Roy Ward Baker

Un film émouvant. Bien qu'il date il se laisse regarder. C'est une autre époque, les codes étaient différents... les différences de caractères, bien que stéréotypés, sont bien représentés, du plus veule au plus courageux

Je suis allée voir ce film au cinéma par hasard, à l'occasion d'une diffusion spéciale Halloween, et j'en suis ressortie un peu dubitative.

L'histoire se tient, il n'y a pas de doute, et faire de Mr Hyde une femme est quelque part assez rafraîchissant. Malheureusement, l'idée n'est pas creusée plus que ça. Ce parti pris aurait pu servir de prétexte à une relecture particulière de l’œuvre originale - la relation entre genre et violence, l'émancipation féminine, voire même la transidentité... Sauf qu'en l'état, on a plutôt l'impression que le prétexte est de reluquer les seins de l'actrice principale. Alors pourquoi pas, hein. Mais c'est un peu dommage.

Ceci étant, j'imagine que ces sujets n'étaient peut-être pas autant montrés dans le cinéma à l'époque. De ce point de vue, on peut dire que le film a mal vieilli : un homme qui tue des femmes pour leur voler leurs hormones et devenir lui-même une femme ? Une femme sexuellement libérée, amorale et dangereuse ? Ct'un peu problématique, tout ça...

Au-delà de ces considérations sur le fond, la forme est appréciable. Les acteurs sont bien choisis, et il y a de bonnes trouvailles visuelles pour évoquer la transformation de Jekyll - un peu kitsch parfois (mmmh, le sang vermillon), mais j'aime bien ça.

Seul point noir, qui m'a donné du mal à entrer dans le film : le son. Tout a été tourné en studio, mais il n'y a eu apparemment aucun travail sonore pour recréer une ambiance un minimum naturelle. Ainsi, un personnage déambulant dans les rues mal famées de Londres a les talons qui claquent et résonnent comme s'il marchait dans un hangar. Quant auxdites rues de Londres, elles n'ont jamais parues si peu vivantes : pas un souffle de vent, pas une rumeur lointaine - à croire que l'on a le droit d'entendre simplement ce qui passe à l'écran.