Tetsuo

Les premières minutes du film sont parmi les plus réussies. Cela aurait pu être une fable cyberpunk sur la déshumanisation des individus dans une ère post-industrielle (il y a peut-être une dimension uchronique qui n'est pas exploitée). Mais Shinya Tsukamoto ne choisit pas de raconter une histoire, ou si peu. Le scénario est réduit à la portion congru, et la psychologie des personnages est au diapason. En dehors de la transformation du héros en entité electronico-mécanique, les péripéties semblent un peu répétitives, a l'image de l'environnement sonore (crissements de frein, hurlements, explosions, crissements de frein, hurlements, etc.) sur fond de musique industrielle, et oscille perpétuellement entre des plages d'horreur abstraite d'une beauté surréaliste et des citations potaches de films d'épouvante de série Z. Il y a aussi d'autres parentés évidentes, on pense entre autres à Lynch (Eraserhead), ou à Cronenberg (La mouche). Dommage que l'ambition se soit limité à l'univers visuel. Graphiquement, c'est souvent superbe et les séquences d'animations font parfois penser au style particulier d'un Jan Svankmajer.