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Commentaire de pwachevski

Oslo, 31 août


Commentaire ajouté par pwachevski 2024-06-23T15:01:06+02:00

C'est un bon film, mais il m'a foutu un de ces cafards... J'en suis vraiment ressortie infiniment triste et avec la boule au ventre. Et bien que ce soit un film dramatique annoncé, je ne pense pas qu'on doit nécessairement en venir à ça pour produire une histoire touchante et marquante

Alors bien entendu, il y a sa thématique de départ de la toxicomanie. On le sait bien que ça fait rarement des films joyeux, même plutôt misérabilistes, Requiem for a dream en tête. Même quand on aborde le sujet avec humour comme dans Trainspotting, l'horreur est jamais loin. Mais pour ma part, ces films ne me bouleversent pas totalement, tout simplement parce que je ne m'y projette pas : je me suis jamais droguée, fin de la projection.

La particularité de ce film-ci, c'est qu'il parle presque plus des proches des toxicomanes que des toxicomanes eux-mêmes. On y déroule la pelote sans fin des "et si ?..." qui auraient pu changer le cour de l'histoire et s'avèrent assez culpabilisants pour les personnes qui, comme moi, ne se sentaient pas concernées par le sujet. Spoiler(cliquez pour révéler)Et si le centre avait cherché à savoir pourquoi il rentre trempé ? Et si le psy avait insisté devant son troublant silence ? Et si le recruteur ne l'avait pas laissé partir, car il était intéressé par son profil malgré tout ? Et si son meilleur ami avait confirmé qu'il l'aime et lui pardonne ? Et s'il avait insisté pour l'accompagner à son entretien ? Et s'il était venu à la fête comme il lui avait promis ? Et si son ex lui avait répondu ou l'avait rappelé ? Et si sa sœur était venue au rendez-vous ? Et si la collègue de sa sœur avait insisté pour le ramener au centre ? Et si l'amie chez qui il fait la fête ne l'avait pas laissé seul ? Et si la personne qui le surprend en train de voler dans les sacs à main s'en était mêlée ? Et si son dealer avait eu une once de morale pour lui refuser la vente ou au moins une dose si élevée ? Et s'il avait reçu une autre éducation ? Et si ses parents avaient été à la maison ?... Je trouve vraiment qu'on se prend dans la tronche ce flot incessant de questions, bien loin des discours déculpabilisant habituels, et c'est un peu violent. Je pense que quelqu'un qui a vécu cette situation pourrait vraiment mal le vivre. Et même si je ne suis pas sûre d'apprécier cette intention, je ne peux nier que le film soit pertinemment écrit. Il se compose de beaucoup de longs dialogues bien pensés, déroulant pas mal de réflexions pertinentes. Les personnages sont globalement justes, du personnage principal aux secondaires. On y croit tout simplement à cette histoire.

La réalisation manque peut-être un peu de puissance, elle est étriquée, devant mettre en scène presque uniquement des dialogues. Mais elle est très propre. On essaye quand même de faire varier les décors, de proposer une progression intéressante le temps d'une unique journée et de mettre en valeur la ville d'Oslo où se déroule l'intrigue (elle est dans le titre, après tout, et ce n'était pas du tout une obligation de lui donner cette place !). On propose des choix de BO assez pertinents ; "La ritournelle" de Sébastien Tellier m'aura rarement paru aussi mélancolique. Et puis elle met superbement bien en valeur son acteur principal, Anders Danielsen Lie, brillant de justesse, de retenue et de subtilité ; sans trop de doute le meilleur élément du film.

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