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Les commentaires de Tara99

Commentaire ajouté par Tara99 2021-10-04T17:12:35+02:00
Argent

Je suis allée voir ce film par hasard, une semaine où rien qui était à l’affiche ne me tentait. Je ne m’attendais à rien de particulier, si ce n’est que le mot “sorcières “, très évocateur et présent dans l’imaginaire collectif, m’attirait. J’ai beaucoup aimé cette production hispano-franco-argentine, tellement que je peux même dire que c’est le meilleur fim que j’ai vu sur grand écran cette année.

Recontextualisons un peu : 1609, le film s’ouvre sur une scène de bûchers où des femmes sont en train de brûler, accusées de sorcellerie. L’Eglise, assistée par des soldats, est mandatée sur les côtes basques afin de traquer les sorcières qui sévissent dans la contrée et détruire à la racine ce mal qu’est la sorcellerie. Il s’agit pour le juge et son assistant autant de condamner des femmes trop libres que de recopiler les différentes pratiques sataniques existantes (peut être dans la perspective de rédiger un traité, une sorte de Malleus Maleficarum qui pourrait aider l’Eglise à reconnaitre les sorcières se cachant parmi la population). Précision éthymologique qui me parait importante, selon Wikipédia, Akelarre vient du basque aker : « bouc » et larre : « lande ») et désigne “l'endroit où les sorcières célèbrent leurs réunions et rituels”.

Dans un des villages de pêcheurs, 6 jeunes filles vêtues de blanc, dont la plus petite est encore une enfant, et l’ainée ne doit guère avoir plus de 16 ans, sont tranquillement en train de réparer des filets de pêcheurs ( à moins qu’elles ne soient en train de tisser, ma mémoire me fait défaut. Il faut dire que j'écris cette critique 6 semaines après avoir vu le film en salles), tout en rigolant. Arrivent alors des soldats en armure qui, après s’être enquis de leur identité, les pourchassent et les emprisonnent. Déshabillées et maltraitées, se retrouvant captives dans une geôle, elles s’interrogent sur les raisons de cet emprisonnement soudain, étant donné qu’elles n’ont commis aucun crime. Elles sont d’ailleurs persuadées qu’il s’agit d’une grotesque erreur, et qu’elles vont bientôt être libérées. Est jetée ensuite dans la pièce qui leur sert de cachot une petite fille du même village, qui les informe qu’elles sont accusées de sorcellerie et qu’elle les a plus ou moins délatées après avoir été questionnée par le juge.

Le chef d’accusation porté contre elles, la sorcellerie, est fondé sur un fait : les jeunes filles en question ont été vues en train de danser au clair de lune dans une forêt. A une époque où le cinéma n’existait pas, se retrouver pour danser avec ses copines était sans doute le meilleur moyen de s’amuser. Quant au moment de la journée, on comprend aisément que ces jeunes filles n’avaient pas le temps de se voir en pleine journée, toutes occupées qu’elles étaient à rafistoler les filets de pêche de leurs pères, maris, frères et fiancés.

Elles sont alors amenées une à une devant le juge, les soldats les escortant ayant pour ordre de ne pas les regarder dans les yeux, sous peine d’être ensorcelés. La peur commence à s’emparer de nos héroines, pourtant liées par une amitié presque indeffectible, surtout que la caméra ne nous montre pas les premiers interrogatoires, mais que chaque jeune fille revient avec des blessures et des coups sur le corps, parfois le crâne rasé, et visiblement traumatisée après ce qui s’apparente à de la torture. Le réflexe le plus humain serait de dénoncer ses voisines, afin d’éviter au bûcher. Pourtant, il n’en sera rien.

Ana, la plus courageuse et rusée des accusées, comprend rapidement qu’elles ne pourront pas toutes en réchapper, et décide alors de prendre le blâme, et de s’autoaccuser de sorcellerie afin de sauver ses amies et sa soeur. Manque de chance, ces dernières seront tout de même considérées comme ses complices.

A partir du moment où les jeunes femmes réalisent qu’elles sont condamnées quoiqu’il arrive, à moins que les hommes, partis en mer, ne reviennent à temps pour les sauver, elles décident de faire tourner en bourrique les éclésiastiques en recréant le rituel sabbatique auquel elles sont censées avoir participé. Il s’agit donc de gagner du temps, jusqu’à la prochaine pleine lune, moment de marée haute où les pêcheurs sont censés revenir au village. Pour ce faire, Ana raconte qu’elle ne peut procéder au sabbat que si la lune est ronde. Sa stratégie a l’air de fonctionner, mais elle est trahie par le prêtre du village, qui informe-avec un peu trop de zèle à mon goût- l’inquisiteur de la manigance. Elles tentent tout de même de faire durer les interrogatoires le plus longtemps possible, Ana allant jusqu’à imiter une espèce d’orgasme satanique, devant les yeux horrifiés du prêtre local, et ceux fascinés du grand inquisiteur, auquel ce spectacle procure une jouissance indescriptible.

L’inquisiteur est un personnage complexe, qui est fasciné par tout ce qui touche aux sorcières et sans doute un peu frustré sexuellement parlant(cf. Scène où il se lève en pleine nuit pour se rendre dans la prison où sont enfermées les jeunes femmes et observer la belle Ana). Il est aussi très gourmand (le péché de gourmandise étant un des 7 péchés capitaux, avec la luxure) mais personne ne trouve rien à redire à son propos, malgré toutes ses déviances.

Les jeunes sorcières proposent donc au juge de recréer une cérémonie satanique – inventée de toutes pièces. Du fruit de leur imagination sortira une sorte de banquet festif (auquel les inquisiteurs apporteront leur concours afin de parvenir à le recréer), dont Ana est la grande prétresse (elle obtiendra même de porter sa plus belle robe pour l’occasion) et où chacune a son rôle à jouer : certaines se transforment en animal grognant, d’autres se contorsionnent... Elles adoptent même une chanson du sabbat, censée appeler Lucifer, mais qui est en fait une chanson traditionnelle basque où une belle se languit de son amoureux parti à la mer.

La scène du sabbat est complètement barrée et très paradoxale : la chasse aux sorcières ayant pour but d’anihiler toute sorte de pouvoir féminin, les religieux (et avec eux les spectateurs) se retrouvent tous subjugués par les jeunes femmes, qui mènent la danse. L’inquisiteur se retrouve au coeur de la représentation, et comble de l’ironie, il s’en faut de peu pour qu’il ne devienne complètement fou, à la merci de ses prisonnières.

Ce qui m’a tout particulièrement plu : le fait que le fim soit inclassable. Je m’explique : c’est certes un film historique, qui a pour but de raconter la chasse aux sorcières ayant eu lieu au XVIIème siècle, mais certaines scènes sont tellement ridicules qu’elles en deviennent très comiques, et que le spectateur en oublierait presque l’issue inévitable de l’histoire. L’inquisiteur envoyé par l’Eglise et le pouvoir royal dans ce petit village de pêcheurs pour débusquer des sorcières est une sorte de fanatique, mais qui devient totalement obsédé par Ana. Une scène qui pousse à l’extrême la stupidité de telles accusations est lorsque le chef inquisteur affirme que toutes les sorcières mentent. Son adjoint lui répond donc qu’en suivant cette logique, Ana ne devrait pas être une sorcière puisqu’elle a admis en être une, et qu’elle ment forcément donc qu’elle n’est pas sorcière.

Ce qui fait la réussite du film, c’est ce dosage subtil et le choix du réalisateur de ne pas sombrer dans la tentation de filmer scène de torture après scène de torture, ou de raconter un pan d’Histoire, dont le spectateur a déjà plus ou moins connaissance. A ce propos, la méthode utilisée pour reconnaitre une sorcière est particulièrement éloquante : il suffisait d’avoir une marque sur le corps-autant dire qu’avec ma tache de naissance sur le pied gauche, j’aurais vite été catégorisée comme sorcière à l’époque- donc, si vous aviez le moindre petit grain de beauté ou la moindre cicatrice, vous portiez la marque du Diable. Qui peut se vanter de n’avoir aucune marque d’une quelconque nature sur la peau ? Personne et encore moins les femmes plus âgées, qui ont des tâches de vieillesse et qui étaient donc encore plus susceptibles d’être accusées de sorcellerie (cf. “Sorcières : la puissance invaincue des femmes” de Mona Chollet).

L’idée étant, par la suite, de piquer avec une sorte d’aiguille ladite marque et si l’intéressée ne bronchait pas (ce qui était quasiment impossible vu la douleur), elle était considérée comme le supôt de Satan. Etonnant d’ailleurs que les inquisiteurs n’aient pas eu recours à la méthode de l’ordalie par l’eau froide (après tout la mer était juste à côté) qui consistait à plonger dans l’eau une femme : si son corps coulait c'est qu'il était « reçu » par l'eau bénite et donc était innocent, si au contraire il flottait, cela prouvait sa culpabilité. On se doute du ratio coupables/innocentes avec l’emploi d’une telle méthode... Après une petite recherche sur le web, il semblerait que cette méthode n’était pas employée par les autorités religieuses.

J’ai aussi apprécié le mélange entre le basque et le castillan, et d’apprendre que le basque était déjà considéré comme une langue vile à anéantir ( comme quoi le franquisme n’a rien inventé) : lorsqu’Ana est convoquée par l’inquisiteur, elle commence à parler en basque avec le prêtre du village, et l’inquisteur lui demande de “s’exprimer en langage chrétien”, (comprenez parler en castillan).

Autres points positifs : la critique des fanatiques et oppresseurs inquisiteurs est omniprésente mais sans être appuyée, la bande originale est incroyable et reste dans la tête longtemps après être ressorti de la salle, le jeu des jeunes actrices est absolument superbe, et je défie quiconque de trouver quelque chose à redire sur la justesse de leur performance. L’actrice principale, Ana, est magnétique. Un casting top donc. Les lieux du tournage, paysages côtiers avec des falaises, sont très beaux et les couleurs, alternant entre le noir de la nuit et de l’obscurantisme et les rouges-orangés des feux, donne une impression fantasmagorique de conte, qui est finalement contrebalancé par le réalisme de l’histoire.

La fin est sans doute la partie qui m’a la plus déçue : Spoiler(cliquez pour révéler)il est évident que le scénariste a essayé de faire quelque chose de poétique, en représentant une chute qui pourrait fort bien être en vérité un envol, une liberté retrouvée, mais cela tombe dans le cliché . J’aurais bien aimé voir aussi les mères des jeunes filles, qui sont totalement absentes du récit (peut être est-ce dû au budget resserré du film ou bien un choix assumé du réalisateur pour pouvoir se concentrer sur les accusées) , alors qu’elles pourraient intercéder (vainement certes) auprès de l’inquisiteur pour obtenir la libération de leurs filles. La seule femme plus âgée est la grand mère d’Ana, qui ne parle que pour délivrer des paroles pleines de sagesse.

En bref, un film qui, regrettablement, n’est pas resté longtemps à l’affiche, malgré les prix qu’il a rafflé aux Goyas, mais qui est à regarder absolument.

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Commentaire ajouté par Tara99 2020-03-17T14:12:54+01:00
Vu aussi

Mon dernier film vu avant la fermeture des cinémas pour pandémie. Une comédie française bien sympathique et divertissante, sans prétention cependant et qui aborde un thème important, la place des femmes dans la société.

L’histoire s’ouvre sur le premier jour de cours dans la pension familiale alsacienne Van Der Beck où l’effervescence règne tandis que les élèves de la nouvelle promotion sont déjà installées dans la salle de classe : la principale préoccupation des enseignantes semble être la présence d’une rousse, un mauvais présage selon la superstitieuse sœur Marie-Thérèse, qui est bien déterminée à prendre des mesures radicales pour éviter le malheur que prédit la présence de cette élève en clouant un crucifix au-dessus de son lit. Madame Van Der Beck, bien qu’un peu plus rationnelle, ne semble pas non plus être très rassurée à l’idée de devoir donner cours à cette jeune fille à la chevelure flamboyante. Cette scène, qui met en lumière une superstition toute droite sortie du Moyen-Age(les rousses étant bien souvent accusées de sorcellerie, pour tout un tas de raisons qui seraient sans doute hors de propos de développer ici, mais qui ont notamment à voir avec un édit de Saint-Louis et des références bibliques) amène le spectateur à s’interroger sur la temporalité dans laquelle est inscrit le film. Nous ne sommes pas au XVème siècle mais en 1967, à l’aube de Mai 68 et rien qu’avec cette scène, le spectateur comprend qu’il entre dans un monde de préjugés et de croyances, où les femmes sont reléguées au second plan. Incapables de conduire- Monsieur Van Der Beck interdisait à sa femme de prendre le volant-, les femmes doivent tout de même posséder certaines qualités et accomplir certaines tâches, qui sont résumées dans une sorte de manuel de bonne conduite. Le « guide de la bonne épouse » ou les 7 piliers de la parfaite ménagère, proposé par Madame Van der Beck m’a beaucoup fait penser à un livre que j’avais étudié en cours d’espagnol-qui m’avait beaucoup choquée- qui avait un titre similaire, et qui donnait des conseils à suivre aux femmes pendant la période du franquisme. Dans les deux cas, on retrouve les mêmes conseils : « une véritable maitresse de maison se doit d’effectuer ses tâches quotidiennes cuisine, repassage, raccommodage, ménage dans une abnégation totale et sans jamais se plaindre ». La femme doit s’effacer et être d’une discrétion absolue : « être femme au foyer, c’est savoir évaluer sans caprice les besoins de chacun, sans jamais mettre en avant les siens ». A l’image du « guia de la buena esposa » paru en Espagne dans les années 50, nul doute que d’autres manuels du même genre ont dû être publiés en France à l’époque, servant peut être d’inspiration à Paulette Van Der Beck pour ses propres règles, dites les 7 piliers de la parfaite ménagère.

A l’heure où les revendications féministes donnent lieu à des films engagés au ton souvent grave, cette comédie permet au spectateur de passer un bon moment tout en prenant compte de la réalité historique machiste des années 60, une époque révolue certes mais pas si lointaine, et à mettre en perspective les acquis sociétaux de ces dernières années. Que le ton léger et le genre choisi par le réalisateur ne nous trompent pas : il y a dans ce film matière à réflexion. Pour ma part, j’ai réalisé qu’à cette époque, il valait mieux être pauvre que riche : sans moyens financiers, pas de pension pour apprendre à devenir une épouse irréprochable, et pas d’angoisse quant à l’obligation imposée de trouver un bon parti, il était par conséquent plus facile de faire un mariage d’amour.

Cette institution a donc pour mission d’éduquer les jeunes filles de la classe moyenne à aisée, en leur apprenant les bases de façon à devenir une mère et une épouse modèle : elles apprendront notamment à servir le thé sous l’œil vigilant mais la mine désespérée de Madame la directrice, et auront des cours de maintien, d’hygiène... Le carton introductif du film nous permet de nous rendre compte que cette institution fictive n’est pas la seule à tirer profit de la société patriarcale de l’époque : un nombre impressionnant d’institutions du même genre sont implantées dans tout l’Hexagone, arborant toutes le même crédo et ayant le même objectif.

3 femmes gèrent d’une main de fer cette institution : la sœur Marie-Thérèse, une ancienne résistante religieuse particulièrement acariâtre, qui sait manier le plumeau aussi bien que le fusil, Madame Van Der Beck, la directrice quelque peu psychorigide, et la belle-sœur de cette dernière, une romantique dans l’âme, lunaire et fleur bleue, préposée à la cuisine et dont le fameux lapin est le point de départ de toutes les péripéties qui vont s’ensuivre : en effet, Monsieur Van Der Beck va s’étouffer avec un os et va décéder, laissant ainsi son épouse à la tête de l’institution créée par le grand-père de son défunt époux. Paulette découvre alors qu’elle est ruinée- cette ruine financière de l’établissement Van Der Beck ne faisant d’ailleurs qu’annoncer l’effondrement de ces institutions, qui seront forcées de mettre la clé sous la porte après la révolution de mai 68-, son mari ayant dilapidé tout leur argent au jeu. Fidèle au pilier n°3 qu’elle essaye d’inculquer à ses élèves, elle n’a pas mis le nez dans les affaires de son mari : bien « qu’être femme au foyer, c’est savoir tenir ses comptes dans un souci d’économie constant », la véritable gestion du patrimoine est réservée aux hommes. Peu à peu, elle va se rendre compte que les enseignements qu’elle propose-et qu’elle essaye de s’appliquer à elle-même au sein de son couple et de sa maisonnée- sont arriérés et participent de la société patriarcale dans laquelle elle vit. Sa libération va aussi passer par sa rencontre avec son amour de jeunesse, perdu de vue après la guerre, et qui n’est autre que le banquier qui gérait les affaires de son mari. Ce dernier lui offre la possibilité d’ouvrir un compte à son nom, puisque demander un 5e prêt au nom de son mari semble compliqué. Cette opportunité la laisse d’abord sans voix-rappelons au passage que ce n’est que 3 ans plus tôt que les femmes obtiennent le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari-. A son contact, Paulette va retrouver la joie de vivre, entre escapades amoureuses dans la campagne et rendez-vous secrets. Cette romance est d’autant plus merveilleuse à ses yeux que la vie commune avec Van Der Beck était particulièrement ennuyeuse : Paulette devait tout lui passer notamment son penchant pour la boisson-ce que l’on retrouve dans le pilier n°6 de son guide sur la parfaite épouse « la bonne ménagère s’interdit toute consommation d’alcool, se devant de toujours montrer l’exemple, surtout à ses enfants. En revanche, elle saura fermer les yeux et se montrer conciliante si son époux se laissait aller à ce mauvais penchant, ce qui arrive si souvent » mais aussi son voyeurisme-dès qu’il en a l’occasion, il lorgne les jeunes filles de la pension. Les femmes qui l’entourent semblent être au courant de la situation, puisque sœur Marie-Thérèse s’arrange pour se placer juste à l’endroit où Van Der Beck a fait un trou dans le mur, rien que pour pouvoir observer ce que font les filles dans la pièce d’à côté. Encore mieux, il s’avère que son amoureux sait repasser et faire la cuisine, et lui récite lors d’une scène mémorable où il grimpe à sa fenêtre en s’agrippant aux gouttières la recette de l’Apple Strudel. La transformation de la directrice passe d’abord par un changement vestimentaire très radical : elle décide de porter un pantalon, et d’abandonner ses innombrables robes et jupes qui constituent sa garde-robe. Comme sa belle–sœur le lui fait constater avec son compliment « ça te fait un de ses culs », un pantalon peut être un vêtement très féminin. Paulette décide sur le champ d’adopter ce pantalon, qui l’accompagnera désormais partout et de s’atteler à la lecture du code du travail.

Il y a une sorte de paradoxe au sein même de l’institution Van Der Beck : en effet, on enseigne à ces jeunes filles qui sont destinées à rester chez elles et à ne pas « travailler » en dehors, mais l’on voit en même temps que Monsieur Van Der Beck ne semble pas avoir d’activité professionnelle-bien qu’il ait l’âge d’être à la retraite certes- et se la coule douce, son principal passetemps se résumant à observer les pensionnaires d’un œil pervers. Ce sont 3 femmes qui travaillent tous les jours. Ces trois professeures sont d’autant plus paradoxales qu’elles ne s’appliquent pas à elles-mêmes leurs enseignements : Madame Van Der Beck s’avère être parfois autoritaire avec son mari(elle lui ordonne de monter dans la chambre de sa sœur pour lui demander de baisser le son) et tente autant que cela est possible d’échapper à son devoir conjugal, sœur Marie-Thérèse est mariée, certes, mais à Dieu, et Gilberte est une vieille fille dont le célibat s’accorde mal avec le but de l’institution de laquelle elle fait partie.

Le casting n’a rien de décevant : Juliette Binoche en directrice dynamique mais femme peu épanouie nous montre deux facettes, l’une publique et l’autre privée, sans parler de son évolution pendant le film. Yolande Moreau et Noémie Lovsky sont aussi très drôles, et les quelques scènes avec François Berléand sont remarquables. J’ai beaucoup aimé le clin d’œil au speech d’Edouard Baer dans « Astérix et Cléopâtre ». Il est vrai que le film est centré sur les enseignantes et non sur les pensionnaires, qui pour la plupart n’ont qu’un rôle de figurantes, mais il est beaucoup plus jouissif de suivre le parcours de femmes nées au début du XXème siècle qui sont soumises au patriarcat depuis tant d’années et de voir justement comment elles vont réussir, chacune à leur manière, de se libérer et s’affranchir des valeurs de cette société dans laquelle elles vivent depuis bien longtemps, puisqu’elles ont toutes passé la cinquantaine.

J’ai trouvé la bande-originale très chouette, « et tombe la neige », « siffler sur la colline » pour ne citer que quelques chansons, qui se transformera en numéro de comédie musicale-surprenant mais bienvenu- sur un chemin campagnard les menant vers Paris- et métaphoriquement vers l’émancipation et les filles de citer des femmes célèbres, venues des 4 coins du globe et d’époques très différentes. J’ai apprécié que soit citée Aliénor d’Aquitaine au milieu de Cléopâtre, Olympe de Gouges et Marie Curie.

L’ambiance de la pension est telle que je me l’imaginais, entre les batailles de polochons, les confidences, les promesses, les fugues à la nuit tombée pour aller retrouver son amant… La solidarité féminine est présente. Certains thèmes sont effleurés, comme l’homosexualité, les mariages arrangés-qui amènent une des pensionnaires à vouloir se pendre- mais ne sont pas mis au premier plan, ce qui ne m’a pas particulièrement dérangée. Les évolutions des mentalités nous sont montrées à travers les émissions de radio-notamment un programme qui parle du plaisir féminin, ce qui choque beaucoup certaines des filles- mais qui sont contrebalancées par des programmes de télévision à l’inverse complètement rétrogrades : un reportage est réalisé sur la pension Van Der Beck, par une speakerine ridicule et fade, reportage qui aboutit sur la remise d’un prix pour la pension et quel prix ! une machine à laver sponsorisée par Yvonne De Gaulle… Parfois conservateurs, parfois libéraux-un autre paradoxe que l’on peut relever-, l’influence des médias est indéniable. Pendant que dans la capitale la colère gronde-en filigrane depuis le début du film, depuis le journal que lit Paulette avant de dormir à la radio du bus- et l’on parle des étudiants de Nanterre et d’un certain Daniel Cohn Bendit, la pension provinciale semble être un havre de paix dans une atmosphère presque idyllique- les lieux, jardin fleuri, une belle demeure mais aussi la lumière, les décors et les costumes colorés favorisent cette ambiance conte de fées, qui est pourtant bien vite contredite par la détresse des pensionnaires quant à la vie peu réjouissante qui les attend. La filmographie offre de belles images et les paysages-notamment montagneux- sont à couper le souffle.

En bref, un film que je recommande et qui j’espère restera à l’affiche au moment de la réouverture des cinémas.

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Commentaire ajouté par Tara99 2019-07-14T22:45:22+02:00
Bronze

Je suis allée voir ce film d’une part parce que j’admire le Bloomsbury Group et d’autre part pour tenter de me réconcilier avec l’œuvre de Virginia Woolf, dont les romans m’ont paru si étranges que je n’ai pu en finir aucun (sauf son essai une chambre à soi, remarquable). Je ne sais pas si le film a réussi à me motiver pour lire ses livres, mis à part peut être « Orlando », étant donné qu’il s’agit d’un portrait de Vita Sackerville West, l’autre protagoniste du film, incarnée par Gemma Arterton. J’ai d’ailleurs bien apprécié son interprétation, bien que cliché, cette femme semblait de toute façon assez caricaturale. Je trouve cependant que l’actrice n’est pas assez androgyne pour pouvoir être parfaite dans ce rôle.

Autre point pour lequel je recommande ce film absolument : les décors. Que ce soit les voitures, les robes ou les lieux, on voit qu’il y a un énorme travail derrière. J’ai d’ailleurs appris que la plus grande partie du film a été tournée en Irlande, où la réalisatrice a fait un working road trip de pas moins de 6 mois pour trouver the right locations.

J’ai beaucoup aimé l’opposition entre Vita et Virginia : l’une qui change de tenue plusieurs fois par jour, parfois des tenues très féminines-même chez elle, et donc supposément plus décontractée, ses robes de chambre restent très élégantes- parfois beaucoup plus masculines (je pense notamment à cette tenue de chasse)et l’autre qui garde quasiment tout le temps la même robe, montrant peu d’intérêt pour la mode, ce que Vita critiquera dans une de ses lettres adressées à son mari : «there are no outward adornments — she dresses quite atrociously. » Vita est dans l’apparence tandis que Virginia est dans l’être, non le paraître. Vita vit dans le regard des autres, elle a besoin de l’attention de ses congénères, même s’il s’agit de désapprobation (comme l’attitude de sa mère par rapport à sa conduite trop dévergondée, qu’elle réprouve, certainement parce que comme elle le dit ) ou de dégoût. Mieux vaut provoquer le scandale et faire des vagues que ne pas exister. Je la trouve particulièrement égoïste, pas seulement avec Virginia (puisqu’elle change d’amante souvent, c’est son moteur, elle a besoin d’aimée et d’être aimée par plusieurs personnes et elle le reconnaît fort volontiers) mais aussi avec ses enfants, deux fils apparemment, qu’elle a l’air d’aimer sans pour autant s’occuper d’eux- peut être sont-ils en pension ou une nanny s’en charge, toujours est-il que comme mère on aura vu mieux. C’est sûrement son défaut principal avec l’inconstance, mais cette séductrice invétérée des deux sexes (on a presque l’impression qu’elle se met en chasse et qu’elle ne lâchera pas tant que sa proie ne lui cède pas) se rattrape avec son audace et son dynamisme hors du commun. La fascination qu’elle éprouve pour Virginia avant même de l’avoir rencontrée, alors que ses propres romans se vendent à plusieurs milliers d’exemplaires et que Virginia au contraire peine à rencontrer le succès- ce qui est étonnant, car Vita n’écrit que moyennement bien puisqu’ elle place toute son énergie dans sa vie, alors que Virginia au contraire s’exprime pleinement et se libère à travers l’écriture-, est intéressante et l’amène à pousser les portes de salons parfois frivoles pour forcer la rencontre.

J’ai bien aimé aussi les gros plans sur les bouches de protagonistes, comme pour montrer que les femmes devraient avoir une voix. D’ailleurs la première scène a lieu dans le studio d’enregistrement d’une radio, où Vita et son mari se font interviewer.

J’ai eu un peu de mal en revanche avec la scène de la soirée, où Virginia fait des observations sur le mouvement, l’instant…certes profond et poétique, mais j’ai eu l’impression de me retrouver dans un de ses livres, et comme je l’ai souligné plus haut, ce n’est pas ma tasse de thé.

J’ai appris quelques anecdotes sur la façon d’écrire de Virginia, notamment le fait qu’elle bossait dans une pièce dans l’imprimerie de son mari et qu’elle mettait une croix blanche sur la porte quand il fallait ne surtout pas la déranger sous aucun prétexte. J’ai apprécié aussi la relation entre ces femmes et leurs maris respectifs, très libérale que ce soit pour l’une comme pour l’autre. Il y a beaucoup de parallèles à faire entre ces unions, d’abord par la liberté que Leonard et Harold octroient à leur épouse, mais aussi la richesse intellectuelle des échanges dans leurs couples respectifs. Le fils de Vita va d’ailleurs parfaitement résumer tout cela « their marriages were alike in the freedom they allowed each other, in the invincibility of their love, in its intellectual, spiritual and non-physical base, in the eagerness of all four of them to savour life, challenge convention, work hard, play dangerously with the emotions — and in their solicitude for each other». Leonard permet à sa femme d’écrire (on est quand même tout début du XXème siècle, les femmes n’ont pas encore le droit de vote) et de voir son amante. Cette confiance qui règne au sein de leur couple est admirable et assez incroyable, on sent une véritable solidité, comme si Leonard était le pilier de Virginia (elle confesse d’ailleurs dans le film à Vita qu’elle a besoin de lui, même si je ne me souviens plus exactement des termes employés). Quant à la relation entre Vita et son mari, c’est plus du donnant-donnant puisque lui-même aime les hommes ; le couple a l’air d’avoir un accord, à condition que Vita n’attire pas trop l’attention sur ses débauches ce qui pourrait entrainer un souci pour sa carrière diplomatique. J’ai beaucoup aimé la relation qui s’instaure entre les deux femmes, d’abord la persistance de Vita quant à l’inaccessibilité de Virginia, parce qu’elle est populaire, recherchée des salons d’écriture et clubs londoniens mais aussi très discrète et retirée pour une femme de lettres puis les sentiments qu’elles développent l’une pour l’autre.

Vita reprochera à Virginia la façon qu’elle a de s’exprimer, trop compliquée : « You, with all your undumb letters, would never write so elementary a phrase as that; perhaps you wouldn’t even feel it. But you’d clothe it in so exquisite a phrase that it should lose a little of its reality. ». Je pense que Vita ne saisit pas, est incapable de comprendre la façon de s’exprimer de Virginia est naturelle, et non empruntée, que c’est juste sa manière de voir le monde et de le décrire, sans excessivement se pousser à faire des phrases magnifiques, qui perdent leur sens selon Vita.

Virginia saisit assez rapidement le caractère de Vita, alors que Vita s’imagine connaître Virginia, or c’est un être trop complexe pour être résumé surtout dans un esprit comme le sien. J’ai beaucoup aimé la réflexion que lui fait Virginia, sur le fait qu’elle est capable de s’attacher à un lieu, mais pas durablement aux gens.

J’ai bien aimé l’interprétation par Elizabeth Debicki , entre fragilité-regards fuyants ou dans le vide, crises d’angoisses assez fréquentes, dépressions, cauchemars éveillés et visions, notamment celle, frappante, de la nuée de corbeaux qui fondent sur elle-- et force, sublime. Le biopic se concentre sur une partie de sa vie, où l’on voit son instabilité mentale (déjà des idées suicidaires lors de la scène près de la Tamise) sans pour autant être qualifiée de folie mais aussi toute sa résilience et sa résistance à travers de l’écriture. Sa famille et notamment sa sœur Vanessa est très présente et assiste, impuissante aux crises de sa sœur, qui en devient muette (et l’on retrouve là encore la réflexion sur la parole, les mots, comment s’exprimer, présente dès la scène d’ouverture). Son seul moyen de s’exprimer est par l’écriture, et son médecin veut lui retirer sa seule forme de thérapie, son seul moyen de s’élever au-dessus de sa souffrance psychique, pour des raisons machistes-un des seuls moments du film où l’on voit véritablement un homme misogyne, ce que j’ai particulièrement apprécié, le féminisme n’est pas lourd ou poussé à l’extrême, ce n’est d’ailleurs pas l’objectif du film. Ce film reste un film féministe sans pour autant convertir tous ses protagonistes masculins en machos. D’ailleurs, il serait bien en peine de le faire puisque le film repose essentiellement sur les deux femmes, avec en arrière-plan leurs relations respectives avec leurs époux. J’aurais d’ailleurs accueilli avec bonheur plus de scènes de leur vie conjugale, surtout que les deux acteurs dans les rôles secondaires sont excellents, que ce soit Rupert Penry Jones ou Peter Fernandino.

Quant à la musique, le choix téméraire mais de plus en plus adopté de mettre de la musique moderne dans les period dramas fonctionne plutôt bien.

J’ai beaucoup aimé aussi la partie où Vita s’en va en voyage, en orient, peut être parce que prendre le train vers le moyen-orient et profiter de ses largesses est quelque chose que l’on ne peut plus faire aujourd’hui. Ça me rappelle certains Agatha Christie, où diplomates, écrivains et touristes anglais prennent l’orient express pour visiter et se laisser séduire par l’Orient.

Le film est basé sur la correspondance entre les deux femmes( ce qui entrave légèrement les dialogues du film, tirés de cette relation épistolaire mais qui somme toute passe bien grâce au talent des actrices), dont une partie est disponible sur le net. Bien envie également de lire la biographie par le fils de Sackerville-West, « A portrait of a Marriage » et de voir la pièce de théâtre d’Eillen Atkins dont est tiré le film.

J’ai beaucoup aimé l’image du mariage telle que l’exprime Vita, comme une plante qu’il faut nourrir. D’ailleurs, beaucoup de clins d’œil sont faits à cette réplique, avec le lierre qui s’enfonce dans le plancher, sujet à diverses interprétations : pour moi, c’est la maladie de Virginia qui s’insinue en elle progressivement, mais aussi l’amour qui grandit entre les deux femmes, et qui consume en quelque sorte Virginia, ce qui lui permettra à terme de donner naissance à Orlando. Où est plutôt une vigne ?, ce qui ferait plus de sens au niveau symbolisme parce que représentant la fécondité et donc le caractère prolifique de Virginia. Symbole aussi de la vie cachée, la réalisatrice nous fait comprendre toute la vie intérieure de Virginia, une sorte de résurrection spirituelle aussi après des moments difficiles-

Un de mes plans préférés reste celui où Vita sort de la maison de Virginia, se dirige vers la voiture et la grille du portail les sépare, comme si une barrière (celle des conventions sociales mais peut être aussi celle que Virginia s’impose à elle-même ?) les empêche de pleinement être ensemble, communiquer et s’abandonner.

Je suis contente d’avoir vu ce film en VO parce que je pense qu’en VF certaines choses peuvent nous échapper par exemple la réflexion censée être un trait d’humour que fait l’ancienne amante de Vita, Violet, en parlant du « Gloomsbury Group. »

J’ai beaucoup aimé également l’ambiance années folles, coupes garçonnes et cigarettes en main, les femmes cherchent à s’émanciper, dans leur vie quotidienne et dans leur art ainsi que l’atmosphère littéraire avec les machines à écrire et l’imprimerie, univers propice à la rédaction des essais et romans de Virginia, disciplinée et studieuse

Vita est à la fois la perdition de Virginia-puisqu’elle s’affiche avec d’autres femmes, dont sa nouvelle maîtresse à qui elle dédicace Orlando, ce qui va profondément bouleverser Virginia et sa salvation : « mens sana in corpore sano » : la thérapie par le contact physique et intime semble fonctionner, du moins pour un temps puisque Virginia guérit petit à petit grâce à la présence régénératrice de Vita.

En bref, un film que je recommande !

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Commentaire ajouté par Tara99 2018-04-05T15:13:41+02:00
Or

Un des meilleurs films vus en 2018 so far, excellent pour commencer le mois d’avril. Hostiles n’est pas un western comme les autres, il se veut révisionniste-même si ce genre apparait de plus en plus. Le film est une adaptation d’un manuscrit jamais publié de Donald Stewart et commence par une citation littéraire (déjà un bon point) de D.H Lawrence sur l’homme américain « essential American soul is hard, isolate, stoic and a killer. »

Le film commence in medias res, avec en moins de 5 minutes toute la famille Quead massacrée-sur 5 membres, 1 survivante. Cette première scène a pourtant un côté légèrement ridicule-un manque de crédibilité étonnant : à quoi bon prendre son fusil et tenter d’abattre plusieurs hommes à cheval lorsque c’est perdu d’avance ? Mieux vaut commencer à courir, ce que ne font même pas les trois femmes-elles restent plantées là, à mi-chemin entre la cabane et la forêt à regarder ce qui se passe. Mais elle permet aussi de justifier ou tout du moins d’expliquer l’attitude de Joe Blocker envers les Indiens.

Les personnages sont remarquables par leur intensité que ce soit le Capitaine Joseph Blocker ou Rosalie Quaid. J’ai particulièrement apprécié le premier, qui paraît brute au départ mais qui prend soin avec une extrême délicatesse du personnage interprété par Rosamund Pike. La galanterie du Capitaine est presque choquante en comparaison avec le reste de sa personne : il lui laisse de l’espace pour faire son deuil, lui propose une couverture… Le spectateur découvre qu’il est aussi cultivé, puisqu’il lit Jules César en version originale latine. Torturé sans être pour autant pris de remords, sa haine pour les Indiens est immense. Sa mentalité de soldat est très ancrée en lui, à tel point que malgré ses réticences et son refus d’escorter son ennemi de toujours le chef Yellow Hawk-Faucon Jaune en français, on gardera donc la traduction anglaise-il obéit aux ordres de son supérieur non seulement parce qu’il est menacé de voir sa pension de retraite s’envoler et d’être jugé en Cour martiale, mais aussi parce qu’il a un sens du devoir poussé à l’extrême. Le voilà donc parti, accompagné d’une poignée d’hommes, dans cette traversée qui doivent les mener aux terres ancestrales du responsable de la mort de ses amis, qui avait été capturé 7 ans plus tôt et avait pourri dans les prisons de Fort Berringer.

Cette mission qui lui est confiée est d’autant plus importante qu’elle est à caractère politique-le président des Etats-Unis lui-même a signé cet ordre de remise en liberté et est médiatisée, ce dont on se rend compte par la présence du journalise odieux mais aussi de la photo prise avant le départ, qui se retrouvera dans les journaux. En route pour la Vallée des ours, où le chef mourant veut être enterré, les embûches et les rencontres seront nombreuses. La première est celle de Rosalie, cette femme devenue à moitié-folle-cf. the Homesmen- qui continue à serrer son bébé mort dans ses bras et à murmurer, assise dans sa maison carbonisée, pour ne pas réveiller ses autres enfants. Elle regagne peu à peu sa raison au contact des autres membres du groupe, et réalise enfin complètement le décès de tous ses êtres aimés. Elle décide de les enterrer seule, à l’aide de ses mains nues et son geste de racler la terre pleine de rage et de désespoir est poignant, mais elle finit par demander de l’aide aux soldats. Elle doit aussi affronter sa peur des Indiens dont la vue la fait gémir et finit par comprendre qu’ils n’appartiennent pas à la même tribu et que eux-aussi sont victimes des actions violentes des Comanches-dont ils vont d’ailleurs se venger en pendant et tuant les mêmes barbares qui avaient incendié la demeure de Rosalie et assassiné toute sa famille. Une des jeunes femmes indiennes lui fera même cadeau d’un châle-en échange elle aidera à faire la lessive dans la rivière.

Le film nous montre également que la loi n’est pas uniformisée sur le territoire, et la société est encore divisée : les grands propriétaires terriens sont toujours racistes envers les Indiens, et mandat du Président ou pas, son territoire reste son territoire-ce qui l’apparente à un animal. Mais certains bourgeois défendent les Indiens, comme c’est le cas de Mrs McCowan, et certains militaires sont fait prisonniers et jugés pour meurtres et destinés à être pendus, comme c’est le cas du prévenu et ancien ami de Joe, qui pose la question de pourquoi est-il vu comme un psychopathe et Joe en héros alors qu’ils ont commis les mêmes actions ?

Peu à peu, les personnages principaux en viennent à s’accepter, d’abord par obligation-faire front à l’ennemi commun, les Comanches- ce qui les amène à forger une alliance tactique mais prudente-Joe reste sur ses gardes et il met longtemps avant d’accepter de libérer de leurs chaînes les deux Indiens pour qu’ils soient capables de combattre à leur côté.

Il finira par défendre le droit au chef Yellow Hawk à être enterré sur ses terres, plus par sens du devoir que par sympathie. Cependant, il ira jusqu’au bout de sa mission, allant jusqu’à achever le vieux propriétaire terrien au couteau, à la manière indienne-une ordure qui menace de tuer tout le monde si les Indiens ne s’en vont pas, et n’a que faire de la clémence de Washington envers le chef Yellow Hawk. La loi n’est pas celle du Président Benjamin Harrison mais la sienne comme il se fait un plaisir de le rappeler au Capitaine.

Le racisme est omniprésent et cependant paradoxal puisque Joe éprouve une grande affection pour le lieutenant noir, mais déteste les Indiens. En plus, il a apparemment réussi sans trop de difficultés à pardonner son ami d’avoir lutté sous le drapeau des Confédérés et pas sous celui de l’Union.

Cependant l’élément essentiel de la survie est être capable de vivre avec soi-même, après les exactions que l’on a commis ou être la seule rescapée de sa famille et se demander pourquoi ai-je été la seule épargnée ? Certains font le choix du suicide comme c’est le cas de Thomas Metz-dont le premier meurtre remonte à ses 14 ans !- mais Rosalee réussit à émerger à temps de sa stupeur et du choc et ne se suicide pas. Le suicide n’est pas montré à l’écran tout comme les viols des femmes, comme si le réalisateur choisissait de se retenir de temps en temps de montrer la violence.

Il faut avoir la foi, comme le souligne Rosalie. A quoi il faut rajouter qu’il faut s’adapter aux changements de la société-obstacle trop difficile à surmonter pour certains comme le prisonnier et ancien compagnon d’armes de Joe mais aussi son ami de toujours, qui choisit de se tuer. La morale de chacun est différente, et c’est pourquoi le challenge du vivre-ensemble pendant cette traversée est un challenge difficile à relever.

Peu de choses sont dites, mais tout est communiqué, par les regards et les postures.

J’ai beaucoup aimé le choix du réalisateur pour la scène dans la tente entre les deux personnages principaux : au lieu de lui donner un caractère sexuel, il a pris le parti de montrer la tendresse entre ces deux êtres, blessés au plus profond de leur être, en deuil de leurs proches et qui tentent de s’aider même si la blessure ne cicatrisera jamais complètement.

Le paysage va de pair avec les caractères. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que plus les paysages verdissent et deviennent moins secs et désertiques, plus les hommes du convoi évoluent vers plus d’humanité, jusqu’aux plaines boisées du Montana. Joe va d’ailleurs choisir d’aller vers la civilisation, symbolisé par le train qui a pour terminus Chicago. Il tourne le dos à son passé de militaire en adoptant des habits de civil et en rentrant dans le wagon.

Il y a 3 raisons pour lesquelles il fait ce choix de rejoindre ces compagnons de route : d’abord parce qu’il est à la retraite désormais , que sa carrière de soldat est terminée, ensuite parce qu’il est amoureux de Rosalie et enfin pour permettre à l’enfant indien d’avoir dans son entourage une figure paternelle, avec qui il peut parler sa langue natale(celle des Cheyennes du Nord).

J’ai beaucoup aimé le côté road-trip(ou plutôt horse-trip) qui permet au spectateur d’admirer des panoramas variés mais tous très éblouissants. Chaque étape du voyage est une marche gravie de plus sur le chemin de la rédemption.

Le film est admirable par le travail de l’équipe toute entière, d’abord par la volonté du réalisateur de ne raconter fidèlement l’histoire, ce qui passe par sa collaboration avec l’organisation Native Networkers, la persévérance des acteurs pour apprendre ce dialecte indien très difficile à maitriser…

J’ai lu un article en anglais qui contestait le fait que ce voyage se faisait à pied, et pas en train qui à cette époque était assez performant. N’étant pas une historienne des chemins de fer, je ne sais pas si cette information est véridique, mais il faut aussi penser que les trains n’étaient pas plus sûrs à l’époque et se faisaient souvent attaquer par toutes sortes de voyous.

Quant au fait que les Indiens ont une place à l’écran mineure comparée à celle des Blancs, dans la lignée traditionnelle des films d’Hollywood, c’est évident. Mais le film traite des relations difficiles entre deux peuples et de la complexité de la vie dans l’Ouest, son intention n’a jamais été de traiter comme sujet principal le génocide des indiens.

Mon reproche serait plutôt certaines lignes du dialogue un peu clichées comme quand Joe dit à Yellow Hawk qu’une part de lui sera toujours en lui ou quand Rosalee, dans une phrase qui se veut philosophique affirme « envier la finalité de la mort ».

L’originalité de ce western, c’est qu’il ne fait pas l’apologie de la violence ni ne la glorifie : il l’utilise comme un moyen de dénoncer les atrocités et barbaries sans nom et la traite comme le péché originel, la base de tous les maux. Au fond, c’est une histoire de vengeance et de pardon, de tolérance et de compassion, de guérison et de réconciliation.

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Commentaire ajouté par Tara99 2018-01-12T23:07:19+01:00
Argent

Bon film dans l’ensemble où l’on retrouve les thèmes favoris de Woody Allen : un narrateur, parfois en voix off, un triangle amoureux, une jeune ingénue, une femme plus âgée en quête de sens, la répétition en boucle d’une chanson(ici Coney Island Washboard des Mills Brothers).

J’ai adoré l’atmosphère de Coney Island dans les années 50, un parc qui a vu des jours meilleurs mais qui représente toujours le rêve de la classe ouvrière, qui peut acheter des rires et du plaisir dans des attractions avec la petite monnaie qu’elle a dans les poches.

Un portrait de femme assez intéressant avec Giny, serveuse à Coney Island, enfermée dans un boulot qu’elle déteste et un mari –Humpty, qui est le machiniste du carrousel- qui l’ennuie et à qui elle doit faire la cuisine et devant gérer son garçon (un roux du nom de Richie)d’un premier mariage, pyromane. Dans ce film, tout tourne en rond à la manière de la grande roue Wonder Wheel qui surplombe leur appartement à Coney Island et semble faire de l’ombre à tous les personnages,-et offre par ailleurs un contraste entre la fantaisie du monde virtuel qu’est le lieu mythique de Coney Island et la pauvre vie de Giny- qui semblent tourner dans leur roue de hamster sans jamais pouvoir s’arrêter : d’abord Carolina, la fille de Humpty-qui apparaît tel un mirage et un cliché de la jeune femme des année 50- qui malgré être le seul personnage de l’histoire qui essaie vaguement de s’en sortir(cours du soir pour devenir prof d’anglais, flirts avec des hommes respectables pas comme son ex mari gangster toujours à sa recherche) finit enlevée, séquestrée et tuée peut être en prime (pure hypothèse de ma part) pour avoir révélé les « buried bodies » de la mafia de son époux ( c’est une femme « marquée »), Giny qui semble vouloir casser sa routine avec sa liaison avec ce jeune maître nageur et rêve de nouveaux horizons –pourquoi pas Bora Bora ou Rio après tout ?- (qui semblent cependant très réduits dès le départ avec sa vue sur mer bloquée par la Whonder Wheel) encouragée par son jeune amant qui l’emmène au jardin japonais de Staten Island, lui fait passer des après-midi dans son appartement de Greenwhich, un quartier très artistique et musical de NYC et lui fait lire des tragédies. mais qui ne semble pas si motivée que ça, elle reste assez passive en attendant bêtement et naïvement que vienne l’emmener loin de New York son Mickey. Lunatique et migraineuse, elle boit nerveusement le whiskey qu’elle prohibe pourtant à son mari, se persuade qu’elle est amoureuse et trouve une joie de folle furieuse à la fin du film, prise d’une envie et d’un besoin de revêtir une robe blanche d’actrice et de mettre du rouge à lèvres pour rajeunir et accueillir son amant. Après tout son signe astrologique est le lion comme elle le répètera par deux fois à son amant : elle était faite pour briller mais n’a jamais atteint son rêve et vit désormais dans un remords perpétuel.

Elle semble s’exciter pour rien, au bord de la crise de nerfs (et du désespoir), soit concernant sa romance estivale et la jalousie qu’elle entraîne de la part de sa belle-fille, plus jeune, plus jolie et plus intelligente. C’est peut être ça qui la rend muette au téléphone avec le patron du restaurant : pas le fait qu’elle sorte avec et qu’il soit amoureux d’elle mais le fait qu’elle ait toute la vie devant elle pour finir ses études, faire un beau métier, avoir un mari aimant, des enfants « normaux » qui ne mettraient pas le feu aux corbeilles à papier de la salle d’attente chez la psychologue parce qu’ils n’auraient même pas besoin d’y aller. Bref, tout ce qu’elle n’aura jamais, car sa vie semble derrière elle, son anniversaire de 40 ans et sa célébration, loin de la réjouir, la fait sombrer dans une sombre mélancolie. Elle est une des petites nacelles qui vacillent sur la Wonder Wheel au gré du vent, mais qui reste bien accrochée avec ses sœurs et tourne,tourne, tourne… A quoi bon s’efforcer comme une forcenée semble-t-elle nous demander, puisque ses efforts sont inutiles : elle accompagne son fils chez la psy mais celui-ci récidive, c’est un cas perdu, elle offre une montre gravée à 500 dollars à son maitre sauveteur-qui cela dit en passant ne sauve personne dans l’histoire, ni Giny ni Carolina qu’il ne raccompagne ni à pied ni en voiture après leur RDV au restaurant. Peu importe, cet homme, cet idéaliste qui pense trop, aime le drame : il ne vit que pour la tragédie, dans les pièces de théâtre « I want to write plays about human life », « Great, tragic plays where the protagonist gets crushed by some fatal weakness »-comprendre la vie humaine dans son dramatisme comme dans la vie : il aime l’image que renvoie cette femme esseulée et ennuyée et transforme tout ce qu’il voit en signes dramatiques, le temps ensoleillée ou nuageux notamment. Son avidité pour le drame sera bien servi quand une Giny pleine de pathétisme lui tendra un couteau pour qu’il mette fin à sa vie.

Il baigne tout de même dans une certaine culture, il mentionne Gauguin mais aussi Eugène O’Neill.

Constamment dans le regret de la vie qu’elle aurait pu mener, si elle n’avait pas trompé son ex-mari qui l’adorait avec un type du théâtre assez inintéressant mais dont elle aimait la fougue et la passion des baisers, elle se noie dans son bocal. Elle choisit délibérément de manquer les événements qui auraient pu lui permettre de socialiser : la pêche avec son mari, ses amis et les femmes de celui-ci et préfère passer son temps libre à raconter à son fils les temps anciens où elle était une actrice magnifique, acclamée et applaudie par tous, à l’aide d’accessoires qu’elle a gardé de ses années de scène. Pas étonnant que la seule échappatoire de son fils soit d’aller au cinéma et d’oublier tout ce joyeux beau monde dont les vies inutiles le font suffoquer à sa manière. Le monde étouffe aussi sa mère, dans la crasse, la sueur et l’huile de la « clam house » et bien que ce soit elle la protagoniste de l’histoire, elle ne possède même pas sa propre histoire : c’est Mickey qui la raconte off-sreen ou on-screen.

J’ai apprécie le sorte de huis-clos rendu par l’unité de lieu casi parfaite : Coney Island vue de la maison, Coney Island vue sur la mer et la plage, Coney Island vue sur les planches de bois…et puis quelques bouts de New York rapidement, brièvement.

De très belles images, qui éclairent les visages des acteurs en plein soleil aveuglant, durant les gris des jours sombres de pluie, et dans les lumières des néons.

Le film se termine avec la fin de l’été, le mari de Giny mentionne « Labour Day » : on suppose alors que tout redeviendra comme avant, puisque Carolina a disparu à jamais et Mickey va repartir étudier à New York, les touristes se feront de moins en moins nombreux dû au commencement de l’automne…

Un petit point négatif serait le manque de plausibilité du fait pour Carolina de se cacher en tant que serveuse dans un bar, où elle est très visible.

Ma seule véritable déception dans ce film est la question posée : est-ce la tragédie est due au destin ou infligée à soi-même ? -qui si elle n’était pas assez claire, est renforcée par le livre que prête Mickey à Carolina « Hamlet and Oedipus » -à laquelle le réalisateur n’apporte pas de réponse. Peut être est-ce au spectateur de le découvrir !

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Commentaire ajouté par Tara99 2018-01-12T19:53:00+01:00
Bronze

Sur fond historique-commerce des tulipes à Amsterdam au XVIIème siècle, une romance entre un jeune peintre et sa maîtresse. Un scénario classique qui fait beaucoup penser à la jeune fille à la perle mais qui reste rafraichissant grâce à l’interprétation d’Alicia Vikander, qui joue beaucoup sur le regard pour faire passer ses émotions. Un bon casting avec Cristopher Waltz en mari désespéré bourgeois appartenant à une guilde, qui est moins stupide et plus subtil qu’il n’y paraît au premier abord. J’émets cependant quelques réservas quant au jeu d’acteur de Dane deHaan, assez insipide et pas vraiment taillé pour un rôle comme celui-ci. Face à la timide mais farouche et fière Alicia Vikander, son jeu ne fait définitivement pas le poids, et l’alchimie par conséquence ne fonctionne que très peu. La rapidité avec laquelle leur relation se développe –juste quelques regards durant des séances de pose et ils se retrouvent tous les deux à courir pour aller de l’un chez l’autre et se retrouver, pour finalement se rater- manque de réalisme, je ne peux même pas parler de coup de foudre étant donné la passivité de deHaan, déjà commentée ci-dessus.

Le problème de ce film est qu’il y a beaucoup d’intrigues qui s’entremêlent et tout s’accélère pour créer une confusion désagréable. Certains quiproquos ne sont pas mal vus- par exemple William qui méprenant Sophia pour Maria en raison de son déguisement penser immédiatement qu’elle le trompe avec le peintre. Ne cherchant même pas la confrontation, ce qui aurait été naturel, il se retrouve par une série de circonstances embarqué sur un bateau et ne reviendra qu’à la fin. Ainsi donc, le manque de chemistry entre les personnages principaux nous invite à chercher de l’intérêt ailleurs : on en vient à s’intéresser plus au personnage secondaire vendeur de poissons de William incarné par Jack O’Connell.

Nonobstant, ce film nous offre un beau portrait de femme et une approche intéressante : l’héroïne se révèle en fait la narratrice de l’histoire, la servante Maria qui a la tête sur les épaules et qui, après une vie de labeur obtient son happy ending : une vie avec son prince charmant, des enfants qui remplissent la maisonnée de leurs cris et une situation plutôt enviable par rapport à ce qu’elle aurait dû attendre de la vie. D’ailleurs, cette fin m’a laissé dubitative : elle n’est ni plausible, ni possible. Qu’un marchand abandonne sa maison et parte commercer dans les colonies oui mais qu’il ne fasse ne serait-ce qu’envisager de léguer sa propriété à sa servante, qui l’a en plus trompé en prenant part au stratagème destiné à arracher sa femme de ses griffes est assez absurde mais cela a au moins le mérite de convertir cette histoire en conte de fées.

Une symbolique assez intéressante de la fleur qui s’ouvre, juste au moment où Sophia s’abandonne au peintre et cette phrase de Cornelis « Première à éclore, première à faner ». La tulipe est une métaphore de la vie de Sophia : avant qu’elle ne naisse, qu’elle ne vive on l’achète et on spécule sur elle. Pour comprendre que la femme est ici vue comme un objet, pas besoin de chercher très loin. De manière dramatique et pour aider ses frères et sœurs à payer la traversée jusqu’à la Nouvelle Amsterdam (aujourd’hui New York), elle accepte de se vendre au « roi du poivre » Cornelis. Puis quand la tulipe-pour continuer la métaphore arrive à maturité et bourgeonne, elle devient belle mais pas assez de temps pour profiter de cet état : elle fane comme Sophia qui d’autant plus malheureuse désormais qu’elle a connu le bonheur, ne réussit pas à s’enfuir avec son amant et, faisant croire à tout le monde qu’elle est morte, se réfugie au couvent de son enfance, où elle passera certainement le reste de ces jours. Bien qu’elle réussisse à revoir furtivement le peintre et que cela laisse un petit espoir, on se doute que leur histoire est déjà finie avant même qu’elle ne commence devrais-je dire. Judi Dench en mère supérieure qui en fumant la pipe et en cultivant des bulbes de tulipes et les vendant aux enchères, et donc en entretenant ce cercle vicieux de spéculation, ne semble pas très respectueuse des principes bibliques, est assez convaincante. Cara dela Vigne en prostitutée ne sert clairement à rien et n’apporte rien à l’histoire. On peut noter quand même pour la petite anecdote la présence dans ce film des deux acteurs principaux de Valérian. Le compagnon du peintre, censé ajouter une touche comique est tout juste satisfaisant et le fait qu’il soit envoyé chercher cet « oignon » qu’il mangera par la suite, alors qu’il y avait des solutions plus intelligentes pour faire venir ce bulbe de tulipe à a maison du peintre, bloqué et enfermé dans son propre chez soi par les acheteurs.

Une belle représentation et maquette d’Amsterdam dans son âge d’or, vers 1630 dans un style très brughelien ; on apprécie d’autant plus si on a eu la chance d’y aller. Autre point fort du film, cette recréation de l’ambiance extatique des bordels et tavernes qui servaient de lieu de marché d’enchères pour les bulbes de tulipes, où se jouaient des sommes astronomiques pour une tulipe encore à naître, dont l’éclosion et la beauté n’était pas assurée. Avec, comme dans tout jeu d’argent, des gagnants et des perdants, dont certains au comble du désespoir se jettent même dans le canal et trouvent la mort, accablés par les dettes. J’ai bien aimé la scène où Sophia se rend chez le docteur (Tom Hollander) et qu’il lui propose, pour remédier à son problème de ne pas pouvoir avoir d’enfant, de « l’aider ». Sophia ressort offusquée du cabinet mais on comprend que c’était là le lot de plusieurs femmes dont les maris étaient certainement infertiles dû à leur âge mais par crainte d’être abandonnées ou renvoyées au couvent-comme le dit Cornelis à un de ses amis, si Sophia ne tombe pas enceinte avant 6 mois, il l’enverra chez les sœurs-n’avaient pas d’autre remède que celui-ci.

C’est vrai que ce film ne mérite pas un tonnerre d’applaudissements, encore moins une récompense, mais je ne suis pas d’accord avec des nombreux articles anglais qui pensent que le film est « à enterrer aussi profond qu’un bulbe de tulipe dans la terre ». Evidemment, le fait que le film ait été produit par la Weinstein company, après les scandales sexuels, n’aide pas les critiques à avoir une bonne opinion de lui. Certainement que si le film avait pu être tourné avant avec Keira Knightley, Natalie Portman et Jude Law dans les rôles principaux comme cela en était initialement le projet, qui fut abandonné, le tout aurait mieux fonctionné.

Malgré une impression mitigée, il me faut maintenant pour mieux juger cette adaptation, en lire le roman de 1999 de Deborah Moggach.

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Commentaire ajouté par Tara99 2018-01-03T14:47:25+01:00
Argent

Premier film vu au cinéma en 2018 ; basé sur des faits historiques avérés relatés dans le roman de Chantal Thomas éponyme. Nous y est présenté la vie des princesses qui étaient considérées comme de « la viande à marier » et qui servaient à effectuer des traités internationaux pour éviter des guerres. Dans ce film plus particulièrement il est question de deux princesses, Anna Maria Victoria l’infante d’Espagne et Mademoiselle de Montpensier, fille du régent Philippe d’Orléans. La première est envoyée à Versailles pour épouser Louis XV et la seconde à Madrid pour épouser le fils de Philippe V, mariage qui se célèbrera assez rapidement car la princesse est âgée de 12 ans donc en âge de procréer contrairement à l’autre qui ne sera jamais célébré, dû au jeune âge de la petite princesse. J’ai retrouvé la plupart des coutumes et traditions que j’avais apprises dans mon enfance dans les livres sur le Roi-Soleil : les princesses, à leur arrivée à la frontière, devaient abandonner tous leurs vêtements de leur pays d’origine et revêtir des habits de leur pays d’accueil, mais également leurs gouvernantes et dames de compagnie qu’elles connaissaient en général depuis toujours-et ceci dans le but de les empêcher de parler trop leur langue maternelle et d’éviter toute influence étrangère sur la future reine qui doit désormais être totalement dévouée à son nouveau pays- On vit la difficulté de la vie à l’époque, avec des maladies comme la petite vérole qui tuaient C’est d’ailleurs cette ambiance de mort qui dérange dans ce film, dès le départ avec le petit Louis Xv dans son lit, rideaux tirés dans l’obscurité puis son discours qui permet au spectateur peu aux faits de toute cette Histoire de France très compliquée il faut bien l’admettre, de comprendre qu’il est en fait l’arrière-petit-fils de Louis XVI, ses aïeuls ayant décédés. Cette atmosphère mortuaire continue avec

Et puis la folie, représentée par Felipe V, ravagé par la consanguinité et tentant d’expier ses fautes : toutes ces guerres qu’il a entrepris au nom de la Couronne d’Espagne. Cette auto flagellation, au sens propre comme au sens figuré atteint son point culminant lorsqu’il décide de transmettre le trône à son fils, un adolescent perdu, d’une santé chétive et pas fait pour exercer des telles fonctions avec autant de responsabilités. Amoureux de sa femme, pourtant infecte, il ira jusqu’à désobéir aux ordres de son père-après tout, il le peut bien puisqu’il est désormais roi- et à ordonner sa présence et prohiber son retour en France, pourtant voulu par le vieux couple royal, qui haïssent leur belle-fille. Cette dernière finira par l’aimer, mais son mari mourra consumé par la maladie qu’elle-même contractera, sans doute à cause de ses beaux-parents qui exigèrent son confinement dans la chambre de son époux pendant qu’il expirait, pour éviter les risques de contagion de la maladie. Elle survivra, marquée à jamais par les cicatrices de la petite vérole mais la fin du film nous apprend qu’elle mourra oubliée des siens à Paris à l’âge de 32 ans. Une remarque intéressante de la Reine d’Espagne : « les médecins l’auront sauvée » : Ici, nous voyons une critique des médecins dont les compétences peu utiles et même parfois nocives (la saignée, cette pratique tant aimée qui drainait de son sang les patients, entrainaient parfois la mort au lieu de guérir) engendraient la mort des gens. L’alternance palais de Versailles-Cour de Madrid était bien vue, les deux princesses étant emprisonnées toutes les deux d’une manière différente, bien que c’est surtout la revêche qui refusa de s’acclimater à sa vie espagnole qui en souffrit le plus. Anna Maria Victoria, bien éduquée à ses devoirs-elle ne parle d’ailleurs pratiquement jamais, seulement lorsqu’on lui adresse la parole et lui pose une question précise- est en fait tellement jeune qu’elle n’a pas forcément conscience de son isolement, elle ne perd aucune occasion pour s’amuser tranquillement, petite poupée sage aux mains des politiciens. Le roi aussi est manœuvré par ses conseillers, notamment le duc de Condé (Thomas Mustin), un jeune fat en perruque poudrée inintéressant qui aime les plaisirs de la vie, qui se résument pour lui à la chasse et au sexe, auquel il tente d’initier le jeune roi. Si certains abus sont tolérés, l’on ne peut pas non plus tout se permettre c’est ce que montrera la renvoi de aux penchants homosexuels-cependant tolérés quand il s’agit de la future reine d’Espagne qui semble pourtant s’y adonner par ennui (elle avouera sans complexe à son mari qu’elle n’aime rien, ni broder, ni chasser, ni lire). Seules personnes plus ou moins saines d’esprit : Madame de Ventadour incarnée par Catherine Mouchet et la princesse Palatine (Andréa Fereol), dont le discours vrai pendant ses dernières heures à la petite ménine traduit bien le mépris et l’inconsidération de l’époque pour les femmes. L’espèce de foi frénétique de Lambert Wilson et sa repentance à Dieu, mais aussi la référence qu’il fera durant un repas à l’inquisition, qui fera bon accueil à Melle de Montpensier à son arrivée dans la capitale espagnole avec des hérétiques brûlés sur des bûchers, montre l’influence de la religion, aussi présente par le poste qu’occupe le cardinal de Fleury, proche conseiller politique du Roi. Rappelons que nous nous situons en pleine période d’absolutisme bourbonique, où le Roi a les pleins pouvoirs et où la séparation entre législatif, exécutif et juridique est inexistante. De très beaux paysages cependant, en sachant que le film a été tourné entièrement en Belgique ! J’ai beaucoup aimé la référence à l’île aux Faisans, cette petite île fluviale que si prêtait à des rencontres diplomatiques et qui vit plusieurs échanges de princesses : outre celui dont il s’agit dans le film, furent aussi échangées quelques années plus tôt Elizabeth fille d’Henri IV et promise à Felipe IV et Anne, la sœur de celui-ci qui deviendra la femme de Louis XIII. Le film est loin des fresques historiques si nombreuses dans l’histoire du cinéma : l’approche plus intimiste toute en douceur- un article du Point va même jusqu’à parler de « violence feutrée » est intéressante, et le film n’est pas larmoyant. Bien sûr, le manque de figurants se fait un peu remarqué, nous sommes à la Cour de Versailles quand même, le Roi devrait avoir plus de courtisans et la Montpensier plus de soldats pour l’escorter. En conclusion, un bon film, assez juste et enrichissant au niveau culture et avec de jeunes acteurs au futur prometteur.

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Commentaire ajouté par Tara99 2017-12-01T12:18:38+01:00
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Nous aurions pu nous douter que Kenneth Branagh, en tant que réalisateur friand d’adaptations littéraires pour le cinéma de Shakespeare avec Henri V jusqu’aux BD de DC comics (Thor) en passant par les contes de Charles Perrault ( 2015 Cinderella avec la formidable Lily James) mais ce que nous n’avions pas prévu c’est à quel point ce film est décevant.

D’abord par le personnage de Poirot qui n’est pas du tout à la hauteur d’un Peter Ustinov dans “Mort sur le Nil” ou d’un David Suchet dans la série britannique éponyme. Je n’ai pas du tout apprécié ce faux accent franco-belge que prend l’acteur et qui ne correspond pas du tout ! de plus, les énormes moustaches sont caricaturées, les rires grossiers du détective lorsqu’il lit Dickens « A tale of 2 cities », la violence dont il fait preuve (je ne vois pas Poirot monter sur le toit d’un train et je l’imagine encore moins courir après un meurtrier-de fait, Poirot a dans ce film un côté Sherlock Holmes des films avec Robert Downey Jr-épisode de la canne), sa mélancolie et tristesse pour une ancienne fiancée- pourquoi rajouter ce détail inutile qui approfondi son caractère et donne des détails sur sa vie au dépens des autres personnages ?- , son maniérisme exagéré -cf. son exigence pour des œufs parfaits cuits 4 minutes -ne me rappelle pas du tout le protagoniste si raffiné et pointilleux des romans d’Agatha Christie que j’avais dévorés pendant mon enfance.

Et puis j’ai été très surprise de voir que Poirot dévoile tout son raisonnement petit à petit alors qu’en vérité, seuls des indices épars sont donnés au lecteur et toute l’affaire n’est résolue qu’à la fin ! Ici dès le début on est au courant de la vraie identité de l’homme assassiné et des liens qu’entretenaient avec lui les suspects ! La découverte des indices est bâclée et il en manque certains, et Poirot, être méthodique semble dans cette nouvelle adaptation du XXI ème siècle deviner la vérité en se servant seulement de son intuition et non de ses fameuses petites cellules grises. Plus d’action que de réflexion en résumé…En outre comme je connaissais déjà l’histoire, il n’y avait pas trop de suspense…Sans mentionner la scène finale où tous les suspects ne sont pas réunis à l’intérieur du train dans le wagon restaurant (ce qui serait somme doute logique vu le froid qu’il fait dehors même si le personnel de la gare suivante essaie de remettre le train sur les rails) mais à l’extérieur,dans un tunnel (really ?) assis derrière une table comme s’il s’agissait de la Cène, transformant au passage le huis-clos qui nous rendait claustrophobes en film policier beaucoup moins pertinent et donnant au final un aspect négligé.

En parlant de scènes, les premières à Jérusalem et la résolution du vol par Poirot sont inutiles et sans intérêt si ce n’est d’apprécier la beauté ( ?) des reconstitutions et nous donner envie d’aller faire un peu de tourisme.

Cerise sur le gâteau, les acteurs sont très fades alors que certains d’entre eux sont habituellement géniaux (je pense qu’ils ont été mal dirigés et ils avaient aussi très peu de scènes et ce n’est pas du qu’au nombre de personnages) surtout Pénélope Cruz mais aussi Willem Dafoe et Judi Dench. Seul acteur qui a vraiment une scène plus approfondie : Johnny Depp lorsqu’il demande à Poirot de veiller à sa sécurité.

J’ai eu du mal à m’attacher aux différents personnages, peut-être parce qu’au final les spectateurs ne savent rien d’eux ( quel dommage que la figure de Poirot vienne éclipser le reste des personnages, alors que de fait, le détective est censé se faire discret et laisser sa place au drame qui se joue devant ses yeux. Ici, Branagh l’a converti par narcissisme-c’est lui qui interprète Hercule- en l’élément dramatique de l’histoire, alors que cela devrait être le meurtre. On note l’effort fait pour ajouter un personnage noir au milieu de ces riches blancs et on se conforme de l’explication donnée par ce dernier pour justifier sa présence : chaque année, un étudiant de couleur est accepté à l’université ( on est en 1934 il me semble)

A part ça, les prises de vue sont intéressantes (cf. scène d’ouverture sur le mur des lamentations-on pardonnera le changement de scenery de cette première scène qui est censée se passer à Alep) mais les techniques trop répétitives et puis je n’ai pas retrouvé l’ambiance de tension avant que le meurtre soit commis ni même après partiellement du à une utilisation de la musique peu judicieuse.

A propos des shots, j’ai trouvé que le fait de ne pas montrer au spectateur le cadavre lorsqu’il est découvert mais de se focaliser sur l’expression horrifiée des autres acteurs n’apporte rien de spécial et gâche ce moment sensé être croustillant. Tout est dramatisé jusqu’au train qui au lieu d’être simplement bloqué par des paquets de neige, se retrouve à-demi renversé sur le côté au bord d’un précipice sur un pont bancal en bois (et le film nous montre l’avalanche qui descend à toute vitesse pour rattraper le train).

Les maquettes (sans doute nécessaires) donnent au tout un aspect artificiel et surfait. A sa décharge, les costumes sont très beaux et l’ambiance jazzy et le décor art-déco auraient pu fonctionner si ce n’est qu’au lieu de contribuer à une certaine ambiance, ils la cassent totalement. Les images sont trop féériques à l’image du dernier film de ce réalisateur « Cendrillon » que j’étais allée voir au cinéma et qui était de meilleur qualité que celui-ci. Si une suite est tournée, ce dont je doute car je prévois un flop pour ce film, j’espère qu’elle sera meilleure que ce film ci. Elle semble prévue tout de même vu la fin et le meurtre qui a été commis sur le Nil. Une autre incohérence à rajouter ( Poirot sera en croisière avec tous les suspects avant que le meurtre soit commis et n’arrivera pas sur les lieux du crime après coup).

Sans compter la morale de l’histoire qui nous est assenée (ne peut-on pas faire plus dans la subtilité ?). De plus, par rapport à cette dernière remarque, est-ce que vraiment Poirot voit le monde en noir et blanc, « il y a le bien et il y a le mal, et rien entre les deux » comme il apprend à un homme au début du film ? Pour être une lectrice de la Reine du Crime, je ne pense pas même s’il est vrai qu’il a un certain idéal de justice.

J’aimerais terminer par vous poser cette question : Avait-on vraiment besoin d’une nouvelle adaptation du crime de l’orient express surtout quand celle-ci est complètement ratée et le génie du crime fomenté n’opère pas ? Bref, amateurs de whodunnits, passez votre chemin ! Comme un article de la presse anglaise souligne pertinemment, « Murder on the Orient Express is a ride worth skipping »

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Commentaire ajouté par Tara99 2015-04-05T15:11:30+02:00
Vu aussi

Un remake Disney comme je les aime avec de belles robes, un prince séduisant et un happy end.

J’avais très envie de voir ce film car il réunissait des acteurs de deux de mes séries préférées, « Game of Thrones » et « Downton Abbey ». Lily James, l’interprète de Cinderella joue Rose dans Downton et Sophie Mc Shera est quant à elle Javotte dans Cendrillon et Daisy dans « Downton Abbey ». J’ai retrouvé également Holliday Grainger ( Anastasie)que j’avais aperçu dans « The Riot Club » ». Et évidemment, Richard Madden de « Game of Thrones » dans le rôle du prince charmant ! Plus le capitaine de la garde qui a également joué dans « Game of Thrones » ! Cate Blanchett est excellente, comme d’habitude. Helena Bonham Carter a un petit rôle qui a du l’amuser mais qui la fait surjouer un petit peu.

Les images sont magnifiques tant grâce aux lieux enchanteurs qu’aux costumes travaillés. Les verts, les bleus, les roses : toutes les couleurs choisies sont prononcées. Les jardins et le palais sont vraiment bien faits.

Quelques passages assez drôles.

Les Anglais n’ont toujours pas compris que la chaussure en VERRE est en fait une chaussure en VAIR, c’est-à-dire en une matière un peu comme du velours. Révisez vos classiques svp pour essayer de ne pas faire des erreurs aussi grosses. Je dirai même plus, refaire des erreurs énormes car le problème était déjà présent dans le Disney Cendrillon. Alors à qui la faute ? Peut être au premier traducteur de Charles Perrault qui a traduit VAIR par « glass ». Non mais franchement ! Des chaussures en verre !

Je l’ai vu en VO et c’est vrai qu’il y a un truc qui marche bien en anglais et je me demande comment ils l’ont traduit en français. Cendrillon n’a pas de prénom, on lui a donné le surnom de Cendrillon car elle s’occupait de raviver les cendres de l’âtre tous les jours. Mais en anglais, comme ils ont traduit par Cinderella et que Ella est un prénom, cela rend la chose beaucoup plus facile et jolie.

Lily James n’est pas belle mais très jolie. Elle a énormément de charme avec son sourire si spécial et ses yeux noisettes. Elle est parfaite dans son rôle.

Richard Madden lui joue moins bien mais son jeu reste acceptable voir assez bon.

Chapeau aux deux affreuses sœurs qui sont très bien aussi !

J’ai toujours aimé ce conte car Cendrillon est très courageuse, même si ce n’est pas la même sorte de courage que Mulan par exemple. C’est la princesse qui est la plus optimiste et qui voit la vie, comme la marraine fée dit dans le film « not as it is but as it could be with more magic ». Elle est toujours joyeuse, elle chante tout le temps et s’occupe des animaux malgré toutes les tâches ingrates qu’elle doit effectuer au cours de la journée.

Ils ont un peu changé l’histoire (rencontre entre le prince et Cendrillon dans les bois) mais dans l’ensemble le film est très fidèle au conte ( et au film Disney).

Et c’est vrai que le prince a un nom pour une fois, comme l’a dit un cinénaute.

J’ai beaucoup apprécié la musique notamment la chanson « Lavender’s Blue ».

Et le court-métrage de la Reine des Neiges qu'ils ont passé avant le film :)

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Commentaire ajouté par Tara99 2014-12-21T16:23:41+01:00
Or

Incroyable. Un film qui a révolutionné le cinéma hollywoodien. Un film drôle, représentatif d’une génération mais qui n’a pas vieilli car sa morale est universelle : l’amour triomphe.

Je l’ai vu au cinéclub de mon lycée et certaines personnes ont trouvé qu’il y avait quelques longueurs mais pas moi. J’ai trouvé le timing parfait !

La musique :

I love Simon and Garfunkel !!! Je joue “the sound of silence au piano” alors inutile de vous dire que j’adore ce morceau. Et Scarbourough Fair est ma préférée !

Mes plans et mes scènes préférées :

Certains sont vraiment supers, j’adore quand on voit l’image de Mrs Robinson se refléter dans la table basse en verre de l’hôtel. Justement, les passages à l’hôtel sont super marrants, avec le contraste entre la troupe de petits vieux qui sort de l’hôtel et les jeunes qui rentrent, et quand Benjamin appelle Mrs Robinson de la cabine téléphonique pour lui expliquer comment procéder pour se rendre incognito dans la chambre et que Mrs Robinson lui demande s’il n’a pas oublié quelque chose genre le numéro de la chambre ! C’est trop drôle ! Un autre moment drôle à l’hôtel, c’est quand il s’y rend avec Elaine et que tout le monde l’appelle de son pseudo et qu’Elaine ne comprend rien.

Il y a ce moment inoubliable où Benjamin est dans une tenue de scaphandre et qu’il plonge dans la piscine, avec cette sensation d’étouffement, où on voit ce qu’il voit où on l’entend respirer difficilement ; il est bel et bien enfermé, confiné dans sa petite vie.

A la fin, quand Ben assomme tout le monde avec la croix de l’église, vraiment un bon passage, très marrant.

Les personnages :

Mrs Robinson : une sale bonne femme, menteuse et manipulatrice. Elle arrive quand même à faire croire à sa fille que Benjamin l’a violée ! La prestation d’Anne Bancroft est admirable à tout point de vue.

Benjamin : Un jeune homme en quête de liberté, qui ne veut pas de cette image de lauréat ( cf scène dans la maison de ses parents). Dustin Hoffman réussit l’exploit de faire ressortir parfaitement ce mal-être.

Elaine : Au début, elle paraît très douce mais en fait même si elle ne sait pas trop ce qu’elle veut, elle est déterminée à réussir sa vie, résolue à essayer de faire le bon choix. Elle joue dans une équipe féminine de basket waouh ^^

J’adore le contraste entre Dustin Hoffman et les malabars blonds aux yeux bleus lorsque Benjamin cherche Carl et qu’il entre dans la salle de bains commune. Mon prof de cinéma m’a dit qu’au départ, Mike Nichols aurait demandé à Robert Redford de jouer Benjamin et qu’il avait changé d’avis au dernier moment. En effet, Reford représentait trop le séducteur américain par excellence ce qui n’aurait pas marché pour le film. Pour la petite anecdote, il paraît que Nichols aurait demandé à Redford : Est-ce que tu t’es déjà fait refusé par une fille ? Et que Redford n’a même pas compris la question, et que c’est à ce moment là que Nichols aurait décidé de prendre un autre acteur. De plus, Dustin Hoffman d’origine juive, représente en fait les minorités à cette époque, ceci est voulu, d’ailleurs il est à noter qu’on est en 67 à la sortie du film, un an avant les évènements de mai 68 et donc qu’il y a une volonté de libération chez les jeunes. Déjà lors de sa sortie en salle, le film fait scandale puisqu’il traite d’une liaison entre une femme mûre et un étudiant. Les scènes où Anne Bancroft est quasiment nue ne sont pas vraiment choquantes puisque Mike Nichols a bronzé tellement la peau de l’actrice qu’on a l’impression qu’elle est en maillot de bain (en tout cas c’est beaucoup moins choquant que sans bronzage).

J’ai apprécié la fin, quand Elaine et Benjamin sont dans le bus et qu’ils ne se regardent pas. On a l’impression qu’Elaine se demande si elle a fait le bon choix. Ils regardent tous les deux vers la route, vers l’avenir qui s’ouvre à eux. C’est vraiment une belle image et surtout ça change des happy end où le héros embrasse l’héroïne.

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