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Répliques de films par pwachevski
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Mais le film est aussi et surtout intéressant par son message puissant et engagé. On y suivra Ela, l'actrice jouant le premier rôle féminin de la pièce, et qui se retrouve prise dans cet environnement en réalité très toxique. Que ce soit de la part du metteur en scène qui l'a met mal à l'aise avec ses instructions contradictoires et libidineuses. Que de la part des autres acteurs, qui font pas toujours preuve d'une grande solidarité à son égard
C'est hyper prenant de voir Ela évoluer au fil du film, perdre sa confiance en elle, puis tenter de la regagner, de s'affirmer. Entre la solide interprétation de Celine Meral (et des autres acteurs aussi d'ailleurs, qui débordent de naturel) et la réalisation d'assez belle facture, on captera des choses subtiles, comme sa frustration quand elle fait semblant que tout va bien ou la façon dont elle redevient elle-même dans un environnement qui la respecte. Pour ma part, c'est un personnage que j'ai très bien compris, avec lequel j'ai été totalement en empathie, et je pense que pas mal de femmes partageront ce sentiment. Ça m'a d'ailleurs rendu le film parfois difficile, car faisait écho à des sentiments que j'ai aussi pu avoir parfois. On imagine sans mal que les deux réalisatrices ont probablement fait appel à leur propre expérience pour écrire cette histoire et ce personnage aussi sincère.
Malheureusement, malgré ce gros point positif, j'ai eu du mal à apprécier le film pris dans sa globalité. Je n'ai pas détesté, pour preuve la liste où je le classe, mais c'est loin d'être un coup de cœur. Je l'ai trouvé longuet et mollasson. On tire souvent inutilement en longueur les scènes, en étant très bavard pour pas dire grand chose. Je pense vraiment qu'il aurait été plus pointu, plus pertinent, plus élégant, avec un peu plus de silence, et une plus grande place à l'interprétation du spectateur.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - malgré ma sympathie pour le personnage d'Ela, et l'envie de soutenir le message, j'ai trouvé bien mieux dans la sélection proposée, donc je suis restée sur une note de 3/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
Je suis contente de m'y être aventurée finalement, car j'ai trouvé ce film extrêmement original. Je n'ai jamais rien vu de tel. La réalisation reproduisant plusieurs tableaux de maître est déjà assez atypique, mais il est en plus très difficile de classer ce film tant il est foisonnant. Fiction ? Documentaire ? Film à sketchs ? Où s'arrête la vérité, où commence le mensonge ? Mais l'ensemble est plaisant à regarder, et conserve malgré tout du fond, avec quand même des points biographiques un peu premier degré et une émotion parfois sincère, beaucoup d'humour notamment.
Cependant le film est tellement original et difficile à classer que j'ai un peu de mal à le noter. Je le met en "vu aussi", pas parce que je ne l'ai pas aimé, mais plus parce que je saurais pas où le mettre ailleurs.
Si je n'ai pas trouvé le documentaire parfait, je lui reconnais le mérite de mettre en lumière certains rouages politiques assez contestables, et du coup intéressants, parce que contestables. Notamment, la première partie du documentaire, qui retrace l'éviction de Clothilde Ollier par son propre parti pour un motif douteux, alors même qu'elle a gagné une primaire, donne pas mal de matière à réflexion.
Là où je suis moins séduite, c'est que le film n'arrive pas franchement à expliquer cette fameuse alliance, alors que bon, c'est quand même l'objectif annoncé au départ. On tente par moment de le faire, en prétendant par exemple qu'il y avait un vrai programme cohérent, pour se contredire quelques minutes plus tard. Les principaux protagonistes eux-mêmes ne semblent pas y croire. Je prends pour preuve la fin où Clothilde Ollier se félicite qu'elles "seront deux à pouvoir défendre l'écologie", elle et Alenka Doulain, entendu donc que les autres colistiers élus, plutôt proches de Mohed Altrad, ne le feront pas. Bah il est passé où le programme commun ? Sauf que le film lui-même ne fait pas de commentaire sur ces incohérences. On ne prend pas un ton critique à ce sujet.
Puis le fait que le film a de façon évidente un biais subjectif en faveur de Clothilde Ollier n'arrange pas les choses. Je comprends totalement qu'on ne parle quasiment pas des deux autres candidats, Michaël Delafosse et Philippe Saurel, à partir du moment où on a choisi de s'intéresser à cette liste précise. Mais pourquoi créer de l'individualité au sein de cette liste ? Outre le fait d'avoir son prénom dans le titre, c'est elle qu'on voit et qu'on entend largement le plus dans le film. C'est la seule à qui on donne une vraie tribune sur certains points de son programme, notamment quand elle témoigne de son métier d'infirmière et de sa vision du système de santé (un moment très fort du documentaire d'ailleurs). On relègue les autres membres de l'alliance à un rôle de figurant, alors que je n'ai pourtant pas eu le sentiment que Clotilde Ollier était ni à l'initiative ni le moteur de cette alliance. Également, depuis l'élection, je n'ai pas le sentiment que ce soit elle qui marque le plus les esprits, Alenka Doulain me semble bien plus présente médiatiquement. Bref, je peine à comprendre cet angle d'attaque.
Malheureusement, je n'ai pas du tout été réceptive. Le traitement est tellement bizarre, superficiel, décousu, expérimental, que je n'ai pas réussi à me plonger dans le film. Dans sa globalité ce film m'a ennuyé. L'acteur principal, Damien Bonnard, ne me convainc pas vraiment non plus, entre son jeu pas des plus subtiles, sa diction clairement à revoir et son physique qui ne correspond pas trop à l'idée que je me faisais du personnage.
Je salue quand même en partie la réalisation intéressante, qui a le don de venir nous dénicher des plans colorés assez magnifiques et dépaysants. Mais par contre je n'ai pas compris ce qu'on a cherché à faire sur la reconstitution d'époque absolument inexistante. On voit des casquettes, des baskets, des sacs en plastique, du matériel électronique, un joggeur, un parasol publicitaire avec un site internet et même un décor de fête foraine... Déjà que j'avais du mal à entrer dans le film, là on me perd complètement. J'imagine que le film n'avait pas de gros moyens, ne pouvait pas faire de la reconstitution avec des figurants, des costumes etc. Mais il y a des limites quand même ! Ces faux raccords semblent volontaire tant ils sont énormes, et je ne comprend vraiment pas l'idée.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - et vous vous douterez bien que ce film ne fait pas partie de mes plus jolies découvertes... Je l'ai noté 1/5 seulement, mais bizarrement, malgré tout le mal que j'en pense, ce n'est pas le film que j'ai le moins aimé. Si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
Ce film parle d'une mère de famille qui s'entiche amoureusement... d'un camarade de classe de sa fille. Sauf erreur, on ne donne pas précisément l'âge de ce garçon, mais on parle à un moment d'un brevet des collèges blanc qu'ils viennent de passer, donc on est a priori autour de 13-14-15 ans. Il est joué par Mathieu Demy, né en 1972, film sorti en début d'année 1988, probablement tourné en 1987, donc 14-15 ans au moment du tournage. Face à une Jane Birkin de 40 ans au moment du tournage, donc clairement, on ne peut pas dire qu'on ne voit pas la différence de génération.
Le gros problème, c'est qu'on n'est pas juste sur un couple qui a une différence d'âge mais où tout le monde est en capacité d'exprimer un consentement (comme Perfect Mothers), ou dans une situation où l'adulte a un éclair de lucidité et dit stop (comme Un moment d'égarement) ou d'une situation où on y va mais en condamnant clairement le comportement de l'adulte (comme Le consentement), on parle vraiment d'une situation très borderline avec la légalité, si ce n'est illégale (du fait du flou artistique sur l'âge du garçon, difficile de trancher) et qui va durer tout le long du film et même s'amplifier au fil du film, comme si c'était une romance "normale".
Cette situation ne semble pas déranger outre mesure les différents personnages qu'on rencontre. Certains vont même jusqu'à l'encourager ! Ou alors si ça les dérange, ce n'est pas de la bonne manière. Lucy, la fille de Mary-Jane, est par exemple gênée par la situation du fait d'une certaine jalousie de se faire "voler" sa mère, et qu'elle aurait pu exprimer de la même manière si le garçon avait été plus âgé et même si ça avait été un homme de l'âge de sa mère.
Bref, en plus de la situation qui crée de base un malaise, j'ai été d'autant plus mise mal à l'aise par le fait que le film ne nomme jamais la chose, et ne semble pas plus la condamner. Je ne comprends pas ce qu'on cherche à nous dire alors. Que ce n'est pas si grave que ça ? Que c'est ok ? Qu'on pourrait sérieusement envisager une famille de ce type ? Pour moi c'est un non ferme, catégorique et pas négociable que cette situation n'est pas acceptable, donc je suis profondément dérangée par cette complaisance et je ne peux en aucun cas me sentir en empathie avec ce personnage.
A part ça, le film délivre quand même un message intéressant sur le SIDA et son traitement dans la société au début de l'épidémie. La réalisation est d'une excellente qualité, comme toujours avec Agnès Varda. Jane Birkin offre une interprétation subtile et délicate. Mathieu Demy m'a séduit par sa fraîcheur et son naturel. Charlotte Gainsbourg est par contre clairement de dessous, elle multiplie les gestes incontrôlés qui trahissent sa gêne devant la caméra et elle a une diction assez inaudible. Vous me direz, c'est aujourd'hui à l'âge adulte l'une des meilleures actrices françaises en activité, donc cette performance un peu ratée a clairement été sans grande conséquence. C'est même plutôt intéressant que de constater son évolution.
J'ai de suite trouvé touchant ce personnage de Don, séducteur sur le retour, un peu perdu depuis sa dernière séparation, qui part en quête de son passé et d'un hypothétique fils. Il y a quelque chose de mélancolique dans ce film, sans jamais être plombant, ça invite à la remise en question, sans être donneur de leçon. Et c'est une excellente idée, je pense, de laisser une telle place à l'interprétation du spectateur.
Le casting est superbe, avec ce Bill Murray froid, calme mais pas inexpressif, avec même bien au contraire pas mal de subtilités dans son jeu, et même des émotions assez fortes sur la fin. Jeffrey Wright apporte une touche d'humour bienvenue. Superbe brochette d'ex copines, avec Sharon Stone et Jessica Lang tellement bien choisies pour ces rôles d'anciennes séductrices, Julie Delpy et Tilda Swinton qu'on aurait aimé voir un peu plus tant on réussi à les aimer malgré un court passage à l'écran. J'avoue que Frances Conroy m'a moins marqué par contre, son personnage est moins intéressant.
J'ai honnêtement eu un peu de mal à entrer dans le film. Le départ est abrupte, car ne rappelle pas réellement l'univers dans lequel on s'inscrit. Ou alors il ne le fait pas avec un grand didactisme, on part du principe qu'on sait déjà très bien qui sont les personnages qu'on nous montre, les lieux ou les concepts qu'on évoque. On opte aussi pour une construction de l'intrigue quelque peu décousue au départ. Franchement, j'ai eu une bonne demi heure au début du film où je me disais juste "mais qu'est-ce que c'est que ce film ?! Si c'est vraiment comme ça pendant 2h30, ça va vite être pénible".
Heureusement, la suite est plus convaincante, et une fois vraiment lancée dans le film, j'ai été complètement happé par l'histoire. J'ai trouvé ça hyper immersif : c'était distrayant, il y avait du suspense, je n'ai pas vu le temps passé. J'étais vraiment totalement prise dans l'intrigue, je la vivais littéralement avec les personnages. Des personnages sympathiques du côté des gentils, avec un Dan assez adorable, on aimerait un peu être son pote dans la vraie vie. A partir de ce personnage, il se déploie une série de duos (Dan/Abra, Dan/Dick, Dan/Billy) qui fonctionnent tous très bien. Du côté des méchants, on a des personnalités fortes aussi et un côté inquiétant bien présent, et ça forme du coup des enjeux crédibles. S'il est peut-être excessif de classer le film dans l'horreur, il y a un suspense et une tension assez indéniable par moment.
D'un point de vue technique, sans être bluffant, le film est très agréable aussi. La réalisation s'efforce de créer des ambiances marquantes, avec des décors très soignés, des éléments visuels singuliers et inventifs
Dans les moins, je mettrais donc le début du film, j'en ai déjà parlé. Plus largement, je pense sur le film aurait peut-être du miser soit sur un format plus court, nerveux et percutant, soit opter pour un vrai format long (3h et plus) où on aurait pu prétendre à un certaine exhaustivité. Là le format de 2h30 est un peu bâtardé : trop ou pas assez. J'aurais aussi aimé qu'on offre des développements plus profonds des personnages. Notamment, on nous annonce quand même un Dan "traumatisé", je n'invente pas ce terme, c'est dans le synopsis. Bah franchement je ne l'ai pas vu... Ok, il pète pas la forme au début du film, mais "traumatisé" c'est un mot BEAUCOUP trop fort pour ce que je vois. Des personnages traumatisés, c'est des personnages qui ont une densité comparable à Tommy et Arthur Shelby de Peaky Blinders, Travis de Taxi Driver, Albert et Edouard de Au revoir là-haut, Dexter de Dexter, Rorscharch de Watchmen ou Magneto de X-men. Ils sont traumatisés et ils agissent en conséquence : ça a un impact énorme sur leurs modes de pensée et sur les décisions qu'ils prennent, ça déteint sur toutes leurs relations, etc. On n'a rien de ça ici. Dan souffre d'alcoolisme, qui n'est pas une maladie que je minimise, mais elle est montrée juste 2 minutes dans le film, sans intensité dramatique particulière, et à part ça il vit comme monsieur tout le monde. Clairement, il y a un gros manque scénaristique à ce niveau. Plus largement les scènes supposées émouvantes sont parfois un peu légères. [spoiler]La scène où Billy et le père meurent coup sur coup, clairement, ça ne nous touche pas autant que ça devrait.
Le point de départ est intéressant pourtant : une famille déménage dans un nouvelle ville, la fille aînée au look androgyne est prise pour un garçon par les autres enfants du quartier, et plutôt que de corriger la méprise, elle va savamment entretenir cette confusion le temps d'un été - plus tard avec la complicité de sa petite sœur. Ça aurait pu être le point de départ de plein de réflexions, avec l'originalité de poser le débat à hauteur d'enfants, avec leur naturel et spontanéité, et non avec des ados ou des adultes capables de choix plus maturés. Mais ça ne l'est pas. Le film manque beaucoup trop d'adultes pour ça.
On s'enlise dans une succession de scènes de jeu entre enfants, qui ne laissent pas place à des discussions "sérieuses". Du coup on sait pas vraiment ce qu'on nous raconte : peut-on vraiment considérer que Laure/Michaël est un garçon transgenre ? Est-ce que c'est un simple "garçon manqué" comme le titre le suggère, qui ne rentre pas dans le moule stéréotypé de la féminité, mais sans questionner outre mesure son identité pour autant ? Est-ce qu'on est dans une zone grise entre homme et femme - non binaire, gendre fluid... ? Ou faut il y voir qu'un simple jeu d'enfant sans conséquence, puisque le déguisement, l'expérimentation, le mensonge etc. peuvent aussi très naturellement faire partie de la construction de la personnalité d'un enfant ? On ne sait pas.
Et même sur la fin quand les adultes prennent enfin une certaine place dans le film, le débat est mal posé pour moi.
Bref, le film est certainement plein de bonnes intentions, mais ne les réalise pas vraiment pour moi.
Ensuite, on optera pour une construction atypique, faite d'une suite de flashbacks. C'est un jeu de piste, un puzzle pour essayer de comprendre qui était Mona. Il manque volontairement des morceaux, le film ne nous donne pas tous les éléments, mais suffisamment pour se faire une idée du personnage. Je pense que Sandrine Bonnaire fait aussi beaucoup pour ce personnage, car malgré ce côté morcelé, et brumeux, elle lui donne une vraie cohérence et densité.
Malgré l'émotion évidente du film, je n'ai cependant jamais réussi à m'attacher réellement à elle. C'était un choix de scénariste, mais elle est quand même un peu tête à claques. Notamment elle se montre parfois assez ingrate avec les gens qui l'aident. Ça a créé du coup un certain blocage me concernant, je n'ai pas réussi à complètement me faire emporter par le film.
Mais alors par contre, je n'ai pas détesté mais j'ai carrément haï la forme. Qu'on essaye de mettre un peu d'humour dans tout ça pour pas que ce soit plombant : ok. Mais pas comme ça. Dès les premières secondes j'ai été crispée par la réalisation. On est dans le parfait cliché du blockbuster américain, mais vraiment dans tout ce que ces mots peuvent avoir de connotation négative. C'est grandiloquant, ce n'est pas élégant, ce n'est pas bien dosé. On multiplie les effets de style ringards, comme l'effet faux documentaire, les arrêts sur images, les images coupées en 3... On navigue dans des décors trop grands et aseptisés. On a l'impression que les personnages, notamment féminins, sont là pour faire un défilé de mode. Le mariage ne prend pas du tout, on se croirait dans Fast & Furious, alors qu'on a pourtant un pur scénario de drame. Malgré le propos, j'ai trouvé le film horriblement froid. Je ne me suis pas du tout attachée aux personnages, je n'ai pas été embarquée par l'intrigue, touchée plus que ça par le dérapage qu'on nous décrit.
Côté interprétation, j'ai bien aimé Emily Blunt, qui malgré les défauts évidents du film ne lâche pas l'affaire, donne le meilleur d'elle-même, et permet d'éviter le naufrage. Par contre les autres acteurs ne m'ont pas marqué. J'ai trouvé Chris Evans complètement à côté, et même un peu faux par moment, non ? Et on ne voit pas assez les autres acteurs pour qu'ils nous marquent réellement. Alors qu'il y avait de la bonne idée pourtant, le personnage d'Andy Garcia notamment, j'aurais vraiment aimé le voir plus. C'est sympa aussi d'avoir ressorti du placard Catherine O’Hara, qu'on a pas beaucoup vu cette dernière décennie, voire les deux dernières (voire les trois dernières en fait...).
Ce slasher humoristique / teen movie / touche SF n'aura clairement pas la palme ni du film le plus fin, ni du plus abouti, ni du plus réaliste, mais je trouve quand même qu'il a le mérite d'avoir une certaine originalité et de tenter un truc. Si ce n'est clairement pas un grand film, c'est distrayant dans l'ensemble même s'il y a au moins 20 minutes de trop. Ça ne tombe pas dans un humour lourdingue sous la ceinture en permanence ou pipi-caca. On se prend facilement au jeu de l'intrigue, avec son enquête qui apporte du suspense. Les nombreuses références pop culture glissées dans le film sont sympas. Certains personnages sont attachants.
Par contre, j'aime bien Kiernan Shipka, vraiment, j'ai de la sympathie pour elle, because Mad men, because Sabrina. Mais par contre, il serait grand temps qu'on lui propose autre chose que des rôles d'adolescentes. Elle ne peut vraiment plus les jouer, elle a 25 ans et ça se voit sur son visage qu'elle a 25 ans, elle a plus ses joues rondes, elle a des ridules d'expression (et c'est totalement normal ! Ce n'est pas une critique que je formule ici, c'est un simple constat). C'est fini quoi, et il serait temps de la faire basculer dans un autre type de cinéma plus adulte, sinon elle va s'enfermer là dedans.
Bien sûr qu'on a déjà vu des séparations amoureuses ou des couples qui battent de l'aile au cinéma, mais avec cette sincérité rarement. Par ailleurs, la majorité des scénaristes et réalisateurs étant des hommes, ce n'est pas forcément traité de la même façon. Ici on ressent bien plus une certaine position de vulnérabilité, une perte de se sens, de repères, de confiance, dans les autres et en soi. A part Lost in translation, de Sofia Coppola, je n'ai pas forcément quelque chose d'équivalent qui me vient spontanément à l'esprit. La question de la parentalité solo prend aussi une place importante. Sans révolutionner le genre, ça donne quand même une saveur originale à l'ensemble.
J'ai été moins séduite en revanche par la forme. Enfin pas tant les images, qui sont très belles, avec une recherche artistique évidente. Mais plutôt dans son approche pas vraiment narrative. Le plus souvent on nous montre des images "au hasard" sur lesquelles on vient poser une voix off. Ce n'est pas vraiment une histoire avec un début, un milieu et une fin, et ça m'a un peu noyé par moment. La BO est agréable mais trop discrète. Par ailleurs c'est un peu dommage que le film ne fasse qu'à peine une heure, on aurait aimé plus fouiller les choses par moment.
Cette inénarrable Madame Xue Lian, qui est vraiment d'une grandeur d'âme assez extraordinaire, qui nous donne la chair de poule à plus d'un moment, par sa simplicité, mais aussi sa positivité. Ce jeune garçon Zhou Hong, qui nous fait voir la situation à hauteur d'enfant. Ses parents qui nous font passer par une palette d'émotions extrêmement large. Et ce coiffeur, moins marquant car ne sortant pas du quartier, mais qui apporte quand même quelque chose au film, comme un sage qu'on vient consulter pour prendre la température. C'est vraiment un splendide documentaire, qui aurait pu faire le double du temps. Quand il se termine, on a juste envie de savoir ce que deviennent les personnages, on aurait bien aimé les suivre sur des années, voir leur évolution.
Il y a un propos pertinent et engagé, mais avec un réalisateur qui reste à sa juste place et se fait très très discret (pour moi, il y a rien de plus insupportable que les réalisateurs qui "font leur show" comme François Ruffin dans Merci Patron, par exemple). Je ne suis pas naïve, il y a toujours des biais subjectifs, bien sûr qu'il y a le montage, bien sûr qu'il y a quelques effets de mise en scène, mais rien de trop explicite ou forcé. On devine son regard tantôt attendrit, tantôt complice, tantôt indigné, mais on ne le verra jamais, à l'exception d'un vague reflet dans une fenêtre à un moment. Il y a pas de voix off, extrêmement peu d'interventions extérieures, on voit le plus simplement possible la vie se dérouler sous nos yeux, avec des moments parfois extrêmement puissants, universels malgré la barrière de la langue.
On trace sur un peu plus d'une décennie le portrait de deux copines, Pauline et Suzanne, qui n'ont pas grand chose en commun, pas tout à fait le même âge, pas le même milieu social, pas la même vie. Mais elles sont malgré ça très proches, très complices car liées à jamais par le soutien mutuel qu'elles se sont apportées à un moment de leur vie. Sans jamais tomber dans le pathos, et même avec un humour assez mordant, il sera question de problématiques éminemment féminines, comme l'avortement, la maternité ou l'indépendance financière.
En 2023, on parlerait de sororité, mais je sais pas si on en parlait beaucoup à l'époque. Quoi qu'il en soit, c'est un film avec un message très moderne et surtout très positif. On a des femmes inspirantes, qui se soutiennent et ne se jugent pas. Et même si c'est forcement un film qui par essence parlera plus facilement à d'autres femmes qu'à des hommes, on ne les exclus pas. On n'est jamais dans l'opposition aux hommes, on ne les enferme pas dans un rôle de "méchant", on n'est pas du tout dans un militantisme forcé et clivant.
C'est aussi une très chouette photographie des années 1960/1970, un portrait plus global de la jeunesse de cette époque. Un bel hommage aux combats qui étaient les leurs et aux courants de pensée alors existants dans la société, qui font parfois écho aux nôtres.
Le film assume le fait d'avoir été tourné sans scénario prédéfini et avec des acteurs en permanence défoncés. Bon. Bah que dire de plus que "ça se voit" ?... On ne dirait pas un film qui avait pour but d'être diffusé, mais plutôt une sorte de film de vacances gênant. Franchement, ça m'a fait penser aux Teletubbies, mais dans une version pour adultes et avec des vrais gens : j'ai littéralement détesté de bout en bout.
Le seul intérêt que j'y ai trouvé, c'est le côté "photographie d'une époque". Si vous vous intéressez au mouvement hippie notamment, vous y trouverez sûrement de la matière intéressante. On a aussi quelques chouettes plans de la Californie de l'époque. Mais pour les autres fuyez.
C'est un film furieusement ambitieux et original, qui ne laissera clairement pas indifférent ceux qui le regarderont, et ça c'est quand même une qualité énorme. La réalisation est très soignée, mais en réalité, c'est surtout la photographie qui est divine. Les choix d'éclairages, notamment dans les scènes de nuit, sont absolument splendides, donnent un cachet assez énorme au film (puis ça fait plaisir de voir que Chung Chung-hoon arrive aujourd'hui à se diversifier, à voir son talent reconnu ailleurs que dans le cinéma sud-coréen). Les décors, costumes, coupes de cheveux achèvent de peaufiner le visuel, et la BO enfonce le clou, en créant une ambiance définitivement remarquable. Un sans faute également sur l'interprétation, qui est d'un haut niveau et constante entre les interprètes, on ne se dit pas qu'il y en a un en dessous.
Il y a aussi une vraie intelligence dans l'écriture du scénario. Même si de nombreux points de l'intrigue sont assez prévisibles, j'ai aimé les thématiques qu'on entend traiter, et la façon dont on les traite. On ne cède jamais à la nostalgie ni la facilité de juste dire qu'avant c'était mieux, alors que le sujet aurait pu basculer très facilement dans cet esprit. On essaye au contraire de démystifier une vision idéalisée du passé. On a un message également pas mal engagé sur la condition féminine, qui est vraiment un fil rouge du film, mais sans jamais sembler forcé ou artificiel dans le film ; c'est des thématiques qui apparaissent logique au vu des personnages qu'on nous présente. On ménage aussi des personnages touchants ou au moins marquants, y compris les secondaires. Avec eux on explorera des ressorts moraux intéressant, comme la frontière entre le bien et le mal. Il y a vraiment de la matière à réflexion dans ce film.
Malgré quelques faiblesses, c'est donc une vraie expérience à vivre, un film qui marquera à coup sûr son spectateur, bref, un film à voir.
On est sur un film fantastique, tirant parfois même sur la SF, où la frontière entre réalité et fiction est floue mais compréhensible au final pour le spectateur. On exploite pour cela des thématiques parfois assez classiques (comme le romancier qui se perd dans le livre qu'il est en train d'écrire) et parfois assez singulières (je n'avais jamais vu un film traiter de la manipulation de cette manière). Très vite, il s'installe une ambiance mystique, pesante, voire dérangeante - je pense à cette BO très grinçante. On n'est pas réellement dans un huis clos car le décor est ouvert, mais la situation insulaire de Noirmoutier fera que tout tournera toujours de près ou de loin autour de la même poignée de personnages, un peu à la façon d'un roman d'Agatha Christie.
La réalisation fait au mieux malgré ses moyens limités. La mise en scène est efficace, renforce l'ambiance étrange à coup de motifs récurrents, comme le damier, et de moments un peu surréalistes, comme quand le personnage parle aux animaux. Il y a un regard intéressant, mettant en valeur paysages et interprètes. Après ce n'est pour ma part pas la réalisation d'Agnès Varda que j'ai trouvé la plus aboutie ou créative.
L'ensemble forme un film original et que j'ai trouvé très plaisant à regarder. C'était distrayant, rythmé, avec cette pointe de suspense qui va bien. La seconde moitié du film m'a cependant semblé se tirer en longueur, malgré une très efficace conclusion.
On ne fait donc jamais basculer le film dans le drame, avec de la jalousie, de la colère, etc... Mais on n'a pas su ou pas eu l'audace de défendre une vision moins exclusive de l'amour, où tout le monde se satisfait de cette situation, comme beaucoup plus récemment Vicky Cristina Barcelona a su le faire. On est hors sol de tous ces schémas et très franchement je n'ai pas compris ce qu'on a alors voulu me raconter. Profondément je veux dire, au-delà de ce qu'on voit explicitement dans le film, c'est quoi le message, la morale de tout ça ? Bah je ne sais pas.
Certaines scènes du film s'intègrent ainsi assez mal dans cet univers selon moi.
Et cerise sur le gâteau, j'ai détesté la BO du film. J'ai trouvé la musique trop forte, trop envahissante, trop répétitive. Juste fatigante quoi, ne soulignant pas pertinemment l'intrigue.
Bon après, même si ce n'est pas glorieux, ne croyez pas non plus que j'ai détesté. Le film a des qualités également. La réalisation est douce et délicate, notamment quand elle évoque la parentalité et une certaine idée de la vie de famille "idéale". L'interprétation est globalement bonne. Il y a des moments qui fonctionnent parfaitement, comme le début de la relation entre François et Emilie. Mais malheureusement la globalité du film ne m'a pas atteinte.
Rien de bien nouveau sous le soleil donc, mais j'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de vraiment planant, envoûtant dans ce film, et qui a su m'embarquer avec lui. En terme d'intrigue, avec ce côté film initiatique, personnage qui va évoluer, apprendre au fil de l'histoire. Mais aussi en terme de réalisation, qui est assez millimétrée et arrive a nous marquer, à être originale, alors qu'on emprunte à l'esthétique pourtant tellement classique et déjà vue du western. J'ai également beaucoup aimé sa BO signée Neil Young, qui s'avère assez surprenante, car ce n'est clairement pas un compositeur de musique de film, donc il ne joue pas du tout sur les ressorts habituels des musiques de film, et vient ainsi renforcer le côté hors du commun de cette histoire.
Toujours cette magnifique réalisation, bien que dans un tout autre esprit, puisqu'on plonge ici dans un univers très urbain. On accorde aussi une plus grande place aux interprètes, avec une réalisation qui cherche à les mettre en valeur, entre plans resserrés et approche plus esthétique, au sens de la recherche du beau. On est toujours très moderne, inventif même dans certaines scènes, par exemple cette scène où des souvenirs resurgissent chez Cléo alors qu'elle se balade dans la rue, ou le traitement subjectif du son, par exemple dans le café, où on nous donne à entendre seulement ce que Cléo écoute réellement. Mais ce qui m'a vraiment fait fondre, c'est les quelques scènes qui empruntent superbement au registre de la comédie musicale, apportant de la fraîcheur au film (et elle ne connaissait pas encore Jacques Demy à cette époque, sauf erreur ? donc cette idée n'est pas à chercher de ce côté).
Au niveau de l'intrigue, on suit donc Cléo, une artiste complètement narcissique et hypocondriaque, qui trompe son ennuie et son angoisse, dans l'attente du résultat d'un examen médical. Alors qu'elle semble assez antipathique au départ, on apprend à l'aimer au fil du film, alors qu'elle se recentre sur ce qui est vraiment important, et accepte aussi de s'ouvrir aux autres ; pour ma part elle m'a sincèrement touché au final. Le film est en quasi temps réel, et nous fait donc éprouver avec elle la longueur de l'attente, ce qui renforce encore l'empathie.
Ce film est donc une excellente découverte pour moi, je suis vraiment contente de l'avoir vu, et après ce succès je compte bien continuer à explorer cette riche filmographie.
Dès les premiers plans, à travers ces ruelles typiques des villages du sud, et son linge séchant sur les fils, j'ai été absolument charmée par la réalisation, qui provoque une ambiance très authentique. Il y a complètement un coté documentaire, naturaliste, à trouver de la beauté dans le banal, le quotidien, et c'était sûrement le meilleur moyen de rendre hommage aux gens simples qu'on nous montre dans le film. Et puis surtout il y a une telle modernité. On oublie complètement que les images qu'on voit ont littéralement 70 ans ! Si on m'avait dit que ça avait été filmé la semaine dernière, franchement j'aurais pu y croire, et ça c'est absolument remarquable.
J'ai en revanche été bien moins séduite par le reste. L'intrigue se perd un peu entre une romance qui bat de l'aile et une sombre histoire de contrôle sanitaire, compliquant la tâche de nos pêcheurs, puis forcement, sans grande originalité, ça se finira aux joutes de Sète. Dans un cas comme dans l'autre on peine à se sentir très impliqué par ce qu'on voit. Par ailleurs, si les dialogues sont très écrits, justes, touchants, poétiques, ils sont complètement crachés sans émotion par les interprètes. Silvia Monfort et Philippe Noiret ne manquent pourtant pas de talent, mais sont vraiment froids dans leurs interprétations, ils récitent plus qu'ils ne jouent ; apparemment c'était volontaire, on leur a demandé de jouer comme ça, mais clairement, ce n'est pas du tout à mon goût. Quant aux acteurs non professionnels du film, ils manquent globalement de justesse. On regrettera aussi une musique parfois envahissante et au style pour le coup très peu moderne.
En bref, une jolie découverte, mais loin d'être un coup de cœur. Il faudra clairement que je me penche sur plus de film de la réalisatrice pour m'en faire un avis éclairé.
On suit donc encore une fois un improbable groupe de personnes, qui n'ont pas grand chose en commun, si ce n'est d'être complètement paumés, dans une fuite en avant assez difficile à cerner mais relativement réjouissante. Cette fois-ci, on opte pour 3 petits voyous qui se sont rencontrés en prison :
- Jack le proxénète, joué par un John Lurie ne m'ayant pas particulièrement marqué en terme d'interprétation ; il signe aussi la BO et s'avère plus convainquant dans ce domaine ;
- Zack le DJ, joué par un surprenant Tom Waits, pas forcément un bon acteur au sens où on l'entend généralement, mais tenant bien le rôle malgré tout ;
- Roberto, cet improbable italien mauvais en anglais, joué par un Roberto Benini apportant la technique d'interprétation qui manquait aux deux autres et aussi énormément d'humour au film.
Pour le décor, on quitte pour une fois la ville pour la rase campagne, en plein bayou. J'ai à ce titre regretté le noir et blanc du film, qui ne m'a pas permis, me concernant, d'apprécier pleinement les paysages montrés dans le film.
Si la mise en place de l'intrigue était efficace, et si j'ai quand même trouvé assez plaisante la fuite à proprement parlé des personnages dans le dernier tiers du film, la partie centrale me laisse en revanche plutôt perplexe. A l'instar de nos personnages, on fini par tourner en rond dans cette cellule, qui devient désagréable, oppressante, avec sa mise en scène répétitive. C'est indéniablement une volonté du réalisateur de provoquer cette émotion, mais je ne l'ai personnellement pas trouvée agréable, et ça a plutôt plombé mon visionnage.
Dommage car à côté de ça on ne manque pas de justesse et la réalisation est tout simplement superbe. C'est tellement doux, délicat, sensuel sans être voyeuriste ; on a vraiment su capter quelque chose de propre à l'adolescence. Excellente direction d'acteur aussi, on tire réellement le meilleur des interprètes. A l'exception notable d'Adèle Haenel, ce ne sont que des jeunes acteurs qui n'ont pas vraiment fait carrière ensuite, alors qu'ils brillent pourtant ici. Les émotions des personnages sont palpables. J'ai sincèrement adoré les qualités techniques du film, mais elles n'ont pas suffit malheureusement à m'embarquer avec elles.
En revanche, malgré ce défaut évident, j'ai quand même trouvé ça assez plaisant à regarder dans l'ensemble. J'ai même particulièrement apprécié trois aspects du documentaire.
De 1, la façon dont on va suivre son évolution et son processus créatif sur une période assez longue quand même. On ne nous fait pas juste le making of d'un album, on cherche vraiment à décrypter toute une phase de sa vie professionnelle et personnelle. J'ai trouvé ça tout simplement intéressant, et même inspirant par certains aspects. Là encore c'est Liam lui-même qui a les mots les plus forts, comme "burn-out", mais montre aussi qu'on peut s'en relever et s'en relever pour le meilleur. On ne le fait pas du tout passer pour un surhomme, et on sait aussi rendre hommage aux gens qui travaillent avec lui et l'accompagnent dans cette aventure. Et on ne l'aura donc rarement vu aussi humble du coup.
De 2, je n'exclue pas que ce soit peut-être juste parce que j'ai le cœur tendre et que j'ai bu naïvement la bonne parole, mais je dois avouer que Liam m'a touché à plus d'un moment. Je l'ai trouvé sincère, loin d'être aussi sûr de lui qu'on peut le croire, mais aussi plus apaisé que jamais. Ceux qui ont fait le documentaire ont des intentions évidentes, mais lui ne me semble pas dans une démarche calculée, il veut juste raconter son histoire, parler de sa musique, mais pas nécessairement plaire au plus grand nombre - comme le dit la conclusion du film, on a plutôt l'impression qu'il cherche à briller, encore et toujours, dans les yeux d'une seule personne. Quand on a des extraits avec sa mère, ses enfants ou son frère (l'autre frère, Paul, celui qui n'est pas connu) je l'ai trouvé juste naturel, honnête. De même sur certains passages, comme les événements qui ont suivi les attentats de Manchester. Quant à sa compagne Debbie, elle a des mots assez adorables à son égard ce qui participe grandement à son capital sympathie.
De 3, ça ne tourne jamais au procès de Noel Gallagher. On parle finalement peu de lui, et toujours en des mots mesurés, on n'est pas du tout putassier, et c'est très bien je pense, car derrière il y a des vrais gens, qui de façon évidente souffrent de la situation. Liam arrive à exprimer la relation complexe et toxique qu'il a avec son frère et les événements qui ont mené à la séparation d'Oasis, sans chercher à mettre de l'huile sur le feu, et même avec un certain esprit d'ouverture (qu'on ressent aussi dans certaines de ses chansons). Après chacun se fera son opinion, je n'ai pour ma part jamais eu une grande sympathie pour Noel, mais j'imagine qu'à l'instar de son frère, lui aussi se retrouve enfermé dans un personnage et qu'il faut en réalité regarder au-delà.
Les aspects plus techniques, il n'y a pas grand chose à en dire. J'ai pas trouvé ça très original, mélange classique et attendu d'images d'archives, d'interviews face camera sur fond de musique du chanteur. Scolaire et inintéressant mais ça fait le job, en ménageant un rythme plutôt accrocheur.
Moins aboutis techniquement parlant. La réalisation est bien moins recherchée, très banale, sans inventivité visuelle, à part sur le design des monstres. Le son n'a pas été assez travaillé non plus, alors que bon, c'est un peu la thématique quoi ! L'interprétation est relativement bonne, mais pas transcendante non plus ; on a déjà vu ces acteurs meilleurs ailleurs. Et la somme de tout ça provoque une ambiance infiniment moins prenante et mémorable. Pour tout vous dire, je n'ai même pas ressenti cette petite angoisse propre aux histoires qui ont un fond horrifique comme celle-ci.
Mais moins aboutis aussi au niveau du scénario, qui est beaucoup plus bancal.
Le premier tiers du film traite de la découverte et la propagation des bestioles dans le monde. Après une introduction qui faisait très blockbuster, et qui fonctionnait plutôt bien dans son genre, on fait vite face à des personnages qui prennent des décisions qu'on a beaucoup de mal à comprendre. Je veux bien que ce soit un peu la base dans un film d'horreur les personnages un peu con-con qui prennent des décisions stupides, mais enfin, pas à ce stade de l'histoire ! Là on veut les découvrir, s'attacher à eux, s'identifier a eux. Et non désolée, je ne m'identifierais pas à une famille de teubés.
Ils font l'exacte inverse de ce que la raison commande ! On leur dit de rester chez eux : ils partent explorer monde. On leur dit de rester silencieux : ils continuent d'agir normalement, regarder la télé, écouter la radio, maintenir une sonnerie de téléphone, conduire une voiture etc. Ils partent avec une petite valise comme s'ils allaient en vacances, sans emporter le moindre matériel "de survie" : pas d'eau, pas de nourriture, pas de médicaments,... Bien sûr ils prennent quelques armes à feu aussi, ils ont peur de rien, ce sont des américains, dommage que là encore, c'est la dernière chose logique à faire quand on doit rester silencieux. Évidement aussi que le groupe se sépare, là aussi classique du genre, qui fini toujours mal, on le sait. Franchement, je peux tourner les choses dans tous les sens, je trouve aucune explication logique à leur comportement au début du film ; c'est de la pure ficelle scénaristique qu'on voit à 3 km.
Un basculement s'opère cependant au bout d'une demi-heure, vers un tiers central bien plus sympathique et réaliste, plus tourné sur la survie et l'adaptation à ce nouveau monde. J'ai vraiment repris espoir dans le film à ce moment. On l'avait enfin la crédibilité, les enjeux étaient intéressants, et on fini même par les aimer un peu les personnages.
Mais on revient tout gâcher malheureusement dans le dernier tiers. Outre la conclusion trop précipitée et un peu simpliste, on introduit sur le tard une nouvelle thématique que j'ai trouvé très mal amenée et peu crédible là encore.
Sur la globalité du film, on regrettera quelques thématiques amorcées mais jamais franchement traitées [spoiler](la maladie de la grand-mère notamment, qui n'apporte au final rien au film ; tout comme la petite romance entre ados). La thématique de la surdité n'est pas toujours très bien exploitée non plus. Parfois les personnages parlent en langue des signes, parfois non, comme si c'était un accessoire dont pouvait se passer le personnage d'Ally. Sauf que non. Parfois l'actrice grimace comme si elle entendait le bruit qu'elle produit. Sauf que non. On a des lignes de dialogues qui ne tiennent pas, comme quand elle dit savoir vivre dans le silence, entendu sans faire de bruit... Bah non plus, c'est pas parce qu'on est sourd qu'on ne produit plus de bruit, c'est même en réalité certainement plus complexe pour une personne sourde que pour une personne entendante de ne pas faire de bruit. Elle passe des appels visio sur sa tablette, avec du son... Et alors qu'ils doivent rester silencieux en plus... Enfin bon, je ne vais pas multiplier les exemples, vous avez compris l'idée. J'ai clairement trouvé ça assez maladroit, alors que ça aurait pu au contraire être l'occasion de donner une visibilité à ce handicap peu exploité au cinéma (enfin, je suis pas certaine que les autres handicaps soient plus exploités, mais celui-ci étant non visible c'est d'autant plus dur d'en faire quelque chose de pertinent à l'image, je pense).
Pour conclure, même si c'est un film que j'ai regardé avec un certain plaisir, car il reste globalement distrayant, je n'ai pas grand chose qui m'a réellement séduite. Un concept qui reste intéressant et une partie centrale assez prenante, c'est mieux que rien, mais pas suffisant pour faire un film réellement bon.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour ma part, je me doutais un peu beaucoup de comment tout ça allait finir, simplement en lisant le synopsis. Donc bon, le suspense on repassera. Mais c'est quand même intéressant de voir le personnage de Christine s'affirmer, se réaliser de cette manière, aussi mauvaise soit elle. Tout en ménageant tout de même de la surprise dans le dernier tiers du film, qui prend une tournure inattendue, même si j'ai regretté son côté excessif.
Là où le film est très fort c'est sur les ambiances. On y est complètement dans le tableau que je viens de vous décrire. C'est criant de réalisme, comme le personnage principal on est parfois pris à ma gorge par le côté étouffant de cet univers. L'ambiance de vacances d'été est très présente aussi. La réalisation a vraiment ce côté immersif et le film s'avère bien plus distrayant qu'on pourrait le croire au départ - je me suis honnêtement pas ennuyée un seul instant. Le personnage de Christine est un personnage assez marquant, enfin moi en tout cas il m'a marqué, je l'ai trouvé empathique et sincère, alors même que je n'ai pas que des points communs avec elle ; je me sens même assez différente d'elle sur certaines choses. Et l'interprétation qualitative de Saskia Rosendahl ne gâche rien.
Là où le film m'a moins plu, c'est qu'il en fait parfois trop. On sent clairement ce symptôme de la réalisatrice assez jeune, qui veut tout dire, tout faire, tout traiter dans son film. On se retrouve comme ça avec des bouts d'intrigues, des bouts de thématiques, qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, sans qu'on puisse prendre le temps de les traiter réellement (l'alcool, les parents de Christine, les remarques et comportements sexistes qu'on égraine par moment, le marché du travail qu'on devine assez compliqué dans cette région, le niveau de vie qui va avec...). Ça fait paradoxalement perdre en pertinence au film. Mais malgré ça, mon plaisir global au visionnage n'a pas été beaucoup émoussé.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - c'est selon moi l'un des films les plus aboutis de la sélection, mais pas mon préféré. Il reçoit quand même ma très jolie note de 4/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)