Commentaire de pwachevski

Nan mais juste, sans déconner, l'idée même de ce film, c'est de l'or en barre. Un gros beauf fan de film d'action qui se retrouve embarqué sur le tournage d'un film d'auteur totalement surréaliste. Un film d'auteur qui se moque des films d'auteur. Mais aussi et surtout un film d'inspiration autobiographique, qui arrive à développer une histoire sincère et touchante : ce vieux metteur en scène, Cédric Rovère, qui se prend d'affection pour le personnage de Henri. Un véritable hommage pour ce cinéaste qui, même si tout les opposait, ne l'a pas jugé mais l'a au contraire pris sous son aile, qui a eu envie de le faire progresser et de lui transmettre sa passion. Les plus malins d'entre nous aurons compris la référence : la rencontre de Jocelyn Quivrin (scénariste du film) avec Eric Rohmer. Ironie du sort, ni l'un ni l'autre n'aura vécu assez longtemps pour voir le film.

On nous montre également comment Henri est tombé amoureux de sa partenaire, là encore il fallait en fait comprendre que c'était la rencontre de Jocelyn Quivrin avec sa compagne, Alice Taglioni. J'ai, par contre, trouvé cette partie de l'histoire moins émouvante car bien plus "déjà vu" et surtout plus cliché. ça avait un gout de réécrit pour les besoins du film, alors que la relation Henri/Cédric sonnait tout à fait sincère.

Ce qui m'a marqué dans ce film, outre cette excellente idée et le fait que j'ai trouvé ça très drôle et touchant, c'est aussi à quel point ce film est humble. On se moque un petit peu mais on n'est jamais méchant. Il n'y a aucune volonté de décrédibiliser ni le cinéma d'auteur ni les blockbusters. Jocelyn Quivrin a parfaitement réussi à faire ressentir le profond respect et la reconnaissance qu'il avait pour Eric Rohmer. Et il a en plus eu la modestie de ne pas se mettre en avant. Le personnage censé être lui est présenté comme un idiot sans talent, tout juste bon à faire des blagues à deux balles, alors que ce n'est surement pas ce qu'il était. On le savait déjà bon acteur, on le découvre bon auteur. Il est définitivement parti trop tôt car il avait vraiment quelque chose à apporter au cinéma français, je pense.

Faut aussi saluer la réalisatrice, Léa Fazer, qui a eu le courage de donner vie à ce film posthume. Et faut dire ce qui est, elle fait ça très bien. Elle nous propose une réalisation soignée et agréable. Elle arrive parfaitement à faire ressentir les différentes "ambiances" de cette histoire (le coté très rustique des conditions de tournage, le coté très bucolique du film lui même, etc...). Le casting a également été soigné.

La seule chose qui m'a retenue de mettre ce film en liste or, c'est un certain temps mort, une certaine monotonie vers le milieu du film. Quand on enchaine les scènes de tournage. Ce film n'est pas forcément aussi distrayant et rythmé qu'on aurait pu l'espérer d'une comédie. C'est aussi un peu dommage que les personnages secondaires (par exemple la copine lesbienne ou le coloc' de Henri) aient été clairement beaucoup moins travaillés que les deux personnages principaux. ça reste néanmoins une très jolie composition et j'ai sincèrement été touchée par ce projet.