Commentaires de films faits par MisterB
Répliques de films par MisterB
Commentaires de films appréciés par MisterB
Répliques de films appréciées par MisterB
C'est dans le Sud, dans un village qui a tout de cette belle France éternelle qui réconforte, que nous retrouvons, une fois n'est pas coutume, Fernandel dans le rôle d'un grand enfant naïf mais attendrissant. Les scènes et les péripéties se succèdent et c'est avec la banane (à la Fernandel bien sûr) que nous sortons de cette péloche.
Fernandel se trouve ici pour la première fois derrière et devant la caméra. A défaut d'être un grand auteur, c'est un artisan qui connaît les arcanes du métier ; mais qui clairement est meilleur acteur que réal.
Parmi les points forts, retenons les ineffables chansons de Jean Manse orchestrées par Roger Dumas avec une mention spéciale pour On m'appelle Simplet, une belle pièce dans le répertoire de Fernand ; mais aussi la présence des adeptes du cénacle fernandelien, en premier lieu desquels les mémorables Andrex et Delmont.
A (re)découvrir !
Lucas sort d'école, cherche encore à faire ses preuves et c'est Coppola qui lui donne cette opportunité en lui proposant de produire cette pellicule. Avec peu de moyens, le jeune homme parvient à définir un univers à l'esthétique clairement inspirée du 2001 de Kubrick. On ne peut s'empêcher de penser également à Orwell, lorsque nous sommes confrontés à la dure réalité totalitaire de cette société qui consume toute déviance. Duvall campe avec une glaçante conviction cet homme du futur qui ne cherche qu'à retrouver son humanité.
Il est d'ailleurs drôle de lire le message anti-consumériste de ce film et de constater la machine à fric que Lucas s'est bâtie par la suite à coup de biens de consommation. Si l'homme mûr est devenu ce que le jeune condamnait, le message ne perd rien de sa force, ni de son actualité.
Quoiqu'il en soit, c'est un film puissant et soigné comme Lucas n'en fera plus jamais, échaudé par les coupes orchestrées par la Warner ainsi que par l'échec public de THX 1138.
Ce fut donc vers le cinéma commercial que se tourna ce jeune auteur, appelé à marquer le cinéma hollywoodien de son empreinte ; regrettons seulement qu'il ait abandonné de sa radicalité et qu'il ait tu toute ambition artistique !
Passons sur la partie humaine, laborieuse et inintéressante, passons aussi sur l’écœurante surenchère d'effets numériques, pour nous pencher sur la partie simiesque, véritable réussite du film.
Bien sûr, ce conformisme rasoir tire une nouvelle fois le film vers le bas, faisant de celui-ci un produit calibré sans surprise, mais le personnage de César et les singes de sa cour gagnent en texture et en complexité, faisant de la première partie, étonnamment calme, la meilleure du film.
Ce dernier se conclue ensuite sur du grand tralala hollywoodien, mais clairement l'intérêt du film réside dans cette première heure, lorsque César hésite dans l'attitude à adopter face aux humains et qu'il doit aussi faire face aux divisions dans son clan qu'entraîne une telle politique. On retrouve ici un peu des débats politiques et scientifiques du tout premier film.
Un dernier volet plus convaincant donc, mais irai-je voir le troisième opus au cinéma pour autant ? Rien n'est moins sûr !
L'histoire, les personnages, la mise en scène, tout dans ce film flaire le conformisme commercial hollywoodien de ces vingt dernières années. Ne vous méprenez pas, j'apprécie le film, mais nous sommes si loin de la force et de la beauté de l'original qui, décidément, semble inégalable.
L'histoire s'inspire de La Conquête de la planète des singes tout en omettant les points d'intrigue sans queue ni tête de celui-ci (les singes réduits en esclavage et la disparation des chiens et chats) ; mais exceptée cette influence manifeste, ce nouveau volet ne possède que des liens très ténus avec ces premières adaptations : l'esthétique et l'atmosphère sont très différentes, et s'inscrivent davantage dans cette lignée SF bon marché sans âme que les USA produisent à la chaîne.
Reste le personnage de César, véritable point fort d'un film qui ne vaudrait rien sans lui ! Cette nouvelle lecture du personnage est certes très différente de celle offerte par Roddy McDowall, mais elle est aussi plus complexe et plus travaillée ; et force est d'avouer que je la préfère.
Quant aux effets spéciaux en eux-même, leur technicité force le respect et le mo-cap permet une impression de réalité un peu plus marquée, mais cela reste des formes absentes du plateau et les environnements virtuels dans lesquelles évoluent les singes lorgnent trop vers le DA.
Un divertissement correct donc, mais loin d'être mémorable.
Diantre, le scénario est encore plus mal écrit dans le précédent film : les scènes d'exposition sont télescopées (les personnages s'expliquent des choses qu'ils connaissent déjà ...), certains passages n'ont pas de sens et la caractérisation des personnages est particulièrement caricaturale.
Le manque de moyen conforte le film dans son échec : les singes sont ridicules, la ville des singes ressemblent à un campement scout, les scènes de bataille manquent cruellement de dynamisme et ne parlons pas des couleurs peu esthétiques ou des compositions de plan : quelle désolation ! nous sommes si loin de la beauté plastique de l'original !
Admettons cependant que cet opus n'est jamais ennuyeux, piètre consolation !
Triste fin pour une saga qui avait définitivement besoin de s'achever ...
Les effets spéciaux et les maquillages ont ici bien vieilli et nous sommes loin des visuels et des décors de l'original : au programme, ville futuriste (le futur en ... 1990 !) bétonnée et grise, quelle créativité ! L'esthétique de ce film rompt d'ailleurs avec les trois premiers long-métrages.
Je ne m'étendrais pas sur l'écriture, assez mauvaise il faut bien le dire, si le sous-texte social n'est pas inintéressant (les violences interraciales aux Etats-Unis), les dialogues, et tout spécialement les scènes d'exposition, manquent cruellement de naturel et de fluidité.
En outre, je n'aime pas pinailler sur des points d'intrigue, mais l'idée que les singes aient remplacé les chiens et les chats après que ces derniers eurent disparu, me paraît totalement tiré par les cheveux : on dénombre de nombreux autres animaux de compagnie que ces deux mammifères-là ... Ne parlons même pas de l'idée stupide de réduire en esclavage les singes, alors même qu'il semble exister dans cet univers, la possibilité de robotiser les tâches ingrates de la société.
Reste le personnage très attachant de César au destin tout théâtral ; celui-ci est campé par un Roddy McDowall rodé à l'usage !
Des idées et du divertissement donc, mais une exécution de bien piètre qualité !
Zira et Cornélius se retrouvent dans notre présent, celui de 1970, pour un film loufoque, un peu kitsch et caricatural parfois, mais parfaitement divertissant et bien meilleur que le deuxième film.
Le manque de moyen est encore plus criant que dans le deuxième volet, la Fox souffrait de graves difficultés économiques à cette époque, et les maquillages en pâtissent : s'ils forçaient le respect dans le premier long-métrage, ils ont davantage vieillis ici et pourront en dérouter certain.
Regrettons aussi le tour plus familial d'une saga jusqu'ici plutôt dure dans ses visuels et propos.
L'intérêt principal du film est donc de voir la relation de couple entre Zira et Cornélius s'étoffer et de découvrir une version miroir du film original.
En effet, les incohérences s'accumulent et le ridicule ne semble effrayer personne. Si pour les premiers rôles simiesques, le maquillage reste encore convaincant, les figurants se voient affublés de simples masques en latex pas toujours bien ajustés !
Heston refusant le premier rôle, c'est une vedette de l'époque, sosie de l'acteur, qui remplit sa fonction : c'est donc une copie, mais il a tout de même du charme et parvient à emporter avec lui les spectateurs tout au long de ses péripéties.
Il est intéressant aussi d'en apprendre un peu plus sur le fonctionnement de la société sur cette planète des singes. Apprécions également le (très léger) sous-texte socio-politique qui poursuit sur la voie antimilitariste du premier volet.
En premier lieu, il me faut évoquer le formidable travail de maquillage pour les singes qui n'a pas pris une ride, je me demande si le numérique des deux derniers opus passera aussi bien l'épreuve du temps dans cinquante ans. En outre, c'est du Shaffner (son Patton et son Papillon sont deux de mes films favoris) ; la mise en scène, les cadrages, les jeux de lumière sont donc de toute beauté et ajoutent une valeur ajoutée artistique trop souvent absente des films de SF commerciaux.
Le casting est mythique : Charlton Heston est très bon dans son rôle d'humain qui parle ; et Kim Hunter et Roddy McDowall dans leur rôle de chimpanzé progressiste ont su marquer à jamais le cinéma de SF. On passera aisément sur certains seconds rôles moins convaincants (le neveu, Nova, ...).
C'est donc un solide premier opus, un grand moment de SF hollywoodienne.
En réalité, le problème central du film est que, au-delà des fastueuses (et réussies) scènes de bataille, celui-ci manque de corps. Les personnages sont assez archétypaux, bien que solidement campés par de très bons interprètes.
De plus, sans cesse, le long métrage semble être tiraillé entre film populaire et film plus militant. Par moment, celui-ci souhaite en effet arpenter le terrain du message anti-militariste (enfants-soldats, ordres et morts absurdes, etc ...), pour finalement revenir vers un spectacle plus guerrier, plus classique, dans la lignée des grosses productions hollywoodiennes de l'époque, avec son héroïsme, son virilisme même et ses traits d'humour.
Le Pont de Remagen offre donc un ensemble inégal, mais qui réussi indubitablement sur un point, et c'est quelque part ce qui importe pour ce genre de film, il sait divertir. Deux heures que vous ne verrez pas s'écouler !
Fernandel s'efforça ainsi de respecter scrupuleusement le scénario écrit par le Maître. Cependant, bien que secondé par François Gir, assistant réalisateur fidèle à Guitry, mais aussi par un certain Georges Lautner, Fernandel s'imposa et n'écouta pas ses assistants.
Ainsi, à sa sortie miraculeuse d’hôpital, Guitry, sans doute poussé par ses proches et notamment par François Gir, intenta un procès à l'acteur, estimant que son oeuvre avait été dénaturée. Fernandel remporta son procès, mais les deux hommes resteront brouillés. La seule concession à laquelle Fernandel dût se résigner, fut d'inscrire "d'après Guitry" dans le générique, quand bien même le scénario était entièrement de la main de Guitry, jusqu'à la chanson finale.
Depuis lors, le film a conservé cette réputation de pâle imitation de Guitry, de film annexe dans la filmographie de celui-ci. Et s'il est vrai qu'il manque à Fernandel l'audace et l'expérience du maître en matière de réalisation, l'acteur s'en sort néanmoins honorablement dans ce qui est son second film seulement. Ainsi, notre méridional national propose une belle comédie à la française, qui si elle ne brille pas, se distingue nettement du tout-venant de l'époque grâce aux fins dialogues de Guitry. Un Guitry d'après-guerre, plus cynique, plus misanthrope, plus incisif. A n'en pas douter le film aurait touché au sublime sous l'impulsion de Guitry lui-même.
Mais ne regrettons pas pour autant ce présent opus à mains égards de qualité en comparaison à certaines fantaisies auxquelles Fernandel s'est adonné au cours de sa fructueuse et délicieuse carrière filmique.
Alliant avec toujours autant de finesse émotion et humour, Jour de fête narre la vie de ce village lors de sa fête annuelle et plus particulièrement celle de son facteur, magistralement campé par Tati lui-même. Il y a déjà un peu de M. Hulot dans ce protagoniste hors des conventions et maladroit comme tout.
Le film enchaîne les scènes d'une drôlerie sans pareil et les trouvailles de mise en scène. Chose rare pour l'époque, les personnages secondaires sont tous campés par des amateurs et les décors sont entièrement naturels. Notons aussi la présence de Guy Decomble et de Paul Frankeur
L'usage du son et la place secondaire réservée aux dialogues est également une nouveauté, un trait que Tati développera avec brio dans Playtime. Il est dommage que le film n'ait pu être tourner en couleur, à n'en pas douter, les scènes de foire auraient eu une autre dimension.
Jour de fête est déjà un très grand film, mais le meilleur reste à venir avec Mon Oncle et Playtime, où Tati atteindra l'apogée de son art !
Cette première entrée est déjà une belle mise en bouche. Moins populaire que A bout de souffle ou Les 400 coups, La Boulangère de Monceau ne possède pas moins toutes les qualités (et les défauts) de cette Nouvelle Vague qui s'achève peu à peu au moment de la sortie de ce court métrage.
Cette spontanéité de la mise en scène et du dialogue. Cet emploi très sobre de la technique, un emploi presque amateur, mais qui confère un charme et une fraîcheur qui ne se démentent pas. Cette personnalisation fort réussie de Paris, avec ses rues grouillantes de monde et ses larges avenues au trafic assourdissant, voix multiples de cette compagnonne qui épaule le héros dans sa quête de l'objet aimé.
Bref, autant d'éléments qui contribuent à la réussite de ce magnifique petit film !
Je ne vais pas rentrer dans davantage de détails pour vous laissez le plaisir de voir le film par vous même, mais nous sommes à deux doigts d'être au niveau du sixième opus, qui bien qu'inférieur à ses deux illustres prédécesseurs, restait un film de haute volée. L'action est présente, joliment filmée, immersive, innovante par rapport aux précédents épisodes. Les effets spéciaux sont de toute beauté. Après l'orgie pixelisée de la prélogie, il est agréable de pouvoir admirer la technologie et les créatures en se disant oui elles sont bien là, aux côtés des personnages, grâce à un mélange habile entre effets mécaniques et numériques. Seul le choix de l'image de synthèse pour la tenancière du bar est discutable, avec du maquillage son physique aurait pu être modelé avec plus de réalisme encore. Mais je commence à pinailler !
En effet, l'évolution de Rey est peut être un peu trop abrupte, et aurait gagné à être rallongée tout au long des deux suites à venir, mais à part ça il m'est difficile de trouver des défauts majeurs. Il y en a bien, mais j'ai su passer un super moment, et les choses bonnes sont vraiment bonnes et occultent le reste. Vivement le VIII !
Et puis, c'est la rencontre aux côtés d'Isabelle Carré, d'une galerie de personnes étranges. Pattie d'abord, des plus prolixe lorsqu'il s'agit de décrire ses escapades sexuelles. Karin Viard se montre parfaite pour ce rôle qu'elle campe à la perfection, une grande actrice ! André Dussolier marque aussi le film à travers son personnage ambigu et mystérieux (est-il réellement JMG Le Clezio ?). Lavant se montre également mémorable dans son rôle d'idiot du village. Isabelle Carré elle-même est bonne mais prise dans une routine à incarner sans cesse les mêmes personnages.
Un film singulier donc, joliment mis en scène et intelligent.
De l'action, des décors fastueux et des personnages haut en couleur, rien ne manque à ce long métrage, qui respecte tous les codes du genre.
L'intrigue est certes convenue et la mise en scène gagnerait en dynamisme par moment (on regrettera Michael Curtiz pour les scènes de duel, ici mollement agencées), mais le plaisir et le divertissement restent au rendez-vous pour ce qui est un excellent moment de cinéma populaire hollywoodien à l'ancienne.
Tyrone Power manque de charisme dans ce film, et tente désespérément d'égaler Errol Flynn. De plus, une fois écarté le vernis du code Hays, son comportement à l'égard de l'intrigue amoureuse (jouée par une Maureen O'Hara là aussi étonnamment terne), met relativement mal à l'aise, entre tentative de viol, harcèlement et enlèvement. Quel tombeur !
On peut d'ailleurs regretter que cette intrigue amoureuse, à la fois dérangeante et convenue, prenne un peu trop le pas sur l'action en soi. A part pour le spectaculaire finale, les scènes d'action sont brèves et succinctement résumées. Un comble !
On retiendra cependant, à défaut de celles de Tyrone Power et Maureen O'Hara, les performances de Laird Cregar, impressionnant de charisme, mais aussi du duo de vilain, campé par George Sanders et Anthony Quinn.
Un bon film de pirates donc qui, s'il ne brille pas par son originalité, saura vous divertir efficacement et vous charmer par son style rétro.
Un film pionnier et fondateur d'un point de vue narratif donc, mais aussi d'un point de vue technique, puisqu'il s'agit de l'un des rares films en couleur des années 20, utilisant la technique du technicolor bichrome (utilisé pour la première fois à Hollywood dans le mélodrame Toll of the Sea de 1923). Le procédé se révèle encore très archaïque et a mal passé l'épreuve du temps, mais il n'offre pas moins un ton assez unique à l'oeuvre, dont la photographie est d'ailleurs des plus réussis.
Le Pirate noir reste, encore de nos jours, un solide film d'aventures, porté par un Fairbanks énergique mêlant dans son jeu, ironie, dynamisme et charisme. Passés ses lourdeurs, le long métrage est donc une réussite, qui ravira très certainement les amateurs de cinéma vintage.
Une adaptation consternante de la si belle bande dessinée donc, où ni l'esprit, l'humour ou la magie de celle-ci ne sont repris. Fuyez !
Nous sommes certes loin des adaptations des années 90/2000, en terme de moyens et d'effets spéciaux, mais ce film n'en est que plus réussi. Il s'agit de la seule adaptation en chair et en os d'Astérix, dans laquelle l'univers, l'atmosphère et le ton de l'oeuvre est respecté point par point sans aucune divergence. La BD semble prendre littéralement vie. Même Chabat, qui a pourtant réalisé une très bonne interprétation du petit Gaulois, n'est pas parvenu à ce niveau d'exactitude et de justesse de ton.
Deux Romains en Gaule est indéniablement à conseiller à tous les amateurs de Astérix. Son âge et sa photographie noir & blanc, pourront en rebuter certains, mais ce téléfilm n'en reste pas moins un objet de curiosité, témoignage touchant d'une époque révolue de l'audiovisuel français.
NB : bien que le film soit introuvable en DVD, il est possible de l'acheter sur le site de l'INA pour 3.99€.
Un long métrage fort et puissant donc, qui s'il ne brille pas par sa mise en scène, se surpasse par son propos et ses acteurs hors pair.
Une charmante comédie dramatique donc, où crime, romance et ambiance maritime s'entremêlent habilement.
Ultime collaboration entre Audiard et Gabin donc, Le Drapeau noir flotte sur la marmite est emprunt d'une certaine mélancolie. Loin d'être une réussite, le film n'en reste pas moins un bon divertissement, qui ne mérite certainement pas cet ostracisme numérique dont il est la victime.
Bien qu'il ait consacré Lino Ventura en tant que vedette, ce film est loin d'être le plus prestigieux de sa carrière, mais quel délice que de voir cet ancien catcheur, à l'image d'un Santo, défoncer des portes à mains nues et cogner sur d'indestructibles espions d'Europe de l'Est. Tout le monde n'appréciera peut être pas les personnages archétypaux, la naïveté de l'intrigue et les performances rocambolesques du Gorille. Mais, en ce qui me concerne, je n'ai pu qu'être charmé par ce savoureux divertissement populaire, qui ne cherche qu'à divertir ses spectateurs avec complicité et amusement.
Colpi parvient à exhumer de cette sensibilité que seul Pagnol sut user pleinement chez le grand Fernandel. Sorte de gourou de nos émotions, c'est vers le rire puis vers les larmes et vers les larmes puis le rire, que ce dernier nous transporte avec une maîtrise et un jeu qui forcent le respect, et comme aucun autre ne fut jamais plus capable depuis.
Et à l'instar de ce qu'aurait pu être Don Camillo et les contestataires (celui de Christian-Jaque), durant le tournage duquel Fernandel nous a quitté, Heureux qui comme Ulysse marque une confrontation entre une modernité inexorable, vrombissante, ivre de vitesse, aveugle à ce qui la précède et un passé mythifié, fait de traditions et d'amitiés simples mais sincères, un passé où il fait bon vivre.
Fernandel c'est ces traditions, cette ruralité, ces valeurs pures, cette France belle et éternelle des campagnes. L'acteur paraît presque hors du temps, son personnage pourrait très bien être de ceux qu'il incarnait chez Boyer, Cloche ou Pottier, mais le monde dans lequel il évolue n'est plus le sien, fini les villages sans âge, la dure réalité contemporaine s'est imposée. Le personnage fut prisonnier au cours de la Dernière Guerre, amusons-nous à imaginer qu'il soit ce même prisonnier de La Vache et le prisonnier !
Un film mélancolique donc, mais plein d'espoir cependant, de cet espoir qu'incarne le jeune couple dont Fernandel encourage l'union. Un des plus grands Fernandel !