Commentaire de Eparm12

http://www.senscritique.com/film/Dead_Silence/critique/49062573 Cette critique exprime avec une exactitude rare ce que je pense de ce film.

La vache. Ca, c’est du film. Je l’ai tout simplement adoré. Je crois pouvoir dire qu’il s’agit de mon film d’horreur préféré. Dead Silence est excellent.

La première chose qui m’ait frappée pendant que je visionnais le film a été la musique. Un bijou. La bande-son intégrale est splendide, les notes de piano glaçantes, et s’accorde aux images avec une justesse rare. Le thème principal est souligné dans le générique inventif du début, et se répète par intermittence tout le long du film telle une sombre litanie ininterrompue. La construction du morceau m’a rappelé celle du thème de l’Exorciste, mais l’air n’est pas le même et se démarque. J’ai adoré cette musique macabre proche de celle d’une boite à musique brisée, et j’en ai eu sans arrêt les poils hérissés. Mais je ne peux pas analyser Dead Silence sans évoquer une seule fois cette notion du silence, que le film s’approprie et exploite à sa manière. Certaines scènes se déroulent dans un silence suffoquant, on n’entend rien d’autre que les bruits produits par les personnages comme leur respiration, et ces arrêts, ces pauses dans le temps, étouffent, dans le sens où l'on se remémore les premiers vers de l’histoire de Mary Shaw : "Prends garde au regard de Mary Shaw, elle n’avait pas d’enfants, que des poupées, et si un jour tu la vois dans tes rêves, prends garde à ne surtout pas crier."

J’ai trouvé les scènes silencieuses du film particulièrement malsaines, et j’ai plus d’une fois retenu mon souffle dans l’attente de quelque chose ou d’un quelconque jump-scare, qui ne vint jamais ou presque. Le film instaure une ambiance angoissante et oppressante dès le début, et même si les codes du cinéma d'horreur ne sont pas renouvelés, ils sont en revanche excellemment bien maniés par James Wan, un réalisateur que je ne connaissais qu’au travers de Saw, un film que je ne porte pas spécialement dans mon cœur. Seulement ici, le bonhomme est remonté en flèche dans mon estime car sa réalisation est superbe : les transitions sont parfaitement amenées et les images d’une beauté… Glaçante, ce terme est le bon. Ce film est glaçant, tout dans ce film est glaçant après réflexion et aura réussi à me faire frissonner. Les filtres sombres et bleutés appliqués aux images font preuve d’un goût sûr et rendent le film magnifique à regarder, lui conférant une esthétique particulière, pourtant lisible et propre. Le contraste de ces couleurs et de la noirceur plus ou moins prononcée et permanente des images est méticuleux, et bénéficie d’un sens du détail extraordinaire : jusqu’à présent, je n’avais jamais vu un film d’horreur aussi précis dans la réalisation de ses cadrages ou de ses plans.

Le casting est étonnamment bon et j’ai été surprise de reconnaitre en tant qu’acteur principal de ce film le petit frère de Sookie dans la série True Blood. Le trouvant ridicule dans True Blood, j’ai d’abord pensé qu’il serait mauvais dans Dead Silence, voire une nouvelle fois ridiculisé par ses expressions irréalistes et ses manières, et j’ai été agréablement surprise par sa performance. Je ne dis pas qu’il est brillant ou quoi, mais je pense que son jeu s’est grandement amélioré et qu’il est en bonne voie de progression. L’interprète de sa femme Lisa est en revanche très naturelle et je regrette qu’elle ne tienne pas une place plus importante au sein du film, étant donné qu’elle se fait tuer par la marionnette au bout de la dixième minute. Le couple qu’ils forment à l’écran est crédible et fort sympathique, et loin d’être niais. Même si la séquence est rapide, je peux penser que je ne me serais pas ennuyée si le couple était resté uni tout le long. Tout le reste du casting est inspiré et se débrouille très bien, je pense notamment au style atypique du policier ou de Henry et de sa femme Marion. Leurs personnages sont ceux que j’ai préférés : relativement bien développés, leur psychologie est en premier lieu abordée et le film y parvient sans grand effort.

Au-delà de ce plan technique fabuleux que je salue à tous les niveaux, le scénario est parfaitement construit, intelligent, captivant et par-dessus tout surprenant. C’est bien simple, je n’ai pas vu venir une seule fois le twist final, qui m’aura fait violemment sursauter, c’est le cas de le dire. Fin et bien pensé, le film tient en haleine pour qui ce sera laisser prendre jusqu’à la toute dernière minute et m’a ôté les mots de la bouche, moi qui pensais avoir deviné le mystère de Mary Shaw. Mary Shaw est un personnage intriguant car peu développé et dont un pan de la psychologie nous est pourtant dévoilé. Enigmatique, complètement folle et a contrario légitimement en colère, elle est prête à tout pour se venger, comme se réincarner au travers de ses nombreuses marionnettes... Le thème de la marionnette n'en est pas un que j'affectionne particulièrement étant donné que tout ce qui se rapporte aux poupées est très effrayant, mais il est très bien traité dans ce film et avec originalité qui plus est. Le rôle du ventriloque n'est pas à négliger non plus et la mise en scène instaurée dès le départ nous le prouve à maintes reprises.

De plus, si l'atmosphère est donc très travaillée et m'a bien fait flipper (première fois depuis des lustres qu'un film d'horreur parvient à me faire un tel effet), le rythme est juste et le film ne contient aucune fausse note. Les temps morts sont assimilés aux instants silencieux et je maintiens que le film est dans sa bonne durée : plus ou moins n’aurait pas été apprécié ou suffisant. Bref, vous l'aurez compris, j'adore ce film dont la mise en scène est excellente, et qui m'aura aussi bien surprise qu'effrayée. Dead Silence a tout du conte malsain pour adultes et je vous le conseille absolument, ne passez pas à côté.