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Commentaires de films faits par pwachevski

Répliques de films par pwachevski

Commentaires de films appréciés par pwachevski

Répliques de films appréciées par pwachevski

Bon bah voilà, il y a rien de plus à dire : Martin Scorsese nous fait à nouveau une leçon, que dis-je, une masterclass de cinéma. C'est typiquement le genre de film où il n'y a aucun défaut majeur. Réalisation ? On touche au divin. Acteurs ? Topissime. Scénario ? Passionnant. Musique ? Envoûtante. Émotion ? Bouleversant.

J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose d'absolument fascinant dans ce film, sa mise en scène, ses décors naturels ou non, ses costumes, ses plans, sa BO, ses couleurs... C'est littéralement une expérience à vivre. On tombe dans un vortex qui nous coupe complètement de notre vraie vie et nous fait voyager dans un lieu, un époque, un milieu, des sensations. C'est un vrai film à ambiance, où on ressent comme rarement les choses (vous voyez ces poils qui se dressent sur vos bras ?).

Pour autant, on ne tombera jamais dans la catégorie des films contemplatifs, où c'est bien joli tout ça, mais il se passe rien. Comme toujours avec Martin Scorsese, il y a un vrai message fort à la clé, une vision glaçante, ténébreuse, si ce n'est carrément terrifiante de l'histoire de son pays ; en détournant pertinemment la forme des westerns, qui ont si souvent nié, minimisé, glamourisé cette histoire. Je sais que la durée du film en découragera plus d'un, mais on est sur un film qui peut être assez grand public quand même, du fait de son histoire qui se met en place avec une précision et un didactisme assez chirurgical. La lenteur du film permet une immersion très progressive et extrêmement claire pour le spectateur. Également une émotion qui nous pète à la gueule à plusieurs reprises.

C'est aussi un film "à étage" je pense, il est très hétérogène, tout en contraste. Je veux dire qu'on va vraiment créer des phases différentes dans le film. L'ambiance du début du film sera totalement différente de celle que vous avez au bout d'une heure, qui sera encore différente de celle que vous avez au bout de 2h, qui sera totalement différente de la fin. On nous parle aussi bien de la grande histoire, celle des États-Unis, que de la petite histoire, le huis clos familial macabre qui est en train de se jouer. Par moments, on sera complètement dans un western classique. A d'autres, complètement dans un thriller, polar ou film noir. A d'autres, dans un film romantique. A d'autres, dans un drame, voire une tragédie grecque. On peut même se permettre par moment d'oublier les deux personnages principaux, et de céder pleinement la narration durant quelques phases du film à d'autres personnages. Et du coup, malgré la lenteur, on ne s'ennuie absolument pas. Il n'y a aucune lassitude, aucune routine qui s'installe dans le film.

Et ce casting de folie... Franchement, on voit ça, on se dit que les jeux ne sont définitivement pas faits, pour les Oscars et le reste, pour Cillian Murphy et Robert Downey Jr. dans Oppenheimer ; franchement ça va se bagarrer cette année, et c'est très excitant à voir pour un cinéphile. Parce qu'en face, vous avez un Leonardo DiCaprio des grands jours, mais vraiment, pas la truite la mieux oxygénée du ruisseau, avec ses dents pourries, sa bouche à l'envers et sa mâchoire en avant, manipulé par un cruel et crépusculaire Robert De Niro, un monstre dans le film, un monstre du cinéma dans la vraie vie. La dynamique et la complémentarité du duo est assez implacable. DiCaprio passe par une palette d'émotions rare. Il est aussi accompagné d'une stupéfiante Lily Gladstone, qui derrière une première apparence froide nous offrira pourtant les plus gros moments d'émotion du film. La complicité avec DiCaprio est assez parfaite aussi, il se contente pas de dire qu'il est amoureux d'elle, ça se voit à 3 km qu'il l'est ; et pourtant, c'est aussi eux qui vont nous offrir les moments les plus tendus du film, parfois sans même le verbaliser, uniquement par la posture, les regards, les non dits.

Je ne tarie donc pas d'éloges sur ce film. Le seul truc qui me bloque un peu, c'est que j'ai déjà vu un film qui m'a fait cet effet là. Tout du long j'ai pas pu m'empêcher de penser, de repenser, et de penser encore à There Will Be Blood. L'intrigue est très différente, mais en terme d'ambiance et d'intention j'ai vraiment trouvé qu'il y avait un énorme parallèle à faire. Je me suis même sérieusement demandée si on avait pas choisi l'apparence physique du personnage d'Alvin sur le modèle de Daniel Day-Lewis dans cet autre film, tant la ressemblance est frappante. Et ne me demandez pas pourquoi, je n'ai pas d'explication rationnelle à ça, mais j'ai préféré There Will Be Blood.

On ne peut pas non plus faire comme si le film ne durait pas 3h30... Même si j'ai trouvé ça excellent, on éprouve quand même la longueur du film. Je pense qu'on aurait pu facilement passer sous la barre des 3h, en abandonnant certains détails et/ou en dynamisant certaines choses, pour rendre la chose plus accessible au plus grand nombre. Même s'il y a déjà des ellipses assez énormes parfois... On aurait aussi pu prendre le parti de rallonger, d'être exhaustif dans la narration, et de partir sur une mini série en une saison. Quoi qu'il en soit, le format interroge.

Ah et aussi, je ne sais pas si les 19€90 que j'ai payé pour voir le film en IMAX ont été parfaitement investis. Pas de mauvaise interprétation les images sont sublimissimes, je redis que la réalisation est à couper le souffle. Mais le film n'est pas spectaculaire. C'est du pur talent d'un réalisateur "à l'ancienne" qui n'a pas besoin de se cacher derrière des effets grandiloquents pour faire un film marquant. Ce n'est pas du tout le western avec des courses poursuites à cheval par exemple. Du coup je reste un peu sur ma faim pour l'IMAX. Ce n'est pas indispensable pour moi en tout cas.
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Vous voyez les phrases du deuil ?

Il y a d'abord le déni et la colère. Ça c'est moi devant le premier film. Je faisais l'autruche, non, cela n'a pas existé, on n'a pas un jour trouvé cool de faire tout un film Batman basé sur des clichés sur les pays asiatiques.

Ensuite il y a le marchandage. Ça c'est moi devant le second film. J'ai fait tout un commentaire pour expliquer ce qui ne me plaît pas et ce que j'aurais préféré. Je termine sur la phase dépressive, puisque j'annonce dans ce même commentaire pleurer de désespoir.

Et enfin, il y a la phase d'acceptation. Ça c'est moi devant le 3ème film. En fait, j'en suis arrivée au stade où je lutte plus. J'ai bien compris qu'il fallait que j'arrête de rêver, ce n'est pas avec Christopher Nolan qu'on m'offrira un Batman torturé pour de vrai ou des réflexions abouties sur le bien, le mal, la différence entre justice et vengeance. On veut à la place me proposer une sorte comédie romantique autour de Batman. Pfff, bon aller, lâchons prise, acceptons.

(Fun fact : Nolan est pas le seul a avoir osé cet angle d'attaque foireux, il y a aussi le comics The Dark Prince Charming de Enrico Marini... Mais j'étale juste ma science là, parce que je ne conseille pas, en fait)

On commence sur une incohérence assez grosse quand même, puisqu'on a quitté Bruce à la fin du film 2, qui s'en foutait un petit peu, il faut bien le dire, de la mort prématurée et dans d'affreuses circonstances de Rachel. Mais on le retrouve ici dans une profonde dépression, pour ce motif, depuis 8 ans. Bon. On va dire que lui aussi a eu sa phase de déni, qu'il avait pas encore réalisé dans le film 2...

J'en profite pour faire un compliment (PROFITEZ IL Y EN AURA PAS BEAUCOUP !!) à Christian Bale, qui n'est donc pas franchement un acteur que j'aime. Mais je trouve qu'il a une évolution très positive dans cette saga. A chaque film, il est meilleur que dans le précédent. Et dans celui-ci, il propose un Bruce vieillissant et déprimé assez convainquant. Et ça offre aussi de jolis moments d'interprétations à d'autres acteurs du film, notamment Michael Caine, et dans une moindre mesure Gary Oldman, qui débordent d'un talent qu'on n'a absolument pas exploité dans les deux premiers films.

Toujours plein de bons conseils, ce bon vieux Alfred dit plus ou moins à Bruce : "allez gros, bouges-toi un peu, maries-toi, fais des enfants, emmènes-les en vacances à Florence", car comme chacun sait, une vie ne peut avoir de sens sans ces éléments (surtout si vous êtes une femme) et c'est un super message que de faire culpabiliser une personne dépressive en lui disant que c'est juste une grosse feignasse qui vit dans sa crasse. On bascule du coup dans une sorte de triangle amoureux à la noix. Bruce va ainsi tout le long du film papillonner entre Marion Cotillard, a qui il fera notamment l'amour sur une peau de bête devant la cheminée (mais c'est d'un kitch, JPP), et Anne Hathaway, jouant la fameuse Catwoman.

ATTENTION SVP : je vais faire un autre compliment.

Franchement, je ne misais pas un kopeck sur Christopher Nolan pour traiter correctement du personnage de Catwoman. Même le plus grand de ses fans ne pourra me nier ce fait : ce n'est pas du tout un réalisateur connu pour son traitement des femmes. Ses films sont très masculins, et même parfois exclusivement masculins (Dunkerque), il n'a jamais eu une héroïne, les femmes dans ses films sont au mieux des plantes vertes (Inception), parfois des clichés désuets (Interstellar), au pire des objets sexuels (Scarlett Johansson dans Le Prestige ou Florence Pugh plus récemment dans Oppenheimer). A côté de ça, on a le personnage de Catwoman, qui par essence est un personnage ultra sexualisé. Ce qui n'est pas à mon sens le cas de Harley Quinn, qu'on a déjà pu voir très peu sexualisé, plutôt sur le registre de la femme battue qui se rebelle. Mais Catwoman, par définition même, c'est son côté félin, et donc sexualisé, qui la définit. On ne peut pas traiter de ce personnage sans introduire une dose de cet aspect.

Donc Catwoman par Christopher Nolan, sur le papier, c'était la catastrophe assurée... Eh bah pas du tout. Franchement, j'en suis la première surprise, mais c'est très bien amené dans le film, c'est juste, le personnage a ce côté félin, attirant, créant ce trouble chez Bruce, mais sans jamais tomber dans quelque chose d'explicite ou de graveleux, ni même simplement de trop insistant au niveau de la réalisation. On n'insiste pas lourdement sur le corps de l'actrice avec ce regard lubrique qui vous dit "regardez, c'est une femme sexy". De plus, je sais qu'elle n'a pas fait l'unanimité, mais moi j'ai trouvé Anne Hathaway excellente dans ce rôle. Alors oui, c'est pas un nouveau Joker, mais ça reste une bonne interprétation.

Traitons du cas Marion Cotillard aussi, parce que je n'aurais pas l'occasion d'y revenir ensuite. Elle a été extrêmement critiquée pour sa prestation dans ce film, et notamment sa dernière scène, moquée, parodiée un demi million de fois. Je ne peux pas dire le contraire, ce n'est franchement pas terrible. Mais je trouve très injuste qu'elle se soit prise toute cette merde à la gueule, et que dans le même temps Nolan ait été encensé et élevé au rang de grand réalisateur. Pour moi, les tords sont complètement partagés. N'importe quel acteur, même le meilleur, peut jouer mal et c'est pas grave, tant qu'il y a un réalisateur pour le corriger, pour lui faire jouer la scène encore et encore, jusqu'à obtenir une prise correcte. Cette fameuse dernière scène tant moquée, je suis désolée, mais le réalisateur a clairement fait une énorme erreur en la validant.

Bon, et tout ça pour dire qu'aussi étrange que ça puisse paraître, ce triangle amoureux foireux est ce qui marche le mieux dans le film, puisqu'à côté de ça, on a un méchant absolument pas mémorable. Principalement parce qu'on a décidé de lui coller le pire masque au monde sur la gueule, puisque non seulement il cache les 3/4 du visage, mais en plus il empêche de parler normalement. Je ne critique pas Tom Hardy, déjà parce que je suis amoureuse de lui, ensuite parce que j'aurais peur qu'il m'en colle une, mais aussi et surtout parce que c'est probablement le premier à subir cette situation. Honnêtement PERSONNE, aucun acteur, n'aurait pu marquer les esprits avec une contrainte aussi énorme. J'en reviens à ce que je dis juste au-dessus, je ne suis pas sûre que le réalisateur ait fait un choix très pertinent ici...

On développe aussi une intrigue aux relents écolo, sur le nucléaire, les énergies propres, qui franchement, aurait pu marcher. C'était peut-être moins présent dans la société qu'aujourd'hui, mais on en parlait déjà en 2012. Puis il y a quand même un joli précédent avec Avatar, sorti en 2009, dont le fond était très écolo, et a vraiment marqué les esprits. Pour moi ce n'est pas une mauvaise idée. Par contre, on lui offre un traitement superficiel, très peu aboutis, et donc un peu naze, faut bien le dire.

L'intrigue n'est pas vraiment d'une cohérence folle non plus. On décide de faire une ellipse de 8 ans, ok, pourquoi pas. Mais c'est fou de voir à quel point les choses on pu changer et pas changer en 8 ans. D'un côté la ville de Gotham s'est beaucoup améliorée et (NOUVEAU BON POINT) la réalisation nous le fait très bien sentir. Mais d'un autre côté, Bruce a rien fait de sa vie en 8 ans ou on pleure toujours ce bon procureur, comme si on s'était quittés la semaine dernière. Il y a quand même des points de l'intrigue qu'on cherche même pas à justifier de façon crédible
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comme la ruine de Bruce, si soudaine.[/spoiler]

On fait émerger un personnage pourtant sympathique, joué par Joseph Gordon-Levitt... Mais trop tard. On savait que ce film concluait la saga, on n'a pas envie d'un nouvel héros à ce stade là de la saga. [spoiler]Et même si on se plaçait dans l'optique d'une hypothétique suite, Robin est un personnage qui ne fonctionne pas sans Batman, donc ça fait pas envie non plus.


Comme dans le film précédent, on ressort à un moment du placard à archives le personnage de Scarecrow, on ne sait pas pourquoi et on ne cherche même pas à donner une explication. Comme je le dis dans mon commentaire sur le 2, c'est toujours un plaisir de se rincer l’œil sur Cillian Murphy mais en terme de scénario, ça n'a zéro sens. Le type était toubib, il est devenu juge. Euh... ok, il a le droit de faire une reconversion professionnelle... La scène a quand même un côté piquant, rigolo, marquant, qui est plaisant, à défaut d'être utile.

Et puis le principal point noir du film c'est la fameuse ascension, qui donne son nom au film. Ne pensez pas que c'est une image, tel un phœnix qui renaît de ses cendres, pour signifier que Batman revient dans la course. Non, c'est bien plus premier degré que ça. On va littéralement demander à Batman de faire de l'escalade !!! Alors il s'entraîne, il va pas y arriver, il va se faire mal, il va réessayer : c'est INTERMINABLE et chiant comme la mort. Et j'en reviens à ce que je disais plus haut : on n'a pas envie de ça à ce stade de la saga. Si ça avait été dans le un, comme rite initiatique dans le cadre de la formation de Batman, ok, mais à ce stade, ça n'a plus aucun sens. Nous on veut un final grandiose, qui nous marquera durablement... Et on ne l'a pas. Ce qui donne un aspect assez frustrant à cette fin.

Côté technique, on dénote encore une fois un changement de style de réalisation, et je trouve extrêmement dommage qu'on n'a pas su crée une cohérence visuelle d'ensemble sur la saga (ex : Harry Potter, c'est aussi l'esthétique mémorable du château de Poudlard, qui est la même pour tous les films ; ici, trois films Batman, trois manoirs différents pour Bruce...). Par contre, le choix d'une réalisation un peu moins grandiose, plus posée, plus sur des gros plans, plus centrée sur les visages, se justifie pour nourrir la fameuse intrigue romantique ; donc personnellement je ne la critiquerais pas, car je trouve qu'elle fait sens (demi-compliment).

Je crois que j'arrive à la fin du mal que j'avais à dire sur cette saga. En étant à mon 6ème film de Christopher Nolan pour cette année, alors que je n'aime pourtant pas son travail, je me fais la promesse de ne plus en regarder jusqu'à la prochaine sortie ciné...
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J'ai souvent entendu dire que The Dark Knight était le meilleur film de la saga de Nolan, je l'ai encore entendu très récemment - Eparm12, je parle de toi là, et t'inquiètes, je t'aime quand même ;-). Je vais complètement assumer mon opinion non populaire, et la haine que je vais m'attirer avec ce commentaire, mais moi je trouve bien au contraire que c'est le pire, et de très loin même.

36 15 je raconte ma vie : je n'aime tellement pas ce film, que pendant très longtemps je n'ai même pas réussi à le regarder en entier. Ah j'ai essayé par contre, j'ai du voir le début 10 fois au moins, mais j'arrêtais systématiquement avant la fin, voire bien avant la moitié même, tellement ça me saoulait. J'ai fini par le voir en entier à une espèce de pyjama party entre copines, où j'étais bien obligée par effet de groupe de rester devant l'écran sans trop ronchonner ; on m'a donc littéralement prise en otage que pour que termine le film. Même aujourd'hui, alors que j'ai décidé (volontairement) de le revoir à l'occasion d'un voyage en TGV, je me suis arrêtée avant la fin, et j'ai repris le film le lendemain seulement. J'ai littéralement préféré ne rien faire dans mon train plutôt que de regarder ça. Oui, on est à ce niveau là de détestation du film.

Je suis juste complètement désespérée par le scénario de ce film en fait. Je n'aime pas cette saga dans sa globalité, et je ne dis donc pas que le scénario du premier était du grand art, mais on y développait quand même une histoire qui avait une certaine cohérence : l'entraînement de Bruce pour devenir Batman, une petite intrigue policière à résoudre, des touches d'intrigues un peu plus personnelles (les parents de Bruce, sa relation avec Alfred ou avec Rachel) qui construisaient un minimum le personnage. Je ne dis pas que le scénario du 3ème film est du grand art, mais là aussi, j'estime qu'on me propose une histoire qui a un minimum de sens, d'attrait. Mais dans ce deuxième film, il y a rien, mais alors RIEN, qui va dans le scénario. Des passages du film sonnent à mes oreilles juste comme un kamoulox tant il n'y a rien à comprendre, pas le début d'une réflexion aboutie, logique ou réaliste.

Je vous préviens, je vais balayer grosso modo tout le scénario pour expliquer mon point de vue. Comme je peux pas mettre tout mon commentaire en "spoiler", et considérant en plus le fait que le film a quand même quelques années et est donc assez bien connu des gens, je me suis permise de ne cacher que le plus important. Mais si a tout hasard vous n'avez jamais vu le film, ne savez vraiment pas de quoi ça parle et voulez vous gardez à 100% la surprise, honnêtement passez votre chemin, il y a bien d'autres commentaires disponibles ici ;)

On commence par un hold up dans une banque digne d'un western, puisque les voleurs repartent avec UN BUS plein d'argent, on nous donne le montant ensuite : 68 millions de dollars. Il va vraiment falloir que Monsieur Nolan révise comment fonctionne le système bancaire, puisqu'il n'y a quasiment plus d'argent liquide dans les banques actuelles... Mais soit, admettons, je veux pas me braquer dès le début.

C'est quoi cet argent ? C'est l'argent de la mafia. Dans une banque ?! Oui, Madame, parce qu'ils le blanchissent dans cette banque. Euh... Bon alors va falloir que Monsieur Nolan révise également la définition du blanchiment d'argent, parce que ça se fait partout sauf dans des banques, c'est plutôt dans des kebabs et des coiffeurs au rabais...

Arrive le personnage que nous pouvons appeler "le méchant chinois" - son vrai nom c'est Monsieur Lau et franchement c'est pas mieux : "hum... Comment je vais appeler mon chinois... Plouf, plouf, plouf : Chang, Li ou Lau ?". Le méchant chinois explique à la mafia (composée EXCLUSIVEMENT de méchants noirs et d'un méchant italien, car Christopher Nolan n'a pas peur des clichés) qu'il va blanchir l'argent volé. Les chinois, les blanchisseries, toute ressemblance avec un stéréotype douteux sur les asiatiques ne sera probablement qu'un pur hasard.

Mais soyez rassurés, Batman va vite aller chercher le méchant chinois basé à Hong-Kong (bah, donc il est pas tout à fait chinois du coup ?...) en sautant dans un avion sud-coréen, en partance pour Pyongyang, en Corée du nord donc. Et comme chacun sait il est hyper facile de traverser la frontière de la Corée du Nord, surtout pour un Sud-coréen. Et c'est pas franchement sur la ligne New-York/Hong-Kong non plus, Pyongyang... Bon après c'est vrai qu'on sait pas où est Gotham aux États-unis. Mais bon vous placez la ville ou vous voulez aux US, c'est toujours pas logique comme trajet. Ajoutons donc la géographie et la géopolitique coréenne et chinoise sur la liste des choses que Nolan peut réviser. Puis là ça commence à charger un peu pour les asiatiques, non ?.. Entre ça, le traitement clichouille à souhait de l'Asie dans le premier Batman et le biopic sur Oppenheimer plus récemment, sans rire, fais gaffe Chris, des gens ont été blacklistés d'Hollywood pour moins que ça.

Mais surtout, ce que je préfère dans l'arc narratif du méchant chinois, c'est que quand Batman décide d'aller l'attraper pour lui apprendre la vie, il se fait aider par Morgan Freeman, qu'il utilise pour créer une diversion. Et Morgan agit ainsi sans AUCUNE couverture. Il se présente littéralement au méchant chinois comme Monsieur Fox de la compagnie Wayne. Alors autant il faut que Bruce prenne un avion totalement déconnant pour rejoindre Hong-Kong, sans risquer de révéler son identité de Batman, autant ça il y a aucun soucis ?! Les bras m'en tombent.

Entre-temps on ne sait pas trop pourquoi, sort de nulle part une scène avec Scarecrow du film 1. Bon alors, si c'est toujours un plaisir de se rincer l’œil sur Cillian Murphy, en terme de scénario, ça n'a zéro sens. Ça veut donc dire qu'on ne l'a pas foutu dans un asile à la fin du dernier film ?! D'accord.

Arrive le Joker qui demande à Batman de révéler son identité. Pourquoi ? Euh... Il ne donne pas de raison en fait. Mais ok, passons. Et il est colère Joker, si Batman le fait pas, il va tuer des gens. S'en suit 3 ou 4 morts de personnages inconnus dont on se fout un peu
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et la mort de Jim Gordon, personnage assez important dans la saga, donc qui devrait nous émouvoir un minimum quand même. Sauf que non, tout le monde s'en bat littéralement les couilles ! Même l'annonce de sa mort à sa femme et ses gosses ne présente pas le début d'un aspect triste.[/spoiler]

Vient alors le ventre mou, non, pas le mien, celui propre à tout film comprenant une enquête. Le temps des fausses pistes, des déceptions et/ou des plans foireux, parce qu'on peut pas conclure le film au bout d'une heure, faut faire traîner un petit peu, histoire de rentabiliser le ticket de cinéma. [spoiler]Comme Christopher Nolan est fin scénariste, il optera pour le plus simple : le plan foireux. Donc ce nouveau procureur, qu'on sent quand même bien trop bon pour être honnête, décide de se faire passer pour Batman pour attirer le Joker dans un piège visant à l'attraper. Bien sûr ça foire. Mais Batman vient le sauver notre gentil procureur à temps parce qu'il est trop fort (bon, il est un peu défiguré, mais ça va, il court encore).[/spoiler] Comme on est dans un film Batman, et qu'on a le budget, ajoutez des explosions, des gadgets, des hélicoptères, un accident de Lamborghini, des bateaux qu'on menace de faire péter, une meute de malinois qui n'ont pas mangé depuis 15 jours et une course poursuite en batmobile et/ou en batmoto où vous voulez pour maintenir le spectateur éveillé. Ce n'est franchement pas subtile et déjà vu 1000 fois, mais c'est peut-être le moment du film qui marche le mieux, c'est dire...

Vient alors le temps des révélations et des retournements de situations tellement fins qu'on ne les voit pas du tout arriver à 10 km. [spoiler]On commence avec Gordon qui revient d'entre les morts. Oui oui. Et le pire, c'est qu'on n'essaye MÊME PAS de donner une explication à ça. On l'a vu se prendre une balle en plein cœur, il réapparait 15 minutes plus tard en disant juste qu'il voulait "protéger sa famille". Oh qu'est ce que c'est beau. J'espère que t'as une bonne mutuelle pour payer les 10 ans de thérapie psy à tes gosses à qui on est venu apprendre ta mort pour rien... Mais il est promu commissaire, alors tout va bien. Sans oublier, actors studio, "Ooooooh, non, c'est pas vrai, je l'avais vraiment pas vu venir, trop choquée", donc ce gentil procureur a qui on veut mettre des baffes depuis le début du film est en fait un méchant ?! Ce n'est pas possible, comment aurais-je pu imaginer une chose pareille ?!! (je suis à peine moqueuse)[/spoiler]

Puis, bien sûr, faut aussi que Batman aille une fois de plus sauver la vie à son crush, pour bien justifier le fait qu'il la baisera à la fin. [spoiler]Et là c'est peut-être la seule bonne idée scénaristique du film, la seule chose surprenante et qui aura un impact sur la construction du personnage : il ne va pas réussir à la sauver. Ça va meurtrir, et à raison, notre pauvre Bruce/Batman qui basculera dans la vengeance plus que la justice, deviendra enfin le Dark Knight qu'on nous annonce dans le titre du film, plus brutal dans ses méthodes, avec une frontière entre le bien et le mal qui n'est plus si claire.... MAIS NON JE DÉCONNE ! Ça aurait pu être ça. Ça aurait dû être ça même. Mais non, Bruce va bien en vrai. Il boira son petit jus d'orange pressé le lendemain au petit dej' comme si de rien était, parce qu'il s'en cogne visiblement de la mort de Rachel, parce qu'il sait qu'elle l'aimait, et que ça suffit à son bonheur. Achevez-moi tellement ce film est con.[/spoiler]

On a ensuite ma scène préférée du film, un bonbon, vraiment. Alors qu'un type est à l'hôpital [spoiler](notre bon vieux procureur/double-face donc)[/spoiler] il y a le Joker qui débarque, avec un masque chirurgical, vous voyez, comme on en mettait pendant le Covid. Zéro réaction du gars alité. Joker enlève son masque. Le gars alité panique. Euh... Donc si je comprends bien, il n'a pas reconnu le Joker avec le masque ? Il s'est juste dit que c'était une infirmière qui a un peu forcé sur le make-up ce matin ? Et après on va me dire que je suis une grincheuse de mauvaise foi, mais allez-y, je vous écoute, je suis tout ouïe, comment vous justifiez l'écriture d'une scène aussi stupide ?

Puis vient (ENFIN, MERCI MON DIEU) la morale finale dans le dernier quart d'heure. [spoiler]Sauf que comme on a fait n'importe quoi du personnage de Batman après la mort de Rachel, on se retrouve obligé de nous pondre une histoire absolument abracadabrante pour justifier l'apparition de notre chevalier noir. Double Face décide donc de s'en prendre à ce bon vieux Gordon, qui n'a pourtant foutrement rien à voir avec ses problèmes, puisque rappelons qu'il était "mort" quand ils sont apparus. Il prend en otage l'un des enfant de Gordon, qui aura définitivement besoin d'une thérapie psy. Grâce à Batman et 36 cascades plus tard, le mioche est sauvé, double face est mort, mais que va penser l'opinion publique quand on leur dira que le bon procureur était en fait méchant ? Oh la la, c'est vrai que c'est bouleversant comme nouvelle (absolument pas). Donc Batman décide de s'accuser des méfaits de Double Face, pour se donner de la street cred, et que l'image du procureur reste parfaite. Ok. Donc je résume : Batman n'est toujours pas un personnage ambigu, ça reste un gentil, qui se fait juste passer pour un méchant. Donc même à ce stade de la saga, à la fin de 2 films sur 3, on n'a toujours pas traité de l'attrait principal du personnage de Batman. J'ai juste envie de pleurer de désespoir.


Sans transition, les aspects techniques.

On n'est pas vraiment dans la continuité du premier film. On sent bien que le premier a très bien marché, ce qui a permis d'augmenter le budget. Ce qui pour Christopher Nolan veut dire qu'il peut encore plus en faire des caisses pour rien. Ça y va encore plus sur la cascade pour la cascade, le spectaculaire pour le spectaculaire, les effets numériques à tout va (dont la qualité s'est aussi améliorée au passage depuis le 1er film). Je ne suis toujours pas spécialement convaincue de l'intérêt et c'est toujours pas une conception du cinéma qui est la mienne, mais bon, ça fait du grand spectacle, je ne peux pas dire l'inverse, et les amateurs apprécieront.

On a beaucoup de changement de décors aussi, qui se veulent plus modernes, plus grands, plus grandioses... plus froids aussi. Par contre bizarrement, j'ai trouvé le travail sur la ville elle-même moins aboutis, on a plus de plans d'ensemble de la ville vue du ciel, mais moins de plans rapprochés dans les rues, à côtoyer la misère de Gotham. C'est très dommage pour moi, parce que c'est un peu un personnage à part entière cette ville ! Notamment, à plusieurs reprises on nous dit que la situation de la ville s'est aggravée depuis le premier film, c'est bien de nous le dire, mais de nous montrer c'est mieux. Et on ne nous le montre pas, malheureusement.

Les scènes de combat ont gagné en qualité, je pense, depuis le premier film. Elles sont mieux chorégraphiées, plus lisibles. On a bien moins d'effets un peu cheap, comme l'usage de l'hors champ. Je n'ai pas dit beaucoup de bien de ce film, mais là on a un vrai point d'amélioration, et je le reconnais.

Côté interprétation, Katie Holmes s'est faite virer pour un "motif inconnu" au profit de Maggie Gyllenhaal. C'est dire à quel point elle jouait bien dans le premier film... Mais voyons le positif, j'ai plutôt bien aimé Maggie. Enfin ce n'est pas la prestation de l'année, mais elle fait le job. Christian Bale, ça aurait été un peu trop visible par contre de le remplacer, alors on continue de subir. Je lui reconnais quand même une certaine progression, disons qu'au lieu de 2 expressions faciales, il est passé à 5. Aaron Eckhart traverse le film sans le marquer. Michael Caine et Morgan Freeman sont dans la continuité du film 1, sympathiques à défaut d'être très marquants.

Et puis il y a Heath Ledger en Joker. Qui propose indéniablement une interprétation habitée, avec des moment vraiment très forts, comme la scène de l'interrogatoire par exemple. Je vais pas faire dans l'originalité en disant ça, mais dites vous que si même moi je le dis, vu ce que je pense du film, c'est que ça doit être vrai : c'est sans aucun doute le point le plus positif du film et de la saga en fait. C'est vraiment ce qui a le plus marqué les esprits, qui marquera à jamais l'univers Batman, pose une vraie référence pour ce personnage.

Voilà. C'est tout pour moi. Je vous embrasse. A bientôt pour le film 3 (si vous me supportez encore).
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date : 28-10-2023
Comme j'aime me faire du mal, je viens de revoir Batman Begins (bénie soit la touche "vitesse de lecture x1.5" de Netflix). Je dis ça parce que je n'aime pas beaucoup le travail de Christopher Nolan d'une façon générale et je gardais en plus un souvenir assez mauvais de ce film - et du reste de la saga d'ailleurs. Pourtant j'aime le personnage de Batman, j'ai aimé d'autres films, j'ai lu des comics, j'ai saigné l'animé des années 90 (rien que son splendide générique me fait frissonner), j'ai fait des rêves érotiques incluant Robert Pattinson en costume de Batman 2 ans avant la sortie de son film (euh, je crois que j'en dis trop là...). Je n'ai donc pas un problème avec Batman, vraiment pas, j'ai un problème avec son interprétation par ce réalisateur. Malheureusement, ayant vu les films il y a un paquet d'années, je n'en avais plus aucun souvenir suffisamment précis pour pouvoir en dire quelque chose de pertinent ; ils n'étaient pas dans ma cinéthèque jusqu'alors pour cette raison d'ailleurs.

Les choses me sont vite revenues en mémoire quand j'ai lancé le film. Je n'étais pourtant pas vieille quand le film est sorti, je devais avoir 12-13 ans quand je l'ai vu, mais même à cet âge, je trouvais déjà le film par moment parfaitement ridicule. Par exemple, on sait tous que les parents de Bruce Wayne meurent sous ses yeux quand il est enfant. Immédiatement après le gamin est pris en charge par des policiers, il est assis sur une chaise dans le commissariat. Le policier joué par Gary Oldman (immense acteur, c'est pas le talent d'interprétation qui manquait) débarque et tente de le consoler un petit peu, avec cette réplique tellement recherchée, tellement juste, tellement finement écrite : "it's ok, it's ok". Non mais c'est une blague ?!! Enfin vous vous mettez à la place du gamin qui vient de vivre un événement hautement traumatisant et on vous dit juste "non mais ça vaaaaa quouua". Et puis quoi encore "un de perdu, dix de retrouvés, dans 10 ans on en rira" ?!

Je ne vais pas multiplier les exemples, mais toute l'écriture de ce film me semble tellement faiblarde. La force de Batman c'est d'être un justicier légèrement dépressif sur les bords, entraînant sa flopée de thématiques et questionnements complètement terre à terre, qu'on peut retranscrire "dans la vraie vie" assez facilement. C'est probablement le plus sérieux, le plus dramatique des super héros (après les Watchmen peut-être et certains X-men peuvent rivaliser également). Avec un réalisateur "sérieux" aux commandes et la promesse d'un film moins cartoonesque que ceux des années 80-90, on était en droit d'attendre cette intensité dramatique je pense (qu'on a par exemple dans Joker de Todd Philips). Mais non. Rien. Vaguement une référence à la frontière entre le bien et le mal à un moment ou deux, mais rien de fouillé ou de détaillé. Il y a aucune puissance, aucune intensité dramatique dans ce film.

On oscille plutôt en entre des passages assez risibles tellement ils sonnent faux (comme celui du gamin dans le commissariat donc) et des clichés assez énormes. Même en 2005, c'était déjà gênant d'avoir une vision aussi stéréotypée de l'Asie. Que dire de plus qu'on ose même la blaguounette à la saveur "ils ont tous la même tête ces gens-là" ?... Il manque que le yakuza en chemise rouge motif peau de serpent, et là ça serait parfait. On n'a pas évolué depuis Karaté kid sorti 20 ans plus tôt et on n'a même pas le second degré de Tarantino dans Kill Bill pour faire passer la pilule.

A part ça, on propose un film qu'on peut trouver distrayant, même si personnellement ça ne me distrait pas beaucoup, j'entends que les amateurs de films d'action y prennent leur pied. Mais par contre, c'est d'un goût parfois douteux et surtout déjà vu 50 000 fois dans des blockbusters du même style : la relation élève/mentor, qui rappelle avec "subtilité" l'absence du père au personnage, la jolie nana qu'il faut aller sauver et qui materne le premier gamin venu, le méchant complètement con qui révèle consciemment son plan à la personne qui va le mettre en échec, le crush de ton enfance qui te fait la gueule parce que tu as changé (et bien sûr, tu luttes, tu cours après des gens qui veulent sortir de ta vie, c'est tellement sain comme message), blablabla. Autant dire qu'on est sur un suspense plus ou moins au point mort, tant les retournements de situation sont attendus.

Cerise sur le gâteau, Christian Bale. L'exemple type de l'acteur dont je ne comprends pas le succès. Il a à peu près autant de charisme qu'une boite de thon. Sérieusement, TOUS les autres acteurs masculins du film sont plus charismatiques et badass que lui. Ça commence par Liam Neeson, pourtant plutôt en pilote automatique, qui nous rejoue le maître Jedi de La Menace Fantôme, mais on y croit quand même. On enchaîne sur un assez sympathique Michael Cane, là encore, ce n'est pas son rôle le plus marquant, mais il nous séduit par sa douceur et son côté posé. Morgan Freeman, toujours pas un rôle indispensable à sa carrière, mais il apporte une touche d'humour assez bienvenue au film. Plus tard mes ovaires explosent et je veux rejoindre les forces du mal quand je comprends que c'est Cillian Murphy le méchant (ah ben c'est que j'ai vu les images de son casting en costume initialement passé pour le rôle de Batman, Robert Pattinson a pas le monopole dans mon subconscient...). Blague à part, c'est pour moi le seul rôle du film, hors Batman, avec une interprétation qui présente une certaine difficulté, puisqu'on est sur un personnage qui cache son jeu et devient inquiétant à des moments clés du film ; eh bah ma foi il fait ça très bien, même si on le voit assez peu à l'écran, il nous marque. Et à côté de ça, on a Christian Bale, qui même avec le costume a toujours pas une tête de Batman avec sa mâchoire étroite, son menton pointu et ses lèvres pincées. Mais ça reste quand même mieux que sans masque, puisqu'il n'est capable que de 2 ou 3 expressions faciales. Son seul vrai mérite c'est d'avoir fait de la gonflette pour préparer le rôle. Ah et aussi il sait parler avec une voix grave. Parce qu'on sait tous à quel point il est difficile de parler avec une voix grave quand on est un homme qui a terminé sa puberté il y a environ 25 ans (est ce que je me moque ? Nooooon, c'est pas mon style).

Comme toujours avec Nolan, on ne sent de toute manière pas une direction d'acteur remarquable. Les acteurs qui s'en sortent à peu près bien sont ceux qui sont réellement talentueux et/ou on a un peu de métier derrière eux. Mais les interprètes un peu moins chevronnés, qui auraient besoin d'être vraiment dirigés pour donner le meilleur d'eux mêmes (et ce n'est pas un problème en soit ça), comme Christian Bale donc, mais aussi Katie Holmes ou l'enfant qui joue Bruce enfant, ils sont littéralement en roue libre là (et c'est ça le soucis). Genre quand le gamin explique à son père qu'il a peur et fait des cauchemars à répétition... avec un grand sourire ?!! Je n'accable pas ce pauvre enfant qui n'a je crois jamais rien fait d'autre dans sa vie, ça ne serait pas très fair-play de ma part, mais bien Christopher Nolan. Sans déconner, je ne comprends pas qu'il puisse garder une scène pareille dans son film.

Après tout n'est pas à jeter non plus dans la réalisation, le travail sur la ville est intéressant et, euh, c'est tout en fait. Et encore, là encore on n'invente rien, on l'a déjà vu dans d'autres films Batman, parfois plus poussé d'ailleurs.

Les scènes d'action ont une certaine efficacité, même si on regrettera des effets de style pas toujours très fins (des combats un peu brouillons, avec montage épileptique, la facilité de l'hors champ, l'écran noir quand un personnage se mange un coup...) et une débauche de moyens pas toujours nécessaires (qu'on mette le paquet dans la course poursuite en batmobile c'est normal, c'est un film Batman quand même. Mais la scène d'essai de la Batmobile, zéro intérêt sérieux).

Les effets spéciaux ont parfois un peu vieilli (la nuée de chauve-souris, quelques fausses explosions un peu trop visibles) et c'est normal, ce n'est pas une critique, juste un constat. Par contre certains effets me semblent là encore un peu ridicules et, pardon, mais ils l'étaient déjà en 2005.
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Je pense notamment à l'espèce de bad-trip que fait Bruce à un moment de sa formation de ninja. Bon bah on a juste fait trembler l'image quoi. Ou quand Scarecrow enfile son masque la première fois. Ah bah on fait juste trembler l'image aussi, il devait y avoir un prix de gros sur cet effet... Difficile de vraiment justifier l'effroi des personnages avec un effet aussi plat.


Et puis cette fin est tellement fade. On a la grosse baston finale réglementaire qui dure genre 10-15 minutes, mais on dirait qu'on sait pas vraiment comment la conclure, donc on a juste un personnage qui nous fait un coucou main, un écran noir et on passe abruptement à un autre sujet... Oui sans rire. Je sais qu'on ne dirait pas comme ça, mais je vous jure que ça ne me fait pas plaisir de faire ma râleuse détestable comme ça, croyez moi, ça m'amuse pas de vomir sur tous les films de Nolan, mais il m'aide vraiment pas le garçon quand il fait des trucs aussi pourris.

Je vais m'arrêter là, je dois garder de la salive pour dire du mal des deux films suivants.... Parce que oui, j'ai bien l'intention de me faire du mal jusqu'au bout.
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J'ai beau apprécier le travail de Xavier Dolan, je plaide coupable, je ne me suis pas franchement empressée de voir ce film, principalement du fait des critiques qui étaient globalement assez mitigées, voire pour certaines carrément pas emballées du tout. Dans mon esprit c'était donc un film pas forcément mauvais, faut pas exagérer non plus, mais assez mineur et dispensable dans sa filmographie. Eh bah comme quoi, faut toujours se faire son propre avis, car j'ai personnellement adoré. J'ai bien au contraire trouvé ce film très aboutis, ambitieux, original et maîtrisé.

Difficile de pitcher le film avec efficacité, car il est quand même assez dense. On suit 3 lignes temporelles :
- La ligne autour du personnage de John F. Donovan, acteur populaire de série pour ados, mais assez torturé, qui s'enlise dans ses secrets, ses mensonges, le personnage qu'il s'est crée et dont on apprend la mystérieuse mort prématurée dès le début du film ;
- La ligne autour de Rupert, un enfant acteur fan de John, qui entretient depuis plusieurs années une correspondance avec lui, sans l'avoir cependant jamais rencontré, et devant en plus gérer ses propres soucis d'enfant harcelé à l'école ;
- La ligne autour du même Rupert, des années plus tard, alors qu'il vient de publier un livre sur sa relation avec John, en train de se faire interviewer par une journaliste, pas franchement ravie d'être là, traitant son projet avec un certain mépris.

Chaque intrigue apportera avec elle son lot de thématiques, parfois communes à plusieurs lignes (la solitude, le poids des secrets, le métier d'acteur, l'absence du père, la relation compliquée à la mère,...) parfois propres à une ligne précise (le harcèlement scolaire, la célébrité difficile à vivre, l'homosexualité non assumée, le métier de journaliste,..). Elles apportent aussi leur lot de personnages, il y a vraiment beaucoup de personnages dans ce film, mais je les ai tous trouvé extrêmement bien écrits. Y compris des personnages secondaires où on aurait pu se permettre une écriture plus légère, mais non, on apporte à chacun un truc qui n'appartient qu'à lui et les rend saisissants (l'agent de John, la journaliste, la professeure, la conquête éphémère de John,...).

Ce qui est fou aussi, je trouve, c'est que même avec 3 lignes temporelles, une dizaine de thématiques principales, et toute une flopée de personnages, le film reste parfaitement limpide. Il n'y a aucune volonté de perdre, de noyer ou de tromper le spectateur, la narration reste parfaitement fluide et claire, nous amène tour à tour précisément là où on voulait nous amener. C'est là que l'émotion peut vraiment nous exploser à la figure à de nombreuses reprises, parce qu'on est pleinement impliqué dans l'histoire. Et ça c'est peut-être le deuxième truc fou dans ce film, c'est de nous faire sentir si proche de personnages qui sont pourtant parfois si éloignés de nous. La célébrité, l'immense majorité des gens ne l'approcheront jamais de près ou de loin, mais pourtant le malaise de John est palpable, compréhensible, comme celui de ses proches qui ne savent plus comment se comporter avec lui.

Certains regretteront sûrement le rythme un peu lent du film. Je l'ai ressenti aussi, malgré mon appréciation très positive. Mais honnêtement, je ne vois aucune scène de trop, elles apportent toutes quelque chose. D'ailleurs, on sait qu'il y a déjà eu de sacrées coupes au montage, notamment un personnage joué par Jessica Chastain qu'on a entièrement fait disparaître du film. C'est un choix de réalisateur très courageux je pense, ça doit probablement pas faire plaisir, mais si c'est pour aboutir à un résultat aussi remarquablement maîtrisé, il le faut. Il n'y a rien à jeter dans le film pour moi.

J'ai aussi parfois entendu que ce film ne ressemblait pas vraiment à du Xavier Dolan. Là encore je ne suis pas franchement d'accord. La réalisation est indéniablement moins foisonnante en effets de style que d'autres de ses films. Ce n'est clairement pas un autre Laurence Anyways où il pleut des vêtements et où vous pouvez avoir des chutes d'eau dans votre salon. Mais la réalisation reste malgré tout d'une qualité et d'une précision folle. On retrouve les motifs récurrents de Dolan (les gros plans, la place de la musique dans le film, les décors kitch à souhait,...) et des thématiques qu'on a déjà vues à de nombreuses reprises chez lui. Bref, moi je l'ai bien retrouvé. Honnêtement, si on m'avait montré le film sans me dire que c'est lui, je suis certaine que j'aurais pu le reconnaître dans aucun problème (on peut dire ça de combien de réalisateurs ?!). La relative sobriété de la composition donne aussi je pense un aspect plus posé, plus mature au film, qui est particulièrement appréciable aussi je pense. Enfin, je veux dire, dans ses autres films on lui reprochait régulièrement d'en faire trop ; il en fait du coup un peu moins, et on lui reproche maintenant de plus se ressembler. Je trouve ça un peu trop facile comme critique.

La seule petite ombre au tableau pour moi, c'est Kit Harington. Je bloque sur cet acteur depuis ses débuts, et pas dans le sens positif du terme. C'est vraiment le genre d'acteur qui ne me provoque rien quand je le vois jouer... Je lui concède une assez jolie prestation dans ce film, on sent le talent du réalisateur aussi dans sa direction d'acteurs, qui les pousse à donner le meilleur d'eux-mêmes et donc Kit réalise ici probablement la meilleure prestation de sa carrière. Je pense aussi qu'il a dû y voir un certain parallèle avec sa propre vie, on sait que ça a été très compliqué pour lui la gestion de la célébrité si énorme et si soudaine après Game of Thrones. J'imagine qu'il a été réellement touché par ce rôle, qu'il était pleinement impliqué. Mais c'est malheureux pour lui, je suis toujours en encéphalogramme plat à la vue de cette prestation.

Heureusement, le reste du casting m'a lui complètement embarqué dans le film. Même intelligence dans le casting de Natalie Portman, qui a certainement aussi des choses à dire sur la célébrité qui arrive trop tôt, trop jeune. Mention spéciale pour Jacob Tremblay qui joue Rupert jeune. Les enfants acteurs c'est toujours un peu compliqué, d'autant plus ici dans un rôle purement dramatique, mais il le tient avec une justesse et une puissance assez remarquable.
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date : 27-10-2023
Je mets une petite note au film, comme vous le voyez à la liste où je le classe, mais ce n'est pas parce que j'ai des défauts vraiment importants à signaler, c'est uniquement parce que ce n'est pas du tout mon style, le genre de cinéma que j'aime, et donc je le trouve pas à sa place ailleurs dans ma cinéthèque. Je précise également que je ne connais pas le jeu dont est tiré ce film, donc je ne peux ni vous parler de la qualité de l'adaptation, ni vous dire si ce projet cinéma apporte vraiment quelque chose à la franchise.

C'est un film d'action et d'aventure franchement très (trop ?) classique dans sa forme, ses intentions et ses thématiques. C'est une sorte d'Indiana Jones modernisé, pas original, mais globalement assez bien fait. Il y a une mise en scène actuelle et objectivement efficace, empruntant plus à la cascade de film de super héros assistée par ordinateur qu'au trucage à l'ancienne. Il y a un côté moins mythologico-mystique-ta-gueule-c'est-magique, qui ne correspond plus forcément aux attentes actuelles des spectateurs, on embarque plutôt dans un jeu de piste presque réaliste (PRESQUE, dans l'intention je veux dire, bien sûr que c'est pas crédible et qu'il y a des invraisemblances, mais on joue pas sur le fantastique pour nous les faire admettre). On se déleste aussi de la construction un peu passéiste, où par exemple toutes les nanas étaient amoureuses d'Indiana - on n'a pourtant pas pris un laideron pour jouer le personnage principal, on aurait pu le faire, mais il y a une vraie volonté de ne plus jouer du tout sur ce type de thématique. On se rapproche finalement plus d'un Tomb Raider par moment, exploitant plutôt l'esthétique de la femme badass et indépendante. On a gardé par contre les nombreux voyages et les rafraîchissantes touches humoristiques.

J'ai trouvé hyper intelligent choix de Tom Holland pour le rôle principal, en plus d'être monté sur ressorts, d'être charismatique, drôle et de tenir très bien le rôle, on renforce ainsi encore plus le côté "nouvelle génération" ; dans une moindre mesure les actrices Tati Gabrielle et Sophia Ali, pour des seconds rôles, participent aussi à cela. Ce trio nous fait quand même assez rapidement oublier les acteurs de la génération d'avant, Mark Wahlberg et Antonio Banderas, qui n'héritent ici franchement pas des rôles les plus marquants de leur carrière.

J'ai cependant trouvé l'écriture des personnages, et notamment des antagonistes, faiblarde. D'une façon générale, je pense qu'on n'a pas de bon blockbuster sans un bon méchant. Et là on n'a malheureusement pas de bon méchant. On a une succession de "petits méchants" qui traversent le film sans réellement nous marquer. Difficile de les prendre réellement au sérieux, tant ils ont parfois l'air... Stupides (?) et tant leurs motivations sont brumeuses. Les "gentils" ne sont pas nécessairement mieux écrits, notamment Sully, qui est un espèce de boulet à qui j'ai voulu mettre des baffes pendant tout le film. Soulignons quand même l'audace, pour un blockbuster américain, d'avoir quelques personnages ni méchants ni gentils, quelque part entre les deux ; même si c'est pas extraordinairement bien fait, ça a le mérite d'être là.

Le film manque aussi un peu de puissance pour moi. Même si on sait avant même que le film commence qu'il y aura happy end, les développements de l'histoire ne tentent même pas de nous faire croire sérieusement à l'inverse. De même pour l'intrigue avec le frère de Nate, on n'essaye même pas de faire monter l’émotion autour de ça, pas même sans aucune finesse, façon bons sentiments, gros violons et répliques tire-larmes. La BO m'a semblé lourde, sans finesse et peu originale, ne soulignant pas pertinemment l'action.
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date : 26-10-2023
Moi qui ne suis pas une amatrice de film d'horreur, j'ai beaucoup apprécié l'originalité de l'approche de celui-ci. S'il y a bien quelques scènes gores qui ne baladent, ce n'est pas sur ça que le film mise principalement. On est plutôt dans une approche psychologique, visant à créer des situations dérangeantes, malsaines, et plonger le spectateur dans le même inconfort que les personnages. Pour ma part, je trouve que le film réussi parfaitement ce pari, par l'action collective de la réalisation soignée, notamment dans sa mise en scène et ses ambiances (les choix des musiques ou des costumes par exemple), du scénario très écrit, exploitant de véritables mythes, pratiques païennes et méthodes d'embrigadement des sectes, et enfin des interprètes, Florence Pugh en tête, qui nous embarquent avec eux et provoquent l'empathie, la projection.

Après j'ai tout de même regretté la longueur du film. Pas son rythme lent, qui pour moi est une mécanique importante du film, pour arriver à cette ambiance malaisante, en la faisant monter progressivement ; je pense vraiment que le film n'aurait pas été aussi réussi s'il avait eu un rythme plus soutenu. Mais bien la durée globale du film, qui m'a semblé parfois se tirer inutilement en longueur, accorder trop d'importance à des points qui n'en avaient pas beaucoup pourtant.
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Je pense notamment à cette longue introduction, avec la mort de la famille de Dani, les déboires de son couple, la façon dont elle "s'incruste" dans le voyage et même la première étape du voyage, où ils prennent des champignons. Franchement, rien que là il y aurait matière à raccourcir le film de 30 minutes au moins. J'ai trouvé que ça n'apportait rien, ou pas suffisamment, au reste du film pour justifier que ça occupe une telle place.
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date : 26-10-2023
Ce film est très proche de Dogville, TROP proche même (sans déconner, on a même repris une partie de la B.O. !), mais bizarrement, on n'arrive pas du tout à reproduire la magie de ce premier film.

On n'échappe pas à un sentiment de redite, forcément. En plus de redite moins pertinente. On n'est plus surpris par l'absence de décor. Si autant dans Dogville je trouvais que ça faisait sens, donnait une vraie saveur unique à la narration, ici pas du tout. On a une pure narration de cinéma, mais dans ce bizarre décor théâtral.

On ne peut que regretter le renouvellement du casting, notamment le fait que Nicole Kidman ne reprenne pas le rôle de Grace. Même si Bryce Dallas Howard fait objectivement le job aussi, on aurait pu deviner que ça pue un peu quand les acteurs ne suivent plus le réalisateur... Je n'ai d'ailleurs pas retrouvé la personnalité de Grace, il y a un manque de cohérence, je trouve, avec le premier film. En tout cas, moi je ne l'avais jamais trouvé naïve, voire niaise, dans le premier film, alors qu'elle n'est que ça dans ce second.

Et que dire du scénario ?! Il n'est pas moins ambitieux que celui de Dogville, avec ses thématiques multiples et pas faciles : esclavage, racisme, le blanc "libérateur" qui impose avec condescendance sa vision des choses, exercice du pouvoir, démocratie ; une critique en creux de la position des américains en Irak au moment du film. Mais là où Dogville parlait de capitalisme sans même jamais prononcer ce mot, avec subtilité, de façon détournée, là on plonge totalement frontalement dans ces sujets. On en fait un film bavard, verbeux, donneur de leçon.

De plus, on ne peut pas parler du scénario sans parler des nombreuses provocations que Lars von Trier y glisse, là encore sans aucune subtilité, sur un sujet pourtant assez épidermique. On aura du "N-word", des black faces, une exploitation de clichés plus que sensibles (ex : le noir fainéant ou non autonome, les noirs qui se ressemblent tous, le fantasme sexuel, etc). On a aussi la grosse maladresse de ne pas avoir offert aux personnages noirs de ce film une présentation, puis des développement, équivalents et aussi complets que ce qu'on a fait pour des personnages blancs dans le premier film. Ça commence à faire beaucoup là, quand même. Tellement que même moi qui apprécie ce réalisateur, je n'ai pas d'argument pour le défendre.

Je ne pense pas que Lars von Trier soit raciste, mais le risque de mauvaise interprétation dans ce film est quand même assez énorme. Je trouve vraiment que le film provoque un malaise. Et un malaise pas recherché surtout, je pense. Quand dans Element of crime Lars von Trier fait un film glauque et cauchemardesque, il le fait volontairement, c'est un effet recherché, assumé. Alors que ici, le malaise qui est provoqué me semble relever de la maladresse pure et simple. La maladresse d'un réalisateur qui se sentait sûrement très pertinent et très légitime pour dire ces choses là, alors que non, définitivement non...
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date : 26-10-2023
Le film ne manque pas de qualités. D'une part, il s'en dégage une ambiance assez extraordinaire, à la fois très torturée et réellement anxiogène, mais aussi hyper vintage (on a franchement l'impression de voir un vieux film, et pas juste du fait du noir et blanc). D'autre part, l'interprétation est vraiment habitée, Willem Dafoe comme Robert Pattinson sont impressionnants de réalisme et de vérité (j'ai lâché mon 10/10 pour ma notation des acteurs et je le donne pas souvent).

Mais bon, la forme ne fait pas tout, et ne rattrape pas pour ma part un scénario qui ne me parle absolument pas. Ce côté thriller psychologique, où on se perd entre réalité et fiction, ce n'est pas vraiment mon truc de base. Vous ajoutez une ambiance de gardiens de phare aux éructations avinées et un rythme très lent, et vous me perdez, malheureusement.
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date : 24-10-2023
J'ai littéralement adoré ce film, et c'est sans trop de doute, à ce jour, celui de Lars von Trier que j'ai préféré.

Alors oui, il y a de façon évidente ce décor expérimental, quasi jamais vu (Joe Wright s'y est essayé un peu dans Anna Karenine, mais j'ai personnellement pas été convaincue du tout par cet autre film), qui marquera n'importe lequel des spectateurs. Que vous aimiez ou non le film, que vous soyez cinéphile ou pas, ça interpellera tout le monde, et ça c'est déjà de l'art en soit. Ce qui est fou, c'est que quand on regarde le film, le décor ne nous manque pas, parce que la mise en scène et les mouvements de camera sont assez soignés pour se suffirent à eux-mêmes. Certaines scènes savent même parfaitement exploiter cet élément, pour être encore plus saisissantes que s'il y avait un vrai décor.
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Je pense par exemple au premier viol de Grace, dans la maison de Chuck. Tous les acteurs autour voient en réalité la scène, mais dans la fiction du film, les personnages n'en savent rien, doivent ignorer sa situation, ne pas lui venir en aide, ce qui est extrêmement puissant, et déjà annonciateur de la suite. [/spoiler]

Mais là où le talent du réalisateur explose réellement pour moi, c'est que ce décor aurait pu être juste une lubie un peu ridicule, de la branlette intellectuelle de réalisateur prétentieux. Mais non, du tout. On n'a pas seulement mis un décor de théâtre dans un film (c'est ce que je reprochais à Joe Wright que j'ai cité plus haut : ça n'apportait quasiment rien à son film), on fait bien plus que ça, on joue bien plus largement avec les codes du théâtre notamment au niveau de la narration.

*Digression : explications techniques sur la narration théâtrale, passez si ça vous intéresse pas*
Si vous ne le savez pas, la narration au théâtre et au cinéma n'est pas du tout la même.
Vous voyez ce moment où vous quittez la salle de cinéma en vous imaginant être le personnage principal du film que vous venez de voir ? Non vous n'êtes pas bête ou immature de faire ça, on le fait tous, c'est précisément ce qu'on cherche à faire dans un film, de vous projeter dans l'histoire, de vous faire adopter le point de vue subjectif d'un personnage, de vous faire vivre sa réalité. Et quand on voit dans un film un truc non vraisemblable, qui n'arriverait pas dans la vraie vie, comme un flashback ou une chronologie éclatée, la réaction de base, c'est de pas aimer ça et de le rejeter ; même si le genre fantastique existe et même si certains réalisateurs en font leur spécialité pour tenter de renverser notre opinion sur la question (Nolan au hasard - ouais, j'lui trouve des qualités parfois), je résume bien entendu, le but est pas de faire une dissertation à ce sujet.
Alors qu'au théâtre, ça n'arrive jamais de se prendre pour le personnage de la pièce, parce qu'on a la distanciation. En version là encore très résumée, il y a des contraintes impondérables au théâtre, en terme de décor, d'espace, de temporalité, et même de placement du spectateur dans la salle, qui voit toujours les choses de face, à la différence d'une caméra qui peut tourner autour de son acteur, bouger avec lui, etc. Au théâtre, on garde du recul, on se fait raconter une histoire, on ne la vit pas, on est dans une position extérieure, un point de vue objectif. Et là, les trucages de scénographie, les bonds dans le temps, les voix off, sont monnaies courantes et parfaitement acceptés du spectateur.
*Fin de la digression*

Et donc je disais que Lars von Trier, dans ce film, il a pas juste planté un décor de théâtre dans un film, et c'est juste contenté de ça pour se croire fin réalisateur. Non, au début du film, on est à 100% dans une narration théâtrale. On l'a complètement la distanciation, on nous raconte littéralement l'histoire, avec le décor minimaliste donc, qu'on ne nous cache pas du tout, avec des plans larges ou en plongé, mais aussi la voix off, le chapitrage, une présentation très énumérative des personnages, sans qu'il n'y ait une grande empathie. Et plus le film avance, plus on va aller vers des codes classiques de cinéma, jusqu'à même les adopter à 100% la fin. Au fur et à mesure qu'on s'habitue au décor, au point de l'oublier, par une façon de filmer plus recentrée, avec des personnages en gros plan, sans visu ou presque sur le décor ; c'est très marqué dans la dernière scène [spoiler]quand Grace est dans la voiture avec son père, vitres cachées par des rideaux, on ne voit même plus le décor, cette scène pourrait se trouver dans un film "classique".[/spoiler] Et même quand on voit le décor, il y a un basculement vers un point de vue subjectif, une identification au personnage principal et une empathie qui fini quand même par avoir lieu ; notamment quand le personnage de Grace vivra des moments compliqués.

Et entre ces deux extrêmes, le début et la fin du film ? Même si ça ne sera clairement pas perceptible consciemment du plus grand nombre, on navigue en permanente entre des codes classiques de théâtre et de cinéma, on bascule entre les deux, avec une précision folle, selon l'effet que le réalisateur recherche dans sa scène. Il fait clairement ça avec l'idée de servir son histoire, des faire écho aux modes de pensée de ses personnages, qui adooooorent la distanciation. [spoiler]Que ce soit pour se protéger, comme Grace, qui en use pendant ses viols, car l'évènement est trop dur pour être vécu consciemment. Ou que ce soit pour se dédouaner de ses actions, quand les différents habitants font des misères à Grace, en minimisant, en se trouvant des excuses, des justifications, en tournant la chose à l'humour, en s'en remettant au collectif.[/spoiler] Bref, on n'est pas sur une lubie artistique à la con, on est dans un truc qui a été savamment pensé, réfléchit, et qui est absolument brillant je pense.

Le résultat au-delà d'un simple décor, c'est probablement le film du réalisateur qui va le plus creuser la nature humaine, le plus profondément, dans ce qu'elle a de plus sombre. Qui va le plus se demander comment on peut en arriver là, à se faire du mal les uns aux autres, à s'exploiter les uns aux autres. Ce n'est pas la première fois qu'il aborde l'exploitation de l'homme par l'homme et donc le capitalisme en réalité, mais c'est la première fois que je le trouve vraiment juste et saisissant dans son propos, en ayant en plus un angle d'attaque extrêmement original, subtile et bien amené, jusqu'à son générique de fin, dernier coup de maître du film, où on ne sait vraiment pas si on doit rire ou pleurer [spoiler]de voir littéralement des photos de pauvres, des victimes de ce système, sur un titre aussi dansant que Young Americans de David Bowie.
C'est juste du génie pour moi.

Ah et oui, bien sûr c'est bien joué, bien sûr Nicole Kidman est magnifique, mais ça, vous l'avez tous vu, vous avez pas besoin qu'on vous le dise, donc j'ai pas trouvé utile de faire une tartine sur le sujet. Le film fait 3h, oui c'est long, mais pour ma part je n'ai ressenti aucun ennui. Pourquoi je ne l'ai pas mis dans ma liste diamant ? A vrai dire je sais pas moi-même, une fin en partie prévisible peut-être, pas grand chose donc, en réalité. Je ne parie pas que ça ne changera pas dans quelques jours.
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date : 23-10-2023
La chaîne Arte faisant une rétrospective Lars von Trier sur son site, j'en suis à mon 5ème film de ce réalisateur vu dans un court laps de temps. Vous m'excuserez donc, ce n'est pas nécessairement très pertinent, mais je ne peux pas m'empêcher de faire des comparaisons. Et je suis dans ce cadre un peu embêtée avec ce film, car d'un côté je l'ai trouvé plaisant à regarder, distrayant, et donc j'ai plutôt passé un bon moment, mais de l'autre c'est très loin d'être le film le plus intéressant du réalisateur, et c'est selon moi même pas une comédie musicale particulièrement réussie. Donc mon ressenti global est un peu mitigé.

On suit donc le personnage de Selma, qui perd la vue, et se bat pour économiser assez d'argent pour payer une opération médicale, non pas pour elle, mais pour son fils atteint de la même maladie. La force du film est clairement son message d'amour d'une mère pour son fils qui a quelque chose de complètement universel (même si on n'a pas d'enfant, on est tous l'enfant de quelqu'un), et fait de ce film l'un des plus accessibles et grand public du réalisateur. Bien sûr, ça reste du Lars von Trier, avec son côté pessimiste, sombre, jusqu'au-boutiste, je ne promets donc pas que vous allez adhérer jusqu'à la fin, mais le message de départ peut très largement embarquer les spectateurs avec lui.

La réalisation est quand à elle propre, même si, subjectivement, la caméra à l'épaule gigotante n'est vraiment pas ce que je préfère. Le travail sur les décors est charmant, d'autant plus quand on parle de décors peu attrayants sur le papier, comme l'intérieur d'une usine ou d'une caravane. La mise en scène est un véritable plaisir. Les scènes musicales, dans lesquels on n'attendait pas nécessairement un réalisateur comme Lars von Trier, sont très bien filmées.

Mais là où Lars von Trier m'a en revanche perdue dans ce film, bah c'est justement sur la comédie musicale. Et pourtant j'aime ça. Et pourtant Björk est absolument merveilleuse dans ce film, que ce soit l'interprétation à proprement dite ou la BO qu'elle signe ; plus largement, quel plaisir de voir comment son univers et celui de Lars von Trier s'entremêlent dans ce film. Mais j'ai trouvé la chose mal justifiée et mal amenée dans le film.

Le personnage de Selma adore les comédies musicales, parce que c'est un genre cinématographique prétendument léger, il ne s'y passerait rien de grave. Cette affirmation tranche avec la tournure grave, violente que Lars von Trier donne justement lui à sa comédie musicale. Il nous dit donc d'une façon assez explicite "hey, regardez, je fais un truc absolument inédit, du jamais vu !". Sauf que c'est une affirmation fausse et que le réalisateur a rien inventé (par exemple Chicago parle de meurtre, se passe en partie en prison,...). Et cette assez grossière erreur de calibrage donne pour moi un coté prétentieux au film.

Par ailleurs, les scènes musicales sont bizarrement écrites, presque non assumées. Mise à part la dernière, elles ne se passent en fait pas dans la réalité des personnages, mais sont simplement imaginées par Selma quand elle vit des choses compliquée, pour sortir de sa réalité. Et ça donne une tournure caricaturale aux choses. C'est une espèce de blague, de parodie en fait.

Je pense que pour détourner efficacement des codes d'un genre cinématographique, il faut d'abord les comprendre ; Lars von Trier ne les comprends pas totalement pour moi. Que ce soit le côté prétentieux ou le côté parodique, c'est un truc que je n'ai pas du tout ressenti dans les autres comédies musicales que j'ai vues qui prenaient ce contrepied dramatique. J'ai par exemple trouvé Annette de Leos Carax ou Cold War de Pawel Pawlikowski bien plus réussis, parce que ces réalisateurs assument réellement ce qu'ils font, ils ne se cherchent pas d'excuses ou de storytelling pour justifier leur film.

Puis en terme de message, bah c'est plat non ?! Lars von Trier dans ses autres films il parle de nazisme, de condition féminine, de racisme, de santé mentale, de religion, de sexualité, etc. Là il nous dit juste qu'il fait une comédie musicale mais que ça le fait chier parce qu'il aime pas ça. Waouh, la profondeur de la réflexion... Et les autres thématiques comme la critique du capitalisme, qu'on dénote dans les scènes à l'usine, ne sont pas assez développées pour vraiment avoir de l'intérêt. On peut pas dire voir un film sur la lutte des classes quoi.
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De même sur la fin quand il est question de peine de mort, on sent bien que le réalisateur n'est pas franchement pour, mais est-ce que le message est puissant pour autant ? Pas totalement pour moi.[/spoiler]

Vous ajoutez à ça une écriture parfois un peu grossière dans le scénario [spoiler](notamment la scène du meurtre, je n'ai honnêtement pas comprise. Si Selma le tuait par colère ou par accident, oui c'était crédible. Mais parce que Bill lui demande ?! Non ça na pas de sens)
et on abouti à un film qui ne m'a pas vraiment séduit, malgré son côté pourtant distrayant.
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date : 19-10-2023
Je poursuis ma rétrospective Lars von Trier (s'il y a des amateurs, c'est Arte qui propose actuellement ça dans son catalogue de replay) avec son 3ème film, Europa, qui clôture son triptyque ayant pour thématique justement l'Europe et les titres en E-, après Element of crime et Epidemic.

C'est pour ma part celui que j'ai préféré dans ce trio, par goût personnel, mais aussi parce que je trouve très intéressant de voir comment le réalisateur a pu tirer les leçons de ses deux précédents films, et semble proposer une sorte de version améliorée de son premier. On retrouve notamment une construction assez similaire, partant de ce qui ressemble à une séance d'hypnose, portée par l'envoûtante voix de Max von Sydow. Je ne suis pourtant pas une amatrice de voix off, mais vraiment, ici je l'ai trouvée particulièrement réussie et elle faisait vraiment sens dans le film.

On y retrouvera aussi la même vision cauchemardesque et quasi dystopique de l'Europe, mais ici, à la différence du premier film, on a vraiment su le justifier, car on se place dans une Allemagne de "l'année zéro" immédiatement après la seconde guerre mondiale. Sans avoir opté pour la facilité de se situer pendant la guerre elle-même, on présente quand même une toile de fond facilement identifiable, puissante et pertinente. Les décors de ruines sont saisissants, comme l'ambiguïté et la paranoïa des personnages. On y parlera entre autre du groupe des Werwolf et d'une compagnie ferroviaire fictive ballottée entre son utilité pour la reconstruction et le développement du pays et son passé, son rôle notamment dans les déportations.

Pour trancher avec cela, un personnage principal atypique car presque trop naïf pour ce décor, qui est, mais de façon totalement assumée, anachronique dans tout cela. Sa naïveté sert l'histoire parce qu'il a ce profil qui peut se laisser prendre dans cette machination, mais aussi parce qu'on peut-être dans l'empathie avec lui. Porté par un surprenant Jean-Marc Barr, qui parle peu, mais campe bien le personnage. J'ai été vraiment séduite par son jeu oscillant entre subtilité et regard exagérément écarquillé.

La réalisation fait aussi beaucoup pour le film. A la différence de Element of a crime, le talent évident du réalisateur a été mis au service de quelque chose d'esthétique, et ce, malgré le message parfois grinçant du film. Ce noir et blanc est assez sublime, très travaillé. Les incrustations et superpositions d'images sont à la fois jolies et apportent le côté un peu onirique du film. Les touches de couleurs viennent directement jouer sur nos émotions. Et surtout la mise en scène est ultra soignée. Dans un univers confiné comme ici un intérieur de train sur une bonne partie du film, on a vite fait de tourner en rond, pourtant on nous propose une variété de plans assez remarquable.

C'est un film que j'ai trouvé globalement très réussi, original, avec des réflexions pertinentes et distrayant en prime ; à mon sens le premier grand film du réalisateur. Il lui manque juste ce je ne sais quoi, cette petite étincelle qui aurait pu me le faire classer plus haut dans ma cinetheque. Mais je recommande assez chaleureusement tout de même ce film.

Ah et j'oubliais !!!! Cette fin est absolument époustouflante, que ce soit la dernière action ou l’esthétique du générique de fin, j'ai adoré et ça permet vraiment de terminer en beauté.
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date : 18-10-2023
Ce film m'a été chaleureusement recommandé par le monsieur de ma médiathèque. Alors oui, je sais, à vous ça ne dira rien, parce que vous ne le connaissez pas le monsieur de ma médiathèque. Mais pour moi, c'est mine de rien une personne dont l'avis et les conseils ont du poids, parce que c'est un vrai passionné et j'ai déjà découvert des merveilles grâce à lui. Donc s'il me conseille à ce point un film, et d'autant plus un film comme celui-ci, vers lequel je me serais probablement jamais tournée de moi-même, j'y vais un peu tête baissée et sans réfléchir. Eh bon, bah ça peut pas marcher à chaque fois.

Je ne dis pas que le film est mauvais, c'est un qualificatif trop fort, trop dans le jugement, pouvant laisser croire que j'ai passé un moment non agréable. Ce n'est pas le cas, c'est même un film que j'ai trouvé dans sa globalité distrayant. Je ne suis pas mécontente de l'avoir vu, je n'ai pas perdu mon temps non plus. Mais j'ai trouvé ça gentillet, un peu mièvre même.

Pour vous pitcher la chose, on est dans les années 40, dans une petite ville française de province dans laquelle vient de s'implanter à aérodrome. Un couple, Pierre et Thérèse, va alors se découvrir une passion assez dévorante pour l'aviation. Thérèse se mettra notamment en tête de battre un record de pilotage féminin et sera soutenue dans cette aventure par son mari.

Que les choses soient claires, j'ai compris ce qu'on a voulu me raconter. J'ai compris cette histoire d'amour, extrêmement atypique et moderne pour l'époque. Il y a pas beaucoup de films des années 40 qui présentent des personnages féminins si puissants, indépendants et totalement non érotisés. Il n'y en a pas beaucoup plus qui montrent un mari qui accepte de s'effacer ainsi derrière son épouse. C'est un vrai point d'intérêt du film, je pense.

Mais malgré cette modernité, je n'ai jamais réussi à me projeter dans le film. Ni à me projeter dans les personnages, à m'imaginer à leur place, à être en empathie avec eux. Ni à me sentir impliqué dans l'histoire qu'on me racontait, à m'intéresser réellement aux développements, à l'avancée de l'intrigue. J'ai en réalité trouve ça très attendu et absolument pas surprenant.
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Par exemple, bien sûr que Thérèse va battre le record à la fin, on n'en doute sérieusement à aucun instant, même quand le film laisse planer un doute sur sa mort.
J'ai pas vraiment trouvé d'intérêts au film du coup, son émotion ne m'a pas atteinte du tout.

Vous ajoutez à ça une interprétation qui ne manque pas forcement de justesse au sens "mal joué" mais qui manque cruellement de modernité, pour le coup. On est très théâtral en fait. Ce n'est plus la façon qu'ont les acteurs de jouer aujourd'hui (enfin pour la plupart d'entre eux). Pour ma part, ça a participé encore un peu plus au détachement que j'ai eu vis à vis du film et de ses personnages.

Bref, je redis que le film n'est pas mauvais, mon but n'est pas de vous décourager de le voir, au contraire, si ça vous tente lancez vous, car il peut quand même mériter un coup d’œil. Mais pour ma part, j'ai trouvé ça ni vraiment intéressant, ni vraiment mémorable.
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date : 09-10-2023
Je poursuis ma rétrospective Lars von Trier (merci Arte <3) avec son deuxième film qui, sans être mauvais, me laisse un peu sur ma faim. Si autant j'ai trouvé son premier film, Element of crime, très abouti mais malheureusement pas à mon goût, ici on a l'inverse un film à mon goût mais malheureusement pas totalement abouti.

J'ai énormément aimé le concept du film, cette mise en abyme d'un scénariste et d'un réalisateur, joués par le scénariste et le réalisateur du film, dans leur processus d'écriture d'un film, avec une alternance de passages de création, et d'extraits du film à venir, tel qu'ils se l'imaginent en tout cas, jusqu'à ce que fiction et réalité se mélangent ; le tout accompagné d'un ton flirtant en permanence avec un humour absurde assez délicieux. Il y a clairement un côté film de cinéphile, qui ne peut que se réjouir de cette plongée dans la création d'une œuvre. J'ai honnêtement trouvé le film très distrayant, je ne me suis pas du tout ennuyée, j'ai passé un vrai bon moment en le regardant. C'est servi par une réalisation propre, recherchée juste ce qu'il faut, par exemple avec son noir et blanc, mais sans être complexe ou à réserver à des initiés. De même, si on retrouve un peu le côté dérangeant de Lars von Trier, dans la dernière scène notamment (qui fait une belle référence à son premier film d'ailleurs), et tout du long, dans sa thématique un peu horrifique de l'épidémie, il ne va pas trop loin, sait s'arrêter au bon moment. Ça rend en fait le film étonnamment grand public, je trouve, pour du Lars von Trier (enfin peut-être que je m'emballe là, "accessible" si vous préférez).

Mais là où je trouve que le film n'est pas abouti, c'est qu'il part quand même un peu dans tous les sens, pour au final un message qu'on ne comprend pas vraiment ; on manque un peu de puissance, voire de pertinence dans l'écriture du film. Certaines scènes du film, pourtant pas mauvaises, n'ont pour moi pas de sens dans le film pris dans sa globalité. Je pense à ce personnage qui diserte un long moment sur le vin ou ce personnage qui raconte sa naissance pendant la Seconde Guerre Mondiale. C'était intéressant, mais ça n'apporte rien à l'intrigue, qui parait du coup un peu minimaliste. On peine un peu à comprendre où on veut nous embarquer, ce qu'on veut nous dire. J'ai lu sur internet qu'il fallait voir une critique du capitalisme, eh ben, je n'ai honnêtement rien compris de tel.

En résumé, je pense que c'est plutôt un film mineur dans la filmographie du réalisateur, mais qui m'aura malgré tout fait passer un très agréable moment, et que je n'ai donc pas envie de mal noter.
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date : 08-10-2023
Un bien étrange premier film que nous a fait là Lars von Trier ! Enfin je veux dire, encore plus que les autres en quelque sorte, c'est vraiment une expérience difficile à appréhender, et pour ma part totalement inédite au cinéma.

On nous montre en fait le résultat d'une séance d'hypnose que subit un policier hanté par une ancienne affaire criminelle, pour essayer de clarifier ses souvenirs à ce sujet. Le parti pris de départ est donc de nous montrer littéralement le subconscient du personnage, une sorte de rêve (ou plutôt de cauchemar), qui comme tous les rêves, bah n'est pas toujours bien logique. On aura par exemple des enchaînements de scènes pas forcément cohérents, des dialogues qui mènent parfois un peu nulle part, des décors digne d'une dystopie, faits de ruines, d'inondations,... présentant une vision de l'Europe qui ne cadre pas nécessairement à la réalité. Et tout cela s'ajoute à une réalisation déjà bien complexe et clivante, entre cet (disons le) immonde filtre jaune-orangé-caca et ces inattendus placements et mouvements de caméra qui rendent parfois la perception du décor et de l'espace assez complexe.

Alors que les choses soient claires, je pense que la réalisation du film est assez brillante, d'autant plus pour un premier film, car la promesse est complètement tenue. On obtient précisément le résultat qu'on cherchait à obtenir, il se dégage du film une ambiance torturée et glauque, qui clairement nous interpelle et nous restera en mémoire. Maintenant, est-ce que je peux dire que j'ai aimé ce que j'ai vu ? Bah pas réellement.

Je n'ai pas vraiment retrouvé, à la façon d'un film d'horreur par exemple, ces émotions fortes qui deviennent plaisantes à leur manière. J'ai juste trouvé l'expérience un peu dérangeante. Peut-être aurait-il fallu miser sur des moments d'interprétation plus puissants ? Ou sur une BO plus présente ? Ou accorder plus de place à l'intrigue policière ? Car on n'a finalement pas grand chose d'un film policier "classique" tant l'enquête qui est menée est réduite à sa portion congrue, avec un dénouement que j'avais pour ma part deviné depuis un bon petit moment. C'était en plus dans tous les cas une enquête sur des meurtres finalement peut-être un peu trop simplistes ? Presque trop gentillets par rapport à l'ambiance qu'on cherche à produire.

Je classe quand même le film en liste bronze, déjà parce que je le pense parfaitement réussi à sa manière, même si ça ne m'a pas parlé plus que ça, mais aussi parce que j'apprécie le fait que le réalisateur soit vraiment allé au bout de son idée, sans faire de compromis sur grand chose, et avec les excès que ça implique peut-être.
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date : 01-10-2023
J'avoue que ce film me sèche un petit peu. C'est un film à la fois long, 2h30, et dense, on y traite de beaucoup de choses, de beaucoup de sujets, des sujets pas faciles en plus, sexualité et religion en tête. Donc très franchement, là, en réaction à chaud, je n'ai absolument pas la prétention de dire ou penser que j'ai compris l'intégralité du message du film. Je pense que c'est un film qui gagnera vraiment à être médité, à être laissé décanté, à être revu peut-être. Mais malgré cette impression d'être un peu perdue, ce que j'ai compris ou crois avoir compris du film m'a globalement plu et éclaire même d'un regard nouveau d'autres films du réalisateur que j'ai vus. J'ai notamment noté pas mal de sujets communs avec Antichrist, mais dans une version peut-être un peu plus subtile ; apparemment il y a pas mal de parallèles aussi à faire avec "Dancer in the Dark", mais je ne l'ai pas vu.

Alors pour essayer de décrire ce film, sans trop en dévoiler non plus. On suit le personnage de Bess, qui a une légère fragilité psychologique et est très croyante (il n'y a pas de lien de cause à effet entre ces deux infos, je précise, au cas où... Lars von Trier ayant un goût pour la provocation, tout est possible avec lui, mais non, il n'y a pas de malice ici), qui épouse l'homme qu'elle aime, Jan. Malgré un vague sentiment de malédiction dès le début du film, et un entourage qui n'approuve pas nécessairement cette union, les débuts de leur couple sont plutôt heureux, avec entre autre une joyeuse découverte de la sexualité pour Bess. Ça sera peut-être déjà, à ce moment, un film un peu trop cru pour certains ; moi j'ai trouvé que ça avait plutôt du sens : c'est effectivement au début d'une relation qu'on a la vie sexuelle la plus active, non ?

Le film bascule ensuite dans quelques choses de bien plus dérangeant, puisque Jan se blesse, est paralysé et sera dans l'incapacité de poursuivre une vie sexuelle "normale" avec sa femme. Il va alors lui demander de coucher avec d'autres hommes et de lui raconter, pour vivre ces moments par procuration, mais aussi avec l'espoir qu'elle tombe amoureuse d'un autre homme, et ne passe pas sa vie coincée avec lui. Puis en version très résumée, tout le reste du film traitera des états d'âmes compliqués de Bess, entre culpabilité, religion, jugement des autres, amour pour son mari, et j'en passe.

Je redis que je ne prétends pas avoir tout compris, puisque ce film trace une frontière extrêmement floue entre le bien et le mal. Le personnage de Jan est notamment très compliqué à faire rentrer dans l'une ou l'autre de ces cases. Mais j'ai aimé la puissance et l'originalité du personnage de Bess. Par ailleurs, j'ai apprécié le fait que malgré le fait qu'elle soit entourée de personnages dans le jugement, voire le rejet, avec parfois des mots ou des actes très durs, une vision des choses parfois très arrêtée, le message du film reste lui très clair au moins sur un point. On a clairement un rejet de ces schémas de pensées, un rejet d'une morale religieuse hypocrite. Si les personnages sont durs avec Bess, le film est au contraire très tendre à son égard je pense, et sa bizarrerie n'empêche pas de voir une histoire d'amour belle à sa manière.

Cerise sur le gâteau, une interprétation simplement impeccable d'Emily Watson et des qualités techniques indéniables au niveau de la réalisation, notamment un travail de l'image très intéressant, avec un rendu vieillit, un peu jaunâtre, des paysages écossais à couper le souffle. D'ailleurs, allez à Neist Point si vous en avez occasion, il y a vraiment une ambiance de fin du monde, qui colle bien au film - ça sera le final "office de tourisme" de ce commentaire.

Edit : après réflexion, c'est le film le plus ambitieux, le plus audacieux, le plus original, et probablement le plus complexe que j'ai vu durant l'année 2023. J'ai en plus passé un bon moment, et l'interprétation d'Emily Watson est toujours gravé dans mon esprit. Pour cette raison, j'ai choisi de basculer le film dans ma liste diamant (et pour l'anecdote, le second meilleur film que j'ai vu en 2023 est Dogville, de Lars Von Trier également)
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date : 01-10-2023
Je ne suis pas franchement sensible au cinéma de Christopher Nolan, je ne vais pas m'étendre sur les raisons, j'ai fait des commentaires sur ses autres films qui expliquent en long, en large et en travers pourquoi. Mais pour le coup, j'ai passé un bon moment devant Dunkerque, qui est à ce jour celui de ses films que j'ai préféré. Après je dis ça très certainement parce que c'est le film de Nolan qui ressemble le moins à un film de Nolan... Donc je suis pas totalement sûre que ce soit un compliment quand ça sort de ma bouche ; mais faites pas les difficiles, prenez ce qu'il y a à prendre, c'est pas tous les jours que je dis du bien d'un film de ce réalisateur !

Bon, on retrouve un peu son style quand même, on n'est pas sur un enfant complètement illégitime, je pense notamment à la narration non linéaire, MAIS, à la différence de ses autres films :

1- Je n'ai pas ressenti une volonté de perdre le spectateur dans les méandres de cette narration abracadabrantesque. Ce n'est finalement qu'assez tard qu'on comprend que la narration n'est pas littéraire, à peu près vers la moitié du film, quand le personnage joué par Cillian Murphy (qui n'a pas de nom, sauf erreur ?) intervient dans une 2ème ligne temporelle, nous faisant comprendre que ces événements sont en réalité antérieurs à la 1ère ligne. Ça fait un petit twist sympathique, mais ça va pas chercher plus loin, on ne va pas se casser le cerveau dessus, ça se comprend en 10 secondes environ et ça ne pollue pas l'appréciation du reste du film.

2- Je n'ai pas eu, pour une fois, l'impression qu'on ait misé que sur ça pour faire un film marquant. C'est même assez anecdotique en réalité ce mode de narration. Ce n'est absolument pas ça qui vous vient à l'esprit spontanément si vous devez décrire le film, alors que c'est probablement le premier truc auquel vous pensez si je vous dis Inception ou Tenet. Et pour moi, vraiment, tant mieux, parce que ça permet de se concentrer sur des choses bien plus importantes, du moins à mon sens.

Parmi ces choses, bah la réalisation déjà. Et surtout, en fait. On est sur un pur exercice de style de mise en scène de film de guerre, aussi bien sur terre, sur mer (et sur de vrais navires s'vouplé), que dans les airs. Est-ce que ça réinvente la poudre, change la donne ou apporte une vraie nouveauté au genre du film de guerre ? Non, puisqu'on ne déborde ni de style, ni d'inventivité, les scènes dans les airs notamment, je suis assez certaine que même dans Star Wars on en a des similaires, que Georges Lucas avait lui-même déjà pompé sur de vieux films de guerre. Mais c'est techniquement très propre, bien fait, et avec un rendu ma foi plutôt impressionnant, tout en restant précis, épuré et de bon goût (ce qui ne sont pas les qualités premières de Nolan selon moi). J'ai pas vu le film au cinéma, mais juste à la maison avec un projecteur, et franchement ça avait déjà sérieusement de la gueule et une vraie puissance immersive. C'est à ce jour la seule nomination de Nolan à l'Oscar du meilleur réalisateur, et c'est effectivement pour moi le seul de ses films où il mérite réellement des louange pour sa réalisation. Petit mot sur la BO au passage, qui soulignait globalement très bien l'action, malgré quelques lourdeurs parfois.

En toute honnêteté, moi quand je voyais des interviews de Nolan en mode "essayez pas de comprendre mes films, il faut juste les ressentir blablabla", jusqu'à présent, je me disais "bullshit". Mais là, dans ce film, j'ai trouvé ce qu'il m'annonçait. J'ai trouvé une vraie expérience de cinéma autour du film de guerre et je suis simplement contente d'avoir vécu cette expérience ; même si elle n'est pas fondamentalement novatrice.

Après, le film est-il parfait ? Non. Clairement, non. On est sur un scénario, plus ou moins inexistant, avec un sens du réalisme historique tout à fait relatif. Il n'y a quasiment pas de développement des personnages non plus. On arrive à percevoir un peu la personnalité de certains, mais d'autres restent d'illustres inconnus jusqu'à la fin du film. Par exemple, le personnage joué par Tom Hardy (qui n'a pas de nom non plus, je crois ?!), on sait vraiment littéralement rien de lui. D'ailleurs, rien que le fait que je n'ai pas de noms pour désigner les personnages est frustrant et déshumanisant. On encore, le personnage dont le seul trait de caractère est "être français", c'était une blague ? On n'a pas non plus le début d'une info sur qui sont tous ces gens dans leur vie en dehors de la guerre, ce qui prive le film d'un niveau de profondeur supplémentaire, alors même que j'ai sincèrement cru qu'on allait y venir à un moment.
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Mais pourquoi Cillian Murphy porte une alliance ?! Et pas un petit anneau discret, on est sur la grosse bagouze que l'on voit très bien sur de nombreux plans, clairement, le réalisateur voulait qu'on voit cette alliance, qui interpelle d'autant plus qu'il y a côté anachronique à voir un militaire en opération avec un bijou. Je n'arrive pas à croire que c'est juste un faux raccord, parce si s'en est un, il est vraiment énorme. Je veux dire ce n'est pas possible, ça ne peut pas être la vraie alliance de l'acteur, de sa vraie vie, de son vrai mariage, avec sa vraie épouse. Le réalisateur, le costumier, l'acteur lui-même, ils n'en sont pas à leur premier film, il a forcément quelqu'un qui aurait réagi. Ou alors, si c'est la vraie alliance de Cillian Murphy par facilité d'usage, parce que c'est plus simple que d'acheter ou fabriquer un bijou à la bonne taille pour le film, on ne montre pas un bijou si personnel dans un film sans raison. J'ai vraiment cru que ça allait avoir du sens à un moment de l'histoire. Et non. Non sujet. On n'en parle jamais. Ça peut sembler anecdotique, mais non, ça a été une vraie déception pour moi. [/spoiler]

Là on touche du coup, assez frontalement aux limites du film expérience. D'une part, ce manque de scénario provoque des longueurs. On n'a rien pour se rattraper aux branches, si vous ne rentrez pas dans le film, vous allez assurément passer un moment d'un ennui profond. Le film n'est pourtant pas très très long, et même court pour du Nolan, mais je le trouve pourtant encore trop long. D'autre part, si on a un minimum d'empathie pour les personnages, parce qu'on est des êtres humains quand même, la projection est, elle, très difficile. Émotionnellement, on n'est pas touché autant qu'on aurait pu l'être devant la gravité de la situation.

Et il est là le vrai défaut du film en fait. Parce que cette anonymisation des personnages, c'est un parti pris du film, c'est pas juste "oups j'ai oublié lol", et un parti pris que je ne condamne pas par lui-même. Je pense complètement qu'on peut faire un bon film avec des personnages peu développés et/ou un scénario de timbre poste. Mais pour ça, il faut que l'émotion y soit, qu'il y ait un message et une raison à ça. Le contre exemple qui m'est venu à l'esprit en regardant le film, c'est la série Chernobyl, alors absolument pas sur le même sujet, mais qui a aussi ce côté expérience globale qui prime sur le développement des personnages, dont on sait pour la plupart absolument rien, ou si peu, et qu'on ne voit qu'un court temps à l'écran, souvent le temps d'un seul épisode. Mais pourquoi ils ont fait ça dans cette série ? Pour mieux rendre hommage à ces masses d'anonymes qui se sont littéralement sacrifiées pour sauver le reste du monde, plutôt que de faire émerger un unique héros finalement pas réaliste - et là le lien avec le film de guerre devient moins déconnant - et on a malgré ça une émotion qui nous submerge de bout en bout de la série. On aurait pu faire exactement la même chose avec Dunkerque, avec le même message, la même puissance, mais ce n'est pas le résultat qu'on a au final. L'anonymisation des personnages passe ici plutôt pour une lubie de scénariste, au rendu extrêmement froid.

Étant sûrement lui-même conscient de ce défaut, Nolan a quand même essayé d'ajouter des touches émotionnelles à là fin, pour réchauffer un peu tout ça. Eh là il est papa, voilà qu'on le retrouve le Nolan que je connais : il a fait de la merde ! (Bah oui, vous pensiez quand même pas que j'allais être à peu près sympa pendant tout un commentaire ?!) A la différence de la série Chernobyl, on nous propose ici un ramassis de bons sentiments, surjouant l'héroïsme individuel des personnages, qu'on a pourtant nié pendant tout le film au profit du collectif. [spoiler]Mais vraiment, que ce soit le "sacrifice" de Tom Hardy, dont on se contrefout, puisque comme expliqué plus haut, le seul attachement qu'on a pour lui, c'est parce qu'on est tous un peu amoureux de Tom Hardy, mais son personnage, le film ne nous donne rien à aimer. L'autre sacrifice, encore plus ridicule je crois, de Kenneth Branagh (oui j'essaye même plus de me souvenir des noms des personnages...), en mode je vais arrêter l'Allemagne Nazie à moi tout seul, tel Gandalf devant le Balrog, sauf que lui il a pas de pouvoirs magiques. L'article dans le journal, plus cliché tu meurs, à la gloire de Barry Keoghan, mort de façon absurde. Harry Style qui nous fait une dépression dans le train, on sait même pas tout à fait pourquoi... Pfiou, mais quelle lourdeur cette fin !! Et j'en reviens à Cillian Murphy (noooooon, je suis pas du tout en train de faire un blocage), c'est peut-être le seul qui avait, sur toute la durée du film, un personnage qui venait créer des émotions, et pour le coup pas uniquement parce qu'on est tous un peu amoureux de lui également, mais parce qu'on le retrouve dans une position de vulnérabilité extrême, on le sauve donc on s'attache à lui, on le sent très choqué, pas dans son état normal et surtout absolument terrifié par les évènements. Même si on ne sait pas qui il est, on l'a le pincement au cœur avec son personnage. Et il finit comment ?! Bah il ne finit pas. Il débarque en Angleterre, on le perds dans la foule, goodbye sweetheart, et on passe à autre chose. C'est pourtant LE SEUL personnage pour lequel il aurait été logique de créer une happy end, même complètement artificielle et pas originale, je ne sais pas moi, il retrouve la femme que je lui ai inventé plus haut et peut-être même ses mioches, verse sa petite larme, nous aussi et on est heureux. Bah non, on nous a pas offert ce moment. Vraiment, parfois le manque total de sens cinématographique de Christopher Nolan me fait peur...
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date : 30-09-2023
Je suis un poil partagée par ce film. Je pense qu'il est bon, vraiment, objectivement, c'est un très beau film même, il n'y a pas de doute. Mais à titre personnel, il n'a pas su me cueillir, et m'a même carrément perdu à un moment, ce qui forcément s'impacte dans ma notation.

Techniquement parlant, je n'ai vraiment pas grand chose à redire. La réalisation est superbe, avec un vrai regard précis et pointu de cinéaste, qui laisse rien au hasard, nous pond des plans d'une précision folle, a un travail absolument impeccable sur la lumière et les couleurs. Certaines scènes sont d'une beauté et d'une puissance assez exceptionnelle, la scène sur le fleuve et le match de foot sans ballon m'ont notamment particulièrement marqué. Le travail de direction d'acteurs semble aussi assez remarquable. Ça m'a fait penser un peu à du Ken Loach, avec des acteurs non professionnels pour la plupart, mais qui ont certainement une histoire personnelle très proche des personnages qu'ils interprètent, ce qui les rend criant de vérité.

Mais par contre l'intrigue du film... Je suis passée complètement à côté. Bien entendu qu'il y a des thématiques assez claires qui ressortent, que ce soit le football, la musique, la place intéressante qu'on donne aux femmes dans ce film, qui dégagent toutes de la puissance, ou encore la coupure nette que l'ont fait entre ces absurdes extrémistes et l'islam qui est pourtant une religion avec de belles valeurs (quoi que, maintenant que je l'écris, j'en suis même plus vraiment convaincue, on a parfois un ton un peu complaisant avec les djihadistes, comme si on devait les prendre en pitié, considérer qu'ils sont eux-mêmes des victimes, qui m'a dérangé par moment). Bien sûr que j'ai vu tout ça. Mais je n'ai pas compris pourquoi on l'a noyé dans ce montage éclaté, cette chronologie parfois un peu brumeuse, ces scènes et bouts d'intrigue qui ne mènent pas à grand chose, ces personnages qu'on ne voit parfois que dans une seule scène. Pour moi ça dilue le message, ça le rend moins pertinent, car on peine sérieusement à s'attacher aux personnages et à se projeter dans l'histoire.

Quand je dis plus haut que le film m'a perdu à un moment, ce n'est pas une façon de parler, c'est la vérité. A un moment je me suis surprise à même plus lire les sous-titres, et à juste regarder les jolies images défiler sous mes yeux. Alors oui, c'est déjà ça, c'est mieux que certains autres films qui n'ont même pas ça. Mais moi ce n'est pas franchement ce que j'espérais quand je suis venue voir ce film.
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Film italien découvert au hasard du catalogue de replay d'Arte, qui est une vraie bonne surprise pour moi. On va pas se mentir, j'avais jamais entendu parler du film, du réalisateur ou des interprètes avant de tomber dessus, le synopsis m'a attiré donc j'y suis allée, mais j'en attendais clairement pas grand chose. Et c'est peut-être les meilleures découvertes que l'on fait ainsi, car je suis restée assez scotchée, et par tous les aspects du film en plus. L'histoire est originale, intéressante et touchante, c'est bien filmé et bien joué. Franchement, que demander de plus ?

On va donc suivre cette famille un peu particulière, composée d'Elena, la mère de Vincent, qui a un handicap, puisqu'il est autiste ; ce qui forcément a un fort impact sur la vie de sa mère, qu'on sent un peu au bout du rouleau. Elle est épaulée par son compagnon Mario, père adoptif de Vincent ; puisque son père biologique, Willi, l'a quitté quand elle était encore enceinte et ne connaît pas du tout son enfant. Willi revient d'une façon totalement inattendue dans sa vie, souhaite voir son enfant, découvre son handicap, et... s'enfuit avec lui, pour un road-trip musical, à travers l'Italie, la Slovénie et la Croatie.

Beaucoup de choses, beaucoup de thèmes donc dans ce film, qui va aussi bien nous parler frontalement du handicap et son acceptation, ou des responsabilités qui vont avec la parentalité / paternité, mais aussi de plein d'autres thèmes plus subtiles, ou du moins qu'on attendait pas nécessairement au départ. La musique et l'art sont très présents. La question de la communication au sein de la famille est omniprésente. Vincent est aussi un ado comme les autres, qui fait un plaisant chemin initiatique avec ce voyage. On nous parle aussi de l'Europe, oui oui, avec cette traversée de plusieurs pays, plusieurs cultures, mais aussi à travers des thèmes d'actualité forts, comme quand on nous montre les routes empruntées par les migrants. On aurait pu se perdre dans ce gloubi-boulga de thématiques, mais pas du tout. Chaque chose est à sa place, et à sa juste place, a du sens sans jamais tomber dans quelque chose qui semble forcé ou lourdingue. C'est un film subtile, sensible, et même émouvant par moment.

Comme je l'ai déjà dit, le film est en plus vraiment joli à regarder, car on va montrer de nombreux paysages et lieux. On fait parfois des choix d'univers visuels très intéressants, par exemple cet ensemble de scènes dans cette communauté circassienne ; c'était vraiment objectivement très esthétique, même pour moi qui ne suis généralement pas sensible à l'univers du cirque. La musique est pas mal présente, alors pas forcément des créations originales, mais il y a un usage intéressant de musiques contemporaines et parfois assez populaires, qui donnent un côté assez universel à l'histoire. Cerise sur le gâteau, c'est donc globalement bien joué. Mais il y a surtout un acteur qui est bluffant et crève l'écran, c'est l’interprète de Vincent, un certain Giulio Pranno ; je ne sais pas qui est ce jeune homme, mais vraiment, il porte le film sur ses épaules et sait nous embarquer avec lui.

Le seul regret que je pourrais avoir, c'est sur le caractère un peu surréaliste du film. On a parfois du mal à y croire, et dès le début d'ailleurs. On n'arrive pas vraiment à justifier le fait que la mère et le beau-père "laissent faire" les choses, et ne préviennent pas la police notamment. Après bon, je comprends bien qu'il fallait aussi laisser au film la chance de pouvoir dérouler son histoire, et donc pas couper l'herbe sous le pied tout de suite, mais je pense que ça aurait dû être fait autrement, d'une façon plus cohérente et acceptable pour le spectateur. De même pour les ellipses et autres coupures parfois un peu grossières dans l'intrigue.
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date : 23-09-2023
Si autant je suis une bonne cliente pour les thrillers, et même les thrillers horrifiques, le vrai cinéma d'horreur m'a lui toujours profondément ennuyé. Mais de temps en temps, je vois passer un synopsis qui me parle et je m'y aventure quand même. C'est ce qui s'est passé ici : la thématique des insectes m'intriguait, j'en avais en plus eu plutôt de bons échos, donc je me suis lancée.

Même si ma notation est assez mesurée, je ne peux pas dire que je regrette ce choix, car c'est un film que j'ai trouvé dans l'ensemble distrayant, même si le rythme est parfois trop mou, je n'ai pas du tout passé un mauvais moment et donc je suis plutôt contente de l'avoir vu. J'ai trouvé le film assez bien fait techniquement parlant, malgré je pense des moyens financiers pas illimités. C'est bien joué, déjà je tiens à le dire, car ce n'est pas franchement toujours le cas dans le cinéma d'horreur où on peut vite tomber dans des excès désagréables ; et d'autant plus quand on a des enfants et adolescents acteurs, comme ici. C'est également bien filmé, avec un univers visuel qui nous marque et qui participe grandement à l'ambiance du film. Cette maison isolée, cette nature un peu sauvage, et surtout les serres, c'est des choses qui restent réellement imprimés dans notre mémoire une fois le film terminé.

Là où ça se gâte pour moi, c'est sur le scénario. Et pourtant il y a plein de bonnes idées dans le scénario ! La thématique de l'élevage d'insectes, et avec elle la thématique d'une alimentation du futur, plus durable, plus écologique, si on n'est pas en plein dans des débats d'actualité, je ne sais pas où on est. Cette femme agricultrice, qu'on sent au bout du rouleau, car on sait ce métier dur et sous payé, alors que pourtant indispensable dans la société. C'est un personnage hyper fort, renforcé encore par l'aspect famille monoparentale, qui lui donne d'autant plus de puissance et de mérite.
Spoiler(cliquez pour révéler)
C'est très courageux aussi d'avoir rendu cette famille monoparentale non pas par un divorce ou une séparation, mais à cause du suicide du père : c'est pas un schéma qu'on a déjà vu partout. [/spoiler]Donc vraiment, les bonnes idées ne manquent pas. Mais bon Dieu, pourquoi on n'en a rien fait ?! C'est là, sous nos yeux il aurait suffit de dérouler la pelote, d'en parler un peu, mais non. On l'évoque un peu, quelques secondes par sujet, mais on ne traite rien. J'ai trouvé ça hyper décevant.

Vous ajoutez à ça les maladresses habituelles du cinéma d'horreur, avec forcément un côté un peu excessif, et des personnages qui prennent parfois des décisions tellement mauvaises qu'on fini par se demander s'ils sont pas un peu stupides. Sans oublier les bouts d'intrigues un peu tout fait, qu'on voit venir à 3 kilomètres et gâchent carrément la surprise [spoiler]: vous en connaissez beaucoup, vous, des films d'horreur qui vous font vous attacher à un animal de compagnie, si c'est pas pour le tuer ensuite ? On le sait dès qu'on l'a voit que cette chèvre va être bouffée par les criquets !
Et enfin une nuée pourtant annoncée dans le titre du film, mais qu'on ne voit finalement pas beaucoup. L'ensemble ne me marquera donc pas plus que ça. Il y a un petit goût de David Cronenberg du pauvre quand même.

Ah et j'ai une question con : les insectes qu'on voit dans le film sont clairement des criquets, pas des sauterelles. Pourquoi donc on parle de sauterelles pendant tout le film ?!
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date : 10-09-2023
J'ai un rapport très personnel et viscéral à ce film. Je l'ai vu quand j'avais une dizaine d'années, c'était probablement pas un age très adapté pour le voir, mais bon, que voulez vous, c'est ainsi, on refait pas sa vie. Et là où pleins d'autres enfants de cet age se seraient probablement copieusement ennuyés, moi je suis restée complètement abasourdie et j'ai littéralement eu une révélation. C'est la première fois de ma vie que j'ai compris qu'on pouvait aussi faire ça au cinéma. Faire autre chose qu'une commerciale machine à distraction, mais juste arrêter le temps avec une pureté incroyable. Réussir cette magie d'en seulement 2h-2h30 venir nous raconter une histoire grave, qui vous fauche en plein vole, vous bouleverse et vous marque durablement ; vous faire vous attacher à des personnages que vous ne connaissiez pas avant, mais que vous n'oublierez plus jamais. Proposer une interprétation aussi profonde que celle d'Adrien Brody ou une réalisation qui est autre chose qu'une simple succession d'images, mais qui aura été savamment pensée et réfléchie, pour servir l'histoire. User de cette façon de la musique dans un film. Franchement, c'est LE film qui m'a fait aimer le cinéma. Je veux dire, vraiment aimer ça, m'y intéresser pour de vrai. S'il n'avait pas été là, il y en aurait sûrement eu un autre, mais ça a été celui là.

Alors oui, j'aurais pu renier ce film depuis. Peut-être bien qu'on en a fait de meilleurs sur cette période de l'histoire. Peut-être. J'aurais aussi pu hurler avec la meute et dire que la distinction entre l'homme et l'artiste est une abomination et que Polanski et ses films sont à enfermer dans un placard dont on oubliera la clé. J'aurais pu. Mais la vérité c'est que j'en suis parfaitement incapable, car ce film est et restera, pour toujours, le film le plus important de ma vie.
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date : 10-09-2023
Surprenant premier film de Jim Jarmusch, car pas mal abouti et bien ficelé dans son intention, on y retrouve déjà son style et les thématiques qui lui sont chères, et qui préfigurent l'ambition de ce réalisateur. Sur fond d'une hypnotique B.O. jazzy, et d'une réalisation un peu étriquée, tout en plans fixes, on y suit le personnage d'Allie Parker dans un New-York sale, pauvre et désœuvré. Est-ce qu'il est perdu ou est-ce qu'il fuit ? Ça, ça sera à vous de le déterminer, le film ne donnera pas de réponse claire. Dans son périple, on va croiser tout une galerie de personnages étranges, mais partageant cette même détresse, tristesse ou nostalgie d'une Amérique qui n'a finalement peut-être jamais existé. Le résultat est un film à ambiance, qui se ressent plus qu'il ne se comprend réellement, laissant de côté narration et développement de personnages, tel qu'on l'entend généralement. Ce n'est honnêtement pas forcément ce que je préfère à titre très personnel, donc je n'irais pas plus haut dans ma notation, mais je ne peux nier que c'est bien fait, que le film mérite un coup d’œil et qu'il est venu remuer certaines choses chez moi.
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date : 05-09-2023
Ce film a fait un flop total à sa sortie, puisqu'elle s'est faite directement en DVD, sans passer par la case cinémas. Alors personnellement, quand j'entends ça, ça me donne un peu envie de fuir, car on imagine logiquement un film complètement nul. Eh bah non en fait ! C'est un film que j'ai trouvé hyper sympathique, et j'ai honnêtement passé un très bon moment.

Alors je ne dis pas non plus que le film est parfait ou que c'est un chef d’œuvre à ne surtout pas manquer, mais franchement il en vaut d'autres, et même des films bien plus connus. Malgré quelques approximations, c'est une comédie romantique que j'ai trouvée rafraîchissante, attendrissante et originale. L’écriture des personnages est bonne, on sait les faire évoluer au cours du film et il y a une morale qui tient la route, qu'on peut assez facilement transposer à sa propre vie amoureuse. C'est plutôt bien jouée et réalisée. Bref : j'en demande personnellement pas plus d'une petite comédie romantique sans prise de tête.

Pour parler quand même un peu de l'intrigue, on suit donc le personnage de Neil, ce nerd tenancier d'un vidéoclub ringard à souhait ; on sent bien ici l'influence du cinéma indépendant américain, qui adore sublimer ce genre de loser - en toute amitié. C'est un personnage que j'ai trouvé vraiment adorable. Bien sûr qu'il y a une pointe de caricature, dans son côté très émotif par exemple, mais c'est bien dosée, et ça n'empêche pas de voir le potentiel du personnage. C'est un vrai personnage de gentil, comme on en voit finalement assez peu. Il y a une grande tendresse dans l'écriture de ce personnage, que j'ai trouvé hyper attachant. C'est le genre de personnage qu'on voudrait connaître dans la vraie vie quoi. Il est servi par un plutôt surprenant mais très convainquant Cillian Murphy, que je n'avais personnellement jamais vu dans un rôle comique et aussi souriant, alors que ça lui va très bien également.

La vie de Neil va être bouleversée par l'arrivée inattendue de Violet. On est ici sur un personnage beaucoup plus excessif et caricatural, et plus ambigu dans ses intentions, du coup la projection sera moins facile. Mais pour compenser, c'est sur elle que reposera l'essentiel des ressorts comiques du film, puisque sa passion dans la vie c'est de faire des farces (parfois assez horribles) à son nouvel amoureux. Elle manque clairement un peu de réalisme, mais elle dispose également de scènes plus posées, plus sérieuses, qui ne rendent pas improbable la naissance de sentiments amoureux entre elle et Neil. Elle est jouée par Lucy Liu, elle aussi convainquante, car alternant à merveille entre ce registre complètement décalé et ce registre plus dans la tendresse. Elle présente en prime une complicité palpable avec son partenaire de jeu ; c'est très cucul la praline ce que je vais dire, mais ils sont juste mignons tous les deux. Il y a un coté immature, un peu adolescent dans leur couple ; ça aurait pu être un défaut, mais pas du tout, car c'est totalement recherché et assumé, du coup ça les rend au contraire vraiment charmants.

Leur histoire se déroulera sous nos yeux avec un rythme franchement accrocheur, enfin personnellement je ne me suis pas du tout ennuyée. On a une succession de scènes et situations souvent surprenantes et inattendues ; ce qui fait franchement du bien dans une comédie romantique, parce qu'en la matière, on a parfois l'impression de toujours voir le même film. La réalisation, sans déborder de style ou de recherche, est globalement propre. Il y a quelques maladresses et effets mal dosés (la scène musicale notamment, avec cette image coupée en 4, c'était d'un kitch...), mais j’apprécie le fait qu'on ait quand même tenté des trucs, les effets sur les miroirs et les écrans par exemple, les références cinémas à foison, les couleurs légèrement acidulées, etc. La BO est discrète, inexistante dans certaines scènes, mais fait le job quand elle est là. Les costumes et décors n'étaient probablement absolument pas recherchés pour l'époque, mais développent aujourd'hui une esthétique typique des années 2000, qui mine de rien commence à avoir son charme suranné.

Dans les moins, je mettrais l'interprétation malheureusement inégale. Si les deux interprètes principaux sont justes et crédibles, sur les rôles secondaires c'est plus approximatif, et parfois d'un niveau très bas. Je pense par exemple à l'actrice qui joue Denise, la première copine de Neil, franchement heureusement qu'on ne la voit que dans une ou deux scènes, je n'aurais pas supporté tout un film avec un jeu si mauvais...

Par ailleurs, l'humour du film n'est lui pas toujours d'une finesse remarquable. On aura de la blague pipi caca et sous la ceinture à plus d'une reprise. Même si ça n'atteint pas du tout les sommets de mauvais goût parfois vu dans les comédies américaines (ce n'est pas American Pie quoi, rassurez-vous) c'est quand même là, et c'est à double tranchant. Clairement ça ne plaira pas à tout le monde. Tout comme le côté excessif et peu réaliste de certaines scènes, ou du personnage de Violet : j'en suis sûre, c'est parfaitement recherché, c'est pas une faute d'écriture mais une vraie volonté, mais là encore, ça peut cliver.

Je surnote peut-être un peu le film, une liste bronze serait sûrement plus juste, mais dans l'ensemble c'est sincèrement un film qui m'a fait passer un très bon moment et me laissera un agréable souvenir. En vrai, je suis un peu tristounette de son absence totale de succès, il aurait clairement mérité un meilleur sort, car je pense carrément que ça aurait pu trouver un public.
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date : 15-08-2023
J'ai trouvé ce film sympathique, mais il me laisse un certain sentiment d'inachevé. Un peu comme une sorte de Pulp Fiction inabouti.

On est vraiment dans le film américain indépendant type, mais si vous savez, ce quasi genre à part entière qui transforme des losers en héros, comme Vincent Vega dans Pulp Fiction donc, mais aussi comme The Big Lebowski, Fargo, Ghost World, Blue Ruin plus récemment ou encore d'une certaine manière Rocky (et on a même Steve Buscemi, spécialiste du genre, au casting). On va ainsi suivre entre autres, une femme en deuil, des gangsters ratés et surtout ce jeune couple de japonnais fans d'Elvis, qui passe ses premières vacances à Memphis, ils sont mignons tout plein, et ont clairement quelque chose d'universel, qui font qu'on se sentira proche d'eux. On les connait déjà, en fait, ces personnages.

Chaque groupe de personnages représente une ligne temporelle, qui vont bien sûr se croiser à la fin. C'est indéniablement efficace, mais là encore, c'est une construction qu'on a déjà vue très souvent. Il n'y a peut-être que les quelques touches de fantastiques qui donnent une petite originalité (encore que...) mais elles sont pas assez nombreuses pour apporter une véritable plus-value au film. L'ensemble est un peu terne, avec un rythme un peu trop plan-plan, sans véritables enjeux.

Après tout est bien fait. C'est globalement bien joué. La réalisation est soignée malgré, j'imagine, pas de très gros moyens. Il y a vraiment un univers visuel marqué et recherché. Un vrai regard aussi au niveau du chef opérateur, avec une superbe photographie. Il y a vraiment ce petit truc qui nous fait dire que c'est un beau film, qu'on est content d'avoir vu ; mais ça ne suffit pas toujours.
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date : 01-08-2023
J'annonce la couleur tout de suite : je ne suis pas particulièrement amatrice du cinéma de Christopher Nolan, pour un certain nombre de raisons, que je ne vais pas exposer ici - j'en ai déjà parlé dans mes commentaires sur d'autres de ses films. Mais je tiens à préciser que ce n'est pas par contrainte ou en traînant les pieds que je suis venue vers ce film, je n'y suis pas allée en ayant envie d'en dire du mal, j'y suis allée au contraire avec curiosité et espoir, car son sujet et son casting me faisaient bien envie. Par ailleurs, je trouve qu'il y a une réelle cohérence à ce que ce soit ce réalisateur qui s'attaque à ce sujet, à ce personnage historique. Je ne pense pas que ce soit un effet de style calculé ou un passage obligé pour le réalisateur de faire un biopic. De façon évidente, la science d'une part, et le temps et ce qu'on laisse comme trace dans l'histoire d'autre part, sont des thèmes qu'il aime, qu'il a déjà souvent traités dans son œuvre, qui parfois ont été obsessionnels même. Je pense sincèrement qu'il était le parfait candidat pour le biopic sur Oppenheimer, car à même de proposer une réflexion construite à son sujet.

Après, malheureusement, pas de miracle à l'arrivée pour ma part. Je n'ai pas passé un mauvais moment (ce que je ne peux pas dire de tous ses films) mais ça n'a pas franchement su me cueillir pour autant, et je ne peux me défaire d'une impression de réalisateur beaucoup trop surcoté.

Commençons par le positif.

Le sujet est important, historique, mis en lumière par un rythme soutenu et une construction de film empruntant souvent, et avec efficacité, au thriller politique. En clair : malgré les 3h de film, ce qui commence à être une durée assez respectable, et sur des sujets aussi arides que la mécanique quantique et le maccarthysme, bah je me suis pas ennuyée. Et ça c'est quand même indéniablement une belle performance. Ça n'y semble peut-être pas de prime abord, mais le film est grand public. Vraiment, j'ai trouvé qu'on se laissait complètement prendre au jeu de la création de la bombe et de l'après, même si on connaît déjà l'issue.

Fin du positif.

On m'avait promis une plongée dans la pensée et les états d'âme d'Oppenheimer. Eh bien... Si quelqu'un les a vu ou compris, qu'il me fasse signe, car moi j'ai rien compris du monsieur. Et pourtant, je suis la première à regretter les films manichéens, où on est gentil ou méchant ; je suis la première à trouver plus intéressant d'aller explorer la multitude de possibilités existantes entre ces deux extrêmes. Mais encore faut-il bien le faire. On construit là un personnage extrêmement froid, distant et secret. Nolan se prend les pieds dans son propre piège, en s'enfermant dans ce personnage finalement impénétrable, et qu'on peine sérieusement à faire évoluer au fil du film. Pour caricaturer, on n'a aucune scène où il nous dit clairement "il s'est passé ça, ce qui me fait changer d'opinion sur ce sujet". On a au contraire un personnage avec des opinions floues au début, obscures au milieu, et absconses à la fin.

Sur ce personnage qu'on a déjà beaucoup de mal à comprendre, s'ajoute la construction sous forme d'un "procès" qui entraîne des interrogatoires et un discours parfois très à charge envers Oppenheimer, ce qui est là aussi une fausse bonne idée, car entraîne encore plus de confusion pour le spectateur. On finit nous aussi à douter, à pas trouver très crédibles les réponses données, à regretter un manque de constance et de cohérence chez lui. Plus largement à pas comprendre ce que Nolan a voulu nous dire, à pas arriver à croire que Oppenheimer, la vraie personne, était réellement comme ça, mais plutôt à penser que c'est le personnage de fiction qui est mal écrit. Oppenheimer est une personne qui a donné des discours, des interviews, des conférences... Sa pensée il l'a exprimé, mais on a pas su l'exploiter utilement. On n'a pas trouvé suffisamment de contre-arguments, pour équilibrer le discours.
Spoiler(cliquez pour révéler)
Par exemple, on l'évoque très furtivement dans le film ce juge qui formula une opinion dissidente, et qui donc a été convaincu, à titre personnel, par ses arguments. Il aurait mérité d'avoir la parole, même juste une fois, et pas seulement d'hocher la tête et de lancer des regards complices - et là encore, son opinion dissidente est un texte qui existe, un matériau qu'on aurait pu exploiter utilement, mais on ne l'a pas fait.[/spoiler] On n'a pas su non plus questionner la géopolitique américaine, qui n'a pas beaucoup changée depuis les années 40, avec le résultat mitigé qu'on connaît ; pourtant un réalisateur britannique comme Nolan avait là encore une pertinence et une liberté de ton qui avait du sens. Puis bien entendu, on donne jamais la parole a aucun japonnais dans ce film, ce qui est assez regrettable, voire maladroit, c'est quand même les premières victimes dans cette histoire ; tous les autres enjeux dramatiques du film sont dérisoires en comparaison...

A cette faiblesse d'écriture s'ajoute les habituels effets de style lourdingues et verbeux de Nolan, et autres défauts récurrents de son cinéma, qui m'ont un peu noyés. Fans, quittez mon commentaire ici, vous n'allez pas aimer la suite.

Avions-nous vraiment besoin de cette triple ligne chronologique pour un simple biopic ? Bon à la limite, faut bien proposer une originalité, faut bien qu'on retrouve le style de Nolan, donc bon, pourquoi pas. Mais nous en expliquer réellement le sens que genre 30 minutes avant la fin du film, ça c'est une faute pour moi. Si ce n'est pas volontairement chercher à perdre son spectateur, et à rendre artificiellement complexe ce qui ne l'est pas, je sais pas ce que c'est. Ça détourne l'attention. On cherche finalement plus à comprendre ce qu'est cette foutu commission d'enquête et qu'est-ce que manigance Strauss, plutôt qu'à creuser la pensée d'Oppenheimer.

Avions-nous vraiment besoin d'user du noir et blanc sur une partie du film ? J'ai lu l'explication officielle de Nolan lui-même, qui est pourtant intéressante. En gros, en noir et blanc c'est les scènes avec un narrateur externe, les plus objectives, vérifiables historiquement. En couleurs, c'est la narration et le point de vue subjectif d'Oppenheimer. Non vraiment chapeau, ça a de la gueule dit comme ça. Il y a juste un soucis : on est tellement pas didactique qu'on ne le comprend absolument pas durant le visionnage... J'ai plutôt cru à un avant/après largage de la bombe, mais on comprend rapidement que non, ça ne colle pas au niveau des dates. Du coup, on lâche l'affaire en fait, on cherche même plus à comprendre.

Avions-nous vraiment besoin d'une musique aussi ASSOMMANTE ? Ça y va sur les bons gros violons qui s'excitent pour faire monter artificiellement la sauce et le suspense. Le volume sonore de la musique m'a semblé plus d'une fois totalement disproportionné par rapport aux paroles, pour s'arrêter soudainement, uniquement pour créer une rupture de rythme totalement artificielle et sans lien avec ce qu'on voit présentement à l'écran. Vraiment c'est rare que je rejette à ce point une B.O., mais là j'ai juste trouvé ça assourdissant, extrêmement lourd et fatiguant.

Ces effets semblent d'autant plus pompeux, artificiels et mal employés quand à côté de ça, des choses bien plus simples et évidentes sont... Ratées. J'aurais bien aimé qu'on fasse usage de ce truc bien utile pour faire des films bien réalisés, vous savez, ce qu'on appelle "la mise en scène". Non mais vraiment, à ce stade c'est même pas qu'elle était pas terrible, c'est carrément qu'il n'y en avait pas et que les acteurs ont l'air livré à eux-mêmes. Les placements et déplacements des comédiens sont scolaires au possible. Si la reconstitution extérieure du village a de la gueule, les scènes en intérieur sont immondes. La composition de l'image est trop souvent bâclée, semble simplement dû au hasard, avec des fonds de décors parfois très, très vides, si ce n'est carrément des gens mal placés dans le champ de la caméra.

Sur une thématique dans les trèèèèèèèèès grosses lignes un peu similaire, Sushine de Dany Boyle - déjà Cillian Murphy, d'ailleurs, faut croire qu'il a une tronche de physicien - me semble faire preuve d'une bien plus grande inventivité visuelle. Bon après j'avoue que j'ai vu cet autre film il y a entre 10 et 15 ans, donc je suis pas 100% sûre que ce ne soient pas mes souvenirs qui enjolivent les choses... Mais peu importe, dans tous les cas, c'est très dur de dire ça d'un film, d'autant plus aussi long qu'Oppenheimer, mais honnêtement, il y a pas un plan qui nous marque, pas un plan qui sort un tout petit peu du lot (je parle bien ici des plans avec des acteurs, pas les plans arty pour illustrer la physique quantique). A part peut-être le ciel étoilé dans le désert, je n'ai aucun tableau qui reste imprimé dans ma mémoire à la fin du film. Mais vraiment au secours. Cet homme qui pour un autre film a été nommé pour l'Oscar du meilleur réalisateur ne propose ici strictement aucun regard de cinéaste sur ce qu'il prétend nous montrer.

Certaines scènes sont juste NULLES en terme de réalisation, il y a pas d'autres mots possibles. Entre autre, je l'annonce devant vos yeux ébahis : il y a dans ce film la scène de sexe la plus mauvaise et ridicule il m'ait été donnée de voir depuis trèèèèèèès longtemps. C'était cringe comme disent les jeunes. J'étais juste mal pour les acteurs forcés à jouer ça. [spoiler]La première scène de sexe, juste après la rencontre avec Jean, était déjà franchement pas ouf, toujours cette mise en scène digne d'une série télé d'il y a 15-20 ans. Puis que dire de cette improbable lecture en sanskrit... D'ailleurs, juste pour être sûre que tout le monde ait compris cette scène, parlons peu, parlons bien : donc Oppenheimer bande mou quand les nichons de Jean Tatlock se balancent sous son nez, mais bande dur quand il lit du sanskrit, c'est bien ça ? Quel haut niveau biographique. Par pitié, dites moi qu'il n'y a pas que moi qui lève les yeux au ciel là ?! Mais étrangement, je ne jugeais pas cette scène si durement sur le coup, car elle avait aussi le mérite d'avoir du sens dans l'histoire, de nous faire comprendre rapidement la nature de leur relation, tout en renforçant le côté lunaire du personnage d'Oppenheimer - franchement, s'il y avait pas eu les scènes qui suivent, je n'en aurais probablement même pas parlé. La discussion politique qu'ils ont plus tard nus sur leurs fauteuils était elle aussi un clichée parfaitement ridicule (qui fait ça, sérieux ?! Que ceux qui font ça se dénoncent), mais ça reste gentillet, je le jugeais là encore pas si durement. Mais alors ce qui arrive juste après, dans la salle d'interrogatoire, ça c'est d'une inutilité et d'un mauvais goût assez prodigieux. Mais sérieux, il s'est passé quoi dans la tête de Nolan ? "Aller Florence Pugh, va remuer des fesses avec un regard d'actrice porno sur un Cillian Murphy nu, qui n'aura même pas besoin de faire semblant d'être gêné, devant 5 autres acteurs qui devront vous regarder fixement en restant parfaitement stoïque". Mais c'est quoi ça ?! Je vous aide : un fantasme voyeuriste d'ado prépubère. Aucune des 3 scènes de sexe du film n'est mature, réaliste ou intéressante cinématiquement parlant. En plus, cette dernière scène ne se justifie même pas en terme de scénario : Oppenheimer est pas plus disséqué, plus remis en cause, plus atteint dans sa personne lorsqu'ils évoquent ce souvenir que quand ils évoquent le reste. Ça revient à nous dire qu'il est plus humiliant pour un scientifique de renom d'être interrogé sur ce qu'il fait avec son sexe, plutôt que de voir être remis en question la qualité et l'intégrité de son travail. C'est juste pas crédible en terme d'écriture du personnage, c'est donner infiniment trop d'importance à un évènement qui aurait dû être anecdotique.


Continuons sur les acteurs. J'ai vraiment envie d'aimer Cillian Murphy dans ce rôle, parce que c'est un rôle charnière pour sa carrière d'acteur. Sa popularité explose plutôt sur le tard et du fait d'une série télé ; c'est vraiment l'occasion pour lui de se faire durablement un nom dans un cinéma plus populaire et grand public. Par ailleurs, pour le coup, on ne peut pas reprocher à Nolan d'être opportuniste, s'il y a bien un cinéaste a lui avoir donné sa chance avant les autres, c'est lui. Mais le réalisateur n'a pas réussi a transcender son acteur. Il est à l'image de son personnage : monocorde, quasiment jamais dans le registre émotionnel. Il est à l'image de la mise en scène : raide comme un piquet à savoir que faire de son corps. Probablement pas par manque de talent, Dieu sait qu'il en a et à revendre même, mais par manque de mieux à jouer, par manque d'être mieux filmé, par manque d'émotion dans le film. On sait Christopher qu'il a des yeux et un regard très particulier, mais on ne peut pas faire tout un film en ne jouant que sur ça ! C'est réducteur pour lui, chiant et répétitif pour nous.
EDIT : ce point de mon commentaire ayant visiblement pu être mal compris, je précise ma pensée. Cillian Murphy joue bien, et même très bien. C'est indéniable. Faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Par ailleurs, on sait qu'il a eu une très grosse préparation pour le rôle, ce qui impressionne d'autant plus. Mais, je pense que le résultat aurait pu être encore mieux, si on l'avait mieux filmé. La faute ne repose pas sur lui, qui clairement donne tout pour ce rôle ; mais la faute repose sur le réalisateur, qui ne joue pas sur l'émotion de son personnage et mise beaucoup trop sur des plans fixes qui ne provoquent pas l'effet "waouh" que je recherche pour ma part dans un biopic. Quand j'entends déjà des gens parler de lui donner l'Oscar : personnellement je n'y crois pas vraiment, et je trouve dans tous les cas prématuré de se lancer dans ce genre de conjoncture, alors qu'il nous reste 6 mois de films à voir. Ce n'est donc pas la peine de prendre en note ce que je dis et de venir m'insulter quand il l'aura gagné, bien sûr que ce n'est que mon avis, qui vaut peu de chose, et je ne prends pas les paris. S'il gagne je serais sincèrement heureuse pour lui, car ça reste une jolie performance et son talent mérite dans tous les cas d'être mieux reconnu, mais pour moi ce n'est ni son meilleur rôle, ni le meilleur acteur du film (coucou Robert Downey Jr.).

Il n'est pas franchement aidé par le reste du casting, qui aligne pourtant des grands noms. J'ai vraiment eu dans ce film un sentiment de "chacun pour sa gueule", d'acteurs qui venaient ni pour partager un moment d'interprétation avec les autres, ni en soutien de l'acteur principal, pour le faire briller lui quitte s'écraser un peu, mais au contraire une impression d'acteurs qui venaient se faire mousser le temps d'une scène ou deux, et d'essayer de plus prendre la lumière que les autres. Pas qu'ils jouent faux là encore, mais ils jouent égoïstement, pas ensemble, sans complicité ou complémentarité avec les autres. C'est plat, là où sur le papier l'annonce d'un acteur chevronné, même pour une unique scène, promettait des instants de cinéma mémorables. Mais c'est finalement trop rare ceux qui se démarquent. A part les colères d'Emily Blunt, vous avez honnêtement retenu qui ? Peut-être un peu le piquant Gary Oldman. Mais probablement pas les 3 lignes de dialogue récitées sans émotion par Casey Affleck ou la demi-scène de Rami Malek. Encore moins Matt Damon qui soit en fait des caisses, soit joue tout seul, parfois en ne regardant même pas son partenaire du jeu... Je suis également frustrée du rôle donnée à Florence Pugh, c'est une jeune actrice pleine de talent, mais on la réduit ici à sa plastique. C'est vraiment pour moi un gâchis d'acteurs pourtant bons.
EDIT : j'ai malencontreusement oublié de dire tout le BIEN que je pensais de Robert Downey Jr, qui renoue ici brillamment avec un cinéma plus exigeant. Mes excuses, sincèrement, pour l'avoir oublié dans la première version de mon commentaire, c'est pourtant l'interprète que j'ai préféré dans ce film (oui, j'assume, je l'ai trouvé meilleur que Cillian !). Pour le coup, je me dis pourquoi pas pour l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, car j'ai du mal à imaginer un autre rôle secondaire aussi important déjà, mais aussi autant "voleur de scène" que celui-ci. On ne venait pas vers ce film pour voir Robert Downey Jr, et du coup on est agréablement surpris de le voir autant crever l'écran. Plus largement j'ai trouvé qu'Emily et Robert étaient les seuls à avoir cette complicité, voire cette générosité pour Cillian, ils étaient vraiment là pour servir son interprétation à lui. Même dans la promo du film, ils tarissent pas d'éloges à son sujet, on sent un respect et une admiration sincère ; ça dépasse le stricte cadre du film, mais c'est très mimi à voir quand même.

Pour le classement, j'ai hésité un moment entre bronze et vu aussi, car même si ça prend peu de place en volume dans mon commentaire, je redis que je ne me suis pas ennuyée devant le film, je suis pas ressortie de la salle mécontente, donc la liste bronze aurait pu me sembler acceptable. Mais je peux pas masquer que le film me déçoit aussi beaucoup sur certains éléments, et surtout sur des points relevant du rôle de base du réalisateur, ce que j'ai du mal à pardonner. Je sais par ailleurs que ce film, comme tout ceux de Nolan, aura sa flopée d'adorateurs. Mon classement en vu aussi sera donc qu'une bien petite chose dans cet océan, autant pas m'en priver du coup. Je ne peux le nier, en vrai, j'aime bien casser l'ambiance.
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Je n'avais pas forcément eu que des bons échos du film, donc je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais je suis au final assez séduite. Il y a peut-être une petite demi-heure de trop, mais pour moi le contrat est rempli, on m'a offert tout ce que je peux attendre d'un film Indiana Jones, et plus largement d'un film d'aventure à grand spectacle : il y a du rythme, de la cascade, des effets spéciaux, ça fait voyager, etc... Et en plus, on a réussi, bien mieux que dans l'avant-dernier film, à équilibrer les codes anciens de la saga avec une façon plus actuelle de faire du cinéma. Donc à partir de là, je suis contente, j'ai vu que je venais voir.

Après on est d'accord que pour l'originalité, on repassera. Bien sûr que Indiana Jones ne peut pas mourir au bout de 5 minutes de film même s'il est en très très mauvaise posture, bien sûr qu'on va passer tout le film à courir après un énième vieux machin poussiéreux avec des pouvoirs magiques supposés et une prophétie alakon, bien sûr qu'on va visiter à un moment une caverne avec des insectes et pièges en tout genre, bien sûr qu'il y aura un méchant très méchant, bien sûr qu'il y aura une fin à peu près heureuse. Bref, bien sûr qu'on arrivera à deviner 80% du scénario, si ce n'est plus. Mais pour ma part, je ne pense pas que ce genre de saga soit fait pour l'originalité, d'autant plus sur un opus tardif et devant pas forcément clore la saga, mais au moins mettre fin à la présence de son acteur mythique. Soyons honnête, on est plutôt là pour le côté nostalgique et rassurant, donc même si c'est indéniablement présent, ça m'a pas dérangé du tout.

J'ai apprécié le fait que malgré ça, on n'est pas dans un musée et le film ne sent pas la naphtaline. D'autres sagas de boomers ont eu beaucoup de mal à s'y mettre (James Bond par exemple) mais ici on a su apporter une modernité sur des points intelligemment choisis. Clairement, on n'a jamais eu un personnage féminin aussi puissant qu'Helena dans cette saga, on est bien loin des potiches qu'on a pu avoir par le passé, comme Willie dans le Temple Maudit. On a ici une femme avec de la personnalité, intelligente, débordante d'énergie, capable de tenir tête à Indy et même pas secrètement amoureuse de lui. Plus largement, on a rarement eu un personnage secondaire aussi puissant, sans considération de genre. On a ici un personnage qui arrive même par moment à voler la vedette à Indy, ce qu'on n'a jamais eu jusqu'alors, même avec des personnages plus "évidents" comme son fils. J'irais même jusqu'à dire que si on nous annonce une suite avec Helena qui reprend le flambeau, bah d'une part ça serait crédible, et d'autre part ça ferait pas calculé et bien-pensant, ça ferait vraiment naturel.

Autre point que j'ai particulièrement apprécié, c'est qu'Harrison Ford a 80 balais, et on ne nous le cache pas. Autant dans l'avant dernier, on faisait comme si l'âge n'existait pas, et on lui faisait faire des cascades de folie, comme si de rien n'était, et personne n'y croyait vraiment. Ici on nous montre dès la première scène "au présent" un Indiana Jones vieux. Il est usé, fatigué, irritable, blessé par la vie, il ne nous cache pas qu'il a des limites et que physiquement il n'a plus le dessus sur les autres, et ça crée un personnage crédible, de nouvelles facettes qu'on apprécie et qu'on trouve touchantes. Il y a peut-être un peu moins d'actions que dans d'autres films de la saga, mais il y en a quand même, avec un recours très intelligent aux personnages secondaires, qui font pas mal de cascades à la place d'Harrison Ford ; ce qui contribue là encore à les valoriser et à équilibrer le rapport entre Indiana Jones et les autres personnages. On n'est plus du tout dans ce schéma désuet où Indy est le plus beau, le plus fort, le plus intelligent et fait la leçon à tout le monde.

Là où le film se montre pour moi plus décevant, c'est au niveau de l'annonce du premier Indiana Jones non réalisé par Steven Spielberg, qui était censé apporter un souffle nouveau... Bah je l'ai pas du tout vu pour ma part, on est dans une parfaite imitation ; sauf peut-être dans l'intention, Spielberg offrant des films un peu plus enfantins, avec plus d'humour aussi. En même temps pour rivaliser, il aurait peut-être fallu un réalisateur avec un style un peu plus affirmé que James Mangold ?! Et il aurait peut-être aussi fallu que Spielberg ne soit pas à la production. Ça fait un peu Spielberg n'était pas dispo pour le tournage, donc on met un pantin à sa place, mais on le laisse tirer les ficelles dans l'ombre.

On repassera aussi pour la cohérence et la finesse du scénario. Ok la saga n'a jamais été très fine, mais elle essayait quand même, je pense, de créer une "mythologie" intéressante, en sachant sélectionner des mythes, des pays et des périodes de l'histoire qui passaient bien à l'écran ; je pense qu'ici on est en-deçà. Il aurait pourtant suffit, pour une fois, d'en faire un peu moins, de rester sur un cadre spatio-temporel un peu flou, mais non, avec des gros sabots, on est venu marteler des dates que les gens ont bien en tête, d'une part la Seconde Guerre mondiale, et d'autre part les premiers pas sur la lune ; et la subtilité avec laquelle on a expliqué aux spectateurs que l'action se passait à Syracus en Italie, et pas à Syracus aux États-Unis, j'en reste encore sans voix... Tout ça pour rien ! A part 2-3 vagues références à la lune, on n'avait absolument pas besoin de se situer à ce moment de l'histoire américaine.

Quant à la Seconde Guerre Mondiale, bon, déjà, ça a déjà été fait dans cette saga, mais en plus ça a déjà été mieux fait dans cette saga. Si le nazisme offre une toile de fond toujours efficace à l'écran, encore faut il lui donner de la crédibilité et un intérêt dans le scénario ; RIEN de ça ici. On a vraiment l'impression d'avoir pris cette période de l'histoire pas au hasard, mais plutôt faute d'une meilleure idée, et que c'était juste un bon prétexte pour nous coller un long flashback, très maîtrisé techniquement avec le rajeunissement crédible d'Harrison Ford, mais qui n'apporte tellement rien en terme de scénario. Par ricochet, les motivations du "méchant" sont brumeuses, on a vraiment du mal à y croire, et du coup il ne nous marque pas beaucoup, malgré l'efficace Mads Mikkelsen aux commandes, et une réflexion très intéressante sur le rôle de la science dans la société, qui a des échos on ne peut plus d'actualité (les complotistes, etc...).
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