas très fair-play de ma part, mais bien Christopher Nolan. Sans déconner, je ne comprends pas qu'il puisse garder une scène pareille dans son film.

Après tout n'est pas à jeter non plus dans la réalisation, le travail sur la ville est intéressant et, euh, c'est tout en fait. Et encore, là encore on n'invente rien, on l'a déjà vu dans d'autres films Batman, parfois plus poussé d'ailleurs.

Les scènes d'action ont une certaine efficacité, même si on regrettera des effets de style pas toujours très fins (des combats un peu brouillons, avec montage épileptique, la facilité de l'hors champ, l'écran noir quand un personnage se mange un coup...) et une débauche de moyens pas toujours nécessaires (qu'on mette le paquet dans la course poursuite en batmobile c'est normal, c'est un film Batman quand même. Mais la scène d'essai de la Batmobile, zéro intérêt sérieux).

Les effets spéciaux ont parfois un peu vieilli (la nuée de chauve-souris, quelques fausses explosions un peu trop visibles) et c'est normal, ce n'est pas une critique, juste un constat. Par contre certains effets me semblent là encore un peu ridicules et, pardon, mais ils l'étaient déjà en 2005.
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Je pense notamment à l'espèce de bad-trip que fait Bruce à un moment de sa formation de ninja. Bon bah on a juste fait trembler l'image quoi. Ou quand Scarecrow enfile son masque la première fois. Ah bah on fait juste trembler l'image aussi, il devait y avoir un prix de gros sur cet effet... Difficile de vraiment justifier l'effroi des personnages avec un effet aussi plat.


Et puis cette fin est tellement fade. On a la grosse baston finale réglementaire qui dure genre 10-15 minutes, mais on dirait qu'on sait pas vraiment comment la conclure, donc on a juste un personnage qui nous fait un coucou main, un écran noir et on passe abruptement à un autre sujet... Oui sans rire. Je sais qu'on ne dirait pas comme ça, mais je vous jure que ça ne me fait pas plaisir de faire ma râleuse détestable comme ça, croyez moi, ça m'amuse pas de vomir sur tous les films de Nolan, mais il m'aide vraiment pas le garçon quand il fait des trucs aussi pourris.

Je vais m'arrêter là, je dois garder de la salive pour dire du mal des deux films suivants.... Parce que oui, j'ai bien l'intention de me faire du mal jusqu'au bout.
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J'ai beau apprécier le travail de Xavier Dolan, je plaide coupable, je ne me suis pas franchement empressée de voir ce film, principalement du fait des critiques qui étaient globalement assez mitigées, voire pour certaines carrément pas emballées du tout. Dans mon esprit c'était donc un film pas forcément mauvais, faut pas exagérer non plus, mais assez mineur et dispensable dans sa filmographie. Eh bah comme quoi, faut toujours se faire son propre avis, car j'ai personnellement adoré. J'ai bien au contraire trouvé ce film très aboutis, ambitieux, original et maîtrisé.

Difficile de pitcher le film avec efficacité, car il est quand même assez dense. On suit 3 lignes temporelles :
- La ligne autour du personnage de John F. Donovan, acteur populaire de série pour ados, mais assez torturé, qui s'enlise dans ses secrets, ses mensonges, le personnage qu'il s'est crée et dont on apprend la mystérieuse mort prématurée dès le début du film ;
- La ligne autour de Rupert, un enfant acteur fan de John, qui entretient depuis plusieurs années une correspondance avec lui, sans l'avoir cependant jamais rencontré, et devant en plus gérer ses propres soucis d'enfant harcelé à l'école ;
- La ligne autour du même Rupert, des années plus tard, alors qu'il vient de publier un livre sur sa relation avec John, en train de se faire interviewer par une journaliste, pas franchement ravie d'être là, traitant son projet avec un certain mépris.

Chaque intrigue apportera avec elle son lot de thématiques, parfois communes à plusieurs lignes (la solitude, le poids des secrets, le métier d'acteur, l'absence du père, la relation compliquée à la mère,...) parfois propres à une ligne précise (le harcèlement scolaire, la célébrité difficile à vivre, l'homosexualité non assumée, le métier de journaliste,..). Elles apportent aussi leur lot de personnages, il y a vraiment beaucoup de personnages dans ce film, mais je les ai tous trouvé extrêmement bien écrits. Y compris des personnages secondaires où on aurait pu se permettre une écriture plus légère, mais non, on apporte à chacun un truc qui n'appartient qu'à lui et les rend saisissants (l'agent de John, la journaliste, la professeure, la conquête éphémère de John,...).

Ce qui est fou aussi, je trouve, c'est que même avec 3 lignes temporelles, une dizaine de thématiques principales, et toute une flopée de personnages, le film reste parfaitement limpide. Il n'y a aucune volonté de perdre, de noyer ou de tromper le spectateur, la narration reste parfaitement fluide et claire, nous amène tour à tour précisément là où on voulait nous amener. C'est là que l'émotion peut vraiment nous exploser à la figure à de nombreuses reprises, parce qu'on est pleinement impliqué dans l'histoire. Et ça c'est peut-être le deuxième truc fou dans ce film, c'est de nous faire sentir si proche de personnages qui sont pourtant parfois si éloignés de nous. La célébrité, l'immense majorité des gens ne l'approcheront jamais de près ou de loin, mais pourtant le malaise de John est palpable, compréhensible, comme celui de ses proches qui ne savent plus comment se comporter avec lui.

Certains regretteront sûrement le rythme un peu lent du film. Je l'ai ressenti aussi, malgré mon appréciation très positive. Mais honnêtement, je ne vois aucune scène de trop, elles apportent toutes quelque chose. D'ailleurs, on sait qu'il y a déjà eu de sacrées coupes au montage, notamment un personnage joué par Jessica Chastain qu'on a entièrement fait disparaître du film. C'est un choix de réalisateur très courageux je pense, ça doit probablement pas faire plaisir, mais si c'est pour aboutir à un résultat aussi remarquablement maîtrisé, il le faut. Il n'y a rien à jeter dans le film pour moi.

J'ai aussi parfois entendu que ce film ne ressemblait pas vraiment à du Xavier Dolan. Là encore je ne suis pas franchement d'accord. La réalisation est indéniablement moins foisonnante en effets de style que d'autres de ses films. Ce n'est clairement pas un autre Laurence Anyways où il pleut des vêtements et où vous pouvez avoir des chutes d'eau dans votre salon. Mais la réalisation reste malgré tout d'une qualité et d'une précision folle. On retrouve les motifs récurrents de Dolan (les gros plans, la place de la musique dans le film, les décors kitch à souhait,...) et des thématiques qu'on a déjà vues à de nombreuses reprises chez lui. Bref, moi je l'ai bien retrouvé. Honnêtement, si on m'avait montré le film sans me dire que c'est lui, je suis certaine que j'aurais pu le reconnaître dans aucun problème (on peut dire ça de combien de réalisateurs ?!). La relative sobriété de la composition donne aussi je pense un aspect plus posé, plus mature au film, qui est particulièrement appréciable aussi je pense. Enfin, je veux dire, dans ses autres films on lui reprochait régulièrement d'en faire trop ; il en fait du coup un peu moins, et on lui reproche maintenant de plus se ressembler. Je trouve ça un peu trop facile comme critique.

La seule petite ombre au tableau pour moi, c'est Kit Harington. Je bloque sur cet acteur depuis ses débuts, et pas dans le sens positif du terme. C'est vraiment le genre d'acteur qui ne me provoque rien quand je le vois jouer... Je lui concède une assez jolie prestation dans ce film, on sent le talent du réalisateur aussi dans sa direction d'acteurs, qui les pousse à donner le meilleur d'eux-mêmes et donc Kit réalise ici probablement la meilleure prestation de sa carrière. Je pense aussi qu'il a dû y voir un certain parallèle avec sa propre vie, on sait que ça a été très compliqué pour lui la gestion de la célébrité si énorme et si soudaine après Game of Thrones. J'imagine qu'il a été réellement touché par ce rôle, qu'il était pleinement impliqué. Mais c'est malheureux pour lui, je suis toujours en encéphalogramme plat à la vue de cette prestation.

Heureusement, le reste du casting m'a lui complètement embarqué dans le film. Même intelligence dans le casting de Natalie Portman, qui a certainement aussi des choses à dire sur la célébrité qui arrive trop tôt, trop jeune. Mention spéciale pour Jacob Tremblay qui joue Rupert jeune. Les enfants acteurs c'est toujours un peu compliqué, d'autant plus ici dans un rôle purement dramatique, mais il le tient avec une justesse et une puissance assez remarquable.
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date : 27-10-2023
Je mets une petite note au film, comme vous le voyez à la liste où je le classe, mais ce n'est pas parce que j'ai des défauts vraiment importants à signaler, c'est uniquement parce que ce n'est pas du tout mon style, le genre de cinéma que j'aime, et donc je le trouve pas à sa place ailleurs dans ma cinéthèque. Je précise également que je ne connais pas le jeu dont est tiré ce film, donc je ne peux ni vous parler de la qualité de l'adaptation, ni vous dire si ce projet cinéma apporte vraiment quelque chose à la franchise.

C'est un film d'action et d'aventure franchement très (trop ?) classique dans sa forme, ses intentions et ses thématiques. C'est une sorte d'Indiana Jones modernisé, pas original, mais globalement assez bien fait. Il y a une mise en scène actuelle et objectivement efficace, empruntant plus à la cascade de film de super héros assistée par ordinateur qu'au trucage à l'ancienne. Il y a un côté moins mythologico-mystique-ta-gueule-c'est-magique, qui ne correspond plus forcément aux attentes actuelles des spectateurs, on embarque plutôt dans un jeu de piste presque réaliste (PRESQUE, dans l'intention je veux dire, bien sûr que c'est pas crédible et qu'il y a des invraisemblances, mais on joue pas sur le fantastique pour nous les faire admettre). On se déleste aussi de la construction un peu passéiste, où par exemple toutes les nanas étaient amoureuses d'Indiana - on n'a pourtant pas pris un laideron pour jouer le personnage principal, on aurait pu le faire, mais il y a une vraie volonté de ne plus jouer du tout sur ce type de thématique. On se rapproche finalement plus d'un Tomb Raider par moment, exploitant plutôt l'esthétique de la femme badass et indépendante. On a gardé par contre les nombreux voyages et les rafraîchissantes touches humoristiques.

J'ai trouvé hyper intelligent choix de Tom Holland pour le rôle principal, en plus d'être monté sur ressorts, d'être charismatique, drôle et de tenir très bien le rôle, on renforce ainsi encore plus le côté "nouvelle génération" ; dans une moindre mesure les actrices Tati Gabrielle et Sophia Ali, pour des seconds rôles, participent aussi à cela. Ce trio nous fait quand même assez rapidement oublier les acteurs de la génération d'avant, Mark Wahlberg et Antonio Banderas, qui n'héritent ici franchement pas des rôles les plus marquants de leur carrière.

J'ai cependant trouvé l'écriture des personnages, et notamment des antagonistes, faiblarde. D'une façon générale, je pense qu'on n'a pas de bon blockbuster sans un bon méchant. Et là on n'a malheureusement pas de bon méchant. On a une succession de "petits méchants" qui traversent le film sans réellement nous marquer. Difficile de les prendre réellement au sérieux, tant ils ont parfois l'air... Stupides (?) et tant leurs motivations sont brumeuses. Les "gentils" ne sont pas nécessairement mieux écrits, notamment Sully, qui est un espèce de boulet à qui j'ai voulu mettre des baffes pendant tout le film. Soulignons quand même l'audace, pour un blockbuster américain, d'avoir quelques personnages ni méchants ni gentils, quelque part entre les deux ; même si c'est pas extraordinairement bien fait, ça a le mérite d'être là.

Le film manque aussi un peu de puissance pour moi. Même si on sait avant même que le film commence qu'il y aura happy end, les développements de l'histoire ne tentent même pas de nous faire croire sérieusement à l'inverse. De même pour l'intrigue avec le frère de Nate, on n'essaye même pas de faire monter l’émotion autour de ça, pas même sans aucune finesse, façon bons sentiments, gros violons et répliques tire-larmes. La BO m'a semblé lourde, sans finesse et peu originale, ne soulignant pas pertinemment l'action.
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date : 26-10-2023
Moi qui ne suis pas une amatrice de film d'horreur, j'ai beaucoup apprécié l'originalité de l'approche de celui-ci. S'il y a bien quelques scènes gores qui ne baladent, ce n'est pas sur ça que le film mise principalement. On est plutôt dans une approche psychologique, visant à créer des situations dérangeantes, malsaines, et plonger le spectateur dans le même inconfort que les personnages. Pour ma part, je trouve que le film réussi parfaitement ce pari, par l'action collective de la réalisation soignée, notamment dans sa mise en scène et ses ambiances (les choix des musiques ou des costumes par exemple), du scénario très écrit, exploitant de véritables mythes, pratiques païennes et méthodes d'embrigadement des sectes, et enfin des interprètes, Florence Pugh en tête, qui nous embarquent avec eux et provoquent l'empathie, la projection.

Après j'ai tout de même regretté la longueur du film. Pas son rythme lent, qui pour moi est une mécanique importante du film, pour arriver à cette ambiance malaisante, en la faisant monter progressivement ; je pense vraiment que le film n'aurait pas été aussi réussi s'il avait eu un rythme plus soutenu. Mais bien la durée globale du film, qui m'a semblé parfois se tirer inutilement en longueur, accorder trop d'importance à des points qui n'en avaient pas beaucoup pourtant.
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Je pense notamment à cette longue introduction, avec la mort de la famille de Dani, les déboires de son couple, la façon dont elle "s'incruste" dans le voyage et même la première étape du voyage, où ils prennent des champignons. Franchement, rien que là il y aurait matière à raccourcir le film de 30 minutes au moins. J'ai trouvé que ça n'apportait rien, ou pas suffisamment, au reste du film pour justifier que ça occupe une telle place.
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date : 26-10-2023
Ce film est très proche de Dogville, TROP proche même (sans déconner, on a même repris une partie de la B.O. !), mais bizarrement, on n'arrive pas du tout à reproduire la magie de ce premier film.

On n'échappe pas à un sentiment de redite, forcément. En plus de redite moins pertinente. On n'est plus surpris par l'absence de décor. Si autant dans Dogville je trouvais que ça faisait sens, donnait une vraie saveur unique à la narration, ici pas du tout. On a une pure narration de cinéma, mais dans ce bizarre décor théâtral.

On ne peut que regretter le renouvellement du casting, notamment le fait que Nicole Kidman ne reprenne pas le rôle de Grace. Même si Bryce Dallas Howard fait objectivement le job aussi, on aurait pu deviner que ça pue un peu quand les acteurs ne suivent plus le réalisateur... Je n'ai d'ailleurs pas retrouvé la personnalité de Grace, il y a un manque de cohérence, je trouve, avec le premier film. En tout cas, moi je ne l'avais jamais trouvé naïve, voire niaise, dans le premier film, alors qu'elle n'est que ça dans ce second.

Et que dire du scénario ?! Il n'est pas moins ambitieux que celui de Dogville, avec ses thématiques multiples et pas faciles : esclavage, racisme, le blanc "libérateur" qui impose avec condescendance sa vision des choses, exercice du pouvoir, démocratie ; une critique en creux de la position des américains en Irak au moment du film. Mais là où Dogville parlait de capitalisme sans même jamais prononcer ce mot, avec subtilité, de façon détournée, là on plonge totalement frontalement dans ces sujets. On en fait un film bavard, verbeux, donneur de leçon.

De plus, on ne peut pas parler du scénario sans parler des nombreuses provocations que Lars von Trier y glisse, là encore sans aucune subtilité, sur un sujet pourtant assez épidermique. On aura du "N-word", des black faces, une exploitation de clichés plus que sensibles (ex : le noir fainéant ou non autonome, les noirs qui se ressemblent tous, le fantasme sexuel, etc). On a aussi la grosse maladresse de ne pas avoir offert aux personnages noirs de ce film une présentation, puis des développement, équivalents et aussi complets que ce qu'on a fait pour des personnages blancs dans le premier film. Ça commence à faire beaucoup là, quand même. Tellement que même moi qui apprécie ce réalisateur, je n'ai pas d'argument pour le défendre.

Je ne pense pas que Lars von Trier soit raciste, mais le risque de mauvaise interprétation dans ce film est quand même assez énorme. Je trouve vraiment que le film provoque un malaise. Et un malaise pas recherché surtout, je pense. Quand dans Element of crime Lars von Trier fait un film glauque et cauchemardesque, il le fait volontairement, c'est un effet recherché, assumé. Alors que ici, le malaise qui est provoqué me semble relever de la maladresse pure et simple. La maladresse d'un réalisateur qui se sentait sûrement très pertinent et très légitime pour dire ces choses là, alors que non, définitivement non...
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date : 26-10-2023
Le film ne manque pas de qualités. D'une part, il s'en dégage une ambiance assez extraordinaire, à la fois très torturée et réellement anxiogène, mais aussi hyper vintage (on a franchement l'impression de voir un vieux film, et pas juste du fait du noir et blanc). D'autre part, l'interprétation est vraiment habitée, Willem Dafoe comme Robert Pattinson sont impressionnants de réalisme et de vérité (j'ai lâché mon 10/10 pour ma notation des acteurs et je le donne pas souvent).

Mais bon, la forme ne fait pas tout, et ne rattrape pas pour ma part un scénario qui ne me parle absolument pas. Ce côté thriller psychologique, où on se perd entre réalité et fiction, ce n'est pas vraiment mon truc de base. Vous ajoutez une ambiance de gardiens de phare aux éructations avinées et un rythme très lent, et vous me perdez, malheureusement.
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date : 24-10-2023
J'ai littéralement adoré ce film, et c'est sans trop de doute, à ce jour, celui de Lars von Trier que j'ai préféré.

Alors oui, il y a de façon évidente ce décor expérimental, quasi jamais vu (Joe Wright s'y est essayé un peu dans Anna Karenine, mais j'ai personnellement pas été convaincue du tout par cet autre film), qui marquera n'importe lequel des spectateurs. Que vous aimiez ou non le film, que vous soyez cinéphile ou pas, ça interpellera tout le monde, et ça c'est déjà de l'art en soit. Ce qui est fou, c'est que quand on regarde le film, le décor ne nous manque pas, parce que la mise en scène et les mouvements de camera sont assez soignés pour se suffirent à eux-mêmes. Certaines scènes savent même parfaitement exploiter cet élément, pour être encore plus saisissantes que s'il y avait un vrai décor.
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Je pense par exemple au premier viol de Grace, dans la maison de Chuck. Tous les acteurs autour voient en réalité la scène, mais dans la fiction du film, les personnages n'en savent rien, doivent ignorer sa situation, ne pas lui venir en aide, ce qui est extrêmement puissant, et déjà annonciateur de la suite. [/spoiler]

Mais là où le talent du réalisateur explose réellement pour moi, c'est que ce décor aurait pu être juste une lubie un peu ridicule, de la branlette intellectuelle de réalisateur prétentieux. Mais non, du tout. On n'a pas seulement mis un décor de théâtre dans un film (c'est ce que je reprochais à Joe Wright que j'ai cité plus haut : ça n'apportait quasiment rien à son film), on fait bien plus que ça, on joue bien plus largement avec les codes du théâtre notamment au niveau de la narration.

*Digression : explications techniques sur la narration théâtrale, passez si ça vous intéresse pas*
Si vous ne le savez pas, la narration au théâtre et au cinéma n'est pas du tout la même.
Vous voyez ce moment où vous quittez la salle de cinéma en vous imaginant être le personnage principal du film que vous venez de voir ? Non vous n'êtes pas bête ou immature de faire ça, on le fait tous, c'est précisément ce qu'on cherche à faire dans un film, de vous projeter dans l'histoire, de vous faire adopter le point de vue subjectif d'un personnage, de vous faire vivre sa réalité. Et quand on voit dans un film un truc non vraisemblable, qui n'arriverait pas dans la vraie vie, comme un flashback ou une chronologie éclatée, la réaction de base, c'est de pas aimer ça et de le rejeter ; même si le genre fantastique existe et même si certains réalisateurs en font leur spécialité pour tenter de renverser notre opinion sur la question (Nolan au hasard - ouais, j'lui trouve des qualités parfois), je résume bien entendu, le but est pas de faire une dissertation à ce sujet.
Alors qu'au théâtre, ça n'arrive jamais de se prendre pour le personnage de la pièce, parce qu'on a la distanciation. En version là encore très résumée, il y a des contraintes impondérables au théâtre, en terme de décor, d'espace, de temporalité, et même de placement du spectateur dans la salle, qui voit toujours les choses de face, à la différence d'une caméra qui peut tourner autour de son acteur, bouger avec lui, etc. Au théâtre, on garde du recul, on se fait raconter une histoire, on ne la vit pas, on est dans une position extérieure, un point de vue objectif. Et là, les trucages de scénographie, les bonds dans le temps, les voix off, sont monnaies courantes et parfaitement acceptés du spectateur.
*Fin de la digression*

Et donc je disais que Lars von Trier, dans ce film, il a pas juste planté un décor de théâtre dans un film, et c'est juste contenté de ça pour se croire fin réalisateur. Non, au début du film, on est à 100% dans une narration théâtrale. On l'a complètement la distanciation, on nous raconte littéralement l'histoire, avec le décor minimaliste donc, qu'on ne nous cache pas du tout, avec des plans larges ou en plongé, mais aussi la voix off, le chapitrage, une présentation très énumérative des personnages, sans qu'il n'y ait une grande empathie. Et plus le film avance, plus on va aller vers des codes classiques de cinéma, jusqu'à même les adopter à 100% la fin. Au fur et à mesure qu'on s'habitue au décor, au point de l'oublier, par une façon de filmer plus recentrée, avec des personnages en gros plan, sans visu ou presque sur le décor ; c'est très marqué dans la dernière scène [spoiler]quand Grace est dans la voiture avec son père, vitres cachées par des rideaux, on ne voit même plus le décor, cette scène pourrait se trouver dans un film "classique".[/spoiler] Et même quand on voit le décor, il y a un basculement vers un point de vue subjectif, une identification au personnage principal et une empathie qui fini quand même par avoir lieu ; notamment quand le personnage de Grace vivra des moments compliqués.

Et entre ces deux extrêmes, le début et la fin du film ? Même si ça ne sera clairement pas perceptible consciemment du plus grand nombre, on navigue en permanente entre des codes classiques de théâtre et de cinéma, on bascule entre les deux, avec une précision folle, selon l'effet que le réalisateur recherche dans sa scène. Il fait clairement ça avec l'idée de servir son histoire, des faire écho aux modes de pensée de ses personnages, qui adooooorent la distanciation. [spoiler]Que ce soit pour se protéger, comme Grace, qui en use pendant ses viols, car l'évènement est trop dur pour être vécu consciemment. Ou que ce soit pour se dédouaner de ses actions, quand les différents habitants font des misères à Grace, en minimisant, en se trouvant des excuses, des justifications, en tournant la chose à l'humour, en s'en remettant au collectif.[/spoiler] Bref, on n'est pas sur une lubie artistique à la con, on est dans un truc qui a été savamment pensé, réfléchit, et qui est absolument brillant je pense.

Le résultat au-delà d'un simple décor, c'est probablement le film du réalisateur qui va le plus creuser la nature humaine, le plus profondément, dans ce qu'elle a de plus sombre. Qui va le plus se demander comment on peut en arriver là, à se faire du mal les uns aux autres, à s'exploiter les uns aux autres. Ce n'est pas la première fois qu'il aborde l'exploitation de l'homme par l'homme et donc le capitalisme en réalité, mais c'est la première fois que je le trouve vraiment juste et saisissant dans son propos, en ayant en plus un angle d'attaque extrêmement original, subtile et bien amené, jusqu'à son générique de fin, dernier coup de maître du film, où on ne sait vraiment pas si on doit rire ou pleurer [spoiler]de voir littéralement des photos de pauvres, des victimes de ce système, sur un titre aussi dansant que Young Americans de David Bowie.
C'est juste du génie pour moi.

Ah et oui, bien sûr c'est bien joué, bien sûr Nicole Kidman est magnifique, mais ça, vous l'avez tous vu, vous avez pas besoin qu'on vous le dise, donc j'ai pas trouvé utile de faire une tartine sur le sujet. Le film fait 3h, oui c'est long, mais pour ma part je n'ai ressenti aucun ennui. Pourquoi je ne l'ai pas mis dans ma liste diamant ? A vrai dire je sais pas moi-même, une fin en partie prévisible peut-être, pas grand chose donc, en réalité. Je ne parie pas que ça ne changera pas dans quelques jours.
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date : 23-10-2023
La chaîne Arte faisant une rétrospective Lars von Trier sur son site, j'en suis à mon 5ème film de ce réalisateur vu dans un court laps de temps. Vous m'excuserez donc, ce n'est pas nécessairement très pertinent, mais je ne peux pas m'empêcher de faire des comparaisons. Et je suis dans ce cadre un peu embêtée avec ce film, car d'un côté je l'ai trouvé plaisant à regarder, distrayant, et donc j'ai plutôt passé un bon moment, mais de l'autre c'est très loin d'être le film le plus intéressant du réalisateur, et c'est selon moi même pas une comédie musicale particulièrement réussie. Donc mon ressenti global est un peu mitigé.

On suit donc le personnage de Selma, qui perd la vue, et se bat pour économiser assez d'argent pour payer une opération médicale, non pas pour elle, mais pour son fils atteint de la même maladie. La force du film est clairement son message d'amour d'une mère pour son fils qui a quelque chose de complètement universel (même si on n'a pas d'enfant, on est tous l'enfant de quelqu'un), et fait de ce film l'un des plus accessibles et grand public du réalisateur. Bien sûr, ça reste du Lars von Trier, avec son côté pessimiste, sombre, jusqu'au-boutiste, je ne promets donc pas que vous allez adhérer jusqu'à la fin, mais le message de départ peut très largement embarquer les spectateurs avec lui.

La réalisation est quand à elle propre, même si, subjectivement, la caméra à l'épaule gigotante n'est vraiment pas ce que je préfère. Le travail sur les décors est charmant, d'autant plus quand on parle de décors peu attrayants sur le papier, comme l'intérieur d'une usine ou d'une caravane. La mise en scène est un véritable plaisir. Les scènes musicales, dans lesquels on n'attendait pas nécessairement un réalisateur comme Lars von Trier, sont très bien filmées.

Mais là où Lars von Trier m'a en revanche perdue dans ce film, bah c'est justement sur la comédie musicale. Et pourtant j'aime ça. Et pourtant Björk est absolument merveilleuse dans ce film, que ce soit l'interprétation à proprement dite ou la BO qu'elle signe ; plus largement, quel plaisir de voir comment son univers et celui de Lars von Trier s'entremêlent dans ce film. Mais j'ai trouvé la chose mal justifiée et mal amenée dans le film.

Le personnage de Selma adore les comédies musicales, parce que c'est un genre cinématographique prétendument léger, il ne s'y passerait rien de grave. Cette affirmation tranche avec la tournure grave, violente que Lars von Trier donne justement lui à sa comédie musicale. Il nous dit donc d'une façon assez explicite "hey, regardez, je fais un truc absolument inédit, du jamais vu !". Sauf que c'est une affirmation fausse et que le réalisateur a rien inventé (par exemple Chicago parle de meurtre, se passe en partie en prison,...). Et cette assez grossière erreur de calibrage donne pour moi un coté prétentieux au film.

Par ailleurs, les scènes musicales sont bizarrement écrites, presque non assumées. Mise à part la dernière, elles ne se passent en fait pas dans la réalité des personnages, mais sont simplement imaginées par Selma quand elle vit des choses compliquée, pour sortir de sa réalité. Et ça donne une tournure caricaturale aux choses. C'est une espèce de blague, de parodie en fait.

Je pense que pour détourner efficacement des codes d'un genre cinématographique, il faut d'abord les comprendre ; Lars von Trier ne les comprends pas totalement pour moi. Que ce soit le côté prétentieux ou le côté parodique, c'est un truc que je n'ai pas du tout ressenti dans les autres comédies musicales que j'ai vues qui prenaient ce contrepied dramatique. J'ai par exemple trouvé Annette de Leos Carax ou Cold War de Pawel Pawlikowski bien plus réussis, parce que ces réalisateurs assument réellement ce qu'ils font, ils ne se cherchent pas d'excuses ou de storytelling pour justifier leur film.

Puis en terme de message, bah c'est plat non ?! Lars von Trier dans ses autres films il parle de nazisme, de condition féminine, de racisme, de santé mentale, de religion, de sexualité, etc. Là il nous dit juste qu'il fait une comédie musicale mais que ça le fait chier parce qu'il aime pas ça. Waouh, la profondeur de la réflexion... Et les autres thématiques comme la critique du capitalisme, qu'on dénote dans les scènes à l'usine, ne sont pas assez développées pour vraiment avoir de l'intérêt. On peut pas dire voir un film sur la lutte des classes quoi.
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De même sur la fin quand il est question de peine de mort, on sent bien que le réalisateur n'est pas franchement pour, mais est-ce que le message est puissant pour autant ? Pas totalement pour moi.[/spoiler]

Vous ajoutez à ça une écriture parfois un peu grossière dans le scénario [spoiler](notamment la scène du meurtre, je n'ai honnêtement pas comprise. Si Selma le tuait par colère ou par accident, oui c'était crédible. Mais parce que Bill lui demande ?! Non ça na pas de sens)
et on abouti à un film qui ne m'a pas vraiment séduit, malgré son côté pourtant distrayant.
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date : 19-10-2023
Je poursuis ma rétrospective Lars von Trier (s'il y a des amateurs, c'est Arte qui propose actuellement ça dans son catalogue de replay) avec son 3ème film, Europa, qui clôture son triptyque ayant pour thématique justement l'Europe et les titres en E-, après Element of crime et Epidemic.

C'est pour ma part celui que j'ai préféré dans ce trio, par goût personnel, mais aussi parce que je trouve très intéressant de voir comment le réalisateur a pu tirer les leçons de ses deux précédents films, et semble proposer une sorte de version améliorée de son premier. On retrouve notamment une construction assez similaire, partant de ce qui ressemble à une séance d'hypnose, portée par l'envoûtante voix de Max von Sydow. Je ne suis pourtant pas une amatrice de voix off, mais vraiment, ici je l'ai trouvée particulièrement réussie et elle faisait vraiment sens dans le film.

On y retrouvera aussi la même vision cauchemardesque et quasi dystopique de l'Europe, mais ici, à la différence du premier film, on a vraiment su le justifier, car on se place dans une Allemagne de "l'année zéro" immédiatement après la seconde guerre mondiale. Sans avoir opté pour la facilité de se situer pendant la guerre elle-même, on présente quand même une toile de fond facilement identifiable, puissante et pertinente. Les décors de ruines sont saisissants, comme l'ambiguïté et la paranoïa des personnages. On y parlera entre autre du groupe des Werwolf et d'une compagnie ferroviaire fictive ballottée entre son utilité pour la reconstruction et le développement du pays et son passé, son rôle notamment dans les déportations.

Pour trancher avec cela, un personnage principal atypique car presque trop naïf pour ce décor, qui est, mais de façon totalement assumée, anachronique dans tout cela. Sa naïveté sert l'histoire parce qu'il a ce profil qui peut se laisser prendre dans cette machination, mais aussi parce qu'on peut-être dans l'empathie avec lui. Porté par un surprenant Jean-Marc Barr, qui parle peu, mais campe bien le personnage. J'ai été vraiment séduite par son jeu oscillant entre subtilité et regard exagérément écarquillé.

La réalisation fait aussi beaucoup pour le film. A la différence de Element of a crime, le talent évident du réalisateur a été mis au service de quelque chose d'esthétique, et ce, malgré le message parfois grinçant du film. Ce noir et blanc est assez sublime, très travaillé. Les incrustations et superpositions d'images sont à la fois jolies et apportent le côté un peu onirique du film. Les touches de couleurs viennent directement jouer sur nos émotions. Et surtout la mise en scène est ultra soignée. Dans un univers confiné comme ici un intérieur de train sur une bonne partie du film, on a vite fait de tourner en rond, pourtant on nous propose une variété de plans assez remarquable.

C'est un film que j'ai trouvé globalement très réussi, original, avec des réflexions pertinentes et distrayant en prime ; à mon sens le premier grand film du réalisateur. Il lui manque juste ce je ne sais quoi, cette petite étincelle qui aurait pu me le faire classer plus haut dans ma cinetheque. Mais je recommande assez chaleureusement tout de même ce film.

Ah et j'oubliais !!!! Cette fin est absolument époustouflante, que ce soit la dernière action ou l’esthétique du générique de fin, j'ai adoré et ça permet vraiment de terminer en beauté.
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date : 18-10-2023
Ce film m'a été chaleureusement recommandé par le monsieur de ma médiathèque. Alors oui, je sais, à vous ça ne dira rien, parce que vous ne le connaissez pas le monsieur de ma médiathèque. Mais pour moi, c'est mine de rien une personne dont l'avis et les conseils ont du poids, parce que c'est un vrai passionné et j'ai déjà découvert des merveilles grâce à lui. Donc s'il me conseille à ce point un film, et d'autant plus un film comme celui-ci, vers lequel je me serais probablement jamais tournée de moi-même, j'y vais un peu tête baissée et sans réfléchir. Eh bon, bah ça peut pas marcher à chaque fois.

Je ne dis pas que le film est mauvais, c'est un qualificatif trop fort, trop dans le jugement, pouvant laisser croire que j'ai passé un moment non agréable. Ce n'est pas le cas, c'est même un film que j'ai trouvé dans sa globalité distrayant. Je ne suis pas mécontente de l'avoir vu, je n'ai pas perdu mon temps non plus. Mais j'ai trouvé ça gentillet, un peu mièvre même.

Pour vous pitcher la chose, on est dans les années 40, dans une petite ville française de province dans laquelle vient de s'implanter à aérodrome. Un couple, Pierre et Thérèse, va alors se découvrir une passion assez dévorante pour l'aviation. Thérèse se mettra notamment en tête de battre un record de pilotage féminin et sera soutenue dans cette aventure par son mari.

Que les choses soient claires, j'ai compris ce qu'on a voulu me raconter. J'ai compris cette histoire d'amour, extrêmement atypique et moderne pour l'époque. Il y a pas beaucoup de films des années 40 qui présentent des personnages féminins si puissants, indépendants et totalement non érotisés. Il n'y en a pas beaucoup plus qui montrent un mari qui accepte de s'effacer ainsi derrière son épouse. C'est un vrai point d'intérêt du film, je pense.

Mais malgré cette modernité, je n'ai jamais réussi à me projeter dans le film. Ni à me projeter dans les personnages, à m'imaginer à leur place, à être en empathie avec eux. Ni à me sentir impliqué dans l'histoire qu'on me racontait, à m'intéresser réellement aux développements, à l'avancée de l'intrigue. J'ai en réalité trouve ça très attendu et absolument pas surprenant.
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Par exemple, bien sûr que Thérèse va battre le record à la fin, on n'en doute sérieusement à aucun instant, même quand le film laisse planer un doute sur sa mort.
J'ai pas vraiment trouvé d'intérêts au film du coup, son émotion ne m'a pas atteinte du tout.

Vous ajoutez à ça une interprétation qui ne manque pas forcement de justesse au sens "mal joué" mais qui manque cruellement de modernité, pour le coup. On est très théâtral en fait. Ce n'est plus la façon qu'ont les acteurs de jouer aujourd'hui (enfin pour la plupart d'entre eux). Pour ma part, ça a participé encore un peu plus au détachement que j'ai eu vis à vis du film et de ses personnages.

Bref, je redis que le film n'est pas mauvais, mon but n'est pas de vous décourager de le voir, au contraire, si ça vous tente lancez vous, car il peut quand même mériter un coup d’œil. Mais pour ma part, j'ai trouvé ça ni vraiment intéressant, ni vraiment mémorable.
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date : 09-10-2023
Je poursuis ma rétrospective Lars von Trier (merci Arte <3) avec son deuxième film qui, sans être mauvais, me laisse un peu sur ma faim. Si autant j'ai trouvé son premier film, Element of crime, très abouti mais malheureusement pas à mon goût, ici on a l'inverse un film à mon goût mais malheureusement pas totalement abouti.

J'ai énormément aimé le concept du film, cette mise en abyme d'un scénariste et d'un réalisateur, joués par le scénariste et le réalisateur du film, dans leur processus d'écriture d'un film, avec une alternance de passages de création, et d'extraits du film à venir, tel qu'ils se l'imaginent en tout cas, jusqu'à ce que fiction et réalité se mélangent ; le tout accompagné d'un ton flirtant en permanence avec un humour absurde assez délicieux. Il y a clairement un côté film de cinéphile, qui ne peut que se réjouir de cette plongée dans la création d'une œuvre. J'ai honnêtement trouvé le film très distrayant, je ne me suis pas du tout ennuyée, j'ai passé un vrai bon moment en le regardant. C'est servi par une réalisation propre, recherchée juste ce qu'il faut, par exemple avec son noir et blanc, mais sans être complexe ou à réserver à des initiés. De même, si on retrouve un peu le côté dérangeant de Lars von Trier, dans la dernière scène notamment (qui fait une belle référence à son premier film d'ailleurs), et tout du long, dans sa thématique un peu horrifique de l'épidémie, il ne va pas trop loin, sait s'arrêter au bon moment. Ça rend en fait le film étonnamment grand public, je trouve, pour du Lars von Trier (enfin peut-être que je m'emballe là, "accessible" si vous préférez).

Mais là où je trouve que le film n'est pas abouti, c'est qu'il part quand même un peu dans tous les sens, pour au final un message qu'on ne comprend pas vraiment ; on manque un peu de puissance, voire de pertinence dans l'écriture du film. Certaines scènes du film, pourtant pas mauvaises, n'ont pour moi pas de sens dans le film pris dans sa globalité. Je pense à ce personnage qui diserte un long moment sur le vin ou ce personnage qui raconte sa naissance pendant la Seconde Guerre Mondiale. C'était intéressant, mais ça n'apporte rien à l'intrigue, qui parait du coup un peu minimaliste. On peine un peu à comprendre où on veut nous embarquer, ce qu'on veut nous dire. J'ai lu sur internet qu'il fallait voir une critique du capitalisme, eh ben, je n'ai honnêtement rien compris de tel.

En résumé, je pense que c'est plutôt un film mineur dans la filmographie du réalisateur, mais qui m'aura malgré tout fait passer un très agréable moment, et que je n'ai donc pas envie de mal noter.
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date : 08-10-2023
Un bien étrange premier film que nous a fait là Lars von Trier ! Enfin je veux dire, encore plus que les autres en quelque sorte, c'est vraiment une expérience difficile à appréhender, et pour ma part totalement inédite au cinéma.

On nous montre en fait le résultat d'une séance d'hypnose que subit un policier hanté par une ancienne affaire criminelle, pour essayer de clarifier ses souvenirs à ce sujet. Le parti pris de départ est donc de nous montrer littéralement le subconscient du personnage, une sorte de rêve (ou plutôt de cauchemar), qui comme tous les rêves, bah n'est pas toujours bien logique. On aura par exemple des enchaînements de scènes pas forcément cohérents, des dialogues qui mènent parfois un peu nulle part, des décors digne d'une dystopie, faits de ruines, d'inondations,... présentant une vision de l'Europe qui ne cadre pas nécessairement à la réalité. Et tout cela s'ajoute à une réalisation déjà bien complexe et clivante, entre cet (disons le) immonde filtre jaune-orangé-caca et ces inattendus placements et mouvements de caméra qui rendent parfois la perception du décor et de l'espace assez complexe.

Alors que les choses soient claires, je pense que la réalisation du film est assez brillante, d'autant plus pour un premier film, car la promesse est complètement tenue. On obtient précisément le résultat qu'on cherchait à obtenir, il se dégage du film une ambiance torturée et glauque, qui clairement nous interpelle et nous restera en mémoire. Maintenant, est-ce que je peux dire que j'ai aimé ce que j'ai vu ? Bah pas réellement.

Je n'ai pas vraiment retrouvé, à la façon d'un film d'horreur par exemple, ces émotions fortes qui deviennent plaisantes à leur manière. J'ai juste trouvé l'expérience un peu dérangeante. Peut-être aurait-il fallu miser sur des moments d'interprétation plus puissants ? Ou sur une BO plus présente ? Ou accorder plus de place à l'intrigue policière ? Car on n'a finalement pas grand chose d'un film policier "classique" tant l'enquête qui est menée est réduite à sa portion congrue, avec un dénouement que j'avais pour ma part deviné depuis un bon petit moment. C'était en plus dans tous les cas une enquête sur des meurtres finalement peut-être un peu trop simplistes ? Presque trop gentillets par rapport à l'ambiance qu'on cherche à produire.

Je classe quand même le film en liste bronze, déjà parce que je le pense parfaitement réussi à sa manière, même si ça ne m'a pas parlé plus que ça, mais aussi parce que j'apprécie le fait que le réalisateur soit vraiment allé au bout de son idée, sans faire de compromis sur grand chose, et avec les excès que ça implique peut-être.
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date : 01-10-2023
J'avoue que ce film me sèche un petit peu. C'est un film à la fois long, 2h30, et dense, on y traite de beaucoup de choses, de beaucoup de sujets, des sujets pas faciles en plus, sexualité et religion en tête. Donc très franchement, là, en réaction à chaud, je n'ai absolument pas la prétention de dire ou penser que j'ai compris l'intégralité du message du film. Je pense que c'est un film qui gagnera vraiment à être médité, à être laissé décanté, à être revu peut-être. Mais malgré cette impression d'être un peu perdue, ce que j'ai compris ou crois avoir compris du film m'a globalement plu et éclaire même d'un regard nouveau d'autres films du réalisateur que j'ai vus. J'ai notamment noté pas mal de sujets communs avec Antichrist, mais dans une version peut-être un peu plus subtile ; apparemment il y a pas mal de parallèles aussi à faire avec "Dancer in the Dark", mais je ne l'ai pas vu.

Alors pour essayer de décrire ce film, sans trop en dévoiler non plus. On suit le personnage de Bess, qui a une légère fragilité psychologique et est très croyante (il n'y a pas de lien de cause à effet entre ces deux infos, je précise, au cas où... Lars von Trier ayant un goût pour la provocation, tout est possible avec lui, mais non, il n'y a pas de malice ici), qui épouse l'homme qu'elle aime, Jan. Malgré un vague sentiment de malédiction dès le début du film, et un entourage qui n'approuve pas nécessairement cette union, les débuts de leur couple sont plutôt heureux, avec entre autre une joyeuse découverte de la sexualité pour Bess. Ça sera peut-être déjà, à ce moment, un film un peu trop cru pour certains ; moi j'ai trouvé que ça avait plutôt du sens : c'est effectivement au début d'une relation qu'on a la vie sexuelle la plus active, non ?

Le film bascule ensuite dans quelques choses de bien plus dérangeant, puisque Jan se blesse, est paralysé et sera dans l'incapacité de poursuivre une vie sexuelle "normale" avec sa femme. Il va alors lui demander de coucher avec d'autres hommes et de lui raconter, pour vivre ces moments par procuration, mais aussi avec l'espoir qu'elle tombe amoureuse d'un autre homme, et ne passe pas sa vie coincée avec lui. Puis en version très résumée, tout le reste du film traitera des états d'âmes compliqués de Bess, entre culpabilité, religion, jugement des autres, amour pour son mari, et j'en passe.

Je redis que je ne prétends pas avoir tout compris, puisque ce film trace une frontière extrêmement floue entre le bien et le mal. Le personnage de Jan est notamment très compliqué à faire rentrer dans l'une ou l'autre de ces cases. Mais j'ai aimé la puissance et l'originalité du personnage de Bess. Par ailleurs, j'ai apprécié le fait que malgré le fait qu'elle soit entourée de personnages dans le jugement, voire le rejet, avec parfois des mots ou des actes très durs, une vision des choses parfois très arrêtée, le message du film reste lui très clair au moins sur un point. On a clairement un rejet de ces schémas de pensées, un rejet d'une morale religieuse hypocrite. Si les personnages sont durs avec Bess, le film est au contraire très tendre à son égard je pense, et sa bizarrerie n'empêche pas de voir une histoire d'amour belle à sa manière.

Cerise sur le gâteau, une interprétation simplement impeccable d'Emily Watson et des qualités techniques indéniables au niveau de la réalisation, notamment un travail de l'image très intéressant, avec un rendu vieillit, un peu jaunâtre, des paysages écossais à couper le souffle. D'ailleurs, allez à Neist Point si vous en avez occasion, il y a vraiment une ambiance de fin du monde, qui colle bien au film - ça sera le final "office de tourisme" de ce commentaire.

Edit : après réflexion, c'est le film le plus ambitieux, le plus audacieux, le plus original, et probablement le plus complexe que j'ai vu durant l'année 2023. J'ai en plus passé un bon moment, et l'interprétation d'Emily Watson est toujours gravé dans mon esprit. Pour cette raison, j'ai choisi de basculer le film dans ma liste diamant (et pour l'anecdote, le second meilleur film que j'ai vu en 2023 est Dogville, de Lars Von Trier également)
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date : 01-10-2023
Je ne suis pas franchement sensible au cinéma de Christopher Nolan, je ne vais pas m'étendre sur les raisons, j'ai fait des commentaires sur ses autres films qui expliquent en long, en large et en travers pourquoi. Mais pour le coup, j'ai passé un bon moment devant Dunkerque, qui est à ce jour celui de ses films que j'ai préféré. Après je dis ça très certainement parce que c'est le film de Nolan qui ressemble le moins à un film de Nolan... Donc je suis pas totalement sûre que ce soit un compliment quand ça sort de ma bouche ; mais faites pas les difficiles, prenez ce qu'il y a à prendre, c'est pas tous les jours que je dis du bien d'un film de ce réalisateur !

Bon, on retrouve un peu son style quand même, on n'est pas sur un enfant complètement illégitime, je pense notamment à la narration non linéaire, MAIS, à la différence de ses autres films :

1- Je n'ai pas ressenti une volonté de perdre le spectateur dans les méandres de cette narration abracadabrantesque. Ce n'est finalement qu'assez tard qu'on comprend que la narration n'est pas littéraire, à peu près vers la moitié du film, quand le personnage joué par Cillian Murphy (qui n'a pas de nom, sauf erreur ?) intervient dans une 2ème ligne temporelle, nous faisant comprendre que ces événements sont en réalité antérieurs à la 1ère ligne. Ça fait un petit twist sympathique, mais ça va pas chercher plus loin, on ne va pas se casser le cerveau dessus, ça se comprend en 10 secondes environ et ça ne pollue pas l'appréciation du reste du film.

2- Je n'ai pas eu, pour une fois, l'impression qu'on ait misé que sur ça pour faire un film marquant. C'est même assez anecdotique en réalité ce mode de narration. Ce n'est absolument pas ça qui vous vient à l'esprit spontanément si vous devez décrire le film, alors que c'est probablement le premier truc auquel vous pensez si je vous dis Inception ou Tenet. Et pour moi, vraiment, tant mieux, parce que ça permet de se concentrer sur des choses bien plus importantes, du moins à mon sens.

Parmi ces choses, bah la réalisation déjà. Et surtout, en fait. On est sur un pur exercice de style de mise en scène de film de guerre, aussi bien sur terre, sur mer (et sur de vrais navires s'vouplé), que dans les airs. Est-ce que ça réinvente la poudre, change la donne ou apporte une vraie nouveauté au genre du film de guerre ? Non, puisqu'on ne déborde ni de style, ni d'inventivité, les scènes dans les airs notamment, je suis assez certaine que même dans Star Wars on en a des similaires, que Georges Lucas avait lui-même déjà pompé sur de vieux films de guerre. Mais c'est techniquement très propre, bien fait, et avec un rendu ma foi plutôt impressionnant, tout en restant précis, épuré et de bon goût (ce qui ne sont pas les qualités premières de Nolan selon moi). J'ai pas vu le film au cinéma, mais juste à la maison avec un projecteur, et franchement ça avait déjà sérieusement de la gueule et une vraie puissance immersive. C'est à ce jour la seule nomination de Nolan à l'Oscar du meilleur réalisateur, et c'est effectivement pour moi le seul de ses films où il mérite réellement des louange pour sa réalisation. Petit mot sur la BO au passage, qui soulignait globalement très bien l'action, malgré quelques lourdeurs parfois.

En toute honnêteté, moi quand je voyais des interviews de Nolan en mode "essayez pas de comprendre mes films, il faut juste les ressentir blablabla", jusqu'à présent, je me disais "bullshit". Mais là, dans ce film, j'ai trouvé ce qu'il m'annonçait. J'ai trouvé une vraie expérience de cinéma autour du film de guerre et je suis simplement contente d'avoir vécu cette expérience ; même si elle n'est pas fondamentalement novatrice.

Après, le film est-il parfait ? Non. Clairement, non. On est sur un scénario, plus ou moins inexistant, avec un sens du réalisme historique tout à fait relatif. Il n'y a quasiment pas de développement des personnages non plus. On arrive à percevoir un peu la personnalité de certains, mais d'autres restent d'illustres inconnus jusqu'à la fin du film. Par exemple, le personnage joué par Tom Hardy (qui n'a pas de nom non plus, je crois ?!), on sait vraiment littéralement rien de lui. D'ailleurs, rien que le fait que je n'ai pas de noms pour désigner les personnages est frustrant et déshumanisant. On encore, le personnage dont le seul trait de caractère est "être français", c'était une blague ? On n'a pas non plus le début d'une info sur qui sont tous ces gens dans leur vie en dehors de la guerre, ce qui prive le film d'un niveau de profondeur supplémentaire, alors même que j'ai sincèrement cru qu'on allait y venir à un moment.
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Mais pourquoi Cillian Murphy porte une alliance ?! Et pas un petit anneau discret, on est sur la grosse bagouze que l'on voit très bien sur de nombreux plans, clairement, le réalisateur voulait qu'on voit cette alliance, qui interpelle d'autant plus qu'il y a côté anachronique à voir un militaire en opération avec un bijou. Je n'arrive pas à croire que c'est juste un faux raccord, parce si s'en est un, il est vraiment énorme. Je veux dire ce n'est pas possible, ça ne peut pas être la vraie alliance de l'acteur, de sa vraie vie, de son vrai mariage, avec sa vraie épouse. Le réalisateur, le costumier, l'acteur lui-même, ils n'en sont pas à leur premier film, il a forcément quelqu'un qui aurait réagi. Ou alors, si c'est la vraie alliance de Cillian Murphy par facilité d'usage, parce que c'est plus simple que d'acheter ou fabriquer un bijou à la bonne taille pour le film, on ne montre pas un bijou si personnel dans un film sans raison. J'ai vraiment cru que ça allait avoir du sens à un moment de l'histoire. Et non. Non sujet. On n'en parle jamais. Ça peut sembler anecdotique, mais non, ça a été une vraie déception pour moi. [/spoiler]

Là on touche du coup, assez frontalement aux limites du film expérience. D'une part, ce manque de scénario provoque des longueurs. On n'a rien pour se rattraper aux branches, si vous ne rentrez pas dans le film, vous allez assurément passer un moment d'un ennui profond. Le film n'est pourtant pas très très long, et même court pour du Nolan, mais je le trouve pourtant encore trop long. D'autre part, si on a un minimum d'empathie pour les personnages, parce qu'on est des êtres humains quand même, la projection est, elle, très difficile. Émotionnellement, on n'est pas touché autant qu'on aurait pu l'être devant la gravité de la situation.

Et il est là le vrai défaut du film en fait. Parce que cette anonymisation des personnages, c'est un parti pris du film, c'est pas juste "oups j'ai oublié lol", et un parti pris que je ne condamne pas par lui-même. Je pense complètement qu'on peut faire un bon film avec des personnages peu développés et/ou un scénario de timbre poste. Mais pour ça, il faut que l'émotion y soit, qu'il y ait un message et une raison à ça. Le contre exemple qui m'est venu à l'esprit en regardant le film, c'est la série Chernobyl, alors absolument pas sur le même sujet, mais qui a aussi ce côté expérience globale qui prime sur le développement des personnages, dont on sait pour la plupart absolument rien, ou si peu, et qu'on ne voit qu'un court temps à l'écran, souvent le temps d'un seul épisode. Mais pourquoi ils ont fait ça dans cette série ? Pour mieux rendre hommage à ces masses d'anonymes qui se sont littéralement sacrifiées pour sauver le reste du monde, plutôt que de faire émerger un unique héros finalement pas réaliste - et là le lien avec le film de guerre devient moins déconnant - et on a malgré ça une émotion qui nous submerge de bout en bout de la série. On aurait pu faire exactement la même chose avec Dunkerque, avec le même message, la même puissance, mais ce n'est pas le résultat qu'on a au final. L'anonymisation des personnages passe ici plutôt pour une lubie de scénariste, au rendu extrêmement froid.

Étant sûrement lui-même conscient de ce défaut, Nolan a quand même essayé d'ajouter des touches émotionnelles à là fin, pour réchauffer un peu tout ça. Eh là il est papa, voilà qu'on le retrouve le Nolan que je connais : il a fait de la merde ! (Bah oui, vous pensiez quand même pas que j'allais être à peu près sympa pendant tout un commentaire ?!) A la différence de la série Chernobyl, on nous propose ici un ramassis de bons sentiments, surjouant l'héroïsme individuel des personnages, qu'on a pourtant nié pendant tout le film au profit du collectif. [spoiler]Mais vraiment, que ce soit le "sacrifice" de Tom Hardy, dont on se contrefout, puisque comme expliqué plus haut, le seul attachement qu'on a pour lui, c'est parce qu'on est tous un peu amoureux de Tom Hardy, mais son personnage, le film ne nous donne rien à aimer. L'autre sacrifice, encore plus ridicule je crois, de Kenneth Branagh (oui j'essaye même plus de me souvenir des noms des personnages...), en mode je vais arrêter l'Allemagne Nazie à moi tout seul, tel Gandalf devant le Balrog, sauf que lui il a pas de pouvoirs magiques. L'article dans le journal, plus cliché tu meurs, à la gloire de Barry Keoghan, mort de façon absurde. Harry Style qui nous fait une dépression dans le train, on sait même pas tout à fait pourquoi... Pfiou, mais quelle lourdeur cette fin !! Et j'en reviens à Cillian Murphy (noooooon, je suis pas du tout en train de faire un blocage), c'est peut-être le seul qui avait, sur toute la durée du film, un personnage qui venait créer des émotions, et pour le coup pas uniquement parce qu'on est tous un peu amoureux de lui également, mais parce qu'on le retrouve dans une position de vulnérabilité extrême, on le sauve donc on s'attache à lui, on le sent très choqué, pas dans son état normal et surtout absolument terrifié par les évènements. Même si on ne sait pas qui il est, on l'a le pincement au cœur avec son personnage. Et il finit comment ?! Bah il ne finit pas. Il débarque en Angleterre, on le perds dans la foule, goodbye sweetheart, et on passe à autre chose. C'est pourtant LE SEUL personnage pour lequel il aurait été logique de créer une happy end, même complètement artificielle et pas originale, je ne sais pas moi, il retrouve la femme que je lui ai inventé plus haut et peut-être même ses mioches, verse sa petite larme, nous aussi et on est heureux. Bah non, on nous a pas offert ce moment. Vraiment, parfois le manque total de sens cinématographique de Christopher Nolan me fait peur...
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