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Dogville



Description ajoutée par louloutche 2013-12-18T18:25:33+01:00

Synopsis

Interdit aux moins de 12 ans

Dans les années trente, des coups de feu retentissent un soir dans Dogville, une petite ville des Rocheuses. Grace, une belle femme terrifiée, monte en courant un chemin de montagne où elle fait la rencontre de Tom, un jeune habitant de la bourgade. Elle lui explique qu'elle est traquée par des gangsters et que sa vie est en danger. Encouragée par Tom, la population locale consent à la cacher, en échange de quoi Grace accepte de travailler pour elle.

Lorsqu'un avis de recherche est lancé contre la jeune femme, les habitants de Dogville s'estiment en droit d'exiger une compensation, vu le risque qu'ils courent à l'abriter. Mais la pauvre Grace garde en elle un secret fatal qui leur fera regretter leur geste...

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Classement en cinéthèque - 73 spectateurs

Commentaire le plus apprécié

Argent

Je sais que Lars Von Trier est un fou. Un fou furieux qui s’en bat les steaks de tout, qui s’affirme face aux producteurs et qui leur dit merde quand il s’agit de réaliser ses films à SA manière. Lars Von Trier est un fou et je l’aime sincèrement. Il est d’ailleurs en passe de devenir l’un de mes réalisateurs préférés, chose que je ne peux pas encore affirmer puisque je n’ai vu que deux de ses films, mais qui ne saurait tarder. En premier lieu, je me souviens avoir visionné il y a quelques temps un certain Melancholia, que j’avais totalement adoré. Ayant été conquise de la première minute à la dernière par cette unique œuvre d’art expérimentale, j’étais impatiente de m’atteler au reste de sa filmographie, que je comptais regarder dès que l’occasion se présenterait, comme aujourd’hui.

Dogville est un autre film expérimental (c’est le cas de le dire) de ce réalisateur complètement barge mais qui a tout mon respect, et comme le précisent les commentaires précédant le mien, ce gars est un barge qui s’est octroyé le droit, et sans pression en plus, de supprimer le décor. Comme ça. Au calme. Question originalité, je crois qu’il est strictement impossible de faire mieux, auquel cas dites-moi comment, je vous le demande. Parce que c’est la première fois de ma vie, oui, la première fois de my entire life que je regarde un film sans aucun décor à proprement parler. Ce que je veux dire par là, c’est que l’on se retrouve plongé au cœur d’un film dont l’histoire se déroule intégralement sur un plateau de studio vierge parsemé de quelques babioles qui trainassent par-ci par-là, et marqué de gros traits blancs de maternelle dessinés à même le sol pour indiquer les emplacements des petites maisons invisibles, des arbustes pleins de groseilles et du chien. Du chien, bordel. Même du chien, qui n’est pas présent physiquement dans le film mais que l’on entend pourtant aboyer à plusieurs reprises.

Que l’on soit clair : si l’on peut penser au départ que Trier a subitement pété un câble et décidé de faire joujou sans outre-mesure en supprimant les décors de son film, il serait important de préciser (il s'agit de mon avis personnel sur la question), que je ne crois pas qu’il l’ait appliqué juste pour emmerder le monde. Il y a peut-être un peu de ça, histoire de bousculer ses spectateurs et de les sortir de leur zone de confort cinématographique habituelle en leur imposant cet aspect délirant au premier abord, mais qui fonctionne méchamment au deuxième, et sert à la perfection la dure réflexion sur laquelle s’axe Dogville. En effet, si le scénario du film n’est pas foncièrement extrêmement travaillé en soi, la réflexion qu’il développe l’est en revanche, exactement comme elle l’a été dans Melancholia, dont l'intrigue est également prévisible, certes, mais dont l’intérêt ne réside pas au cœur des péripéties narrées, mais bien dans sa manière à laquelle il fait écho à bon nombre de choses à la fois. Car il est parfaitement construit et intelligemment mené sans aucune incohérence jusqu’à la fin.

Le film est divisé en neuf chapitres et démarre par un prologue perturbant, ce qui nous rappelle au bon souvenir du découpage par acte d’une pièce de théâtre, le plateau y étant également pour beaucoup. Les acteurs, alors assimilés à des comédiens, évoluent sans plus se soucier de rien au départ sur cette scène dénudée, qui accentue ce sentiment de malaise considérable que l’atmosphère du film tend à mettre en place d’entrée de jeu, et se révèle étouffante alors qu’il n’y a paradoxalement rien à l’écran qui pourrait nous le faire ressentir. Si le décor est aux abonnés absents, c’est tout comme s’il existait : les personnages ouvrent des portes dans le vide et ne voient rien lorsqu’il se passe des choses, particulièrement une chose affreuse juste sous leurs yeux, dans les pièces physiquement non délimitées à leurs côtés. Dérangeant est le terme qui conviendrait pour cet aspect visuel qui s’il est évidemment original, reste troublant.

La réflexion sur laquelle s’axe le film est abordée sous un certain angle par Trier, qui nous amène à suivre sa démarche jusqu’au bout afin de comprendre où il compte nous emmener sans avoir au préalable consulté notre humble avis. Il nous laisse volontairement dans le flou et nous fait croire qu’il ne prend aucun parti au sein de son œuvre, limite s'amincissant à mesure que le film progresse dans sa démarche presque philosophique. Au début du film, j’avoue avoir été déroutée. Puis j’ai été perdue pendant un petit moment, jusqu’à rapidement m’habituer à l’aspect visuel et à la tension instaurée dès le départ lourde de sens, planant tel un avertissement, un pressentiment nous alertant que c’est le calme avant la tempête.

Les habitants de Dogville sont tous très aboutis et les acteurs une fois de plus excellents et parfaitement dirigés. Leur psychologie respective est très poussée, ce qui est un exploit pour un nombre aussi important de personnages malgré le fait que le film dure trois heures. Oui, parce que ce film dure trois heures entières et que je ne m’attendais pas à ce qu'il soit aussi conséquent. Contemplatif, accompagné d’une voix off cynique semblant commenter l’œuvre avec circonspection, il est vrai que l’on peut vite s’ennuyer devant si l’on n’y a pas adhéré, ce qui n’a pas été mon cas même si je me suis surprise à regarder l’heure pendant quelques instants de flottement, où il m’a paru que le film s’étirait un peu trop.

Il est lent, très lent (nouvelle comparaison inévitable avec Melancholia), mais prend le temps de poser le cadre, d’exposer la situation dans ses moindres détails et de se dérouler en prenant grand soin de s’attarder sur chaque facette de Dogville, que les habitants cherchent à dissimuler puis enfouir derrière des tas d’excuses loin d’être honorables. Trier met en lumière un pan vicieux de notre société au travers de cette petite bourgade exilée en montagne et reliée à la ville par une seule et unique route, et la fin du récit absolument horrible témoigne de la morale chère au cœur de Trier qu’il souhaite nous délivrer en réalisant un film tel que celui-ci. Le masque de l'hypocrisie tombe, le plateau sans décor s'avère être une représentation concrète de cette hypocrisie aveugle aux barrières effondrées qu'entretiennent les habitants de Dogville dès que leurs intérêts sont menacés, et au beau milieu de tout cela, la sublime Nicole Kidman atteint le point de rupture malgré sa bonne volonté. Attention, elle est exceptionnelle dans ce film et je pense que Trier a un réel talent quand il s'agit de faire ressortir le meilleur jeu de ses acteurs.

Sa réalisation est exquise et le visuel époustouflant, bien moins subjuguant que celui de Melancholia, qui dépasse l’entendement, mais je n’en attendais pas moins de lui. Fidèle au cinéma de Trier désormais et acceptant sans complexe le traitement de ses thèmes d’une noirceur magnétique, j’ai bien aimé Dogville. Simplement, sa lenteur et le fait que la fin soit prévisible dans un certain sens m’a cependant gênée, même si je reconnais sans aucun mal que la dégradation de Dogville toute entière reste un coup de maître tout du long. Ce film est très bon et se place comme étant l’un des meilleurs et des plus originaux que j’ai jamais vus. Réellement. Je le conseille, bien qu’il ne puisse pas plaire à tout le monde, mais j’en prends le risque.

PS : les dialogues sont magnifiques et la bande-son tout à fait extraordinaire. Il faut dire que ce film est très bien écrit à tous les niveaux et d'une beauté à couper le souffle, comme les autres œuvres de Trier.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par pwachevski 2023-10-24T21:53:52+02:00
Diamant

J'ai littéralement adoré ce film, et c'est sans trop de doute, à ce jour, celui de Lars von Trier que j'ai préféré.

Alors oui, il y a de façon évidente ce décor expérimental, quasi jamais vu (Joe Wright s'y est essayé un peu dans Anna Karenine, mais j'ai personnellement pas été convaincue du tout par cet autre film), qui marquera n'importe lequel des spectateurs. Que vous aimiez ou non le film, que vous soyez cinéphile ou pas, ça interpellera tout le monde, et ça c'est déjà de l'art en soit. Ce qui est fou, c'est que quand on regarde le film, le décor ne nous manque pas, parce que la mise en scène et les mouvements de camera sont assez soignés pour se suffirent à eux-mêmes. Certaines scènes savent même parfaitement exploiter cet élément, pour être encore plus saisissantes que s'il y avait un vrai décor. Spoiler(cliquez pour révéler)Je pense par exemple au premier viol de Grace, dans la maison de Chuck. Tous les acteurs autour voient en réalité la scène, mais dans la fiction du film, les personnages n'en savent rien, doivent ignorer sa situation, ne pas lui venir en aide, ce qui est extrêmement puissant, et déjà annonciateur de la suite.

Mais là où le talent du réalisateur explose réellement pour moi, c'est que ce décor aurait pu être juste une lubie un peu ridicule, de la branlette intellectuelle de réalisateur prétentieux. Mais non, du tout. On n'a pas seulement mis un décor de théâtre dans un film (c'est ce que je reprochais à Joe Wright que j'ai cité plus haut : ça n'apportait quasiment rien à son film), on fait bien plus que ça, on joue bien plus largement avec les codes du théâtre notamment au niveau de la narration.

*Digression : explications techniques sur la narration théâtrale, passez si ça vous intéresse pas*

Si vous ne le savez pas, la narration au théâtre et au cinéma n'est pas du tout la même.

Vous voyez ce moment où vous quittez la salle de cinéma en vous imaginant être le personnage principal du film que vous venez de voir ? Non vous n'êtes pas bête ou immature de faire ça, on le fait tous, c'est précisément ce qu'on cherche à faire dans un film, de vous projeter dans l'histoire, de vous faire adopter le point de vue subjectif d'un personnage, de vous faire vivre sa réalité. Et quand on voit dans un film un truc non vraisemblable, qui n'arriverait pas dans la vraie vie, comme un flashback ou une chronologie éclatée, la réaction de base, c'est de pas aimer ça et de le rejeter ; même si le genre fantastique existe et même si certains réalisateurs en font leur spécialité pour tenter de renverser notre opinion sur la question (Nolan au hasard - ouais, j'lui trouve des qualités parfois), je résume bien entendu, le but est pas de faire une dissertation à ce sujet.

Alors qu'au théâtre, ça n'arrive jamais de se prendre pour le personnage de la pièce, parce qu'on a la distanciation. En version là encore très résumée, il y a des contraintes impondérables au théâtre, en terme de décor, d'espace, de temporalité, et même de placement du spectateur dans la salle, qui voit toujours les choses de face, à la différence d'une caméra qui peut tourner autour de son acteur, bouger avec lui, etc. Au théâtre, on garde du recul, on se fait raconter une histoire, on ne la vit pas, on est dans une position extérieure, un point de vue objectif. Et là, les trucages de scénographie, les bonds dans le temps, les voix off, sont monnaies courantes et parfaitement acceptés du spectateur.

*Fin de la digression*

Et donc je disais que Lars von Trier, dans ce film, il a pas juste planté un décor de théâtre dans un film, et c'est juste contenté de ça pour se croire fin réalisateur. Non, au début du film, on est à 100% dans une narration théâtrale. On l'a complètement la distanciation, on nous raconte littéralement l'histoire, avec le décor minimaliste donc, qu'on ne nous cache pas du tout, avec des plans larges ou en plongé, mais aussi la voix off, le chapitrage, une présentation très énumérative des personnages, sans qu'il n'y ait une grande empathie. Et plus le film avance, plus on va aller vers des codes classiques de cinéma, jusqu'à même les adopter à 100% la fin. Au fur et à mesure qu'on s'habitue au décor, au point de l'oublier, par une façon de filmer plus recentrée, avec des personnages en gros plan, sans visu ou presque sur le décor ; c'est très marqué dans la dernière scène Spoiler(cliquez pour révéler)quand Grace est dans la voiture avec son père, vitres cachées par des rideaux, on ne voit même plus le décor, cette scène pourrait se trouver dans un film "classique". Et même quand on voit le décor, il y a un basculement vers un point de vue subjectif, une identification au personnage principal et une empathie qui fini quand même par avoir lieu ; notamment quand le personnage de Grace vivra des moments compliqués.

Et entre ces deux extrêmes, le début et la fin du film ? Même si ça ne sera clairement pas perceptible consciemment du plus grand nombre, on navigue en permanente entre des codes classiques de théâtre et de cinéma, on bascule entre les deux, avec une précision folle, selon l'effet que le réalisateur recherche dans sa scène. Il fait clairement ça avec l'idée de servir son histoire, des faire écho aux modes de pensée de ses personnages, qui adooooorent la distanciation. Spoiler(cliquez pour révéler)Que ce soit pour se protéger, comme Grace, qui en use pendant ses viols, car l'évènement est trop dur pour être vécu consciemment. Ou que ce soit pour se dédouaner de ses actions, quand les différents habitants font des misères à Grace, en minimisant, en se trouvant des excuses, des justifications, en tournant la chose à l'humour, en s'en remettant au collectif. Bref, on n'est pas sur une lubie artistique à la con, on est dans un truc qui a été savamment pensé, réfléchit, et qui est absolument brillant je pense.

Le résultat au-delà d'un simple décor, c'est probablement le film du réalisateur qui va le plus creuser la nature humaine, le plus profondément, dans ce qu'elle a de plus sombre. Qui va le plus se demander comment on peut en arriver là, à se faire du mal les uns aux autres, à s'exploiter les uns aux autres. Ce n'est pas la première fois qu'il aborde l'exploitation de l'homme par l'homme et donc le capitalisme en réalité, mais c'est la première fois que je le trouve vraiment juste et saisissant dans son propos, en ayant en plus un angle d'attaque extrêmement original, subtile et bien amené, jusqu'à son générique de fin, dernier coup de maître du film, où on ne sait vraiment pas si on doit rire ou pleurer Spoiler(cliquez pour révéler)de voir littéralement des photos de pauvres, des victimes de ce système, sur un titre aussi dansant que Young Americans de David Bowie. C'est juste du génie pour moi.

Ah et oui, bien sûr c'est bien joué, bien sûr Nicole Kidman est magnifique, mais ça, vous l'avez tous vu, vous avez pas besoin qu'on vous le dise, donc j'ai pas trouvé utile de faire une tartine sur le sujet. Le film fait 3h, oui c'est long, mais pour ma part je n'ai ressenti aucun ennui. Pourquoi je ne l'ai pas mis dans ma liste diamant ? A vrai dire je sais pas moi-même, une fin en partie prévisible peut-être, pas grand chose donc, en réalité. Je ne parie pas que ça ne changera pas dans quelques jours.

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Commentaire ajouté par Brodette 2016-04-14T09:49:39+02:00
Argent

Wa, wa, wa... Lars Von Trier possède la capacité de faire des choses vraiment dingue... Il test, il expérimente, il bidouille et c'est magnifique. J'ai mis beaucoup de temps à me faire au décors, ce huis clos qui n'en n'est pas vraiment un, les sons rajouté, tout comme la lumière visible seulement sur le visage des personnage, le choix des acteurs, l'intrigue, tout est sublime. Mais qu'est ce qui lui passe par la tête? J'aimerai bien savoir!

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Commentaire ajouté par Eparm12 2016-02-17T18:02:06+01:00
Argent

Je sais que Lars Von Trier est un fou. Un fou furieux qui s’en bat les steaks de tout, qui s’affirme face aux producteurs et qui leur dit merde quand il s’agit de réaliser ses films à SA manière. Lars Von Trier est un fou et je l’aime sincèrement. Il est d’ailleurs en passe de devenir l’un de mes réalisateurs préférés, chose que je ne peux pas encore affirmer puisque je n’ai vu que deux de ses films, mais qui ne saurait tarder. En premier lieu, je me souviens avoir visionné il y a quelques temps un certain Melancholia, que j’avais totalement adoré. Ayant été conquise de la première minute à la dernière par cette unique œuvre d’art expérimentale, j’étais impatiente de m’atteler au reste de sa filmographie, que je comptais regarder dès que l’occasion se présenterait, comme aujourd’hui.

Dogville est un autre film expérimental (c’est le cas de le dire) de ce réalisateur complètement barge mais qui a tout mon respect, et comme le précisent les commentaires précédant le mien, ce gars est un barge qui s’est octroyé le droit, et sans pression en plus, de supprimer le décor. Comme ça. Au calme. Question originalité, je crois qu’il est strictement impossible de faire mieux, auquel cas dites-moi comment, je vous le demande. Parce que c’est la première fois de ma vie, oui, la première fois de my entire life que je regarde un film sans aucun décor à proprement parler. Ce que je veux dire par là, c’est que l’on se retrouve plongé au cœur d’un film dont l’histoire se déroule intégralement sur un plateau de studio vierge parsemé de quelques babioles qui trainassent par-ci par-là, et marqué de gros traits blancs de maternelle dessinés à même le sol pour indiquer les emplacements des petites maisons invisibles, des arbustes pleins de groseilles et du chien. Du chien, bordel. Même du chien, qui n’est pas présent physiquement dans le film mais que l’on entend pourtant aboyer à plusieurs reprises.

Que l’on soit clair : si l’on peut penser au départ que Trier a subitement pété un câble et décidé de faire joujou sans outre-mesure en supprimant les décors de son film, il serait important de préciser (il s'agit de mon avis personnel sur la question), que je ne crois pas qu’il l’ait appliqué juste pour emmerder le monde. Il y a peut-être un peu de ça, histoire de bousculer ses spectateurs et de les sortir de leur zone de confort cinématographique habituelle en leur imposant cet aspect délirant au premier abord, mais qui fonctionne méchamment au deuxième, et sert à la perfection la dure réflexion sur laquelle s’axe Dogville. En effet, si le scénario du film n’est pas foncièrement extrêmement travaillé en soi, la réflexion qu’il développe l’est en revanche, exactement comme elle l’a été dans Melancholia, dont l'intrigue est également prévisible, certes, mais dont l’intérêt ne réside pas au cœur des péripéties narrées, mais bien dans sa manière à laquelle il fait écho à bon nombre de choses à la fois. Car il est parfaitement construit et intelligemment mené sans aucune incohérence jusqu’à la fin.

Le film est divisé en neuf chapitres et démarre par un prologue perturbant, ce qui nous rappelle au bon souvenir du découpage par acte d’une pièce de théâtre, le plateau y étant également pour beaucoup. Les acteurs, alors assimilés à des comédiens, évoluent sans plus se soucier de rien au départ sur cette scène dénudée, qui accentue ce sentiment de malaise considérable que l’atmosphère du film tend à mettre en place d’entrée de jeu, et se révèle étouffante alors qu’il n’y a paradoxalement rien à l’écran qui pourrait nous le faire ressentir. Si le décor est aux abonnés absents, c’est tout comme s’il existait : les personnages ouvrent des portes dans le vide et ne voient rien lorsqu’il se passe des choses, particulièrement une chose affreuse juste sous leurs yeux, dans les pièces physiquement non délimitées à leurs côtés. Dérangeant est le terme qui conviendrait pour cet aspect visuel qui s’il est évidemment original, reste troublant.

La réflexion sur laquelle s’axe le film est abordée sous un certain angle par Trier, qui nous amène à suivre sa démarche jusqu’au bout afin de comprendre où il compte nous emmener sans avoir au préalable consulté notre humble avis. Il nous laisse volontairement dans le flou et nous fait croire qu’il ne prend aucun parti au sein de son œuvre, limite s'amincissant à mesure que le film progresse dans sa démarche presque philosophique. Au début du film, j’avoue avoir été déroutée. Puis j’ai été perdue pendant un petit moment, jusqu’à rapidement m’habituer à l’aspect visuel et à la tension instaurée dès le départ lourde de sens, planant tel un avertissement, un pressentiment nous alertant que c’est le calme avant la tempête.

Les habitants de Dogville sont tous très aboutis et les acteurs une fois de plus excellents et parfaitement dirigés. Leur psychologie respective est très poussée, ce qui est un exploit pour un nombre aussi important de personnages malgré le fait que le film dure trois heures. Oui, parce que ce film dure trois heures entières et que je ne m’attendais pas à ce qu'il soit aussi conséquent. Contemplatif, accompagné d’une voix off cynique semblant commenter l’œuvre avec circonspection, il est vrai que l’on peut vite s’ennuyer devant si l’on n’y a pas adhéré, ce qui n’a pas été mon cas même si je me suis surprise à regarder l’heure pendant quelques instants de flottement, où il m’a paru que le film s’étirait un peu trop.

Il est lent, très lent (nouvelle comparaison inévitable avec Melancholia), mais prend le temps de poser le cadre, d’exposer la situation dans ses moindres détails et de se dérouler en prenant grand soin de s’attarder sur chaque facette de Dogville, que les habitants cherchent à dissimuler puis enfouir derrière des tas d’excuses loin d’être honorables. Trier met en lumière un pan vicieux de notre société au travers de cette petite bourgade exilée en montagne et reliée à la ville par une seule et unique route, et la fin du récit absolument horrible témoigne de la morale chère au cœur de Trier qu’il souhaite nous délivrer en réalisant un film tel que celui-ci. Le masque de l'hypocrisie tombe, le plateau sans décor s'avère être une représentation concrète de cette hypocrisie aveugle aux barrières effondrées qu'entretiennent les habitants de Dogville dès que leurs intérêts sont menacés, et au beau milieu de tout cela, la sublime Nicole Kidman atteint le point de rupture malgré sa bonne volonté. Attention, elle est exceptionnelle dans ce film et je pense que Trier a un réel talent quand il s'agit de faire ressortir le meilleur jeu de ses acteurs.

Sa réalisation est exquise et le visuel époustouflant, bien moins subjuguant que celui de Melancholia, qui dépasse l’entendement, mais je n’en attendais pas moins de lui. Fidèle au cinéma de Trier désormais et acceptant sans complexe le traitement de ses thèmes d’une noirceur magnétique, j’ai bien aimé Dogville. Simplement, sa lenteur et le fait que la fin soit prévisible dans un certain sens m’a cependant gênée, même si je reconnais sans aucun mal que la dégradation de Dogville toute entière reste un coup de maître tout du long. Ce film est très bon et se place comme étant l’un des meilleurs et des plus originaux que j’ai jamais vus. Réellement. Je le conseille, bien qu’il ne puisse pas plaire à tout le monde, mais j’en prends le risque.

PS : les dialogues sont magnifiques et la bande-son tout à fait extraordinaire. Il faut dire que ce film est très bien écrit à tous les niveaux et d'une beauté à couper le souffle, comme les autres œuvres de Trier.

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Commentaire ajouté par LauraPalmer 2015-04-03T18:39:05+02:00
Vu aussi

Un film réalisé sans décor, un peu comme une pièce de théâtre. Le concept est un peu déstabilisant au départ, puis au fur et à mesure on se laisse emporter par le mystère qui entoure ce village.

Lars Von Trier propose un film sur la nature humaine, peinte de sa beauté à sa noirceur la plus profonde.

Ses oeuvres sont toujours aussi perturbantes!

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Commentaire ajouté par Beka_B 2015-02-18T14:03:35+01:00
Pas apprécié

le scénario pas trop mauvais aurait mérité d'être adapté avec un décor (là on se croirait sur une scène de théâtre miteux) bien que la fin sois horrible, j'aurai vraiment aimé le voir sur un vrai décor, un vrai film film quoi ...

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Commentaire ajouté par Fabior 2014-08-25T12:37:12+02:00
Diamant

Suppression total, ou presque du décor, mais la réalisation nous fait tout oublier, et Nicole Kidman est magnifique.

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Date de sortie

Dogville

  • France : 2003-05-21 (Français)

Activité récente

Apoo l'ajoute dans sa cinéthèque envies
2022-11-28T14:53:14+01:00
An-1 l'ajoute dans sa cinéthèque or
2022-09-09T21:23:39+02:00
Citron38 l'ajoute dans sa cinéthèque or
2022-07-06T19:43:44+02:00

Évaluations

Les chiffres

spectateurs 73
Commentaires 6
répliques 1
Evaluations 16
Note globale 7 / 10

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