L'Atlantide

Pour l'Atlantide, Feyder avait refusé de tourner ses extérieurs en France où les paysages désertiques de Fontainebleau auraient pu faire l'affaire, et avait tenu à partir pour le Sahara, sur les lieux mêmes décrits par Pierre Benoît. Parti pris pratiquement inouï pour l'époque où la location shooting n'est pas encore de mise. Quand le film fut terminé, la publicité l'annonça sous le slogan : "Seul un homme a osé!" illustré d'une photographie de Jacques Feyder en casque colonial. On retrouve cette intégrité, dans la manière de tourner, et la fidélité au roman. Les paysages en extérieurs sont magnifiques, et les décors un peu surannés du fabuleux palais où vit l'impératrice ont beaucoup de charme. C'est globalement un film qui a bien vieilli et qui a conservé intact tout son potentiel d'évocation poétique.

Ce film a été l'un de mes premiers contacts avec le cinéma muet "sérieux". Évidemment, si l'on recherche une mise en contact avec les grands mythes, on est fatalement déçu : l'Antinéa façon cocotte parisienne roulant des œillades à n'en plus finir n'est pas très crédible... Mais bon, une fois que l'on a franchi le fossé culturel et que l'on considère le film du point de vue de l'histoire du cinéma, il devient intéressant.