Les images sont belles et déjà construites de façon complexe, le scénario est prenant, mais le fait est que je n'accroche pas totalement. Je préfère le Kubrick psychédélique. Ici, on est tenu par les retournements de situation, on veut savoir où l'intrigue... et les tentatives de manipulation de Humbert, vont mener les personnages, mais je n'arrive à m'identifier à aucun d'entre eux. Et puis je trouve le personnage campé par Sue Lyon un peu étrange, elle alterne sans transition entre attitudes ultra-enfantines et flirts d'adolescente, tout en ayant un physique de jeune femme... Ce n'est pas vraiment crédible. Un film à connaître, mais pas mon préféré de Kubrick.

En fait, j'ai l'impression que soit on connaît la nouvelle de Nabokov et on reconstitue tout ce qui est passé sous silence, soit on ne connaît pas la nouvelle et on est condamné à trouver le film un peu ridicule et mal fichu, avec un Humbert qui fait plus père poule névrosé que véritable amant ou séducteur. Quant au charme sulfureux de Lolita suggéré par l'affiche, je ne l'ai pas tellement retrouvé dans le film... Bref... Je le redis : Kubrick a fait mieux ensuite !

J'adore ce film ! Il est singulier, comme le roman de William S. Burroughs, mais magnifiquement tourné; les couleurs, la musique sont parfaites, on peut lui reprocher un peu trop de gros plans, mais l'ambiance est parfaitement réussie, paisible mais étonnante... Contrairement à ce que l'on a pu dire, ce n'est pas un film d'horreur ni de science-fiction, bien que certaines séquences puissent évoquer l'un ou l'autre genre. Je suis admirative devant les machines à écrire qui se muent en insectes, voire en d'autres créatures... avec le Maroc et l'histoire d'espionnage en toile de fond... on rejoint presque les merveilles de l'Orient... À connaître, le meilleur film de Cronenberg que j'aie vu.

Bonne reconstitution de la vie d'Harvey Milk, on est dans la veine "classique" de Gus Van Sant, celle de "Good Will Hunting", mais toujours avec un réel travail artistique sur certains plans et sur la musique... L'idée d'insérer des images de l'époque est sympa, ça plonge bien dans l'ambiance, et Sean Penn campe un Harvey Milk attachant. Malgré tout, pour quelqu'un de vraiment intéressé par le sujet, je trouve que "The TImes of Harvey Milk" de Rob Epstein demeure incontournable... Mais en tout cas, ce "Milk" de Gus Van Sant instruit, fait passer un bon moment, et est réellement captivant. À connaître !

L'issue est peut-être assez prévisible, mais j'aime bien ce film. Il joue bien sur l'évolution de l'image de George et sur l'ambivalence des sentiments des gamins, et du spectateur, vis-à-vis de lui... ainsi que sur les tensions qui s'apaisent et resurgissent. C'est un film qui joue sur les tensions beaucoup plus que sur l'action elle-même : il conduit à évaluer les attitudes, à s'interroger, à analyser les relations, les réactions, les sentiments, la psychologie des uns et des autres, c'est ce qui le rend intéressant. En un sens, il me fait penser à "Sa Majesté des Mouches", avec pour nuance qu'ici on n'a pas que des enfants, mais aussi des adolescents avec leur impulsivité et leur violence. C'est une belle réflexion sur le jeu de l'agressivité, de la panique, de la domination, de la peur... Pas spécialement original dans sa trame, mais intéressant dans le traitement qui en est fait.

J'aime bien les passages de "film dans le film", façon Jonathan Caouette. :)

Adaptation de la quasi-totalité de la "Recherche"... à l'exception du premier volume ("Du côté de chez Swann"), qui n'est traité que par allusions. Évidemment, cela implique des coupes assez draconiennes, mais je trouve que Nina Companeez a, malgré tout, réussi à rester fidèle à l'esprit du roman; de plus, pour une fois, la dernière partie ("Le Temps retrouvé") est réellement traitée et mise en perspective avec le reste de l'œuvre : c'est rare dans les adaptations de la recherche, que ce soit au cinéma, en bande dessinée ou dans les cours que j'ai pu suivre à ce sujet... Donc, même si tout n'est pas parfait et si l'on peut critiquer certains choix (par exemple, les comportements un peu caricaturaux du narrateur), c'est une bonne adaptation, et personnellement je la reverrai toujours avec plaisir (même si ce ne sera sans doute pas cent cinquante fois).

Pas mon Kubrick préféré, mais il faut admettre qu'il est étonnant voire surprenant... de la crise de couple, on glisse dans un conte de Noël qui nous fait osciller entre Venise et les mystères de l'Orient... D'une situation un peu banale, on passe à quelque chose d'étrange et familier en même temps... Il y a de la magie dans l'air, mais une magie assez sombre, et tout se joue sur les symboles. C'est un beau film, mais pas facile contrairement à ce que l'on pourrait croire.

"Si Hannibal atteint la qualité du Silence des Agneaux, j'en serai très heureux. Dans tous les cas, cette version aura son propre style et son propre nom." (Ridley Scott)

Eh bien de mon point de vue, on est vraiment loin de la réussite du "Silence des Agneaux". Le personnage de Mason Verger nous situe d'emblée dans le registre d'une horreur assez brutale; l'enchaînement des conciliabules entre agents du FBI, lui, nous rapproche de toutes les séries policières américaines... Pas de quoi planer... La pression mise sur Clarice Starling paraît plutôt artificielle et malsaine, et quand il y a un moment fort, c'est toujours pareil : on est dans l'horreur brutale, pas dans le magnétisme qui fait le charme du "Silence des Agneaux". Bilan des courses : la comparaison ne tient plus que par le personnage d'Hannibal Lecter... et le résultat est un film plutôt lambda, avec des passages totalement horribles certes, mais pas très intéressant. Faut-il le préciser ? À part par les 30 dernières minutes... je suis déçue !

Excellent film ! Le scénario, de type "thriller", est parfaitement construit et ménage la tension jusqu'à... après la fin ? La musique est excellente, et si les cadrages sont souvent bons aussi (gros plans pas trop lourds, caméra stable, plans d'ensemble souvent "aériens", difficile de décrire cette impression mais on a affaire à un cameraman qui connaît son métier), je trouve que ce qui est le mieux travaillé, ce sont les décors et les atmosphères. Tout est sale, vieux, dégradé, sur les murs les briques sont souvent à nu, comme les chairs des cadavres écorchés... "Réaliste" ? Je ne sais pas, mais en tout cas, Jonathan Demme réussit à créer un univers vraisemblable mais sombre, inquiétant, où le psychopathe n°1 devient presque sympathique, tandis que le n°2 bascule peu à peu dans la totale monstruosité. J'ai adoré le caniche qui évoque les agneaux du titre... Bref... C'est un film riche et fascinant, avec des aspects horribles mais qui ne bascule pas dans l'horreur facile pour autant. Une très belle réussite !!! Je le reverrai avec plaisir.

C'est la troisième version du meurtre de Casey que je vois : d'abord dans "Scream 1", ensuite dans "Scary Movie", et là dans "Stab", le film-dans-le-film... ensuite, il y a une sorte de remake au moment du meurtre de la fille d'Alpha-Zeta-Omega, avec un chouette jeu sur la modernisation des téléphones qui incluent à présent le double appel... Bref... Malgré quelques longueurs (ah, le romantisme à la gomme !), on passe un moment sympa lorsqu'on connaît le premier film et éventuellement sa parodie; il y a une vraie réflexion sur le fonctionnement du film d'horreur et sur son influence sur la vraie vie, malheureusement, la fin tombe, je trouve, un peu à plat. Mais bon, ceux qui auront aimé le premier volet apprécieront probablement celui-ci aussi !

Mon préféré parmi toutes les dystopies. Il y a une mise en espace et, quelque part, une intuition du futur absolument formidables. On est dans quelque chose de bien plus fort que "Brazil" ou "Gattaca"... Et toujours ces images cryptiques et riches, au-delà même de la mise en espace... Sans oublier, bien sûr, le choix de la musique. Je crois que c'est vraiment la musique, liée à la construction de l'espace, qui rend Stanley Kubrick absolument imbattable et inégalé.

La première partie est un monument de la pop culture des années 70. Le côté choquant et "sadique" du film tend à s'estomper aujourd'hui, mais tout l'aspect imaginaire, l'invention d'un monde, et le fonctionnement des images, en sortent valorisés... On apprécie en fait encore mieux les retournements de situation et l'ensemble de ce chef-d'œuvre, car c'est d'un chef-d'œuvre qu'il s'agit. À connaître à tout prix !

Chouette film sur le début de l'adolescence, la relation avec les parents, la vengeance, le deuil... L'intrigue est bien posée, on conserve jusqu'au bout un certain suspence, les images sont belles et souvent riches en symboles, les jeunes acteurs se débrouillent comme des chefs, bref, c'est un film sérieux mais prenant voire fascinant par moments, comme lorsque l'on suit la relation de Jacob avec le meurtrier de son frère. À connaître.

Je n'accroche pas. L'idée de base, qui joue plus ou moins sur la notion d'inceste, se veut subversive mais ne me touche pas. Oui, la passion qui unit les deux mères aux fils l'une de l'autre a quelque chose de malsain, ou de surnaturel sur ce littoral surnaturel aussi... mais elle n'a rien de bien méchant non plus, on n'entre pas vraiment dans les sentiments des personnages et on retombe vite sur des histoires lambda avec adultère, trahisons, etc... En bref, c'est surtout deux kougars qui se font des beaux mecs au bord de la mer : et après ?

Détail intéressant : le livre de Doris Lessing qui a inspiré le scénario ne s'appelle pas "Les Mères" mais... "Les Grands-mères". Ben oui !!! :)

Film sympa bien qu'un peu long. Le rythme de l'action est lent, entrecoupé de nombreux passages centrés sur l'histoire du groupe d'amis et sur l'évolution de leurs sentiments (y compris de ceux de culpabilité, bien sûr). Le clown est étrange et inquiétant, et les jeux sur les transformations de son visage et de son corps peuvent faire peur à des enfants, mais globalement, comme le groupe d'amis reste très soudé, ce film joue plus sur l'étrangeté et un léger surnaturel que sur la franche horreur. On est dans de la low fantasy façon "La Ligne Verte", avec un élément plus inquiétant bien sûr, et un film plus centré sur l'exploration de l'inquiétant, mais pas dans une vraie terreur de type "Scream", "Alien" ou film de Carpenter... C'est bien fait, c'est sympa, ça fera revivre à certains de bons moments, voire même des instants magiques, mais pour un adulte, il y a peu de chances que ça suscite des émotions violentes. :)

Excellent film, très beau témoignage sur la vie des étudiants à la fin des années 70, et très intéressant sur le plan du suspence et de la montée de l'angoisse. J'ai fait l'expérience de le regarder juste après avoir vu "Scream" et "Scary Movies" : la comparaison enrichit encore le film en faisant ressortir ses spécificités, meilleure construction des plans et surtout adoption du point de vue du tueur, ce qui ne se produit dans aucun des deux autres... Sur le plan de l'esthétique comme de la menée de l'intrigue, "Halloween" est pour moi nettement meilleur. C'est un film à connaître absolument !

L'idée de parodier "Scream" n'était pas facile; ils s'en tirent très bien dans les passages d'horreur, par contre, les sublimes références au passé sont faibles, je trouve, et les passages ajoutés, bof... plus caricaturaux qu'autre chose. Donc : à connaître si l'on a vu et aimé "Scream", sinon, pas absolument nécessaire à mon sens. Mais on passe un moment sympa au final.

Ha ha, l'image n'est pas toujours parfaite mais c'est vraiment un bon film, le suspence est excellent, la montée de l'angoisse, parfaite, et le jeu de références et de parodie brillamment mené... la fin est à la hauteur de tout le reste... C'est la folie furieuse, on passe vraiment un bon moment. La force de ce film, finalement, c'est, tout en jouant sur la parodie, d'arriver à rester dans l'horreur jusqu'au bout ! C'est vraiment excellent. À connaître !!!

Ce que j'apprécie dans ce film, c'est la bonne humeur qui en émane et la sensibilité avec laquelle le sujet est traité : pas de passions tumultueuses, de rejet, de colère, ni de honte, juste la découverte progressive, par les personnages, de leurs inclinations et de leurs sentiments... C'est plus une vie de couple qui se met en place et ensuite viennent les révélations, leur acceptation et l'affirmation de soi : c'est un épanouissement, la découverte de sensibilités plutôt que de sensualités, et cela donne un film extrêmement agréable à voir et à revoir.

Belles images, beaux cadrages, belle exploitation des couleurs; ce que je retiens par-dessus tout de ce film, c'est la paix apparente, le silence dans lequel baignent la plupart des plans, sur le fond duquel se nouent les drames. C'est le premier film officiellement produit en Arabie Saoudite, et en tant que tel, il apporte un témoignage intéressant sur la vie dans ce pays... Après, le fondamentalisme religieux qui y règne fait que d'un point de vue occidental, on croit un peu marcher sur la tête : omniprésence (et omnipotence) de la "morale", règles aberrantes comme celle qui interdit aux femmes de monter à vélo, séparation stricte des hommes et des femmes, et polygamie... Haifaa al-Mansour aborde pas mal de thèmes intéressants, le sujet est traité avec grâce et simplicité, mais cette civilisation est vraiment particulière. À connaître et à apprécier.

C'est l'un des films les plus tragiques que je connaisse. Il y a vraiment des milieux qui ne sont pas favorisés par le sort. Ou plutôt, il y a vraiment des mères qui feraient mieux fait de ne pas l'être. Je crois que le moment où je déteste le plus les gens, c'est celui où ils se mêlent subitement d'éduquer leurs enfants dont ils ne se sont pas occupés auparavant. Bref. C'est un film difficile, sur un sujet (l'identité de genre) difficile à aborder dans des quartiers pauvres comme celui où se déroule l'histoire. L'acteur principal, Samuel Lange Zambrano, se tire de façon magistrale de ce rôle délicat. Le scénario est très bon, et les répliques contiennent beaucoup de mots justes, même si la fin donne l'impression de tirer un trait dessus. La caméra, très mobile, joue beaucoup sur la profondeur de champ, ce qui donne une image très construite dans sa déconstruction apparente... C'est un beau film, agréable à voir, prenant, mais la fin... bon, disons qu'elle donne envie de changer les choses et d'agir. Dur dur d'être un garçon !

Je retiens de ce film les paysages désertiques, italiens ou marocains, les costumes qui évoquent parfois ceux de l'Afrique, parfois des éléments mal bricolés en ferraille et en carton-pâte, et la musique intense, monocorde, lourde, répétitive, proche de celle du nô... Ces éléments, ainsi que d'autres plus mystérieux comme le rire de la pythie, confèrent au film une réelle force, voire une réelle violence tragiques. J'adore la version pasolinienne du Sphinx, j'adore l'échange de regards entre Créon et Œdipe et Œdipe et Jocaste une fois la créature éliminée... Très beau personnage de Tiresia incarné par Julian Beck... Après, ce avec quoi j'ai plus de mal, c'est avec le début "moderne" du film, et avec le fait que c'est finalement le père seul qui condamne son fils... Mais franchement, c'est un chouette film pour quiconque veut aborder ce mythe. Donc : à connaître !

Pas la même esthétique que dans "En Tu Ausencia", au début on se demande un peu dans quel monde de cinglés on est tombé, puis peu à peu les pièces du puzzle se mettent en place, on reconstitue ce qui s'est passé, et on apprend comment libérer la parole... Même si le mystère de Jesús demeure... C'est un grand film, avec de très bons acteurs, mais pour l'apprécier il faut l'avoir vu en entier. À connaître quoi qu'il en soit !

Des aspects intéressants, le fait que celle à qui Gabriel est si "symbiotiquement attaché" ne soit en fait que sa mère adoptive est assez curieux et fascinant, la relation avec celle-ci, et son côté "pourrissant", sont bien dépeints, mais franchement, entre la coupe de cheveux du garçon et l'ambiance de huis-clos totalement délirante, on est plus dans une fiction fin-de-siècle surréaliste que dans quelque chose où le spectateur va vraiment se retrouver... C'est un film qui se laisse regarder, mais c'est loin d'être le meilleur d'Iván Noel.

Un film splendide, tant sur le plan des images et du jeu des acteurs que sur celui du scénario. Les musiques, composées par le réalisateur, oscillent entre délicatesse, sensibilité et passion. Une magnifique leçon sur les préjugés comme sur l'âme humaine. À connaître absolument.

Je découvre de nouveaux détails à chaque visionnage... Ça avait déjà frappé quelqu'un que le gars qui gère tout s'appelle Mac alors que celui qui rame comme c'est pas possible s'appelle Windows ? :)

Oui... bof... J'avais adoré le roman, mais ici Gérard Mordillat resserre fortement et le cercle des personnages, et le déroulement de l'intrigue; on perd en force, d'autant que presque tout ce qui était jubilatoire dans la complicité entre les enfants est gommé... Idem pour ce qui est de l'homosexualité : ne subsiste plus qu'une vague idylle entre Amélie-Lyane et la femme du président Gassé. En revanche, on a un passage bien glauque où ce dernier "viole" la jeune boulangère par le regard de sa caméra... En fait, dans ce film, tous les adultes deviennent des sortes de sadiques pour qui les enfants ne sont rien de plus que des objets, souvent encombrants (voir les Seignelet). Là où dans le bouquin on avait plus du laxisme, de l'indifférence ou de la manipulation, on est confronté ici carrément au sadisme totalement dépourvu d'empathie du voyeur qui fait poser la fille qu'il paie, ou aux orgasmes qu'atteint la mère Seignelet lorsqu'elle tourmente ses fils... Le roman suscitait la révolte, le film déclenche surtout le malaise. Seuls passages vraiment jubilatoires : les scènes des masques lors des cambriolages. Et cette musique de clavecin, bon sang, qu'est-elle venue fiche là ?

Même origine que "Twilight", et même résultat : un navet de première classe.