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Tous les autres s'appellent Ali
Réalisateur
- Rainer Werner Fassbinder (Réalisateur)
Thèmes principaux du film
Tous les autres s'appellent Ali
Bande annonce
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Allemagne, années 70. Emmi, une vieille femme de ménage, s’aventure dans un bar de travailleurs immigrés et y rencontre Ali, un Marocain bien plus jeune qu’elle. Contre toute attente, ils tombent amoureux l’un de l’autre et ne tardent pas à se marier. Pleuvent alors les réactions choquées et hostiles de leur entourage, nourries par le racisme ambiant de la société allemande post-hitlérienne.
Le duo formé par Emmi et Ali brise les conventions de bien des manières. Différence d’âge, de physique, d’origine, de langage, de références culturelles (on peut noter que pour une fois, c’est la femme qui est vieille et laide, et l’homme qui est présenté comme un objet de désir, montré nu ou dans des vêtements moulants, et obéissant aux moindres souhaits de sa femme)... Tout compte fait, ce qui les rassemble, c’est de faire face ensemble à cette société rongée de préjugés.
Le film se veut avant tout être une histoire d’amour. Cependant, j’ai eu du mal à être emportée par la romance. Il est évident qu’Emmi s’accroche à Ali surtout parce qu’elle a peur d’être seule ; on ne la voit jamais s’intéresser à lui en profondeur, à ses désirs, ses goûts, sa culture... Quant à Ali, il a certes été touché par la générosité et la vulnérabilité d’Emmi, mais de là à ce qu’il tombe amoureux d’elle ? Son personnage, peu bavard, reste assez opaque sur l’ensemble du film, ce qui ne m’a pas aidé à croire en l’intensité de ses sentiments. Ajoutons à cela une caméra souvent distante, qui filme un quotidien de couple banal : autant de choix qui m’ont empêchée d’adhérer à cette histoire.
Certains partis pris de mise en scène m’ont toutefois assez plu. J’ai apprécié la théâtralité des longs plans sur tous ces personnages figés, au regard fixe rivé sur Emmi et Ali. Distillés tout au long du film, ils créent une atmosphère oppressante et transmettent sans un mot tout le jugement porté par la société sur ce couple hors-normes. Le cadre et la composition de l’image accentuent également ce sentiment d’étouffement, en enfermant les personnages dans des lignes rigides, derrière des barreaux d’escaliers, dans des encadrements de portes, etc.
La théâtralité du film se retrouve aussi dans le traitement presque caricatural des personnages secondaires. Spoiler(cliquez pour révéler)La plupart d’entre eux ont une personnalité qui se résume en un mot : la voisine fouineuse, l’épicier opportuniste, les enfants égoïstes – et tous retournent leur veste au retour de vacances du couple avec une facilité très artificielle. On sent qu’ils sont avant tout là pour incarner l’argument antiraciste du film. Ceci étant, cette artificialité va de pair un certain réalisme : on suit des scènes du quotidien, sans grandes envolées passionnées, et sans musique additionnelle. Le ton du film reste sobre.
Évidemment, on ne peut pas parler du film sans discuter son traitement du racisme. Il y est décliné sous toutes ses formes, des plus insidieuses aux plus éhontées. On sent une volonté de nuancer le personnage d'Emmi, ancienne adhérente du parti nazi, qui se retrouve être la moins raciste de tous. Son passé fasciste, qu’elle évoque avec nostalgie, apparaît comme une forme de naïveté, une dissonance cognitive.
Si pour l’époque, le propos du film était sans doute subversif, on peut se demander si cette manière d’aborder ces problématiques est toujours pertinente de nos jours. Ali est tout de même réduit à un certain nombre de clichés : l’homme arabe infidèle, qui adore le couscous, qui ne parle pas bien allemand… Enfin, un autre point qui, pour moi, a mal vieilli : le montage entrecoupé de fondus au noir à la fin de chaque séquence, qui alourdit le film.
Afficher en entierLa traduction française du titre du film me rend un peu perplexe...La traduction littérale de l'allemand est "La peur mange l'âme". Titre qui correspond nettement mieux au film, pas spécialement parce qu'elle est prononcée dans le film mais parce que ce film nous parle d'incompréhension, de préjugés, de haine aussi un peu mais surtout de la peur de l'autre, de l'inconnu, de ce que l'on ne connait pas...
Très bonne réalisation avec des travellings qui marchent bien et des acteurs qui interprètent savamment leur personnage.
Une œuvre bouleversante, brute, sincère et tendre que je vous recommande vivement !
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- Angst essen Seele auf - Allemand
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Editeurs
Les chiffres
spectateurs | 13 |
Commentaires | 2 |
répliques | 0 |
Evaluations | 3 |
Note globale | 7.33 / 10 |
Synopsis
Dans un café fréquenté par des travailleurs immigrés, Emmi, veuve d'une soixantaine d'années, fait la connaissance d'Ali, un Marocain plus jeune qu'elle. Ali s'installe chez elle dès le lendemain, puis ils se marient. Les enfants d'Emmi, ses voisins, ses collègues, tous sont scandalisés par cette union. Le couple est mis à l'écart, mais va vite se révéler indispensable à la communauté...
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