Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Cinéphile,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Nos publicités sont spécifiquement choisies pour être en harmonie avec notre contenu, centré sur le cinéma. Elles sont non intrusives et peuvent vous connecter avec des opportunités pertinentes et passionnantes dans le monde du cinéma. En bloquant ces publicités, vous limitez non seulement une source de revenus essentielle pour nous, mais vous risquez également de manquer de précieuses informations de l'industrie cinématographique.

Pour que vous puissiez continuer à profiter de nos articles, revues et nouveautés du monde du cinéma, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités spécifiquement pour notre site.

Une fois que vous avez désactivé votre bloqueur de publicités, veuillez cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page et poursuivre votre exploration de l'univers cinématographique.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe CineNode

Films
59 584
Membres
42 502

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de Cinenode

Commentaire de pwachevski

Dogville


Commentaire ajouté par pwachevski 2023-10-24T21:53:52+02:00

J'ai littéralement adoré ce film, et c'est sans trop de doute, à ce jour, celui de Lars von Trier que j'ai préféré.

Alors oui, il y a de façon évidente ce décor expérimental, quasi jamais vu (Joe Wright s'y est essayé un peu dans Anna Karenine, mais j'ai personnellement pas été convaincue du tout par cet autre film), qui marquera n'importe lequel des spectateurs. Que vous aimiez ou non le film, que vous soyez cinéphile ou pas, ça interpellera tout le monde, et ça c'est déjà de l'art en soit. Ce qui est fou, c'est que quand on regarde le film, le décor ne nous manque pas, parce que la mise en scène et les mouvements de camera sont assez soignés pour se suffirent à eux-mêmes. Certaines scènes savent même parfaitement exploiter cet élément, pour être encore plus saisissantes que s'il y avait un vrai décor. Spoiler(cliquez pour révéler)Je pense par exemple au premier viol de Grace, dans la maison de Chuck. Tous les acteurs autour voient en réalité la scène, mais dans la fiction du film, les personnages n'en savent rien, doivent ignorer sa situation, ne pas lui venir en aide, ce qui est extrêmement puissant, et déjà annonciateur de la suite.

Mais là où le talent du réalisateur explose réellement pour moi, c'est que ce décor aurait pu être juste une lubie un peu ridicule, de la branlette intellectuelle de réalisateur prétentieux. Mais non, du tout. On n'a pas seulement mis un décor de théâtre dans un film (c'est ce que je reprochais à Joe Wright que j'ai cité plus haut : ça n'apportait quasiment rien à son film), on fait bien plus que ça, on joue bien plus largement avec les codes du théâtre notamment au niveau de la narration.

*Digression : explications techniques sur la narration théâtrale, passez si ça vous intéresse pas*

Si vous ne le savez pas, la narration au théâtre et au cinéma n'est pas du tout la même.

Vous voyez ce moment où vous quittez la salle de cinéma en vous imaginant être le personnage principal du film que vous venez de voir ? Non vous n'êtes pas bête ou immature de faire ça, on le fait tous, c'est précisément ce qu'on cherche à faire dans un film, de vous projeter dans l'histoire, de vous faire adopter le point de vue subjectif d'un personnage, de vous faire vivre sa réalité. Et quand on voit dans un film un truc non vraisemblable, qui n'arriverait pas dans la vraie vie, comme un flashback ou une chronologie éclatée, la réaction de base, c'est de pas aimer ça et de le rejeter ; même si le genre fantastique existe et même si certains réalisateurs en font leur spécialité pour tenter de renverser notre opinion sur la question (Nolan au hasard - ouais, j'lui trouve des qualités parfois), je résume bien entendu, le but est pas de faire une dissertation à ce sujet.

Alors qu'au théâtre, ça n'arrive jamais de se prendre pour le personnage de la pièce, parce qu'on a la distanciation. En version là encore très résumée, il y a des contraintes impondérables au théâtre, en terme de décor, d'espace, de temporalité, et même de placement du spectateur dans la salle, qui voit toujours les choses de face, à la différence d'une caméra qui peut tourner autour de son acteur, bouger avec lui, etc. Au théâtre, on garde du recul, on se fait raconter une histoire, on ne la vit pas, on est dans une position extérieure, un point de vue objectif. Et là, les trucages de scénographie, les bonds dans le temps, les voix off, sont monnaies courantes et parfaitement acceptés du spectateur.

*Fin de la digression*

Et donc je disais que Lars von Trier, dans ce film, il a pas juste planté un décor de théâtre dans un film, et c'est juste contenté de ça pour se croire fin réalisateur. Non, au début du film, on est à 100% dans une narration théâtrale. On l'a complètement la distanciation, on nous raconte littéralement l'histoire, avec le décor minimaliste donc, qu'on ne nous cache pas du tout, avec des plans larges ou en plongé, mais aussi la voix off, le chapitrage, une présentation très énumérative des personnages, sans qu'il n'y ait une grande empathie. Et plus le film avance, plus on va aller vers des codes classiques de cinéma, jusqu'à même les adopter à 100% la fin. Au fur et à mesure qu'on s'habitue au décor, au point de l'oublier, par une façon de filmer plus recentrée, avec des personnages en gros plan, sans visu ou presque sur le décor ; c'est très marqué dans la dernière scène Spoiler(cliquez pour révéler)quand Grace est dans la voiture avec son père, vitres cachées par des rideaux, on ne voit même plus le décor, cette scène pourrait se trouver dans un film "classique". Et même quand on voit le décor, il y a un basculement vers un point de vue subjectif, une identification au personnage principal et une empathie qui fini quand même par avoir lieu ; notamment quand le personnage de Grace vivra des moments compliqués.

Et entre ces deux extrêmes, le début et la fin du film ? Même si ça ne sera clairement pas perceptible consciemment du plus grand nombre, on navigue en permanente entre des codes classiques de théâtre et de cinéma, on bascule entre les deux, avec une précision folle, selon l'effet que le réalisateur recherche dans sa scène. Il fait clairement ça avec l'idée de servir son histoire, des faire écho aux modes de pensée de ses personnages, qui adooooorent la distanciation. Spoiler(cliquez pour révéler)Que ce soit pour se protéger, comme Grace, qui en use pendant ses viols, car l'évènement est trop dur pour être vécu consciemment. Ou que ce soit pour se dédouaner de ses actions, quand les différents habitants font des misères à Grace, en minimisant, en se trouvant des excuses, des justifications, en tournant la chose à l'humour, en s'en remettant au collectif. Bref, on n'est pas sur une lubie artistique à la con, on est dans un truc qui a été savamment pensé, réfléchit, et qui est absolument brillant je pense.

Le résultat au-delà d'un simple décor, c'est probablement le film du réalisateur qui va le plus creuser la nature humaine, le plus profondément, dans ce qu'elle a de plus sombre. Qui va le plus se demander comment on peut en arriver là, à se faire du mal les uns aux autres, à s'exploiter les uns aux autres. Ce n'est pas la première fois qu'il aborde l'exploitation de l'homme par l'homme et donc le capitalisme en réalité, mais c'est la première fois que je le trouve vraiment juste et saisissant dans son propos, en ayant en plus un angle d'attaque extrêmement original, subtile et bien amené, jusqu'à son générique de fin, dernier coup de maître du film, où on ne sait vraiment pas si on doit rire ou pleurer Spoiler(cliquez pour révéler)de voir littéralement des photos de pauvres, des victimes de ce système, sur un titre aussi dansant que Young Americans de David Bowie. C'est juste du génie pour moi.

Ah et oui, bien sûr c'est bien joué, bien sûr Nicole Kidman est magnifique, mais ça, vous l'avez tous vu, vous avez pas besoin qu'on vous le dise, donc j'ai pas trouvé utile de faire une tartine sur le sujet. Le film fait 3h, oui c'est long, mais pour ma part je n'ai ressenti aucun ennui. Pourquoi je ne l'ai pas mis dans ma liste diamant ? A vrai dire je sais pas moi-même, une fin en partie prévisible peut-être, pas grand chose donc, en réalité. Je ne parie pas que ça ne changera pas dans quelques jours.

Afficher en entier

Répondre à ce commentaire

Réponses au commentaire de pwachevski

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de Cinenode