Commentaires de films faits par pwachevski
Répliques de films par pwachevski
Commentaires de films appréciés par pwachevski
Répliques de films appréciées par pwachevski
Je n'ai pas gardé un souvenir incroyable du premier Avatar, je n'avais pas spécialement envie de voir le 2, mais une amie (qui, elle, avait adoré le premier) m'a proposé d'aller le voir, donc je me suis laissée embarquer. Je suis contente d'être allée le voir au cinéma, car c'est l'exemple type de film-expérience calibré pour être vu dans certaines conditions que vous ne reproduirez jamais chez vous. Si je devais voir ce film, c'était comme ça ou jamais. Même sans avoir apprécié particulièrement le premier, je me souviens très bien du moment de sa sortie, de l’effervescence, de l'expérience que j'ai vécue, de ce moment où tu mets des lunettes et vois un film en 3D pour la première fois de ta vie (et de la déception ensuite quand tu as compris qu'aucun film n'arrivera a exploiter aussi bien cette technologie...) : qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, ce film a marqué à sa manière l'histoire du cinéma.
C'est là que James Cameron, comme un certain George Lucas avant lui, t'expliques qu'il a déjà une suite en tête, mais non, mais vous comprenez, je n'ai pas la technologie pour le faire là maintenant, j'ai besoin de temps. Comme George Lucas avant lui, il a laissé dans l'attente des gens pendant plus de 10 ans. Et comme George Lucas avant lui, au final on a un peu envie de dire "bordel, tout ça pour ça ?!". Toute cette attente pour voir finalement ce qu'on avait déjà vu dans le premier film. Ooooh des couleurs. Ooooh de la 3D. Ooooh des bonhommes bleus. Oooooh de la motion capture. Ooooooh une planète imaginée de toute pièce. Sauf que toi aussi, tu as pris 10 ans, tes goûts ont évolué, se sont affinées (enfin je l'espère pour vous), tu as aussi vus d'autres films depuis qui t'en ont mis plein la vue visuellement, les techniques utilisées se sont démocratisées, tu les as revu ailleurs, même dans des films/séries à moindre budget et surtout dans la quasi totalité des jeux vidéos actuels. Et donc t'es juste blasé au final. L'effet de surprise, la claque visuelle, elle n'y est clairement plus. Tu as juste l'impression d'être devant une cinématique de jeu.
Et là encore comme George Lucas avant lui, je trouve que se cacher comme ça derrière l'excuse de la technologie, c'est d'une paresse fulgurante pour la créativité. George Lucas et James Cameron sont des réalisateurs qui ont un temps réussi à faire des merveilles avec littéralement trois bouts de ficelle. Le naufrage du Titanic, Rose, Jack, la planche, cette scène a émue le monde entier et a gagné 11 Oscars, elle a été tournée par James Cameron dans une piscine gonflable ! Et là ce même James Cameron m'explique qu'il lui a fallu 13 ans pour trouver comment filmer des bonhommes turquoises dans de l'eau ? Je veux bien être naïve, James, mais il ne faut pas me prendre pour une conne non plus. Donc on va arrêter de se cacher derrière des fausses excuses : s'il avait vraiment voulu sortir Avatar 2 en 2010, il aurait trouvé une solution.
Cet excès de moyens et technologies semble aussi faire oublier des techniques de réalisation "low tech" qui sont pourtant largement maîtrisées au cinéma, et c'est parfois bien dommage. Par exemple, pour pas spoiler un truc important, vers le début du film, on a une scène avec un train qui déraille et explose. C'est un truc qu'on sait faire avec des cascadeurs depuis 50 ans au moins, avec un résultat forcément réaliste, car basé sur des choses tangibles. Bah là on vous a fait cette scène en tout numérique, et je le redis, on a l'impression de voir une cinématique de jeu vidéo. Le réalisme, l’immersion dans le film en prend un sacré coup, et il y a comme ça des scènes qui m'ont fait cet effet tout du long.
Continuions dans la paresse intellectuelle de James Cameron : nous sommes sur une planète lointaine, avec un peuple non humain, une société non humaine, des coutumes non humaines, etc. Bref, c'est une page blanche : vous pouvez vous permettre tout et n'importe quoi, vous n'avez aucune limite. Si on avait voulu que les Na'vi s'appellent les Na'wak soient rouges, mesurent 10 cm, ait un œil au milieu du front, 5 bras et 3 quéquettes, on aurait pu. En terme de créativité c'est prodigieux comme point de départ. Et on en a fait quoi ?! On nous a pondu ce nouveau peuple turquoise qui a des tatouages polynésiens / maoris. En d'autres termes, on est venu faire un copier-coller d'un truc qui existe déjà sur terre. Et c'est comme ça pour tout, là je le résume avec le tatouage parce que c'est une chose de visuel, mais j'aurais pu dire la même chose de leurs coutumes autour de l'eau, des animaux marins, des vêtements, de la typologie de l'espace, avec la barrière de corail par exemple. On a juste transposé des cultures, une géographie et des problématiques humaines sur un peuple qui n'est pas humain.
En plus d'une créativité au point mort, je trouve vraiment que ça n'a aucun sens scénaristiquement parlant. J'ai lu un article où James Cameron vantait l'un de ses personnages féminins qui est "enceinte de 6 mois", et quand on voit son ventre, ça correspond effectivement à une humaine enceinte de 6 mois. Je répète, une HUMAINE enceinte de 6 mois. Donc oui, même la gestation, alors même qu'on parle d'une ESPÈCE différente, se passe EXACTEMENT de la même manière que chez les humains. Idem pour la croissance, on voit dans ce film des enfants qui ont à la louche entre 0 et 16 ans, ils se comportent exactement comme des humains aux mêmes âges. Même le chimpanzé qui est ce qui nous ressemble le plus sur terre a une gestation de 7 mois seulement et fait sa puberté à 4 ans (oui, je suis allée vérifier sur Wikipédia). Plein d'animaux naissent en sachant par exemple marcher, alors que les bébés Na'vis, comme les bébés humains, sont des larves immatures et fragiles.
Au-delà de l'anecdote, ça empêche quelque chose d'essentiel à ce type de saga : on ne propose pas un univers, un monde, une mythologie qui soient 100% immersifs. Dans Game of Thrones, l'auteur ne s'est jamais caché de s'être inspiré de faits historiques réels, par exemple le Mur est inspiré du Mur d'Hadrien entre l'Angleterre et l’Écosse. Mais il a su suffisamment les remanier, les réadapter, les présenter d'une façon propre, qui fait que même si ça nous rappelle vaguement un truc, on ne sort pas de notre immersion dans la saga. Dans Avatar, je reviens sur terre toutes les 5 minutes. Et j'ai même pas besoin de prendre une référence aussi noble que Game of Thrones, même les films Marvels ont compris cela avec leur multivers devenu aujourd'hui incompréhensible à un non initié.
Et du coup, James, tu m'en voudras pas de te prendre à ton propre jeu, et de venir reprocher des problématiques actuelles et humaines à ton film de SF. On en parle de la misogynie dans ce film ?! Là où le premier Avatar portait un message écolo assez moderne pour l'époque, là on a reculé de 30 ans. Neytiri était une guerrière respectée dans le premier, elle s'embourbe là dans un rôle de ménagère hystérique. Kiri, qui est la fille biologique d'une scientifique de talent et la fille adoptive d'une guerrière, est un être faible et fantasque, juste bonne à faire la baby-sitter et à prier. Avoir un personnage de femme militaire et générale aurait pu être une force, mais non, elle est d'une bêtise stupéfiante et se fait à plusieurs reprises discuter sa conduite par un subordonné homme. A aucun moment on envisage que les rôles de chef de tribu puissent revenir à quelqu'un d'autre qu'un homme (chef en cours ou fils aîné). Je m'arrête là pour les exemples, ce commentaire est déjà bien assez long.
Toujours dans les choix de réalisation, et là aussi, pas d'amélioration notable en 13 ans : la motion capture. D'autant plus quand elle modifie vraiment les volumes des visages comme là, en terme de respect du travail de l'acteur, ça met forcément une barrière. Comme j'avais pas l'intention de le voir, je me suis pas renseignée particulièrement avant de le voir, j'ai découvert donc qu'après coup que des bonhommes bleus étaient joués par des interprètes aussi connus que Kate Winslet, ou qu'on a pu réattribuer ni vu ni connu un rôle à Sigourney Weaver. Franchement, à AUCUN moment je n'ai pensé à elles quand j'ai vu le film et leurs personnages. Alors formuler un avis sur leur interprétation, c'est vraiment trop pour moi.
J'en reviens aux solutions low tech, les personnages les plus impressionnants qu'on ait vu à l'écran, et même jusqu'à très récemment (Vecna de Stranger Things par exemple) vous savez que c'est en grande partie du maquillage ? Alors oui, du maquillage SFX assisté par ordinateur, VFX, ensuite, mais on a une base tangible, palpable, réelle, des prothèses faites sur-mesure pour l'acteur, en fonction de son physique de départ, on peut donc reconnaître de vrais traits de l'acteur derrière, et donc apprécier la qualité de son jeu. Et là il y aura bien un malin pour me citer en contre-exemple Gollum, okay, Gollum c'est de la motion capture, mais qui respecte le travail de son acteur, qu'on peut reconnaître malgré la transformation, donc il fait mieux qu'Avatar. Et à un moment donné faut arrêter avec Gollum, on l'a vu au cinéma il y a 20 ans ! Donc comparer des œuvres actuelles à Gollum, et d'autant plus pour dire que Gollum était mieux, c'est en soit un constat d'échec, car ça veut dire qu'en 20 ans on a pas su améliorer cette technologie. Par contre on a inventé une super caméra qui sert à rien pour filmer dans l'eau, bravo James, tu choisis hyper bien tes combats, vraiment.
Vous vous dites que j'ai déjà bien craché sur le film ? Bah j'ai pas fini, car figurez vous que j'ai encore quasiment pas parlé du scénario ! Alors déjà le premier, ça volait pas bien haut et on avait une franche impression de déjà vu avec Pocahontas, mais bon, on avait l'attrait de la nouveauté pour compenser. Là on n'a plus l'attrait de la nouveauté, le visuel fait plus trop d'effet, on est saoulé d'avoir attendu 13 ans et on a toujours une franche impression de déjà vu, mais c'est Le livre de la jungle maintenant : Spider c'est Mowgli sérieux. Hâte de savoir sur quel Disney on va pomper pour le 3. Allez, je parie sur blanche neige ou la belle au bois dormant, pour réveiller la scientifique jouée par Sigourney Weaver.
C'est pas du copier/coller bien sûr, mais à peu près tous les bouts de l'intrigue, soit sont d'une pauvreté affligeante (réanimer un méchant déjà vu dans le 1 plutôt que d'en inventer un nouveau par exemple), soit donnent l'impression d'avoir déjà été vus ailleurs (les rivalités entre ados ou le bon fils / mauvais fils, par exemple). La construction est hyper linéaire, le suspense au point mort, l'émotion c'est gère mieux. [spoiler]J'exagère à peine si je dis qu'on comprend que le fils aîné va mourir dès la première scène où on le voit, mais vraiment juste à peine... Mais même en étant attendu, on peut faire quelque chose de touchant, par exemple en en faisant le vrai héros de ce film, qu'on est triste de quitter à la fin. Sauf que non, c'est son frère, celui qui va pas mourir, qui est le héros du film et va devoir maintenant prendre la responsabilité de devenir le futur chef (car oui, je rappelle que sa grande sœur ne peut pas, parce qu'elle est une fille). Donc à la fin, on nous fait mourir un personnage qu'on n'a quasiment pas vu et auquel on s'est pas attaché. Bref, on s'en cogne sévère.
Et avec ça, on n'a même pas réussi à faire un scénario équilibré qui entraîne au moins un rythme régulier et accrocheur. On a une espèce de point mort au milieu du film, quand on rencontre la nouvelle tribu, où on passe littéralement 1 heure à nous expliquer comment ils attrapent des poissons, et où on oublie totalement de faire avancer l'intrigue en cours. Franchement ce moment m'a plombé, je commençais sérieusement à m'impatienter sur mon fauteuil. Si le début et la fin ne volent pas très haut en terme de scénario, je les ai au moins trouvés accrocheur en terme de rythme. Mais alors le milieu, une torture.
Ce commentaire n'aura pas de conclusion particulière, de toute façon, personne ne le lira jusqu'ici, donc à partir de là...
D'un autre côté, j'ai quand même un sentiment sacrément contrasté sur l'approche d'Alain Chabat et qui provoque, disons le, une déception chez moi. Le côté double lecture du film, un côté très merveilleux pour les enfants, et un humour et des références un peu plus grinçantes pour les adultes ne fonctionne pas totalement pour moi. Là où dans d'autres films il arrivait à un juste équilibre, à un mélange qui prenait, là le double niveau de lecture était trop visible à mon sens.
Je trouve qu'Alain Chabat a d'une certaine manière pris un coup de vieux (ou alors c'est moi, ou alors c'est les deux). Quand j'ai vu Mission Cléopatre, j'étais enfant mais je savais à la fois qui était Astérix et qui était Alain Chabat. Je l'identifiais physiquement : c'était le gars que mes parents regardaient sur Canal +. Je l'identifiais moralement : c'était le gars qui faisaient des blagues que je comprenais pas tout le temps, mais donc je percevais quand même le côté irrévérencieux, impertinent. Et du coup, même enfant, j'avais les deux niveaux de lecture, alors bien sûr pas tout, mais à mon niveau je savais que là je riais à une blague un peu audacieuse pour mon âge. Sauf que pour un enfant d'aujourd'hui, sans vouloir le vexer, bah Alain Chabat c'est un illustre inconnu. Et c'est la même pour tout le casting en fait, enfant je savais qui était Jamel Debbouze ou Gerard Depardieu, mais si vous me trouvez un enfant d'aujourd'hui qui comprend ce qu'il y a de drôle à voir quelqu'un comme Jean-Pierre Bacri déguisé en père noël et qui a adoré autant que moi Golshifteh Farahani dans My Sweet Pepper Land, présentez le moi.
J'ai trouvé qu'il n'y a pas beaucoup d'instants partagés entre les deux générations devant ce film. On alterne les scènes pour les enfants et les scènes pour les adultes. Pour l'un comme l'autre, on est devant une succession de scènes qui vous parlent puis qui vous parlent plus. Et s'il y a bien une chose qu'un film de noël est supposé arriver à faire, c'est réussir à réunir tout le monde devant une même histoire. Pour moi on s'est loupé sur ce point, donc on remplit pas les objectifs attendus pour ce type de film.
Pour le reste, je ne fais pas partie de cette catégorie de personnes qui trouvent que le film n'a pas de sens ou pas de scénario. Il y a quand même un vrai fil rouge, un début, un milieu et une fin. Vous l'avez quand même vu, je l'espère, cette alien envoyée sur terre pour tuer des humains, qui le fait avec un sang froid et un manque d'empathie le plus total, mais qui petit à petit s'interroge, développe des sortes de remords / sentiments. Rassurez moi, vous l'avez vu ? Parce que Scarlett Johansson pouvait pas donner plus pour vous le faire comprendre.
Il y a aussi des thématiques qui se dégagent assez clairement du film, je pense. La question de l'adaptation dans un milieu qui n'est pas le sien est récurant, jusqu'aux personnages secondaires, qu'on a la fâcheuse tendance de questionner sur leurs origines. La solitude criante dont souffre l'ensemble des personnages a quelque chose d'hyper touchant. On questionne le milieu urbain, qui entraîne cette solitude, et aussi de la violence. Mais notre alien va aussi découvrir ce que les humains savent faire de bon, que ce soit dans des scènes aussi banale que quelqu'un qui l'aide à se relever après une chute, ou avec la tendresse de l'homme qu'elle rencontre dans le bus, qui provoque des scènes vraiment mignonnes et touchantes à voir.
J'ai aussi trouvé qu'il y avait un côté quasi féministe dans ce film. Je n'ai pas eu l'impression que le réalisateur se soit de lui-même revendiqué de ce mouvement, c'est pour ça que je prends des pincettes. Mais rien que la façon dont il filme son actrice dit beaucoup de choses. On a rarement vu Scarlett Johansson aussi peu habillée, mais aussi peu sexualisée. C'est presque "anatomique" comme approche, on a une femme nue ou presque nue devant nous, mais rien dans la réalisation, dans la façon de la filmer et de la montrer qui nous dit lourdement qu'elle est désirable. Autre point troublant, la façon dont l'alien épargne les hommes qui vont au-delà de son apparence physique, qui ne la draguent pas, soit par timidité/politesse, soit parce qu'ils s’intéressent sincèrement à elle, ou au contraire s'en désintéressent (ceux qui refusent d'embarquer avec elle dans la camionnette car ils ont autre chose à faire). On semble finalement porter un jugement sur les dragueurs un peu lourds. Et puis bien entendu, ce final, l'ultime homme qu'elle rencontre, et le thème très fort que ça aborde [spoiler]: il y a finalement peu d’œuvres qui abordent aussi frontalement la question du viol, et avec une désapprobation aussi claire en prime (dans Game of Thrones par exemple, on a du viol mais qui est complètement banalisé dans son traitement, c'est pas du tout fait dans le même esprit). Les motards qui la traquent, probablement pas avec des bonnes intentions, ont aussi un côté très oppressant.
Après, il n'empêche que j'ai trouvé que le film tournait un peu à vide. Les œuvres de science-fiction qui vous marquent le plus, selon moi en tout cas, sont celles qui vous balancent à la tronche un message fort et piquant sur notre société (1984 est le parfait exemple), et je n'ai pas eu ça ici. Même si j'ai vu, ou me suis imaginée, tous ces messages dont je parlais plus tôt, je n'ai pas eu le sentiment que c'était mis au service d'une cause plus grande, d'une intention qui transcenderait toutes les autres. Pour certains points, comme cette matière noire notamment, je n'ai pas d'interprétation. J'ai demandé à Google, j'en ai lu certaines, mais aucune ne m'a vraiment convaincue, ne m'a donné le sentiment que oui, pas de doute possible, c'est ça qu'on a voulu dire. Il y a clairement une part de mystère, de brumeux, d'onirique - désignez la comme vous voulez - qui subsiste dans ce film.
Il n'empêche que c'est une expérience cinéma que j'ai adorée vivre.
Je reconnais une part d'appréciation strictement personnelle. Ce film est vrai film de gangster à l'ancienne, ça a son public, ça a ses amateurs, je n'en fais pas spécialement partie. C'est vraiment très loin d'être la forme de thriller ou de film policier que j'apprécie le plus.
Mais je pense aussi qu'il y a une part de tout simplement moins bien. Le rythme m'a semblé moins endiablé, alors même que j'ai souvent eu le sentiment qu'on ne restait qu'en surface. En fait ce film m'a semblé manquer d'implication, de passion. Par exemple, je n'ai RIEN ressenti pour les personnages. J'ai bien vu ce qu'on a tenté de faire, le parallèle entre le juge et le truand, les points commun dans leurs vies, les scènes en famille, avec leurs enfants... Mais je n'ai rien ressenti devant ça, tant c'était attendu. J'aurais aimé qu'on aille plus loin dans l'émotion et le biopic, on avait en plus un casting suffisamment solide pour explorer ces états d'âme, j'ai eu le sentiment qu'on restait en surface. Ou encore, mon cœur de juriste a saigné devant certaines incohérences de procédure - et pourtant je ne suis PAS juriste en droit pénal, c'est donc dire qu'elles sont évidentes (j'ai saigné du nez quand c'est le procureur qui nomme le juge).
Bref, je n'ai pas passé un mauvais moment "sur le coup", mais le film ne m'a pas du tout marqué.
Je comprends sans aucun mal que ce fait divers a interpellé le réalisateur. Clairement, il y a tout dans cette histoire. Il y a la ville de Roubaix avec sa typologie sociale assez particulière, il y a de la misère et de la détresse humaine, il y a des comportements addictifs. Il y a l'absurdité totale du crime, dont on ne comprend même pas vraiment le motif. Il y a la mécanique implacable de ce duo féminin (amitié ou couple, on ne sait pas tout à fait) à la fois complètement toxique et dysfonctionnel, mais bizarrement beau par l'amour que l'une porte à l'autre. Il y a des scènes hyper fortes et même surréalistes
Mais je comprends pas comment avec un matériaux de départ aussi parfait le réalisateur a pu aboutir à ça. Ça m'a fait penser, vous savez, quand un film français marche vraiment bien (La famille Bélier par exemple), et qu'une version américaine est faite (Coda). On trouve systématiquement l'original mieux. Ce qui est fort et bien fait dans le film, c'est littéralement du copier/coller du documentaire. On reprend mot pour mot certains dialogues. Parfois la mise en scène est copiée (la scène de la reconstitution par exemple). Arnaud Desplechin n'est pourtant pas un débutant, je comprends pas comment en tant qu'artiste et cinéaste déjà accomplit il a pu prendre son pied à faire cette imitation. Sa seule vraie touche en tant que réalisateur, c'est ce choix d'avoir beaucoup de scène de nuit, avec ces touches lumineuses d'orange. Pas grand chose quoi.
Ce qu'on est venu ajouter au documentaire est au mieux inutile, au pire enlaidit le résultat final et ajoute énormément de longueurs. Je pense par exemple à cette espèce de background bidon qu'on invente aux policiers, genre l'un qui aime les chevaux, l'autre est croyant, cette scène inutile où il nourrit un chat. Ou ces scènes qui semblent sorties d'un magazine de mode, où on a un Roschdy Zem magnifié dans un décors jazzy/lounge complètement anachronique dans la misère de cette histoire. En revanche, ce qu'on aurait pu pour le coup utilement changer par rapport au documentaire, bah on ne l'a pas fait. On a laissé les histoires secondaires qui ont moins d'intérêt (elles aussi, c'est littéralement du copier/coller) et qui du coup fait que le film "démarre" pour de vrai très tard, quasiment au bout d'une heure d'attente. On n'a pas essayé de creuser la psychologie des deux filles, alors qu'il y avait plein de choses à dire. On n'a pas essayé de leur inventer une vie au-delà de ce qu'on a vu dans le reportage. On n'a pas essayé de donner du sens à leur geste.
Au final donc, un film pas "mauvais" au sens premier du terme. Si j'avais pas vu le documentaire j'aurais juste dit que ce polar était bien sans plus, pas catastrophique, mais longuet et au rythme trop mou. Mais là il me laisse un terrible sentiment de frustration et d'inutilité. On aurait pu faire une adaptation infiniment meilleure de cette histoire.
En revanche, l'interprétation est globalement excellente, y compris les seconds rôles qui ont été extrêmement soignés, criant de réalisme. Roschdy Zem est hyper crédible dans ce rôle plutôt atypique comme je le disais plus haut. On n'est pas dans une caricature de gros dur, on a au contraire quelqu'un d'hyper posé et réfléchit. Il est d'une justesse remarquable, son ton est parfait, il est empathique, il est paternel mais pas trop. Mais celle qui m'a vraiment retournée, c'est Sara Forestier, j'ai lâché mon 10/10 pour l'interprétation que pour elle. Elle est juste parfaite, mais vraiment, je n'ai pas d'autre mot. Elle est habitée par son rôle, elle se transcende complètement. Trop déçue qu'elle n'ait pas eu le César, car franchement, ça fait très longtemps que j'avais pas vu quelqu'un jouer aussi bien (et pas uniquement dans un film français, ou seulement chez les actrices, tout court).
Et puis il y a Léa Seydoux, qui est la seule ombre côté interprétation. Je veux pas donner l'impression d'être méchante ou de m'acharner, elle a bien assez de haters comme ça, mais sincèrement, je ne comprends pas comment avec des prestations aussi fades et inabouties, elle arrive à faire une telle carrière. Le propre d'un acteur, c'est de prêter son enveloppe corporelle à un personnage, mais lui, la personne qu'il est dans la vraie vie, on ne doit jamais la voir, sinon le charme est rompu. Et là, elle est juste pas à sa place dans ce film, pas crédible, comme si une nana issue d'une famille de milliardaires jouait grossièrement à la pauvre. Ah oups, c'est vrai que c'est ce qu'elle est. Elle y peut rien et c'est même profondément injuste, car à rôle égal il lui faudra bosser plus qu'une autre pour être crédible. Mais sans même l'accuser de piston, faudrait juste qu'elle comprenne à un moment que casser son image ça se décrète pas à coup d'interview où on prétend s'être fait tout seul, ça nécessite un travail énorme. Charlize Théron pour passer de jolie mannequin sans talent à actrice respectée, elle a pris 15 kilos pour Monster quoi...
C'est sans trop de doute le plus abordable et le plus lumineux des films de Stéphane Brizé, malgré une toile de fond pas toujours tendre (relations familiales assez compliquées, le métier d'huissier qui est assez particulier) on a quand même un film au message plein d'espoir et avec même de vrais instants de comédie.
Pour le reste, je m'attendais pour ma part à un film plus émouvant, au vu de la puissance du sujet de départ. Aussi à un film plus transversal dans son approche, qui n'aborde pas que des considérations policières. Il y a sûrement une part de respect, de pudeur, de "trop tôt", de pas vouloir tomber dans le pathos ou le larmoyant, et surtout de ne jamais essayer d'expliquer, de comprendre et de trouver des raisons à ça. C'est tout à fait entendable et respectable comme approche, mais on ne parle du coup quasiment pas des victimes, l'aspect politique n'est pas vraiment traité, juste quelques incrustations d’émissions de télé en fond sonore, je sais que c'est touchy mais on ne voit jamais non plus les choses sous l'angle des terroristes (qui ne sont jamais montrés). On plonge vraiment, strictement, dans un polar qui nous décrit l'enquête qui a suivi les évènements. On le fait très bien, avec didactisme et réalisme, mais du coup j'ai eu un peu le sentiment de voir quelque chose d'hors sol, "que" un polar, passionnant, haletant, mais froid et pas marquant plus que ça - finalement peut-être pas assez "fictionnel", pas assez romancé. En tout cas Bac Nord l'année dernière m'avait plus marqué, alors que le sujet de départ était moins fort pourtant.
Mon ressenti sur l'interprétation est un peu similaire, les acteurs sont bons, franchement je devrais mentir si je disais untel joue mal ou est pas crédible. Mais je trouve que les interprètes, et leurs personnages, se font un peu broyer par la grandiosité du film et font un peu parti du décor, sans rien qui ressort réellement. Peut-être quand même une mention bien pour Anaïs Demoustier, déjà parce qu'on n'a pas l'habitude de la voir dans ce genre de rôle et aussi parce que son duo avec Lyna Khoudri forme tout de même la clé de voûte du film. Inès et Samia sont finalement les seuls personnages du film pour lesquels on a une sorte d'empathie et elles nous font largement oublier l'acteur oscarisé sur l'affiche, ce qui inspire quand même le respect.
J'ai trouvé le point de départ du film clairement trop gros à avaler. A ce stade c'est pas du spoil, c'est décrit très tôt dans le film. Béatrice (le personnage de Catherine Deneuve) a été un jour la compagne du père de Claire (Catherine Frot). Elle l'a quitté et n'a plus jamais pris de ses nouvelles. Des décennies plus tard, alors que Béatrice vient d'apprendre qu'elle a une maladie incurable, elle reprend contact avec Claire, et apprend que le père s'est suicidé très peu de temps après leur séparation. En plus du deuil, Claire a donc passé sa vie à estimer que c'était de la faute de Béatrice.
Aller vas-y projette toi là dedans !
Je ne suis pas une petite bourgeoise insupportable de 70 ans avec un cancer du cerveau, donc désolée Béatrice, ce n'est pas à toi que je vais m'identifier.
Va pour Claire... Bon c'est pas évident non plus en fait, parce que bon, mes parents sont toujours ensembles, mon père n'était pas sportif de haut niveau, il n'a pas eu le cœur brisé par sa nouvelle compagne, et s'est pas suicidé non plus.... Mais faute de mieux, on va s'en contenter. Je ferais quoi, moi, dans cette situation ? Je dirais à la dame d'aller se faire foutre, je tournerais les talons, et retournerais à ma petite vie, générique de fin en 10 minutes.
Bah non, bien sûr, Claire va avoir de la pitié pour elle, elle va vouloir l'aider, la soigner, lui passer tout ses petits caprice, et elles vont finir super copines.
Franchement pour moi, on est au niveau zéro de la crédibilité.
Et s'il y avait eu que ça. Non, il faut aussi qu'on se farcisse Claire qui boit pas d'alcool et qui est du coup chiante (bah oui, les gens qui boivent pas d'alcool sont forcément rabat-joie), Claire qui mange pas de viande et qui est du coup chiante (bah oui, les végétariens c'est forcément gonflant), Claire qui te dit de manger 5 fruits et légumes par jour avec ton cancer et qui est du coup chiante (bah oui, l'équilibre alimentaire, c'est que les extrémistes qui pratiquent), Claire qui te dit que si en plus c'est des légumes du jardin c'est mieux mais surtout pas d'anti-limaces !!!! et qui est du coup chiante (bah oui, ces écolos bobo bio, il y a quand même rien de plus insupportable), Claire qui se trouve un mec et qui du coup le fait chier (en même temps c'est vrai qu'il était relou à lui demander comment elle allait), finalement à demi-mot Claire qui est une "vraie femme" et est du coup chiante, comme toutes les femmes. Voilà c'est dit, c'est gratuit, tout le monde est soulagé.
Ah et j'oubliais, Claire qui t'explique qu'un homme qui veut être sage-femme c'est contrenatureuuh, et que "maïeuticien" moi jamais je n'utiliserais ce mot. Décidément, on est hyper moderne dans ce film, bienveillant, pas du tout dans le jugement, franchement ça fait plaisir... Par contre un gynécologue obstétricien homme, ça n'a jamais dérangé personne, c'est fou comme dès qu'on est mieux payé et qu'on a plus de responsabilité, c'est tout de suite plus normal.
Je pourrais m'arrêter là, ça fait déjà assez de points pour justifier que j'ai pas aimé le film. J'ajouterais quand même qu'il n'y a strictement aucun rythme et qu'avec deux têtes d'affiche aussi prestigieuses, je m'attendais à une interprétation un peu plus mémorable. Mais en même temps, avec des scènes aussi plates et une émotion aussi inexistante, est-ce qu'on peut vraiment leur en tenir rigueur et leur reprocher une leur interprétation quelconque dans ce film précis ?
La mise en scène est remarquable et n'a pas pris une ride. Mais vraiment à aucun moment j'ai eu l'impression de voir quelque chose de "daté" à l'écran, tout pourrait encore fonctionner aujourd'hui, ce qui est quand même extrêmement rare avec les films de cette époque. C'est un huis clos qui fonctionne super bien, le décors vit avec les personnages, il y a de super jeu avec les miroirs, l'escalier...
C'est globalement très bien joué. Si Sarah Miles (Vera) a parfois un léger surjeu, couplé a une élocution assez étrange qui m'a un peu perturbé, je n'ai que du bien à dire des autres acteurs. Dirk Bogarde (Barrett) est parfaitement froid, rigide, inquiétant et ambigu. James Fox (Tony), qui a pourtant a peu près rien fait d'autre dans sa vie, a de vraies nuances dans son jeu, et présente une évolution significative durant le film. Et j'ai adoré détester Wendy Craig (Susan).
Je suis plus partagée sur le scénario. Disons que je comprends parfaitement son intention, avec ce petit bourgeois vaniteux, vivant que dans les apparences, et qui a un peu un poil dans la main, incapable d'ouvrir les nombreuses portes de sortie qui se présentent à lui, qui va se faire manipuler par son serviteur, perdre le contrôle, et finalement vivre une descente aux enfers, suivant l'expression consacrée. Ce point là du film, malgré un côté un peu excessif qu'il faut accepter, fonctionne à mon sens assez bien.
Mais j'ai moins compris l'intrigue amoureuse qu'on est venu glisser dans le film. Enfin, plus précisément, il y a deux intrigues amoureuses, mais je n'ai compris que l'une d'entre elle. Susan a un vrai rôle à jouer dans le film. La rivalité qui va naître avec Barrett, les deux voulant briller dans les yeux de Tony, participe beaucoup à la mécanique de la manipulation. Elle est également là pour enfoncer le clou dans l'évolution que va vivre Tony
Mais Vera, j'ai pas compris par contre. Ou alors oui, mais que partiellement, et pas comme ça. Là je trouve que c'est trop un personnage sans personnalité ni volonté propre, et du coup pas très crédible. [spoiler]Elle aurait pu être la femme qui vient briser le couple Tony/Susan, une jalousie amoureuse "classique", potentiellement même organisée par Barrett, mais où elle trouve son intérêt en se trouvant un compagnon tout simplement. Elle aurait pu aussi être la compagne de Barrett, qu'il présente comme sa sœur pour pouvoir vivre avec elle, qui pris dans leur passion amoureuse sont surpris ensemble dans le lit de son maître, "trop c'est trop", entraîne l'éclatement du couple Tony/Susan aussi, sans avoir besoin de la tromperie. Mais être les deux, et naviguer de Barrette à Tony, sans que ça provoque de tension entre les deux, je n'ai pas trouvé que ça fonctionnait. Elle, personnellement, n'a aucun intérêt dans cette situation, et on ne creuse d'ailleurs pas le personnage pour lui trouver une trajectoire crédible. Par exemple ce qu'elle fait après avoir quitté la maison est un mystère, jusqu'à un retour tout aussi inexpliqué à la fin.
Ça peut sembler secondaire dit comme ça, mais mine de rien ça prend de la place à l'écran. Ça cassait également le rythme, entraîne des longueurs, je trouve, car ce qu'elle provoque est relativement long à arriver, alors que ce n'est pas une fin en soit, mais qu'une étape dans la construction du film. Ce point d'incompréhension m'a vraiment "bloqué" dans mon visionnage, où le film continuait à défiler sous mes yeux, mais mon esprit lui cogitait encore par rapport ça, et finalement, ça vient vraiment impacter négativement mon opinion sur le film.
Toute cette intro love pour dire que Mank fait malheureusement partie de cette catégorie de film qui ne m'ont pas parlé plus que ça, mais je ne pense absolument pas que ce soit un mauvais film pour autant, et même bien au contraire, c'est probablement même son film le plus abouti et ambitieux à ce jour.
On a ce parti pris doublement risqué du biopic sur un type - on va pas se mentir - qu'on connaissait pas vraiment avant le film et qui en plus est pas très sympathique, et d'un film sur le cinéma, avec un regard plutôt... cynique ? Je ne trouve pas de meilleur terme. Un cynisme qui semble renforcé quand on connaît la pré-production étrange qu'à connu le film, rejeté par les studios "classiques" pour une raison un peu absurde, et le bébé a finalement été récupéré par les parias de Netflix. On sent une volonté de valoriser des gens qu'on voit habituellement peu sur le devant de la scène, scénaristes en tête, mais aussi des techniciens, et autres "petites mains". On a cet Hollywood des années 30, qu'on essaye de rendre plus réaliste, moins fantasmé. On a des partis pris de réalisation, et plus largement de direction artistique, hyper intéressants, avec ce noir et blanc qui fait sens, je trouve, au vu de l'époque où se situe le film. Un rendu à l'image qui se veut hyper retro, très proche des films tournée à la pellicule, alors que c'est pourtant du numérique. Ou encore cette BO qui elle aussi est complètement hors d'âge, ressemblant aux films de l'époque et en rien aux films d'aujourd'hui. On a un montage audacieux, fait de multiples flashbacks. Et puis on a ces acteurs, qu'on a vraiment poussés au meilleur d'eux-mêmes. Oui on savait déjà pour Gary Oldman. Mais Amanda Seyfried sérieux, je ne l'avais jamais vu comme ça.
Après même si je reconnais toutes ces qualités, j'ai trouvé presque qu'il y en avait de trop au point de ne plus savoir où donner de la tête. C'est un film très dense quand même scénaristiquement. Ça fourmille de références, cinématographiques bien sûr, mais aussi historiques et politiques. Il y a beaucoup de personnages qui sont des "vraies personnes" qui ont vraiment travaillé à Hollywood, mais le grand public ne les connaît pas, et du coup c'est dur de remettre tout le monde à sa place. Puis c'est un pur film d'un cinéphile pour des cinéphiles, ce qui lui donne un côté un peu âpre pour ceux qui viennent voir le film avec plus d'insouciance. On a parfois un peu le sentiment que Fincher est littéralement en train de nous dire "si vous arrivez pas à suivre, c'est pas mon problème".
Donc voila, j'avoue que même si j'en avais entendu parler avant de voir le film, je m'attendais quand même à quelque chose de plus abordable et distrayant au sens plus premier du terme - c'est à dire que je ne me suis pas ennuyée en le regardant, mais c'est pas le film devant lequel tu te poses sans réfléchir. Pour être honnête, mon ressenti à chaud c'est qu'il me faudrait 2 ou 3 visionnages pour vraiment apprécier le film, ses subtilités et la puissance de son message. Mais je me connais, je ne vais probablement pas m'offrir ces 2 visionnages supplémentaires, et du coup ça me laisse sur un sentiment plus contrasté.
Et finalement, c'est une excellente surprise, car le film arrive vraiment à faire tomber toutes ces barrières, ces contraintes. Elles sont là, mais on les oublie complètement, parce qu'on compense en permanence. Les acteurs ont très peu d'espace pour bouger ? Bah pas grave, on va redoubler de charisme, avec un montage nerveux, beaucoup de plans différents, des gros plans sur les visages, et on va l'oublier. On a un résultat qui n'est absolument pas monotone, et énormément d'émotions sont transmises aux spectateurs.
Vous ajoutez à ça un scénario qui arrive à être original, en proposant des thématiques qu'on n'a pas forcément beaucoup vues, ou alors pas comme ça, dans les films de guerre
Le seul point négatif que je noterais, c'est le traitement des personnages féminins - ou plutôt DU personnage féminin. Ça ne me pose pas de problème, dans ce film précis, avec ce scénario qu'il y ait très peu de femmes parce que dans la vraie vie, en France, les femmes dans des sous-marins, il a fallu attendre 2018. Et si c'est possible depuis, ça ne court toujours pas les rues. Donc je pense qu'il y avait un vrai souci de crédibilité, qui rend la parité impossible. Mais je trouve vraiment dommage que le seul personnage féminin du film, c'est la jolie, l'amoureuse, le fantasme, la douceur. J'ai trouvé ça trop simple et très cliché, tendance à me faire penser que j'aurai préféré un film sans femme du tout. Ce qui aurait été vraiment audacieux, sortant du cliché, sans perdre en crédibilité, c'est par exemple une femme donneuse d'ordre haut placée dans le personnel sur terre[spoiler], on aurait aussi pu exploiter le personnage du président de la république, qui aurait pu être une femme, en ajoutant 2-3 scènes pour la monter à l'écran pour lui donner plus de consistance : ça ça aurait été des personnages féminins qu'on aurait vraiment pris plaisir à voir dans le film.
Je n'avais JAMAIS vu cette thématique de l'adoption abordée de la sorte, avec tant de détails, un décryptage de toutes des étapes de la procédure, une place pour chaque corps de métiers intervenant dans ce processus. On sent en permanence du respect pour ces personnes, une absence totale de jugement, y compris pour la mère qui abandonne son enfant, ainsi qu'un vrai soucis de réalisme. C'est du "cinéma vérité", qui flirte un peu avec le documentaire. C'est dans un sens très bien fait, car j'ai effectivement appris plein de chose et qu'on a su par ailleurs garder cet aspect distrayant de la fiction.
Cela dit ce réalisme très poussé impacte fortement je trouve le côté "cinématographique" du film. Mis à part son thème et son message, il n'y a pas grand chose d’époustouflant dans cette œuvre. Le scénario est extrêmement prévisible par exemple. La réalisation est propre mais n'a pas beaucoup de personnalité. L'émotion est présente de part le sujet, mais elle ne nous submerge pas, car le ton est très factuel. Les acteurs sont convaincants car ils débordent de naturel, j'ai même été très agréablement surprise par Gilles Lellouche, que j'avais jusqu'alors vu presque uniquement dans des rôles plus bourrus (genre Bac Nord), mais le film ne leur offre pas de grands moments d'interprétation. Les personnages sont unidimensionnel, ils ont chacun une "fonction" dans le film, et en dehors de cette fonction, on ne sait quasiment rien d'eux et le peu qu'on sait n'apporte pas grand chose au film (la scène avec le serpent par exemple : en vrai ça ne servait à rien).
Je ne sais pas trop comment exprimer mon ressenti, car j'ai sincèrement trouvé le film bon, on est en permanence dans cette fourchette haute. Mais on est presque trop constant. Il n'y a pas de climax. Pas de plafond de verre qu'on arrive à briser en proposant une scène ou un moment hyper fort et marquant. Et ça me bloque personnellement un peu dans ma notation.
Là où je suis moins emballée, c'est en terme de scénario, qui n'est pas mauvais, faut pas abuser, mais qui reste hyper basique, linéaire et attendu. A aucun moment on ne doute sérieusement de l'issue heureuse du film, avec une morale mielleuse digne d'un film Disney.
L'écriture des personnages est dans la même veine, avec des caractères attendus et stéréotypés. Il y a à mon sens un trop gros décalage d'écriture entre les deux personnages qui existaient déjà dans l'univers DC (Krypto le Super-Chien et Ace le Bat-Chien), où on va avoir un minimum de profondeur, et les autres animaux, où clairement on s'est pas foulé. Bon alors Flash est un gars qui court très vite ? Bah on va lui donner une tortue qui court vite, personnage suivant. C'est un peu court quoi. Et quand on tente une originalité, un trait de caractère ou une problématique inédite, ça devient rapidement une contrainte gênante dont on se déleste à la première occasion, avec un succès limité. Genre PB la cochonne qui manque d'amour propre, c'était pourtant une problématique assez chouette à aborder dans un film plutôt destiné aux enfants. Mais on ne traite finalement absolument pas du problème, qu'on règle d'une façon absolument pas convaincante, avec une unique phrase d'encouragement. Là aussi c'est un peu court.
Si Krypto est un personnage attachant, sa construction sans cesse dans l'ombre de Superman ou des autres super-animaux, toujours border avec le sidekick, rencontre malheureusement vite ses limites lorsqu'on ambitionne d'être le héros du film.
Je suis aussi un peu partagée par le doublage en français (j'ai vu le film en VF dont je juge vraiment ici que cette version). Autant j'ai trouvé des voix très réussies, comme Muriel Robin qui double Lulu. Autant d'autres m'ont semblé parfaitement ridicule. L'accent marseillais de Soprano à Métropolis : sérieusement ?! Et Denis Brogniart vraiment je pouvais pas, j'étais devant un épisode de Koh-Lanta dès que Lex Luthor parlait, il nous a même fait son désormais mythique "AH !". Oui ça m'a fait rire sur le coup, mais zéro crédibilité, le méchant est pas censé me faire rire !!! C'est un peu dommage aussi que les voix les plus connues, on les as attribué aux personnages secondaires. Krypto, Ace ou même Superman auraient je pense mérité des voix un peu plus marquantes.
Cependant, le film reste rythmé et distrayant, donc sympathique. L'humour n'était pas trop lourd et le côté nostalgique du film, dans les situations (passer le bac par exemple) et avec pas mal de références culturelles, musicales, fonctionnait bien. Ce n'était pas le film de l'année, donc, mais j'ai quand même passé un moment agréable.
Vous ajoutez à cela, trois acteurs principaux qui sont juste impeccables. Ils campent super bien leur personnage, ils sont plein d'autodérision, tantôt dans une sorte de burlesque absurde, tantôt au contraire dans des scènes plus "dans l'émotion", où l'on voit que ce sont de vrais interprètes. Bref, ils montrent tous une large palette de jeu, ce qui est très intéressant. Et aussi, une mise en scène qui mérite le coup d’œil, car elle a su parfaitement tirer un avantage d'un tournage largement compliqué par le Covid, forcé à proposer un quasi huis-clos, mais qui colle finalement hyper bien au film, et surtout à cette réalisatrice barrée. Ce choix de lieu, cet enfermement, fait totalement échos à ses diverses expériences pour stimuler la créativité des acteurs, et on oublie finalement que c'était un exercice imposé.
Bref, j'ai passé un excellent moment, j'ai trouvé ça super drôle, ce n'était pas trop lourd, bien filmé et bien joué. Je n'en demande pas plus à une comédie.
Notre trio se compose tout d'abord de cette femme en semi-liberté, qui ne peut sortir de prison qu'à heures fixes pour travailler. Bon, ok, ça existe, mais c'est quand même pas un profil très courant de personne. Elle va croiser la route d'un gars "fragile", on ne nous dira jamais clairement ce qu'il a, mi-cœur d'artichaut, mi-dramaqueen, mi-je fais des malaises quand j'ai une émotion trop forte, mi-je me fais du mal comme un appel à l'aide, mi-ça fait déjà beaucoup trop de mi- pour un seul et même personnage. Là aussi, ça existe comme personne, mais c'est rare. Puis on a un deuxième mec odieux, c'est plus courant comme profil, mais comme héros de film, c'est compliqué quand même.
L'ensemble forme donc une équation particulièrement improbable, et même pas vendeuse cinématographiquement parlant, comme peut l'être un buddy movie. Au contraire, dès la première scène du film, on le met volontairement sur la pente glissante du film un peu excessif, pas totalement crédible, qui nous ferra lever les yeux au ciel plus d'une fois, quand, à de trop nombreuses reprises, on manquera trop de finesse, on sera trop improbable ou trop burlesque. "Trop" c'est vraiment le mot que j'aurai pour qualifier ce film, qui est à chaque scène "trop" quelque chose.
Et c'est dommage, parce qu'à côté de ça, on a pourtant de vraies qualités dans ce film, qui compris des qualités scénaristiques. On va par moment aborder des thématiques hyper intéressantes et peu communes, comme la semi-liberté dont je parlais justement plus tôt, mais aussi la culpabilité ou la rupture amicale. Il va aussi offrir par moment un traitement très justes de ses personnages pourtant un peu bancals
Ça commençait pourtant bien, avec ce personnage qui annonce de but en blanc ses multiples addictions et accepte de revenir sur son passé. J'étais vraiment enthousiasmée par cette introduction, qui nous promettait une construction de film audacieuse, du drame et des enjeux. Sauf qu'au bout de 10-15 minutes, on abandonne complètement cette construction, pour dérouler finalement un biopic ultra plan-plan, chronologique et linéaire, qui n'évitera aucun passage obligé du genre : enfance, psychanalyse de comptoir qui t'explique que si tu vas mal dans ta vie c'est entièrement de la faute de tes parents, premier amour, débuts approximatifs, déceptions amoureuses, succès, excès liés au succès, âge de raison, renaissance. Je ne connaissais à peu près rien de la vie d'Elton John, et pourtant j'ai pu prédire les grandes lignes du film, tant sa construction est scolaire et prévisible.
L'autre problème du film, selon moi, c'est qu'on souffre du syndrome du film qu'on a l'impression de voir en avance rapide. On sent une envie de bien faire, de raconter beaucoup de choses, d'être exhaustif, de rien louper etc. Mais on sent aussi la contrainte de faire un film commercial de moins de 2h. Donc on sent au final peut-être un Elton John trop présent en pré-production, sans le recule nécessaire sur sa propre vie, et un duo scénariste/réalisateur qui a pas su faire des choix de coupes pertinents, et qui condense à l’extrême pour tout faire rentrer - on dirait moi quand je fais un massage cardiaque à ma poubelle parce que j'ai la flemme de la descendre. Quand on fait ça, c'est toujours la même chose qui trinque : l'émotion. Parce qu'on ne lui laisse pas le temps d'arriver, qu'on passe à autre chose. C'est hyper compliqué d'avoir de l'empathie pour les personnages dans ces conditions, parce qu'on n'a pas le temps de les voir souffrir, tomber amoureux, être déçus, remettre en question leurs certitudes, etc. Le personnage nous dit qu'il est timide, qu'il est blessé, qu'il est en souffrance, qu'il ne se sent pas respecté par la personne qu'il aime, qu'il se drogue, qu'il est accro à ci ou à ça, mais pourtant à l'écran tout est lisse, on ne voit rien ou presque de tout cela.
Moi qui ne connaissais pas déjà la vie d'Elton John, je n'ai même pas réussi à retenir les noms des autres personnages, c'est dire. Il y a des passages du film que j'ai trouvé complètement lunaire, par exemple le traitement de son mariage avec une femme (dont je ne suis même pas certaine qu'on donne le nom) : ils se rencontrent, se marient et divorcent en 2 minutes. Pourtant Wikipédia me dit qu'ils ont quand même passé 4 ans ensemble en vrai. Même si on sait que pour des raisons évidentes cette femme ne pouvait pas être l'amour de sa vie, je doute qu'il n'y avait vraiment rien de plus à en dire. Quand on atteint ce niveau de sur-volage et de superficialité, selon moi la meilleure solution aurait été de ne pas en parler du tout, et de se concentrer sur quelque chose de plus pertinent à la place.
Le pom-pom sera la fin, que j'ai trouvé brutale à souhait. Alors même que, comme je le disais plus tôt, on s'efforçait jusqu'alors d'être assez complet, de proposer une vision globale des choses, vlan, coupe sèche et inattendue, on s'arrête aux débuts des années 80, I'm still standing, yeah yeah yeah, circulez il y a plus rien à voir ensuite. Bah, sauf que non en fait. MÊME MOI, qui suit à peu près au niveau zéro de la connaissance de la vie d'Elton John, je connais la BO du Roi lion, Sacrifice, Nikita, Made in England ou Candle in the wind. Eh bah vous ne les entendrez pas car c'est un mensonge, il ne s'est rien passé après 1982 dans la vie d'Elton #NousSachons !
Blague à part, je ne dis pas qu'il faut forcément couvrir toute la vie d'un artiste pour faire un bon biopic. Mais si on ne le fait pas, il faut un parti pris fort et clairement annoncé dès le départ. Au hasard le film W.E. de Madonna n'a jamais prétendu couvrir toute la vie d'Edward VIII et de Wallis Simpson, mais uniquement le début de leur vie de couple, et est allé à fond dans ce trip romantico-dramatique. Ici il y a aucun parti pris de départ, on nous dit juste qu'on va nous parler d'Elton John, on annonce aucun angle d'attaque particulier. On commence par son enfance, on déroule de façon chronologique sa vie, avec une précision parfois excessive, et POUF, on décide totalement arbitrairement de s'arrêter là, grosso merdo à la moitié de sa vie. Ça n'a AUCUN sens. Le parti pris qu'on aurait pu avoir, c'est son combat contre les addictions, avec un film en mode "descente en enfer puis renaissance". Ça aurait pu marcher et être pertinent, mais dans ce cas il aura fallu enlever les 3/4 de la partie sur son enfance et ses parents et sa relation amicale avec son parolier, et traiter vraiment ce sujet - ce qu'on ne fait pas ici.
Et j'assume l'opinion non populaire, mais la réalisation et l'interprétation ne m'ont pas ébloui non plus. Taron Egerton, je trouve déjà la ressemblance physique discutable, mais en plus entre les lunettes qui lui cachent la moitié du visage et ses chapeaux à plumes, j'ai été parfaitement incapable de juger sa prestation d'acteur. La reconstitution d'époque, des costumes, etc... sont plutôt convaincants, mais j'ai trouvé qu'on oubliait un peu trop que des costumes très présents ne remplacent pas la mise en scène. C'est quoi ces scènes façon comédie musicale low cost, où la chorégraphie a dû être créé en 10 minutes, et où tout le monde a l'air de se faire chier (spectateurs compris) ? On a même réussi à gâcher la chanson qui donne son nom au film en la faisant chanter à... Un enfant cosmonaute sous l'eau ?!! Angoisse totale, on dirait un cauchemar de David Lynch. Et les scènes de concert, on en parle ? C'est le calme plat, aucune énergie qui s'en dégage.
Bref je m'arrête là, parce que j'étais partie sur une liste "vu aussi" au départ, mais plus je parle du film moins je l'aime, et je me tâte maintenant pour la "pas apprécié"... En tout cas faites vous plaiz sur les -1 surtout n'hésitez pas
Mais pour avoir un film qui ne me fasse pas juste passer un agréable moment, et qui vienne réellement me marquer, il aurait fallu un scénario soit plus fin, soit plus drôle. Plus fin parce qu'on va quand même enchaîner des situations un peu trop grosses pour qu'on y croit vraiment (genre le gars qui oublie le nom de la mariée lors du mariage) et qui fait que l'empathie et l'attachement qu'on a pour les personnages n'est pas total, on n'est jamais loin de la tête à claques ou du "tu l'as bien mérité". Par ailleurs, on reste sur des thématiques très convenues, donc on n'aura pas non plus une audace ou une originalité particulière. Plus drôle parce qu'autant au début je trouvais qu'on misait pas mal sur l'humour, autant au fil du film cet aspect des choses disparaît quasi totalement pour laisser place à un drame plus classique, ce que j'ai trouvé dommage.
Bref, c'est un beau film, une belle réalisation, c'est distrayant, j'ai vraiment passé un bon moment. Mais le petit moins pour ma part, c'est que le film m'a moins touché que d'autres films d'animation de la même veine. Par exemple Là-Haut est un film qui m'a vraiment marqué sur ce point. Ici j'ai trouvé que ça restait assez plat émotionnellement. La morale de l'histoire, avec notamment un message de tolérance et une incitation à devenir qui on a envie d'être sans se mettre de barrières, est évidement importante, mais presque "trop simple", pas très fine et limite un peu niaise, rapportée à l'originalité dont fait pourtant preuve le film par ailleurs. Pour cette raison, je mets le film "que" en liste argent, ce qui reste un très bon classement à mon sens.
Ce second visionnage me permet de confirmer que j'aime ce film pas uniquement pour cela, mais parce que je l'ai trouvé tout simplement très réussi. C'est un film atypique et audacieux dans son propos et dans les personnages qu'il choisit de traiter, mais qui arrive à nous toucher par un message suffisamment large pour qu'on puisse le retranscrire à des situations bien plus communes. On nous montre notamment à quel point il est difficile de faire changer les gens ou d'aller contre sa nature ; avec un ton juste et pas racoleur. Et au final, c'est vraiment cette émotion que je retiens, cette empathie qu'on arrive à avoir, tantôt pour Angélique, tantôt pour ses enfants, tantôt pour Joseph.
Le tout est souligné par une jolie réalisation, ce qui ne gâche rien. Elle est soignée mais sans trop l'être. Un film à la réalisation trop léchée aurait pu sembler en décalage avec le propos (Xavier Dolan me fait parfois cet effet, par exemple). Ici, malgré le soin apporté à la lumière, les cadrages, la BO peu présente mais qui fait mouche à chaque fois, on arrive a garder une âpreté et une noirceur qui convient au film. Puis bien entendu, les acteurs de ce film sont remarquables de naturel et on oublie assez vite qu'on n'est pas face à des professionnels.
Si je veux être complètement honnête, je dois dire qu'il y a dans ce film une certaine lenteur ou une certaine longueur, je ne sais pas exactement moi-même, qui fait qu'il connaît un petit coup de mou vers le milieu. La sous-intrigue autour de la fille placée en famille d'accueil occupe peut-être un peu trop de place ? Mais c'est un défaut qui reste acceptable et qui n'a pas beaucoup émoussé mon plaisir au (re)visionnage.
Ensuite, j'ai trouvé le film bien fait techniquement parlant. J'ai déjà parlé de la mise en scène inventive, mais c'est globalement toute la réalisation et même l'univers visuel, qui arrivent à nous embarquer avec eux. L'interprétation est aussi très bonne. C'est sûrement Doria Tillier qui m'a le plus séduite / surprise, car c'est typiquement le genre d'actrice que je connais sans connaître. Elle a fait la météo sur canal + il y a 10 ans, et depuis, je ne sais absolument rien de sa carrière. Je lui découvre donc ici un naturel à l'écran et un talent d'interprète, sur un rôle pas facile car à multiples facettes, que je ne soupçonnais donc pas forcément. Mais l'ensemble de la distribution m'a plu, que ce soit ceux que j'aimais avant même que le film commence, comme la merveilleuse Fanny Ardant, ou ceux que j'aimais un petit peu moins, comme Daniel Auteuil que j'ai parfois trouvé dans d'autres films monocorde, peu expressif, mais qui a réellement su me toucher ici.
J'ai trouvé enfin le film assez original dans son idée de départ, avec cette société qui recrée des époques, mais aussi dans sa volonté forte de montrer une histoire d'amour sur le déclin, et de pourtant d'arriver à délivrer un message positif, porteur d'espoir et même inspirant, du fait d'un traitement juste et très doux, cette espèce de nostalgie heureuse qui là encore nous embarque avec elle. Clairement, on a trouvé un twist hyper sympa et pertinent, qui nous fait complètement sortir du schéma-type du film romantique, mais qui pourtant nous ancre dans des codes qu'on connaît déjà, avec ce côté doudou et rassurant, qui manque à d'autres films qui tentent l'originalité.
Mais paradoxalement, malgré cette originalité que je reconnais sans aucun mal, j'ai trouvé le film hyper prévisible. Au bout de quoi, 15-20 minutes, j'avais déjà compris où le film allait m’emmener. Alors bien sûr pas tous les détails, mais les grosses lignes de l'intrigue m'ont vraiment semblé évidentes. Curieux sentiment pour moi, cette originalité prévisible.
Je dois aussi dire que je m'attendais à un film plus drôle. C'est vendu comme une comédie dramatique. Donc oui, il va y avoir du drame, des sujets sérieux, etc. Mais on doit aussi avoir de l'humour. Et pour ma part, c'est un aspect que je n'ai quasiment pas ressenti.
Et je sais très bien pourquoi je ne l'ai pas ressenti, à cause de ce qui est pour moi le gros point noir du film. Ce qui est censé être drôle dans le film, c'est le couple formé par Margot et Antoine, qui se déchire mais avec infiniment moins de classe et de tendresse que le couple Marianne / Victor. Le parallèle qu'on a tenté de faire entre les deux couples est évident et s'entend parfaitement scénaristiquement parlant... Mais j'ai trouvé ça mal fait. Là où Marianne et Victor nous touchent, Margot et Antoine nous horripilent, ils sont excessifs, ils sont vulgaires, pour ma part je n'ai pas réussi à m'y reconnaître ou à me projeter dans ce couple.
Puis il faut aussi dire que Nicolas Bedos nous fait là du Nicolas Bedos dans toute sa splendeur, fait ce que beaucoup de monde lui reproche très régulièrement, c'est à dire être narcissique à souhait. Car l'autre parallèle évident, c'est celui avec le couple qu'il a formé un temps dans la vraie vie avec Doria Tillier. Sans nier le talent qu'il a également, il a quand même une personnalité qui clive un peu, et quand il fait cela, on a un peu envie de lui mettre des baffes. Parce que c'est agaçant déjà, mais aussi parce qu'il a à mon sens sabordé tout seul son film, en proposant vraiment un truc qui fait tache et qui est trop présent dans le film. Et alors même qu'on a une courte scène du film, sur le thème de la relation père/fils, où on devine aussi des accents autobiographiques, mais en arrivant ici à être juste, à élargir le sujet d'une façon qui fait que à peu près tout le monde pourra s'y reconnaître. Il en est donc capable quand il veut, et c'est donc d'autant plus agaçant quand manque à ce point de recule par ailleurs.
Bon après dans l'ensemble, ça reste un film que j'ai pris plaisir à regarder, que j'ai trouvé bien fait, et qui pousse à la réflexion sur le couple et son évolution, et c'est sûrement l'essentiel.
Au final, je suis plutôt agréablement surprise, car on évite ces écueils. On propose un documentaire déjà très bien produit, ce qui ne gâche rien. L'univers visuel, la musique, le montage, etc... C'est vraiment propre et ça souhaite clairement s'inscrire dans la même veine que les films. C'est aussi un documentaire bien équilibré, qui offre sa juste place à chaque film, à chaque acteur principal, à chaque réalisateur, et à chaque émotion. C'est à dire que oui, on n’échappera pas à la séquence émotion avec les acteurs morts depuis le tournage par exemple, mais on est loin de baser l'émotion uniquement là-dessus, et on saura aussi donner sa juste place, par exemple, à l'aspect plus enfantin / merveilleux des premiers films ou encore à de l'interprétation de certains points de l'intrigue qui ont parfois pu être mal compris (l'évolution du personnage de Drago par exemple, ou la romance Hermione/Ron, où on va vraiment tenter de nous faire croire qu'elle était hyper bien amenée et naturelle - alors que juste non, pitié, même les acteurs en étaient hyper gênés). Je pense cependant que ce que j'ai préféré, c'est le décryptage d'aspects plus techniques, comme les décors, ou la création du "physique" de Voldemort. Après, j'avoue aussi n'avoir jamais regardé les bonus DVD, donc je suis incapable de vous dire si on apprend des choses réellement nouvelles, sur ce point, mais pour moi c’était de la découverte.
Petite déception cependant sur la liste des intervenants plus secondaires ; c'est le piège de ce genre de documentaire, on a un peu envie de revoir tout le monde. Difficile aussi de savoir qui n'a pas été invité ou qui n'a pas accepté de venir, et donc qui blâmer. Mais clairement il y a des trous dans la raquette, des interprètes et personnages marquants qu'on ne voit quasiment pas, genre Brendan Gleeson / Alastor Maugrey. Ou encore des acteurs comme Clémence Poésy et Robert Pattinson, qui étaient littéralement personne au moment du tournage, et qui sont aujourd'hui des stars, je trouve que leurs avis sur leurs débuts et le fait qu'ils aient finalement mieux rebondi que les acteurs principaux car n'étaient pas au centre de l'attention, auraient pu être très intéressants je pense. Ou Evanna Lynch, qui est elle présente, mais qu'on voit a peine, alors que je pense que le personnage de Luna a pourtant bien marqué les esprits. Sans rire on la voit moins que Alfred Enoch qui jouait Dean (quiiiii ? Oui je sais, moi aussi j'ai du m'aider de wikipédia pour me souvenir de qui c'était).
Et puis ensuite il y a le cas JK Rowling, son éviction de sa propre saga. Je suis plus dérangée par la façon dont ça a été fait, que par le fait qu'on l'ait fait. A mon sens, ici on est sur un documentaire qui retrace uniquement l'aventure cinéma de Harry Potter, on nous montre notamment l'émotion des personnes qui ont un temps travaillé ensemble, qui se retrouvent après ne s'être pas vu pour la plupart depuis un bon moment et l'auteure des livres ne fait pas partie de ces personnes. Elle n'a pas du tout travaillé de la même manière que les autres sur cette saga, elle a même un rôle finalement très solitaire et assez passif concernant les films, et ça aurait pu justifier son absence du documentaire sans entrer dans aucune polémique. Sauf que là, à vouloir éviter les retombées du bad buzz de ses propos polémiques et répétés sur les personnes transgenres, on a provoqué un autre bad buzz, qui consiste à plus lui redonner la parole... Mais à ressortir quand même de l'image d'archive. On veut JK Rowling mais sans l'avoir quoi. Bref, c'est ridicule, schizophrénique et complètement hypocrite.
Classement en lot oblige, j'ai mis le film en argent, comme le reste de la saga. Je ne suis cependant pas persuadée qu'il mérite un classement si haut. Je n'ai pas passé du tout un mauvais moment devant ce documentaire, mais ça reste un documentaire, un bonus dispensable, en rien comparable avec ce que représente la saga en elle-même, mais bon, c'est comme ça.
Chacun de ses films partent pour moi d'une bonne intention et parfois même d'une très bonne idée de départ. Ce film est le parfait exemple, traiter du voyage dans le temps de la sorte, personnellement, c'est du jamais vu. Et pourtant c'est un thème classique en science-fiction et un thème en plus déjà largement abordé pas le réalisateur - qui m'a l'air un peu obsédé par la question - mais pourtant on a un point de départ vraiment différent des autres films.
Par ailleurs, si Nolan ne m'a jamais bluffé en terme de réalisation, que je trouve souvent trop grandiloquente dans ce film (avions nous vraiment besoin de faire exploser un avion par exemple ?), je dénote de vraies idées de mise en scène. Les scènes où on mêle présent et passé ont clairement de la gueule. Le rendu à l'image est impressionnant et inédit. Je sais pas trop comment ça a été tourné en vrai, mais j'imagine que l'expérience devait être hyper déroutante et nouvelle pour les interprètes aussi ; car finalement, la seule chose qu'on sait faire au cinéma et qui n'arrivera jamais au grand jamais dans la vraie vie, c'est passer des images à l'envers. Et pourtant, rien, absolument rien, ne transparaît dans leur jeu, c'est hyper fluide et naturel. Franchement, j'ai pas dit ça souvent de ce réalisateur, mais là, il y a vraiment quelque chose qui a su me cueillir.
Mais seulement voilà, je trouve à chaque fois avec Nolan qu'à force de vouloir proposer un traitement original, on tombe dans des systèmes de narration inutilement compliqués. Comme je dis souvent avec lui, NON le film n'est PAS compliqué. L'intrigue est même assez basique et hyper courte au regard de la durée du film. En vrai on pourrait résumer le concept du film en quelques lignes même. Et au lieu d'enrichir pour de vrai et utilement l'univers, avec du contenu qualitatif, on mise juste sur une narration éclatée, des explications volontairement brumeuses si ce n'est brouillonnes. On donne l'illusion de la complexité, mais on n'est pas complexe. (Exemple inverse : vous prenez le Seigneur des anneaux en vrai l’intrigue est ultra basique "amenons cet anneau magique dans un volcan pour le détruite, comme ça ça évitera qu'un super vilain s'en empare et mon copain pourra devenir roi", la narration, bien qu'en plusieurs lieux, est totalement linéaire, ce qui en fait une grande histoire, c'est tous les à-côtés, qui eux sont qualitatifs). Puis bon, c'est pas comme si on savait pas déjà comment il fonctionnait ce bon vieux Chris : il nous propose cette construction dans tous ses films. Sans rire, les fans, vous n'en avez pas marre de voir toujours la même construction d'intrigue ?! Et c'est une vraie question que je vous pose là, il n'y a pas de mépris, mais une réelle incompréhension de ma part. Personnellement, même mon plat préféré me dégoûterait si je devais en manger tous les jours, et ça fait vraiment partie du problème que j'ai avec ce réalisateur.
Là aussi, comme toujours avec Nolan, je dis pas que les acteurs jouent mal, mais je trouve qu'ils se font un peu broyer par la grandiosité du film, et la réalisation ne cherche pas à les sublimer plus que ça. La mise en scène de blockbuster, avec beaucoup d'effets, du spectaculaire pour du spectaculaire, font que les interprètes passent un peu au second plan, ne nous marquent pas. Et si Interstellar avait réussi à intégrer une bonne dose de relationnel entre les personnages qui compensait, j'ai trouvé que ça manquait ici.