Quelques heures de printemps

J'apprécie le cinéma de Stéphane Brizé, mais là, il n'a pas su m'embarquer avec lui. Son film n'est pourtant pas mauvais, et j'en comprends les intentions. Je les salue même, car le message est pas mal engagé. Mais j'ai trouvé ça fouillis, pas aboutis et moins finement écrit que ses autres films. Pour moi on mélange trop de thèmes, à tel point qu'on peine à traiter chacun d'entre eux pleinement.

Le film commence sur la sortie de prison d'Alain après un petit délit d'ordre financier. Il a perdu son emploi du fait de son passage en case prison, il est difficile à recaser ailleurs sur un marché de l'emploi plutôt bouché, et donc sans revenu, contraint de retourner vivre chez sa mère. Il y aurait eu plein de choses intéressantes à dire sur la réinsertion des détenus... mais on n'a pas vraiment le temps, car il faut vite enchaîner sur un autre sujet.

Sa relation à sa mère, qui est pas mal complexe. On sent la situation délicate et non choisie ni pour l'un ni pour l'autre. On comprend que l'environnement familial n'était pas idéal, avec un père certainement violent. On sent que chacun, de son côté, à de la rancœur, se sent mal aimé. Mais au lieu de jouer cette carte à fond, comme Xavier Dolan par exemple a su le faire...

Bah on enchaîne plutôt sur une petite romance que j'ai trouvée littéralement de trop dans le film pris dans son ensemble. Ça densifie un peu le personnage d'Alain avec des problèmes de communication et une honte vis à vis de sa situation qui l'empêche d'avancer, mais c'est bien tout. On ne restera pas durablement marqué par ce couple naissant.

D'autant plus que, paf, encore un autre sujet. Et finalement le sujet principal du film, même s'il arrive tardivement. La maladie incurable de la mère, qui de fil en aiguille, va l'amener à un suicide assisté en Suisse, en compagnie de son fils, qui a accepté malgré la rancœur de l'accompagner dans cette épreuve. Cet aspect du film est clairement le plus juste et le plus intéressant, avec un final qu'on connait d'avance, mais qui n'en est pas moins déchirant. Avec en prime une superbe prestation d'acteur aussi bien de Vincent Lindon jouant le fils que d'Hélène Vincent jouant la mère.

On termine clairement, pas en beauté au vu du sujet, mais sur la partie la plus aboutie, qui nous marque, et nous fait repartir avec une impression assez positive, qui irradie tout le film. Je ne peux en aucun cas dire que j'ai passé un mauvais moment. Mais pour ma part, je n'arrive pas pour autant à oublier les débuts assez laborieux de l'intrigue.

Douloureux sujet concernant la fin de vie. Soins palliatifs ou auto-suicide assisté ? Certains sont bien décidés face à leur choix. Dans ce film Hélène Vincent et Vincent Lindon jouent leur rôle à la perfection. Difficulté de communication... Jolie musique qui colle bien au thème. Un bon moment de cinéma mais quelques larmes à verser plusieurs fois au long du film. Je le regardais presque comme un documentaire J'avais vu "Le choix de Jean" qui là est vraiment un documentaire et cela m'avait bouleversée. La mort en direct à la télé... C'est d'ailleurs après avoir vu ce film réel que Stéphane Brizé a eu l'idée de ce film.