Beaucoup d’entre vous ont sûrement déjà vu ce film, nominé 14 fois aux Oscars, et considéré par beaucoup comme le film de l’année. Cependant, ce succès était-il vraiment mérité ? Damien Chazelle entendait rendre hommage à Los Angeles et aux comédies musicales telles que Chantons sous la pluie, mais est-ce réussi ?


Le film s’ouvre sur une bretelle d’autoroute : coincés dans un embouteillage, les automobilistes sortent rapidement pour danser, chanter, et faire des acrobaties sur les toits des voitures, nous offrant une première scène chorégraphique qui détonne : rayonnante, pleine de dynamisme, elle nous plonge efficacement dans une ambiance qui s’annonce prometteuse. Le début du film est à l’image de cette première scène. Au milieu de décors ultra-colorés et pêchus qui rappellent le technicolor, Mia, aspirante actrice, et Seb, jeune musicien de jazz se croisent, s’éloignent et se (re)trouvent, de manière drôle et ravissante. Tout cela dans une ambiance de spectacle, avec un jeu de lumières et des clins d’oeil au cinéma de l’âge d’or hollywoodien.

Cependant, tout devient vite assez décevant. S’il y’a beaucoup de scènes musicales pendant ce début de film, elles ne décollent pas et restent à un niveau plutôt banal. Emma Stone et Ryan Gosgling étant des acteurs, et non des danseurs, ils ne font pas d’étincelles, notamment lors de la scène de claquettes qui laisse à désirer… En effet, après ce départ éclatant, le film s’étire en longueur au fur et à mesure qu’il « avance », très lentement. L’histoire d’amour naissante se transforme en romantisme mièvre lorsque l’on regarde les amoureux batifoler pendant un bon moment, puis en niaiserie mélodramatique lorsque l’on assiste à l’éloignement progressif du couple d’artistes désabusés. Pourtant, le scénario reste incroyablement cliché, de l’artiste incompris à Paris, qui n’est que l’éternelle ville de l’amour pour les Américains. En plus d’être déjà-vu, le scénario est pauvre, et le jeu demandé ne justifiait pas vraiment un oscar: à part se balader en robes, et enchaîner les petites moues du visage, Emma Stone ne fait pas grand chose ! Ainsi, pendant tout le film, on attend que les acteurs se lâchent, mais ils restent sages comme des images, et ne semble pas à leur maximum. Excepté John Legend, qui semble bien s’amuser pour son premier rôle au cinéma, ce qui nous ravi nous aussi !

Bon, si le film a été autant médiatisé, ce n’est quand même pas pour rien. Il faut tout de même saluer la performance de Ryan Gosling qui joue lui-même du piano dans le film, et la BO est plutôt réussie pour une comédie musicale: assez entraînante, et teintée de jazz. Et les oscars de la meilleure photographie et meilleurs décors, rétros à souhait, sont mérités.

Mais si Damien Chazelle entendait recréer les succès d’Hollywood, c’est tout de même raté. Et s’il aspirait à moderniser la chose pour la remettre au goût du jour à force d’inspiration et de références, c’est raté aussi. En effet, comme l’affirme le personnage de Keith dans le film même : « on ne peut pas être révolutionnaire en étant conservateur ! »