La chasse au collet

Ce film présentait un scénario faiblement construit. Plusieurs lacunes dans la construction de l’histoire présentée à l’écran et le manque d’éléments contextuels donnent un air de facilité ennuyeuse au récit. Pourquoi n’a-t-on pas d’informations sur la mort du père d’Élyse? Où est la pertinence de le savoir mort dans ce cas? De même pour la scène où Élyse se rend chez un homme louche pour se procurer une quelconque drogue : qui est cet homme, comment le connait-elle? Cela laisse sur une impression que le scénariste n’a pas passé beaucoup de temps pour tout faire concorder les éléments et a préféré opter pour la facilité en présentant sans contexte des actions demandant une analyse de situation plus complexe. Aussi, compte tenu que la plupart des enfants ayant surpris leurs parents copulant ont été confus et en ont ensuite ri, il est complètement ridicule et disproportionné que la protagoniste du film ait été complètement chamboulé et bloquée au niveau sexuel pour avoir surpris son père en plein acte d’adultère. Oui, c’était assez peu conventionnel comme scène mais de là à en être détruite? Il manque des éléments pour permettre la cohérence du scénario. Toutefois, j’ai bien aimé le choix de la fin. Lorsqu’Éric, incapable de bouger est obligé de passer du temps avec la femme qui lui a causé tant d’anxiété, cela démontre d’une façon rigolote un revirement de situation où celui qui allait alimenter des mal êtres grâce à son site en vit dès lors perpétuellement un.

Toutefois, ce long-métrage était plus intéressant au niveau visuel. Certains contrastes intéressants étaient présentés comme celui où l’on dans une scène Éric revenir chez lui dans sa riche et vaste demeure et se servir un verre d’eau dans son réfrigérateur à la fine pointe de la technologie, puis dans la scène suivante Élyse reviens elle aussi à sa demeure, toutefois beaucoup plus modeste et très exiguë, et se sert aussi un verre d’eau, mais provenant du lavabo. Toutefois ces deux personnes provenant de milieux sociaux différents sont tout aussi tourmentées, Élyse par son passé et Éric par son présent : on voit cela par leur expression faciale préoccupée. Cela m’amène aussi à parler du jeu des comédiens qui était plutôt bien. On sentait vraiment par les mouvements et les expressions faciales d’Éric, interprété par Paul Doucet, qu’une tension montait en lui tout au long du film. Le personnage d’Élyse aussi était bien interprété. Julianne Côté a bien su rendre à l’écran les émotions tourmentées d’un personnage à la psychologie complexe : toujours calme, mais ô combien tourmentée à l’intérieur. La colère contrôlée qu’elle présentait devant ses « victimes » était émouvante.