Chris Marker
Réalisateur
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Note moyenne : 7.83/10Nombre d'évaluations : 18
0 Citations 6 Commentaires sur ses films
Les derniers commentaires sur ses films
Un très bon documentaire intriguant et intéressant. A la fois étrange et fascinant, cette oeuvre m'a vraiment éblouie.
Afficher en entierLa vision développée dans le film est volontairement subjective (Marker ne croit pas à la neutralité de la représentation et le montage emphatique évoque le style d’Eisenstein). Il s'agit finalement d'une réflexion sur la manipulation des images. Le montage et les commentaires off de Marker créent un jeu de résonance entre texte et iconographie, qui oriente l’œil du spectateur tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, notre perception dans un film est surtout orientée par le son (agencement des voix, musique, bruitages), ce que ce documentaire savamment construit démontre en faisant la part belle au dialectisme. La célèbre séquence filmée dans la ville de Yakoutsk est, en ce sens, particulièrement instructive.
Afficher en entierEn 1966, Chris Marker revenait sur ses voyages dans 26 pays. Le film est divisé en deux partie: le "Château", soit le le règne du politique et les rapports de domination à l’échelle planétaire, et le "Jardin", Qui traite de la fraternité humaine. C'est une flânerie un peu nostalgique, en même temps qu'un parcours ludique au travers d'une collection d'images. Le monde bouge, évolue, le regard du voyageur aussi, qui "ne sait jamais ce qu’il filme". Se superposent rêveries et souvenirs, en un montage rigoureux et travaillé, recréant une sorte de hors-temps incertain (comme on parle d'un hors-champ en cinéma). Parce qu'il les voit, qu'il les pense et qu'il les rêve tout en même temps, Marker parle de l'homme et du monde au sens le plus large possible. Si l'on se laisse embarquer, c'est magnifique.
Afficher en entierChris Marker disait que "La jetée", film inclassable, était un remake du "Vertigo" de Hitchcock. On pourrait même dire que c'en est un remake inversé. Si dans "Vertigo", le détective, fasciné par le portrait de Carlotta Valdès à laquelle la fausse Madeleine prétend s'identifier, va du souvenir recréé d'une femme à l'idée d'une femme prisonnière d'un temps qui appartient au passé. Le héros de "La jetée" va, lui, du souvenir réel d'une femme à une femme réelle qui appartient à son avenir. La science-fiction permet ce paradoxe d'un passé vécu une seconde fois s'inscrivant dans la continuité du précédant. De plus le thème de la spirale omniprésent dans "Vertigo" (le chignon de Judy, la coupe du Sequoïa, l'escalier qui monte dans la tour...), symbole de l'enroulement du temps (qui peut aussi être parcouru à rebours) et de l'implacabilité du destin, est en quelque sorte aboli dans "La jetée". Si le chignon de la femme (citation volontaire du film de Hitchcock) est rigoureusement identique lorsqu’ils se rencontrent, peu après, devant la coupe de séquoia du Jardin des plantes, la femme joue avec un chignon qui est presque dénoué. Et à la fin de cette promenade, lorsqu’elle dort au soleil et se réveille ensuite, ses cheveux sont libres. Cette métaphore visuelle illustre une libération, qui s'oppose littéralement à l'enfermement (de l'ordre de la folie) qui est développé dans le film de Hitchcock. « Elle l’accueille sans étonnement. Ils sont sans souvenirs, sans projets. Le temps se construit sans douleur, autour d’eux. Leurs seules limites sont la saveur du moment qu’ils partagent, et les signes sur les murs. » Ils sont alors au centre du temps et celui-ci ne les dirige plus. Quelques instants plus tard, on assiste à ce qui semble littéralement une suspension de l'instant présent, traduite par la seule et unique image animée de tout le film (Hélène Châtelain ouvrant un œil dans son sommeil) soutenue par un bruit violemment strident. Sublime effet de cinéma, obtenu avec une économie de moyen exemplaire... En revanche on retrouve le contenu symbolique de la spirale dans ce retour vers l'image fondatrice issue de l'enfance qui inaugure l'histoire. « l'histoire lia dans sa mémoire le soleil gelé, la scène au bout de la jetée, et un visage de femme. » L'enfant est le père de l'homme, disait le poète William Wordsworth... Travail sur la place du souvenir, sur l'évanescence et la rémanence des images, le court-métrage de Chris Marker, presque entièrement monté avec des photogrammes réalisées au Pentax 24x36, certaines retravaillées, est aussi une réinvention du cinéma qui par la simplicité extrême de sa mise en œuvre, en épure le propos et la force. C'est aussi une réflexion sur le pouvoir créateur des images. Car c'est la capacité du héros à amplifier l'image-souvenir de son enfance qui l'aménera à la découverte d'un futur où l'humanité pourra poursuivre son existence. « Si ils étaient capable d'imaginer ou de rêver d'une autre époque, peut-être seraient-ils capables d'y vivre. La police des camps espionnait même les rêves. Cet homme avait été choisi parmi un millier d'autres parce qu'il était hanté par une image du passé ». En ce qui concerne le montage, et contrairement à l'habitude, c'est la bande son (Jean Négroni lisant le texte de Chris Marker sur une composition de Trevor Duncan et des extraits de musique liturgique orthodoxe) qui a dictée le rythme du film. Chris Marker a dit a ce propos: « La matière première c’est l’intelligence, son expression immédiate la parole, et l’image n’intervient qu’en troisième position en référence à cette intelligence verbale… Mieux, l’élément primordial est la beauté sonore et c’est d’elle que l’esprit doit sauter à l’image. Le montage se fait de l’oreille à l’œil ».
Afficher en entierUn film hors du commun qui m'a personnellement totalement séduite!
Le récit d'images pour moi fonctionne très très bien, les photos sont superbes, l'utilisation de la lumière très intéressante... ce film à vraiment une très belle image.
L'histoire, futuriste et très bien ficelée je trouve, nous amène à une chute très bien amenée que j'ai personnellement fortement appréciée et trouvé très forte (et je suis très difficile pour ce qui est de la fin de films ou livres, souvent déçue).
On oscille entre diverses temporalités, à nous d'assembler toutes les pièces du puzzle. J'ai trouvé cela très intéressant d'avoir plusieurs récits enchâssés comme cela qui permettaient de faire des aller-retour entre souvenirs et présent. Pour moi, cette oeuvre de Chris Marker est un vrai coup de maître!
Afficher en entierLes gens aiment aussi
Dédicaces de Chris Marker
et autres évènements
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Studios
Argos Films : 1 film
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