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Commentaire de Eparm12

Dogville


Commentaire ajouté par Eparm12 2016-02-17T18:02:06+01:00

Je sais que Lars Von Trier est un fou. Un fou furieux qui s’en bat les steaks de tout, qui s’affirme face aux producteurs et qui leur dit merde quand il s’agit de réaliser ses films à SA manière. Lars Von Trier est un fou et je l’aime sincèrement. Il est d’ailleurs en passe de devenir l’un de mes réalisateurs préférés, chose que je ne peux pas encore affirmer puisque je n’ai vu que deux de ses films, mais qui ne saurait tarder. En premier lieu, je me souviens avoir visionné il y a quelques temps un certain Melancholia, que j’avais totalement adoré. Ayant été conquise de la première minute à la dernière par cette unique œuvre d’art expérimentale, j’étais impatiente de m’atteler au reste de sa filmographie, que je comptais regarder dès que l’occasion se présenterait, comme aujourd’hui.

Dogville est un autre film expérimental (c’est le cas de le dire) de ce réalisateur complètement barge mais qui a tout mon respect, et comme le précisent les commentaires précédant le mien, ce gars est un barge qui s’est octroyé le droit, et sans pression en plus, de supprimer le décor. Comme ça. Au calme. Question originalité, je crois qu’il est strictement impossible de faire mieux, auquel cas dites-moi comment, je vous le demande. Parce que c’est la première fois de ma vie, oui, la première fois de my entire life que je regarde un film sans aucun décor à proprement parler. Ce que je veux dire par là, c’est que l’on se retrouve plongé au cœur d’un film dont l’histoire se déroule intégralement sur un plateau de studio vierge parsemé de quelques babioles qui trainassent par-ci par-là, et marqué de gros traits blancs de maternelle dessinés à même le sol pour indiquer les emplacements des petites maisons invisibles, des arbustes pleins de groseilles et du chien. Du chien, bordel. Même du chien, qui n’est pas présent physiquement dans le film mais que l’on entend pourtant aboyer à plusieurs reprises.

Que l’on soit clair : si l’on peut penser au départ que Trier a subitement pété un câble et décidé de faire joujou sans outre-mesure en supprimant les décors de son film, il serait important de préciser (il s'agit de mon avis personnel sur la question), que je ne crois pas qu’il l’ait appliqué juste pour emmerder le monde. Il y a peut-être un peu de ça, histoire de bousculer ses spectateurs et de les sortir de leur zone de confort cinématographique habituelle en leur imposant cet aspect délirant au premier abord, mais qui fonctionne méchamment au deuxième, et sert à la perfection la dure réflexion sur laquelle s’axe Dogville. En effet, si le scénario du film n’est pas foncièrement extrêmement travaillé en soi, la réflexion qu’il développe l’est en revanche, exactement comme elle l’a été dans Melancholia, dont l'intrigue est également prévisible, certes, mais dont l’intérêt ne réside pas au cœur des péripéties narrées, mais bien dans sa manière à laquelle il fait écho à bon nombre de choses à la fois. Car il est parfaitement construit et intelligemment mené sans aucune incohérence jusqu’à la fin.

Le film est divisé en neuf chapitres et démarre par un prologue perturbant, ce qui nous rappelle au bon souvenir du découpage par acte d’une pièce de théâtre, le plateau y étant également pour beaucoup. Les acteurs, alors assimilés à des comédiens, évoluent sans plus se soucier de rien au départ sur cette scène dénudée, qui accentue ce sentiment de malaise considérable que l’atmosphère du film tend à mettre en place d’entrée de jeu, et se révèle étouffante alors qu’il n’y a paradoxalement rien à l’écran qui pourrait nous le faire ressentir. Si le décor est aux abonnés absents, c’est tout comme s’il existait : les personnages ouvrent des portes dans le vide et ne voient rien lorsqu’il se passe des choses, particulièrement une chose affreuse juste sous leurs yeux, dans les pièces physiquement non délimitées à leurs côtés. Dérangeant est le terme qui conviendrait pour cet aspect visuel qui s’il est évidemment original, reste troublant.

La réflexion sur laquelle s’axe le film est abordée sous un certain angle par Trier, qui nous amène à suivre sa démarche jusqu’au bout afin de comprendre où il compte nous emmener sans avoir au préalable consulté notre humble avis. Il nous laisse volontairement dans le flou et nous fait croire qu’il ne prend aucun parti au sein de son œuvre, limite s'amincissant à mesure que le film progresse dans sa démarche presque philosophique. Au début du film, j’avoue avoir été déroutée. Puis j’ai été perdue pendant un petit moment, jusqu’à rapidement m’habituer à l’aspect visuel et à la tension instaurée dès le départ lourde de sens, planant tel un avertissement, un pressentiment nous alertant que c’est le calme avant la tempête.

Les habitants de Dogville sont tous très aboutis et les acteurs une fois de plus excellents et parfaitement dirigés. Leur psychologie respective est très poussée, ce qui est un exploit pour un nombre aussi important de personnages malgré le fait que le film dure trois heures. Oui, parce que ce film dure trois heures entières et que je ne m’attendais pas à ce qu'il soit aussi conséquent. Contemplatif, accompagné d’une voix off cynique semblant commenter l’œuvre avec circonspection, il est vrai que l’on peut vite s’ennuyer devant si l’on n’y a pas adhéré, ce qui n’a pas été mon cas même si je me suis surprise à regarder l’heure pendant quelques instants de flottement, où il m’a paru que le film s’étirait un peu trop.

Il est lent, très lent (nouvelle comparaison inévitable avec Melancholia), mais prend le temps de poser le cadre, d’exposer la situation dans ses moindres détails et de se dérouler en prenant grand soin de s’attarder sur chaque facette de Dogville, que les habitants cherchent à dissimuler puis enfouir derrière des tas d’excuses loin d’être honorables. Trier met en lumière un pan vicieux de notre société au travers de cette petite bourgade exilée en montagne et reliée à la ville par une seule et unique route, et la fin du récit absolument horrible témoigne de la morale chère au cœur de Trier qu’il souhaite nous délivrer en réalisant un film tel que celui-ci. Le masque de l'hypocrisie tombe, le plateau sans décor s'avère être une représentation concrète de cette hypocrisie aveugle aux barrières effondrées qu'entretiennent les habitants de Dogville dès que leurs intérêts sont menacés, et au beau milieu de tout cela, la sublime Nicole Kidman atteint le point de rupture malgré sa bonne volonté. Attention, elle est exceptionnelle dans ce film et je pense que Trier a un réel talent quand il s'agit de faire ressortir le meilleur jeu de ses acteurs.

Sa réalisation est exquise et le visuel époustouflant, bien moins subjuguant que celui de Melancholia, qui dépasse l’entendement, mais je n’en attendais pas moins de lui. Fidèle au cinéma de Trier désormais et acceptant sans complexe le traitement de ses thèmes d’une noirceur magnétique, j’ai bien aimé Dogville. Simplement, sa lenteur et le fait que la fin soit prévisible dans un certain sens m’a cependant gênée, même si je reconnais sans aucun mal que la dégradation de Dogville toute entière reste un coup de maître tout du long. Ce film est très bon et se place comme étant l’un des meilleurs et des plus originaux que j’ai jamais vus. Réellement. Je le conseille, bien qu’il ne puisse pas plaire à tout le monde, mais j’en prends le risque.

PS : les dialogues sont magnifiques et la bande-son tout à fait extraordinaire. Il faut dire que ce film est très bien écrit à tous les niveaux et d'une beauté à couper le souffle, comme les autres œuvres de Trier.

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