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Ladybird
Réalisateur
- Ken Loach (Réalisateur)
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Ladybird
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Vous avez un coup de mou, vous êtes déprimé et vous cherchez un film feel-good pour vous remonter le moral ? Eh bien ne regardez surtout pas Ladybird.... Je vous dis ça, je suis pourtant une habituée du cinéma de Ken Loach, et plus largement des drames ou des films d'auteur, et même moi j'ai trouvé ça âpre. Il y a vraiment des passages très durs à soutenir dans ce film. Alors pas forcément visuellement, il y a quelques scènes de violence, mais rien par rapport à ce qu'un film d'horreur ou même un simple thriller peut proposer. Mais émotionnellement, psychologiquement, intellectuellement, ce film est vraiment très très dur et remue clairement des choses. Je pensais que comme dans d'autres films de Ken Loach, on allait avoir des touches d'humour auxquelles se rattacher, mais non, il y a vraiment rien, c'est un drame pure jus.
Alors après, c'est remarquablement bien fait. Il y a un réalisme éblouissant dans ce film. Les acteurs sont géniaux. Suivant l'habitude de Ken Loach, c'est globalement des illustres inconnus et des personnes qui n'ont fait qu'un film dans leur vie, mais qui nous submergent totalement le temps de ce film - dans ma notation j'ai mis 10/10 à l’interprétation. Mais c'est tellement sombre, tellement sans espoir, qu'il est vraiment dur de dire qu'on aime le film, on est plutôt soulagé que ça s'arrête.
Pour vous donner un peu de contexte, ce film traite de la protection de l'enfance, avec donc cette femme, puis ce couple, qui va se voir retirer plusieurs de ses enfants par les services sociaux. Le système du Royaume-Uni est connu pour être extrêmement strict, avec une tendance à retirer des enfants à leurs parents bien plus facilement qu'en France. On ne sanctionne pas seulement les actes de maltraitance avérés, mais on cherche à éviter les dangers potentiels pour ces enfants. Et quand on est dans l'hypothétique, c'est la porte ouverte à des interprétations sans fins, et selon certains à des abus, voire à un système de classe, où on retire des enfants à des gens pauvres, pour les donner à l'adoption à des gens riches. Si vous cherchez un peu sur internet, vous trouverez facilement des articles et documentaires à ce sujet, qui a été quand même pas mal commenté ("Enfants volés d'Angleterre" par exemple).
Peut-être que je pense ainsi parce que je suis juriste et j'ai été formatée à penser ainsi ; peut-être. J'ai fait du droit comparé, c'est à dire prendre un problème commun à plusieurs pays (ici : comment protéger les enfants des abus causés par leurs parents) et on regarde comment les différents pays ont trouvé des solutions à ce même problème, solutions qui sont souvent elles différentes. Mais la base de la base quand on fait ça, c'est de jamais affirmer que untel à raison et untel à tord, ni de jamais partir du principe que son système est le meilleur et que ce que les autres font de différent de nous est forcément mauvais. On évalue les forces et faiblesses de chaque système, car le système parfait n'existe jamais, on voit si on peut en tirer une synthèse, ce qu'on peut apprendre les uns des autres. Et du coup, même si c'est assez horrible ce qu'on voit, j'ai beaucoup de mal à formuler un jugement sur ce que j'ai vu dans ce film, et encore plus à condamner un système qui n'est pas le mien, et que je connais finalement très peu, juste ce qu'on m'en montre ici.
Dans ce film, beaucoup plus que dans d'autres de ce réalisateur je pense, on est dans une démarche extrêmement militante, tellement militante qu'elle n'en est plus totalement honnête. Il nous montre que ce qu'il a envie de nous montrer, pour servir son message. On ne nous donne pas des armes pour réellement juger les choses en toute connaissance de cause. Par exemple, il y a quand même de gros points d'ombre dans le comportement de Maggie, et des pères de ses enfants. Ce n'est pas non plus pour rien qu'on lui a retiré ses premiers enfants. Mais ça, on n'en parle quasiment pas, on met sous le tapis ce qui ne nous arrange pas trop. Et ça me laisse du coup sur un sentiment un peu contrasté.
Précisons aussi que le film commence à avoir son age, il date de 1994. Et pourtant le système britannique de la protection de l'enfance dénoncé dans le film n'a pas changé depuis cette date. Ou alors pas dans le sens attendu par Ken Loach, puisqu'il a même été renforcé. C'est sûrement dur à entendre juste après avoir le film, mais le fait est qu'une large majorité des britanniques approuvent ce système, pense qu'il est bon pour protéger les enfants, et qui sommes nous pour dire qu'ils ont tord ? D'autant plus connaissant les problèmes en la matière de notre propre système. Il y a environ 6 mois Zone Interdite a fait un reportage édifiant sur notre aide sociale à l'enfance, clairement, on pourrait faire un film tout aussi dur à voir sur le système français, donc on est qui pour donner des leçons ? Le sujet est hyper délicat, viscéral pour beaucoup de gens. Le film a de grosse qualité, les interprètes sont bouleversants, mais c'est clairement maladroit de la part du réalisateur d'avoir cru qu'il pouvait traiter d'un tel thème dans un film de moins de 2h.
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Les chiffres
spectateurs | 14 |
Commentaires | 1 |
répliques | 0 |
Evaluations | 3 |
Note globale | 6.33 / 10 |
Synopsis
Maggie a eu quatre enfants de quatre hommes différents. A la suite d'une liaison violente, l'assistante sociale lui retire la garde de ses enfants. Elle rencontre Jorge, refugié latino-américain et parvient enfin au bonheur. Ensemble, ils vont tout tenter dans un long combat contre l'administration pour reprendre les enfants de Maggie. (Source : Allociné)
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