Commentaires de films faits par pwachevski
Répliques de films par pwachevski
Commentaires de films appréciés par pwachevski
Répliques de films appréciées par pwachevski
Sur le fond, du fait du thème bien entendu. Ça a un peu vieilli, mais honnêtement pas beaucoup. Aujourd'hui on donnerait sûrement une tournure un peu plus écolo à la chose, mais c'est bien tout. Les situations, les populations qu'on nous montre, l'émotion qu'elles provoquent parfois, l'absurdité d'un système, tout cela est toujours très pertinent. Bien sûr que le traitement est orienté, mais c'est assumé, donc ça ne m'a pas vraiment dérangé. Sauf peut-être sur un point, la vision un peu naïve et idéalisée de cette vie en marge de la société, qui rencontre quand même ses limites à un moment (et que je n'avais pourtant absolument pas ressenti dans "Sans toit ni loi" de la même réalisatrice, avec un thème un peu similaire).
Sur la forme, j'ai trouvé remarquable qu'on ait su mettre autant d'humour dans ce documentaire, sans jamais rogner sur le message. C'est vraiment la plus grosse qualité du film je pense. Ce n'est ni plombant, ni culpabilisant, on n'est pas donneur de leçon, on ne prétend d'ailleurs pas avoir la solution au problème. Le film bénéficie par ailleurs du regard aiguisé de sa cinéaste de réalisatrice. Si on ne révolutionne pas l'interview face camera, on a su intégrer dans le documentaire des séquences bien plus artistiques, qui donnent là encore une saveur assez unique au film.
A revoir tout de même quand j'aurais complété ma filmographie de quelques œuvres supplémentaires de Jacques Demy, car je n'avais malheureusement pas toutes les références. Mais loin de ternir mon plaisir au visionnage, ça me donne plutôt envie d'y (re)plonger au plus vite.
Sans même parler de l'histoire, c'est malheureusement un film d'animation assez cheap techniquement. Les images ne sont honnêtement pas très belles, que ce soient les designs pas fous des personnages, les images très répétitives ou l'animation assez peu fluide. Franchement, ça ne fait pas film d'animation soigné, mais on sent vraiment qu'on n'y a pas mis les moyens, et ça ressemble plutôt à un dessin animé d'il y a 15 ans fait au kilomètre. J'ai par contre bien aimé la BO, que j'ai trouvée entraînante.
Quand au scénario, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est mauvais, mais c'est vraiment simplet et enfantin. Batman est envoyé en mission le 24 décembre, au grand désespoir de son fils. Des cambrioleurs viendront à la maison en l'absence de Batman, l'occasion pour son fils, qui rêve de devenir un super héros à son tour, de faire ses preuves. Il n'y a que très peu, voire pas du tout, de double lecture pour les adultes qui s'y aventurent. Et par conséquent, on s'ennuie un peu une fois qu'on a passé l'âge. Ce n'est même pas particulièrement drôle.
Après on a le mérite d'avoir glissé plein de références Batman, et plus largement à l'univers DC, dans le film. Même si on passe tout de même à côté d'une référence qui me semblait assez évidente : le fils de Batman a un chat, quand on aurait pu exploiter Ace, le chien de Batman.
En revanche, quel dommage qu'on respecte aussi peu les caractères attendus des personnages. Batman est un papa gâteau complètement niais et avec une voix qui ne colle pas vraiment, pas le début de son côté un peu dépressif habituel. Alfred est horriblement chiant à faire la morale à tout le monde.
Ah et aussi, il y a une scène où Batman dit être en train d'emballer le cadeau qu'il fait à son fils, donc nous avoue à demi mot que le père Noël n'existe pas. Dans un film de Noël pour les enfants, je trouve franchement ça maladroit.
Au niveau du concept, on est dans un univers dystopique où on arrête de vieillir après 25 ans (oui, oui, vous ne verrez donc aucune personne "âgée" dans ce film, juste des gens jeunes et sexy, et c'est remarquable de mauvais goût). Le temps après 25 ans est ensuite compté, il doit se gagner, s'acheter, s'échanger, se voler,... Bref, le temps remplace ainsi de fait l'argent. Ce n'est clairement pas le concept de SF le plus novateur (combien de fois on a déjà parlé de temps dans une œuvre de SF ?) ou le plus fin que j'ai vu dans ma vie, d'autant plus qu'on ne cherchera pas à lui donner la moindre crédibilité par une quelconque justification sur comment tout cela est "techniquement" possible. Mais ce n'est pas non plus, comme parfois en SF, un concept complètement stupide qu'on a envie de rejeter dès le début du film. Donc bon, je ne suis pas particulièrement emballée, mais je me dis pourquoi pas ; je suis en tout cas sûre qu'il y avait les moyens de faire un film correct en partant de là.
Notamment, le film aurait ainsi pu aborder d'une façon détournée toutes les questions liées à l'argent, au capitalisme, à l'exploitation de l'homme par l'homme, à la compétition malsaine entre les gens, etc. De façon évidente il est là le problème moral principal de TOUS les personnages qu'on rencontre dans ce film. Par ailleurs, c'est ça qui aurait permis de faire un parallèle pertinent avec notre société, de l'interroger, de nous faire réfléchir, peut-être changer d'avis, et pas juste nous raconter une fable de fiction qu'on oubliera 10 minutes après l'avoir vue ; bref, de remplir la mission d'une bonne œuvre de SF. Sauf que non. On est dans un film américain quand même, donc on ne peut pas tenir ce message de gauchiste. Donc on va volontairement saborder son propre concept ! On va volontairement ne pas traiter la principale problématique découlant de ce concept et ainsi, au bout d'à peine de 15-20 minutes, le film commencera sérieusement à chier en terme de scénario... On va savamment éviter de dire la moindre chose engagée. On n'en parle même pas vraiment en fait, juste quelques généralités sur le partage des richesses. C'est là, sous notre nez, on ne voit que ça, mais ça traverse pourtant jamais l'esprit des personnages d'aller pour de vrai creuser les choses.
A la place, on va plutôt partir dans une espèce de délire complotiste de mauvais goût, avec une élite cachée de vilains immortels qui veulent tuer les autres. In fine, ça sera juste l'occasion de nous montrer une course-poursuite. Oui. Une simple course-poursuite pendant 2h : pas besoin d'argument pour dire pourquoi on s'ennuie, cette information se suffit à elle-même... On va suivre un insupportable personnage principal, mais vraiment, j'ai eu AUCUNE sympathie pour lui. C'est un nouveau riche, qui prétend vouloir changer les choses, mais agit d'une façon aussi insupportable que les gens qu'il critique (la voiture de sport par exemple). On va nous offrir la romance mièvre réglementaire dans un blockbuster, qui doit faire rêver des gamines malgré son côté hyper malsain
Les personnages ne nous touchent jamais car ils n'ont quasiment pas de personnalité et un passif tenant sur un timbre poste. Ou alors, ils avaient du potentiel, mais là encore, on se tire une balle dans le pied tout seul, en le mettant sous le tapis, plutôt que de le traiter convenablement. [spoiler]L'espèce de policier là, Leon, on sent bien qu'il y a de la matière intéressante, dans son petit côté suffisant, mais expérimenté ; que Will devine comme étant lié à son passé de "pauvre". On aurait pu dire plein de choses sur ce personnage, bah non, on ne nous en dira rien. Donc il passera au final juste pour un flic à qui on a envie de mettre des baffes.[/spoiler]
On multipliera les erreurs d'écriture et autres choses pas crédibles du tout. [spoiler]Il y a juste rien qui va dans l'intrigue autour du personnage d'Henry. Enfin vous avez bien vu d'une part comment les caméras de surveillance et la sécurité de façon générale sont omniprésentes dans le film, et d'autre part comment c'est dur de sortir du "ghetto" des pauvres, mais aussi d'y entrer. Et lui, il y serait entré, sans que personne ne le voie, ne l'en empêche, que ce soit avec de bonnes ou de mauvaises intentions ?! Il y a aucune explication rationnelle à sa présence ici : il aurait pu se suicider chez lui, avec ou sans don de son temps à quelqu'un. Aussi, ça aurait pu être lui le héros du film, qui a une prise de conscience malgré son statut de privilégier et qui se bat de l'intérieur pour rééquilibrer le système. Il n'y a aucune explication rationnelle à ce que Will lui vienne en aide dans le bar plutôt que de se barrer comme tous les autres. Il y a rien de rationnel non plus dans la réaction de la police non plus, qui va multiplier les démarches pour comprendre où est passée sa centaine d'années, mais pas le millier d'années qu'il était aussi censé avoir aussi ?!! Et la mort du personnage de Rachel, la mère, on en parle tellement il y a rien qui va ? Elle espérait quoi au juste en se défaisant de 2 jours pour ne garder que 1h30 de temps de vie ?! Mourir chez elle dans la nuit ? Et l'accident de voiture de Will et Sylvia, dont ils se relèvent comme si de rien était ? Et Sylvia qui tire dans le mille alors que c'est la première fois qu'elle tire de sa vie ?! Le policier qui guérit d'une balle dans le bras en 2h ?!! Le braquage de la "banque" : allo, les banques n'ont plus de grandes quantités d'argent liquide, mais par contre une donnée immatérielle comme le temps, ils en ont des coffres plein ?!!! Et pourquoi, alors que les personnages vivent dans un coupe-gorge, personne n'a jamais braqué de banque avant, si c'est aussi simple qu'on le montre ?!!!! Oh et ce final "oups, j'ai plus de temps" de Leon, qu'on voit venir de loin, alors même que le personnage nous a dit au moins 3 fois dans le film qu'il a 50 ans d'expérience, qu'il connait parfaitement son métier : il ne devrait pas mourir aussi connement. L'énorme faux raccord ensuite quand les personnages de Will et Sylvia s'éloignent et qu'il n'y a plus le corps de Leon à l'arrière-plan. Non vraiment, il y a pas grand-chose qui va dans ce scénario.
Cette intrigue franchement plus que moyenne est soulignée par une réalisation du même niveau. Houlala mais quelle recherche pour créer une ambiance, bravo, j'applaudis des deux mains : les pauvres ont un filtre jaune pisseux, les riches un filtre bleuté aseptisé. Waouh ! Sans oublier cette insupportable BO, faite principalement de bon gros violons, qui est là pour vous dire quand vous devez ressentir une émotion, puisque les images ne vous en feront ressentir aucune.
Côté interprétation, on ne partait pas avec un avantage, quand on prend pour les rôles principaux Justin Timberlake et Amanda Seyfried, qui ne sont pas franchement les acteurs les plus subtils que je connaisse. Mais si en plus on leur fait jouer une histoire aussi bancale et inintéressante, forcement qu'ils vont être complètement quelconques, car n'importe qui serait quelconque s'il devait jouer ça. Pas mauvais, je peux pas dire qu'ils jouent mal, mais ils sont plats. Je l'ai déjà dit, mais je n'ai ressenti absolument aucune émotion devant ce film. Sans rire, la chose la plus impressionnante que fait Amanda, c'est littéralement de courir sur des talons hauts comme si de rien était pendant la moitié du film. Et pardon, mais je me suis prise des fous rires toute seule devant Cillian Murphy, parce que clairement, il a lâché l'affaire. On adore le "disappointed Cillian Murphy meme" en interview et sur les réseaux sociaux, mais pas dans les films eux-mêmes quand même ! Enfin ce n'est pas de notre faute, mon grand, si tu joues dans un film pourri et que ton personnage a été écrit, il est vrai, avec les pieds...
Comme le premier, on sera trash mais furieusement drôle. Comme le premier, l'ancrage géographique et culturel à Édimbourg donne une saveur inimitable au film (à voir absolument en VO pour le travail sur l'accent écossais). Le talent de metteur en scène de Danny Boyle semble s'être décuplé avec les années et il est accompagné d'un chef opérateur, Anthony Dod Mantle, visiblement en grande forme tant les lumières ont été soignées. Bien entendu, les interprètes toujours aussi bons, la BO toujours aussi entraînante et la bonne dose de nostalgie heureuse feront le reste. L'ensemble est un film ni indispensable et ni parfait, mais c'est indéniablement très distrayant et plaisant à voir, tout en restant précis sur les aspects techniques.
Je me demande si d'une certaine manière je n'ai pas même préféré cette suite. Bien que l'intrigue soit relativement basique, j'ai été séduite par sa structuration, qui ménage un peu de suspense ; et la mise en abyme autour du personnage de Spud est une excellente idée. Par ailleurs, le fait de suivre des personnages plus âgés, un peu cassés par la vie, m'a semblé plus touchant que leurs jeunes versions.
Choose life.
C'est une histoire très simple, presque pas originale ; je ne vais pas plus haut dans ma notation pour cette raison. Mais elle est si superbement mise en scène et interprétée qu'on se laisse très vite emporter par la lenteur hypnotique du film et son émotion. Rarement on aura vu ailleurs des personnages ensemble mais seuls, autant attirés l'un par l'autre, mais avec une composition aussi sobre - le film ne contient même pas un baiser.
J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de mystique, de fascinant et d'hypnotique dans cette histoire, mais qui sait aussi ménager un suspense digne d'un thriller, des émotions fortes et des réflexions terre à terre sur les liens entre science et religion. On s'inscrit très intelligemment dans un certain cadre historique et géographique, qu'on prend également plaisir à suivre. J'entends que le rythme lent en bloquera certains, mais je l'ai trouvé parfaitement adapté à l'intrigue, justement pour avoir ce côté planant.
La mise en scène du film est assez remarquable au vu des contraintes inhérentes au projet, souvent dans des intérieurs très dépouillées et littéralement éclairés à la bougie. On apprécie d'autant plus les grands espaces extérieurs qu'on nous montrera à d'autres moments. Quant à la direction d'acteurs, elle est simplement superbe. Bien sûr qu'il y a Florence Pugh qui crève l'écran, comment ne pas l'aimer quand on voit la façon dont elle porte ce film, avec aucun artifice derrière lequel se cacher. Mais on en parle de la performance Kila Lord Cassidy, dans le rôle de la petite Anna ? C'est quand la dernière fois qu'on a vu un enfant tenir ainsi un rôle dramatique ? Dans les rôles secondaires, Elaine Cassidy dans le rôle de la mère, Niamh Algar dans le rôle de la sœur ou Tom Burke jouant le journaliste, apportent aussi une touche intéressante au film.
Le seul petit défaut que je trouve, c'est le côté un peu surfait de l'introduction, de la conclusion et d'une scène vers le milieu du film, où on brise le 4ème mur, comme on dit. On s'adresse directement aux spectateurs pour disserter sur la façon de raconter une histoire. Je n'ai ni trouvé ça pertinent, ni vraiment compris ce qu'on voulait nous dire ici. Mais comme ce n'est qu'un très court temps dans le film, je n'en tiens pas rigueur dans ma notation.
Pourtant, je découvre après coup qu'on adapte ici un roman qui a connu un vif succès et qui fait plus de 1 200 pages, donc qu'on a très probablement déjà fait des coupes assez franches dans l'intrigue. Mais je ne sais pas tout à fait pourquoi (n'ayant pas lu le livre) mais je suis intimement persuadée qu'on a soit trop coupé ou soit pas assez, mais qu'en l'état le scénario n'est pas équilibré. Le message semble dilué et l'intensité dramatique du film ne m'a pas atteint totalement.
Les aspects techniques n'y changent pas grand-chose. On a une réalisation proprette mais sans réelle saveur. On est parfois noyé sous une BO trop présente. Le casting est globalement au niveau, sans fausse note d'interprétation, pourtant là encore, l'émotion reste en surface. Une mention spéciale peut-être pour Sarah Paulson, que je n'avais jamais vue ainsi.
On dirait une espèce de mélange entre Mr Ripley et la série Skins, avec une petite touche de Call me by your name, le tout saupoudré de références mythologiques
La réalisation est quand même d'une belle facture. Elle est ouvertement tape à l’œil, elle jette de la poudre aux yeux, mais elle colle tellement bien à l'histoire qu'on raconte. Ça n'empêche pas de vrais moments de finesse, dans la façon de filmer les corps des différents acteurs, de proposer une photographie parfois très travaillée ou d'utiliser intelligemment la BO. Je trouve même que Saltburn a un assez gros potentiel de film culte avec plusieurs scènes qui semblent vraiment avoir été pensées pour marquer les esprits, être revues en boucle, réappropriées par les spectateurs (réseaux sociaux, parodies...), comme la scène finale ou la scène de la baignoire. Quelque chose me dit qu'on citera pendant de longues années certains passages du film en référence.
Par ailleurs, moi ce que j'aime particulièrement dans une œuvre de fiction, c'est voir les personnages évoluer, et là on est en plein dedans. Bien sûr, il y a évidement le personnage d'Olivier, pièce maîtresse du film, parfaitement interprété par Barry Keoghan. Ça y est, j'ai mon poulain ! Pour moi c'est la meilleure performance d'acteur, la plus complète, que j'ai vue cette année (oui, meilleur que Bradley Cooper dans Maestro, que Cillian Murphy dans Oppenheimer et que Leonardo DiCaprio dans Killers of the Flower Moon) mais m'engueulez pas, je ne fais pas partie de l'académie des Oscars, ce n'est pas moi qui vais voter.
En réalité, c'est l'ensemble des personnages qui vont être profondément marqués par les événements, et prendront des trajectoires intéressantes. C'est rare d'avoir une globalité de personnages écrits aussi intelligemment et aussi bien joués, car l'intégralité du casting est vraiment convaincante. La réalisatrice a su mettre chacun en valeur, avec pour tous au moins une scène forte où l'interprète peut s'amuser un peu avec son personnage, et vraiment montrer de quoi il est capable.
Là où ça pêche en revanche, c'est sur la crédibilité. Si c'est une œuvre de fiction plaisante, on a quand même beaucoup de mal à croire que tout cela serait réellement possible. D'autant plus dans la dernière demi-heure du film, qui fait preuve d'une certaine surenchère un poil désagréable [spoiler]: la mort de Felix, ok, on y croit, mais la suite fait vraiment artificiel.[/spoiler] Quelques petits défauts visuels également. Même si je l'ai beaucoup aimé, l'âge de Barry Keoghan ne convient pas. Je ne l'ai pas trouvé totalement crédible à jouer le jeune étudiant alors qu'il a entre autres des ridules autour des yeux. Rien d'anormal, je ne suis pas en train de critiquer son physique, il a juste le visage naturel d'un jeune trentenaire. Mais son personnage doit avoir 10 ans de moins ! Par conséquent, ça ne fonctionne pas totalement, alors qu'on aurait facilement pu améliorer ça avec du maquillage, voire en éditant les images, au moins les gros plans. [spoiler]De même sur la fin, qui est supposée se passer 15 ans plus tard, au vu des masques anti-covid qu'on aperçoit dans le café, mais où on n'a rien fait pour vieillir les acteurs. Dans le même ordre d'idée, les dents naturelles, absolument pas alignées d'Alison Oliver, jouant Venetia, ne cadrent pas avec son statut de fille riche et à son milieu qui mise beaucoup sur l'apparence. L'un dans l'autre, il y a un moment où le charme du film se rompe, on décroche un peu, et ça, c'est un défaut assez grave à mon sens - en tout cas il a beaucoup pesé dans ma notation un peu à la baisse.
Dans une moindre mesure, on regrettera le rythme parfois un peu mou. Ou plutôt certaines scènes pas indispensables, notamment au début. Ça aurait pu dynamiser l'ensemble, si on avait écourté la chose. Ou au contraire, épaissir l'intrigue si on avait traité ce passage avec la même ambition que le reste. Le personnage de Michael, l'ami impopulaire et pénible qu'Oliver se fait au tout début du film, fait par exemple un peu tache dans l'écriture du film, tant il est caricatural.
Je ne suis également pas certaine d'avoir très bien compris l'intention, le message, la morale du film. Je n'en tire pas forcément d'enseignement pour ma vraie vie. Alors attention, je ne dis pas que le cinéma a, de façon générale, la mission d'éduquer son spectateur. Mais quand on prétend faire une satire sociale, ça me semble être une attente légitime, et qui n'est pas remplie ici. Tout l'intérêt d'un antihéros c'est de nous mettre face à des traits de personnalité sombres mais faisant aussi partie de la nature humaine ; là on va trop loin pour qu'on s'y retrouve (ou en tout cas je ne m'y suis pas retrouvée). Le côté "lutte des classes" ou au moins personnages de milieux différents, est traité d'une manière assez binaire, qui ne fera pas bouger les lignes, d'un côté ou de l'autre.
Le film reste cependant intéressant de par l'audace de son sujet, comme Parasite de Bong Joon-Ho a pu l'être il y a quelques années - je crois qu'il y a un vrai parallèle à faire entre ces deux films (et il y a bien plus dégueu comme comparaison !). Quoi qu'il en soit, Saltburn n'est pas un film lisse, calibré pour plaire au plus grand nombre, bref, à vous de vous en faire une idée.
Finalement, il n'y a que les séquences avec les Minions qui m'ont plu avec leur absurdité.
On appréciera tout de même la beauté, l'inventivité et surtout la modernité de sa mise en scène, qui n'a globalement pas pris une ride. Les décors et costumes sont très riches. L'interprétation, dans sa globalité, mais surtout de Martine Carol, surprend aussi par sa justesse et modernité - même sur des films bien plus récents que celui-ci, on retrouve parfois des dérives théâtrales dans l'interprétation, qu'on n'a pas ici. Je pense vraiment que ça constitue aujourd'hui le plus grand intérêt du film. On sent complètement que le film a marqué l'histoire du cinéma et continue d'inspirer des cinéastes actuels, et ça c'est quand même remarquable.
Comme il existe plusieurs versions du film pouvant être assez différentes, je précise que j'ai vu la version remastérisée de 2008. Elle est vraiment belle au niveau de l'image. Le son est par contre un peu limite dans certaines scènes, notamment celles dans le cirque, où il faut vraiment tendre l'oreille.
Je suis un peu mitigée au final, mais pas forcément pour la raison que j'attendais. Je m'attendais à ce que comme tous les films de Noël ce soit niais à souhait, complètement cucul la praline, pas réaliste et en fait pas vraiment, ou pas totalement. C'est étrange car ça l'est sur certains aspects mais sur d'autres absolument pas. Sur le traitement de l'homosexualité notamment, on est très sérieux. Mais presque trop en fait. Ou du moins trop dramatique. Enfin personnellement je me suis juste sentie hyper mal pour les personnages pendant les 3/4 du film (Abby, Harper ou même le personnage secondaire de Riley, mais aussi pour d'autres raisons les 2 sœurs de Harper) ; je n'ai vraiment pas trouvé l'humour du film dans la plupart des scènes. On est allée trop loin dans le malaise pour moi, et donc la résolution du film, qui doit bien sûr finir en happy end, sonne tellement faux. Encore plus faux qu'un film qui serait resté dans un registre léger tout du long.
Je trouve pourtant sans l'ombre d'un doute que le film a un message intéressant, engagé, important, et qui fera sûrement beaucoup de bien à certaines familles (avec ou sans l'aspect homosexualité d'un enfant). Mais je ne suis pas certaine que le film de Noël et son univers très codifié, supposés être légers, pas prises de tête, étaient réellement pertinents pour délivrer ce message.
Sur les aspects techniques, la réalisation est très proprette mais lisse, sans réelle personnalité. Le film souffre de quelques longueurs et d'un rythme parfois un peu mou. On aurait facilement pu le faire passer sous la barre des 1h30 je pense. J'ai trouvé que Mackenzie Davis, jouant Harper, avait quelques soucis de justesse, elle en faisait globalement trop pour moi. En revanche, sans être un grand rôle pour elle, j'ai bien aimé Kristen Stewart dans le rôle d'Abby. C'est avec ce genre de film qu'on voit vraiment les progrès énormes qu'elle a faits comme actrice depuis Twilight, Blanche Neige, etc. Parce que même avec un film pas ouf comme celui-ci, elle arrive à faire quelque chose d'intéressant de son personnage et à relever le niveau d'ensemble.
Mais en même temps, malgré ce thème ultra précis, on arrive à l'élargir intelligemment pour qu'une large audience y trouvera un intérêt. Pas besoin d'être prêtre pour ne pas s'épanouir dans son métier, pour faire un métier qui ne nous plaît pas vraiment pour faire plaisir à ses parents, pour ressentir du stress, une pression quand on se rend sur son lieu de travail, etc. Le film n'utilise pas ces mots, mais on peut par moment se demander si Tom n'est pas en dépression ou en brun out. Bref, il y quelque chose de juste et de touchant dans ce film.
Je constate cependant que bizarrement, les passages que j'ai préférés sont les plus bruts, ceux qui sont issus du vrai journal vidéo de Tom. Je ne suis pas certaine que tout l'habillage, le montage etc... choisis par la réalisatrice apportent vraiment quelque chose de plus à tout ça.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - et j'avoue que j'ai un peu de mal à comparer ce film avec les autres de la sélection, dans la mesure où c'est le seul documentaire, mais je l'ai quand même noté 3/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
A la place, on va plutôt prendre très vite un ton absurde, multiplier les personnages, les sous-intrigues, s'y perdre et s'y ennuyer un peu, car globalement tous les personnages fuient devant leur responsabilité. J'ai compris qu'on a essayé de partir de cette situation pour en faire une sorte d'allégorie bien plus large, mais ça ne prend pas pour moi. Je trouve qu'on dirait un peu une version ratée de Leviathan de Andreï Zviaguintsev.
Côté réalisation, je suis un peu partagée. J'ai bien aimé certains choix de plan (par exemple quand on voit les choses du point de vue du dauphin mort) ou de couleurs (la première scène par exemple). Mais le traitement des corps et de la nudité dans ce film m'a par contre dérouté. J'ai trouvé ça tellement gratuit et pas nécessaire.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - plutôt dans le bas du panier, car je pense que ce film aurait pu être bien meilleur qu'il ne l'est, je l'ai noté 2/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
Je signale juste une chose. Dans le premier comme dans celui-ci, je regrette un léger surjeu global des acteurs. Un côté un peu théâtral dans leur façon de déclamer leurs répliques dans un français qui se veut "à l'ancienne". Je voudrais quand même signaler qu'Eva Green s'en sort mieux que ses camarades et arrive à conserver un aspect beaucoup plus naturel malgré cette contrainte. Et comme on la voit logiquement pas mal dans ce deuxième film, c'est quand même son personnage qui donne le titre au film, j'ai eu globalement une meilleure impression sur l'interprétation.
En revanche, en terme de scénario, ma préférence ira sans l'ombre d'un doute vers le premier. On adopte ici un ton plus martial, la bataille à La Rochelle occupant une large partie du film. La réalisation est bonne, s'efforçant de rendre très lisibles les combats, ce qui est un vrai gros point positif. Mais ça manque un peu d'explications, pour se sentir concernés par les enjeux de la bataille. On présente par ailleurs un complot très basique, trop basique pour être vraiment prenant ou surprenant.
L'intrigue avec Milady et Constance est plus séduisante en terme d'enjeux, mais ne se juxtaposait pas toujours très bien avec la bataille se jouant en parallèle. Plus d'une fois, j'ai eu le sentiment que le film passait abruptement du coq à l'âne ; avec un certain doute sur la crédibilité, les personnages se déplaçant quand même avec une rapidité et une facilité déconcertante d'un point à l'autre du pays. L'émotion aurait aussi parfois dû y être plus forte
En bref, une petite déception quand même pour moi. Ce n'est pas un mauvais film, car ça reste distrayant et plaisant à regarder, mais la passion n'y était pas vraiment. J'ai quand même découvert avec plaisir à la fin l'ouverture vers un troisième film (je ne savais pas que c'était en projet), et malgré ce film en demi-teinte, j'irais sans trop de doute le voir à sa sortie.
On suit le personnage de Dimitris, qui grandit dans une sorte de foyer pour orphelins, où il s'y est fait un très bon ami, Nick
L'intrigue n'est donc pas forcément très novatrice, mais on a quand même su y glisser intelligemment des points d'originalité en piochant dans la société chypriote, ce qui lui donne une saveur particulière. On ressent bien le côté insulaire, avec la mer présente dans de nombreuses scènes, mais aussi comme un clin d’œil à l'isolement des personnages. On met en valeur paysages et climat méditerranéens par la réalisation. On fait sentir la complexe frontière qui barre le pays, ainsi que sa proximité avec la Grèce et la Turquie. On entrevoit son système social, sa protection de l'enfance. L'union européenne a également une certaine place dans le film. La BO est très présente par moment et j'imagine composé de chanteurs locaux, ce qui donne un côté un peu planant à certaines scènes ; comme la scène de danse finale par exemple, là encore avec des pas de danse locaux. Bref il y a comme ça plein de petites choses qui donnent une identité assez forte au film.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - ce n'est pas le film que j'ai préféré mais c'est quand même une très chouette découverte et un film dont je garderais un vrai bon souvenir, donc que j'ai envie de soutenir. Je lui ai donné la jolie note de 4/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
C'est donc un biopic sur Leonard Bernstein, que j'avoue que je connaissais peu, à part West Side Story. Et bizarrement, le film ne m'en a pas forcément appris beaucoup plus sur son œuvre. On fait en effet le choix d'un angle d'attaque très personnel, au travers de sa relation complexe avec son épouse, Felicia Cohn Montealegre, qui forme le fil rouge du film. C'est un choix risqué, audacieux, car il peut complètement braquer ; même si j'ai personnellement beaucoup aimé le film, je comprendrais totalement quelqu'un qui me dirait qu'il trouve le film sans intérêt pour ce motif. Mais ce n'est pas un choix inédit, ça m'a rappelé un peu l'intention du Steve Jobs de Danny Boyle, qui tournait beaucoup autour de ses relations familiales ratées, notamment avec ses enfants. Ainsi, l'idée de Maestro n'est pas de faire un inventaire exhaustif et encyclopédique du personnage, ou d'avoir une approche technique de son métier de chef d'orchestre (qui peut sembler bien mystérieux pour un néophyte) ou de sa musique, mais plutôt de présenter des situations humaines dans lesquelles le spectateur pourra se reconnaître, se projeter : relations amoureuses, amicales, familiales, les sacrifices à faire parfois dans le couple, bisexualité, maladie...
A partir de là, soit vous adhérez à ce choix de scénario, soit vous n'adhérez pas ; il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, c'est strictement une affaire de goût. Pour ma part j'ai plutôt bien adhéré, j'ai vraiment pris un grand plaisir à voir cette histoire se dérouler sous mes yeux. De voir son évolution aussi, car on arrive bien à distinguer des phases dans le récit. Le début du film a ce côté très mignon, naïf, des débuts de relation, sans verser dans la mièvrerie pour autant. Le milieu du film traite plutôt de la thématique de la famille prise au sens large, avec l'arrivée des enfants et également un tournant relationnel dans le couple, ou s'installe aigreur et jalousie - c'est la partie que j'ai le moins apprécié, ça ramollissait on peu trop pour moi le rythme du film et l'émotion n'y était pas forcement très présente, malgré le sujet qui s'y prêtait. Le couple se retrouve finalement sur la fin, qui est de loin la partie la plus émouvante, avec toute l'émotion d'un amour encore présent malgré les années et tout ce qu'ils ont traversé.
Techniquement parlant, bien que d'un classicisme parfois excessif, le film fait également des choix forts je pense.
Déjà Bradley Cooper, le réalisateur, fait le choix de ne pas donner le beau rôle à Bradley Cooper, l'acteur. Et c'est la 2ème fois qu'il fait ça, A star is born avait la même formule. Le film semble vraiment avoir été écrit, tourné, joué dans l'idée de mettre en valeur sa magnifique partenaire de jeu, Carrey Mulligan, plutôt que lui-même. Dans le petit monde du cinéma, où les personnalités mégalos sont un peu la norme, c'est vraiment un beau geste, répété, qui mérite d'être souligné je pense. Bradley Cooper joue un personnage qui n'est pas forcément sympathique. Pas détestable non plus, mais c'est un personnage très contrasté. On peut le trouver charmant, au début du film notamment, il a clairement un fort attachement pour ses enfants, ou encore, c'est un passionné et avec une grande générosité pour ses élèves. Mais on peut aussi le trouver grinçant, centré sur lui-même, égoïste et terriblement maladroit. Alors que Carrey Mulligan joue un personnage bien plus empathique, simple à aimer, sans tomber pour autant dans le cliché de la femme douce, fragile ou effacée derrière son époux. Elle a bien au contraire une vraie puissance et indépendance : même si le film parle du maestro, on ne passe pas sous silence la jolie carrière qu'elle a eu elle, dans un autre domaine. C'est aussi le personnage qui amènera la plus forte émotion du film, sur la fin. Bref, même sans être le personnage principal "officiel", on ne voit à peu près qu'elle dans ce film.
Ensuite, mais quelle technique Bradley Cooper, le réalisateur ! C'est arrivé quand ?!! A star is born ne m'avait pas du tout marqué en terme de réalisation, à part peut-être les scènes de concert, qui avaient de la puissance. Mais là, on est certainement trop classique, mais on est d'une précision et d'une beauté qui n'a pas grand chose à envier à des réalisateurs plus chevronnés. La première partie est celle qui m'en a mis le plus plein la vue, avec son noir et blanc hyper soigné, sa photographie absolument superbe, ses multiples faux plans séquences et sa scène de comédie musicale pure, avec de la danse etc. (maintenant je veux une comédie musicale, une vraie, réalisée par Cooper). La suite, en couleur, a un peu moins de charme, malgré l'aspect vieillit intéressant. Par contre, on a toujours ces plans très travaillés, très construits, qui nous régalent.
Quelques fulgurances, comme la fameuse scène du concert, dont on a entendu beaucoup parler avant même que le film ne sorte. Si on met de côté le storytelling un peu grossier, visant à marquer les esprits durant la saison des prix (entre autres que Bradley Cooper aurait passé des années à peaufiner cette scène : c'est sûrement vrai, mais il ne faut pas croire non plus qu'il a bossé non stop sur ça tous les jours pendant des années...), on en parle quand même beaucoup à raison. La scène est superbe, et d'autant plus bluffante qu'on n'a pas vraiment de point de comparaison. On a rarement, voire jamais vu une scène comparable au cinéma, et ça c'est quand même remarquable - même dans Whiplash je n'ai pas souvenir d'une chose comparable. Même en terme d'interprétation pour Bradley Cooper, l'acteur cette fois, il y a quelque chose de fort et d'inédit qui se passe, car la réussite de la scène qui ne tient que peu aux expressions de son visage, c'est le travail du corps qui fait l'essentiel de la scène ici. Là encore, je ne saurais pas vous dire quand on a déjà vu quelque chose de similaire au cinéma.
Dernier choix très audacieux que j'ai noté : la sobriété de la BO. En fait, la majorité du film est sans BO, juste du silence. C'est complètement contre intuitif pour un film musical. Mais ça permet du coup de n'utiliser que des musiques de Bernstein, et de les mettre réellement en valeur, car leur rareté et le choix de morceaux longs fait qu'on les apprécie à leur juste valeur, on les savoure. C'est finalement peut-être la meilleure façon de rendre hommage à son travail, plus qu'en nous faisant une dissertation verbeuse à ce sujet.
Il me semble difficile de ne pas imaginer ce film bien placé pour la course aux prix de cette saison. Je ne m'hasarderais cependant pas à faire des pronostics, car cette année compte quand même une très belle brochette de films qualitatifs. Je serais réellement totalement incapable de dire si j'ai préféré, par exemple, l'interprétation de Carrey Mulligan dans ce film ou Lily Gladstone dans Killers of the Flower Moon : les deux sont géniales. Donc je vais me contenter d'apprécier cette formidable dynamique d'ensemble, qui fait quand même du bien après la covid et quelques années cinéma un peu en demi-teinte.
On suit donc sans plaisir ni intérêt particulier trois jeunes Allemands partant en vacances à Cuba. Et c'est à peu près tout. Il n'y a pas plus d'histoire que ça. Ils font un peu de tourisme (pas trop trop non plus), dansent la salsa, picolent dans des bars, vont à la plage et se prennent le bec sur des sujets plus ou moins (surtout moins) importants. On a une vague histoire d'argent, et de frère dont on part à la recherche, mais dont on se fout en réalité complètement.
Bien sûr, on sera putassier sinon c'est pas drôle ! Comme le synopsis le laisse entendre, ça va dragouiller sévère, souvent avec une lourdeur juste gênante (la scène avec la glace, mon Dieu, comment on peut écrire une scène pareille ?!), ça se baladera à moitié nu et se touchera la nouille (ou la moule) dès que possible. Il y aura un vague triangle amoureux aussi attendu que ridicule, même pas touchant, car sans émotion, sans sentiment. On donne juste l'impression que le garçon voulait tremper son biscuit, peu importe dans qui. On est bien loin de la promesse d'un film sensuel, car il y a rien d'émoustillant à voir ça, c'est juste chiant et de mauvais goût, en fait. Franchement, Abdellatif Kechiche n'est vraiment pas un réalisateur que j'aime, mais au moins quand il nous promet une intention similaire dans un film comme Mektoub my love, il y va à fond, il y a pas de tromperie sur la marchandise. Là on a juste un discours opportuniste qu'on assume pas derrière.
On ne reculera pas non plus devant la récupération tout aussi opportuniste de sujets "à la mode". On vous montrera des aisselles poilues féminines ou de la masturbation féminine pour tenter de vous faire croire qu'il y a un message féministe à tout ça (non). On vous parlera vaguement du sort des lamantins pour tenter de vous faire croire qu'il y a un message écologiste à tout ça (non).
Bref, un film avec pas le début d'une intrigue ou de progression des personnages. Même pas une réalisation qui nous fait rêver, alors que j'imagine pourtant que ce n'est pas les jolies cartes postales qui manquent à Cuba. On perd juste 1h40 de sa vie a regarder du cinéma de rien, aucun message, aucun intérêt. J'aurais vu le film de vacances d'un cousin éloigné, ça m'aurait fait le même effet.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - et clairement pour moi pas au niveau quand on compare à TOUS les autres films de la sélection. Même Splendide hôtel, autre film de la sélection qui n'était pas à mon goût, j'arrivais quand même à lui trouver des qualités, un intérêt, une bonne idée de départ, etc. Alors que là, vraiment, il y a RIEN qui m'a séduite dans ce film. Je l'ai noté 1/5, mais uniquement parce qu'on ne pouvait pas mettre 0... Mais bizarrement c'est ce film qui a gagné, comme quoi les goûts et les couleurs... Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
En fait, je suis surtout déçue pas tant par des défauts objectifs du film, mais plutôt pour un motif subjectif. La lecture du synopsis m'a vraiment parlé et je m'étais tout simplement imaginé le film autrement. Alors qu'à l'arrivée, j'ai été perdue par la narration, qui part dans tous les sens, frôle avec l'expérimental, et ça ne va pas en s'arrangeant à mesure qu'on avance dans le film. J'avoue mettre même un peu ennuyée sur la 2eme moitié du film.
Cependant, je trouve malgré tout de belles qualités au film.
Sur la forme, les paysages du nord de la Norvège sont un vrai plaisir à voir. On fait également preuve d'une imagination et d'un sens de l'image indéniable ; la scène avec les paillettes dorées par exemple, qui a d'ailleurs été choisie pour l'affiche. Plus largement c'est une vraie bonne surprise de trouver des costumes si travaillés dans un film "petit budget" du genre. La réalisatrice a probablement dû se décarcasser pour proposer un résultat aussi soigné et foisonnant.
Sur le fond, malgré sa bizarrerie, et une grande sœur qu'on peine à comprendre, même à la fin du film, j'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de sincère et touchant dans cette relation entre sœurs. De plus, le plus gros point positif du film je pense, c'est son choix de traiter de la thématique de l'éco-anxieté. C'est pour ma part la première fois que je vois une œuvre de fiction à ce sujet, alors que je pense pourtant que pour ma génération, et encore plus pour les générations après moi, c'est un état très courant. Les réflexions du film seront ainsi probablement partagées par pas mal de spectateurs, il y a un côté universel pour une génération qui est très intéressant. Pour autant, le film ne s'inscrit pas dans une posture moralisatrice, ne prétend pas non plus avoir la solution au problème, il invite simplement et intelligemment à la réflexion.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - et plutôt dans le bas du panier de la sélection selon moi, mais je suis sûre et certaine que ce film peut trouver un public, même si c'est pas moi. Je l'ai noté 2/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
L'Érythrée est considéré comme la pire dictature d'Afrique, voire du monde. C'est un pays qui n'occupe pourtant quasiment pas la scène médiatique et dont on ne sait du coup généralement très peu de choses. Le film aborde la situation avec pudeur, à travers le personnage de Semret, qu'on sent traumatisée, mais qui se mure dans le silence. On nous apportera des bribes d'informations par-ci par-là, on l'entremêlera avec l'histoire d'autres personnes venant du même pays, mais on ne nous racontera jamais l'intégralité de son histoire. Bien loin d'être frustrant, cela permet plutôt de créer une certaine transversalité, plutôt que de ne traiter que d'une situation individuelle. Bref, c'est un film avec un message fort et puissant, mais qui ne versera jamais dans le pathos ou le misérabilisme, et je le trouve très intelligent pour cette raison. C'est vraiment un film joliment écrit.
Par ailleurs, le personnage de Semret n'est pas unidimensionnel, on lui donnera d'autres facettes, avec des vues de son métier, de sa vie de mère célibataire d'une adolescente qui lui échappe un peu, on sent un duo mère/fille en pleine évolution ou encore dans la relation amicale (et peut-être pas que) qu'elle entretien avec un collègue de la même communauté.
Je suis cependant un peu moins emballée par la forme. Rien de dramatique, ce n'est pas mauvais non plus, mais j'ai trouvé la réalisation fade, un peu plate, sans recherche. Je n'ai pas trop apprécié non plus la prestation de l'actrice principale Lula Mebrahtu, que j'ai trouvé assez inexpressive, trop froide. Elle s'ouvre un peu dans une scène sur la fin (elle en est donc capable !), mais pour se refermer aussitôt. Ça tend à faire penser que c'est un choix de la réalisatrice d'avoir dirigé cette actrice ainsi, mais je ne le comprends pas vraiment. Pour ma part ça m'a retiré une part d'émotion que j'aurais légitimement pu avoir.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - et si c'est une chouette découverte dans l'ensemble, ce n'est tout de même pas ce que j'ai vu de mieux. Je l'ai noté 3/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
Le film est assez épuré. On n'est pas spectaculaire, alors qu'on aurait facilement pu faire le choix de l'être avec ce personnage de Joaquina, dite Quina. Elle a un fort caractère et possède aussi un don, fait des prophéties. Dans le même temps elle amasse des richesses, alors quelle s'isole de plus en plus de sa famille. Mais on préfère rester dans la sobriété, la suggestion de cette riche vie intérieure et matérielle du personnage. Vient alors la complexité, par les réflexions qu'on égraine plutôt, sur la famille, l'éducation des femmes, sur le sens de la vie, sur ce qui est vraiment important, sur le bien, le mal.
Le personnage de la nièce, Germa, qui prend de l'importance dans la seconde moitié du film, apporte encore une dimension supplémentaire. Deux femmes fortes, puissantes, si similaires, mais pourtant si différentes, ne trouvant pas de terrain d'entente, entre admiration et détestation. Avec le solide duo d'actrices, d'autant bien choisies qu'il y a une certaine ressemblance physique, Maria Joao Pinho jouant une Quina vieillissante et Joana Ribeiro jouant la pimpante Germa, c'est bien plus qu'une simple jalousie qui va se jouer. C'est un jeu de manipulation, auquel personne n'est dupe, pas même Quina, jusqu'à un final un peu frustrant, mais en même temps logique et marquant.
Bref, on est sur quelque chose qui se rapproche quand même fortement du coup de cœur pour ma part et qui me donne en tout cas très envie de découvrir le livre maintenant. On sent malheureusement que le film a du faire des coupes, des ellipses, des raccourcis dans cette histoire ; il aurait mérité de durer une petite demi heure de plus. Et c'est pour ça que j'ai très envie de découvrir le support d'origine.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - et sans l'ombre d'une hésitation le film que j'ai préféré ! Le seul 5/5 que j'ai donné dans le cadre de ce Festival, et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
En terme de forme, c'est un film qui manque de liant. On juxtapose les scènes sans les relier entre elle, sans vraiment faire évoluer situations et personnages, si ce n'est à coup d'excessives phrases toutes faites ("c'est de ta faute" "tu lui faisais peur" "tu es mon paradis") ou de décisions qu'on peine à comprendre (une fille se suicide, alors organisons un chemin de croix : euuuuuuh pourquoi ?). On y intercale parfois des scènes "hors sujet", sur les sangliers ou sur l'exposition artistique, qu'on ne comprendra qu'à la toute fin, quand on apprend que c'est une histoire vraie (pas sûre que c'était le meilleur moyen de la raconter...).
En terme de fond, je ne dis pas forcement que le film met de l'huile sur le feu, mais je pense qu'il traite de l'huile sans traiter du feu. C'est typiquement le genre de film où à la fin chacun campera sur ses positions, ça n'invite pas à faire un pas vers l'autre.
Si vous êtes croyant, on vous donnera de la matière pour critiquer Daniel et à travers lui la communauté LGBT, car il se met clairement trop en avant, adopte un comportement qu'on peut juger provoquant et irrespectueux, en s'identifiant de façon excessive au Christ
Et si vous êtes gay friendly, on vous donnera de la matière pour critiquer la religion, car on va vous montrer tout ce qu'elle fait de pire. On a des gens qui prônent l'amour et le pardon mais qui se montrent irrespectueux au possible, qui agissent en meute pour intimider le plus petit nombre, qui usent d'une violence physique comme psychologique, qui ne ressentent aucun remord à stigmatiser, à rejeter un membre de leur propre communauté. On ne vous délivrera pas un message d'apaisement inspirant, même sans être croyant. On ne vous montrera pas de personnages ayant un esprit d'ouverture, faisant le lien entre les deux mondes. Ou au moins un personnage ayant assez de libre arbitre pour ne pas se laisser prendre par l'effet de groupe, rejetant sa violence.
Et donc au final, on passe à côté de ce personnage de Daniel, tiraillé entre ce qu'il est et ce en quoi il croit. On ne traite pas efficacement de cette dualité que ça provoque, comment il la vit et la surmonte. On reste simplement excessif et superficiel.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - et vous aurez donc compris que ce n'est pas ce que j'y ai vu de mieux ; mais pas ce que j'ai vu de pire non plus. Je l'ai noté 2/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
J'étais quand même curieuse de voir ce que pouvait donner ce préquel, qui n'est pas fondé sur une œuvre littéraire, mais bien sorti du chapeau d'un scénariste de cinéma, ce qui offre une assez grande liberté. Une liberté dont on fait très bon usage dans le développement d'un univers visuel à la fois désuet et moderne, un peu steampunk, mais clairement très bien foutu. Il est impossible de dater dans le temps ce qu'on nous montre, on apprécie juste l'imaginaire riche qu'on déroule, et les sublimes décors qu'on traverse.
Autre point positif, Timothée Chalamet tient quand même plutôt très bien le rôle. Ça doit être compliqué, je pense, de passer comme ça après le Johnny Depp de la bonne époque, qui a vraiment marqué le personnage. Mais il se débrouille super bien parce qu'il ne cherche pas à l'imiter, mais juste a offrir sa version du personnage. C'est aussi l’occasion de le découvrir sur un registre comique, qui n'est pas forcément l'univers qui a marqué sa jeune carrière, alors que ça lui va extrêmement bien aussi, sans rogner sur la qualité de l'interprétation. Dans une moindre mesure, Olivia Colman est un vrai bonheur et on est content de voir les mimiques de Rowan Atkinson dans un autre rôle que celui qui l'a fait mondialement connaître. Petite déception peut-être quand même pour Hugh Grant. Alors c'est pas qu'il ne joue pas bien, mais on ne le voit pas assez !
Bon, maintenant on va passer à ce qui fâche : le scénario... Malgré quelques thématiques un peu sérieuses qu'on essaye d'y glisser, on n'arrive pas à percer le plafond de verre qui en aurait fait autre chose qu'un mièvre film pour enfants, prévisible sur toute la ligne et bien trop sucré arrivé à l'age adulte. Le scénario n'a vraiment zéro crédibilité, mais à tel point qu'on fait même plus semblant, et qu'on bascule totalement dans le caricatural
Il y a sûrement un public pour ça, d'autant plus pour la période des vacances de fin d'année, donc je ne déconseille absolument pas le film. Mais clairement, je ne fais pas (plus ?) partie de ce public.
Pour le reste, ce n'est pas tout à fait un documentaire animalier, mais plutôt un documentaire sur comment on fait un documentaire animalier. On suit donc Sylvain Tesson, j'ai déjà parlé de lui, mais aussi Vincent Munier, qui est lui photographe animalier.
Pour ma part, je découvre ces deux personnes par ce film, je partais vraiment sans aucun a priori, et j'avoue que j'ai plutôt été séduite et portée par le message de Vincent Munier. Il expliquera tout le long du film des choses intéressantes sur son métier, qui est plutôt méconnu je pense, dans une démarche qui se veut très respectueuse des lieux et des créatures, humaines ou animales, qui y vivent. J'ai été beaucoup moins fan du discours de Sylvain Tesson, que j'ai trouvé beaucoup plus opportuniste. On aligne tous les arguments simplistes et fallacieux habituels prônant un retour à la nature et le rejet du monde moderne . J'entends que ça fasse partie de ce genre de personnage, mais moi ce n'est clairement pas ma tasse de thé, et ça a honnêtement gâché mon expérience cinématographique, par ce commentaire trop présent, trop appuyé. (Nota : ce n'est pas la peine de venir m'insulter en réponse à ce commentaire, demandez à Google pourquoi l'appel à la nature est un procédé rhétorique assez naze, des gens vous l'expliqueront avec bien plus de talent que moi, et ça fait pas de moi une dangereuse anti-écolo pour autant ; puis vu ce que j'ai entendu, je suis même assez certaine que Sylvain Tesson est bien plus réac' que moi...)
Très dommage, car à côté de ça, le film est une merveille pour les yeux. Le point de départ de leur voyage au Tibet est l'envie de voire une panthère des neiges, mais sans que ce ne soit une fin en soit ; on appréciera tout autant la visite d'autres animaux, comme des renards, des ours.... Les paysages sont juste à couper le souffle de par leur beauté, joliment mise en valeur pas la réalisation, le montage, et la BO. Vous me coupez le son et le film bascule en liste or.
C'est un très intéressant film espagnol sur la transidentité car il l'aborde sur un ton quasi documentaire, en distillant pas mal d'informations assez sérieuses sur le sujet. Ça rend le film très réaliste et sincère, car on sent vraiment qu'il est fait par des gens qui ont réellement vécu ces choses là. Raphaëlle Perez, actrice principale (française) du film, en est le meilleur exemple. Elle n'est pas forcément une actrice avec une très grande technique, à l'interprétation millimétrée, mais elle déborde quand même de sincérité, car on sent chez elle une certaine urgence à exprimer ces choses là. Ça la rend très touchante, puissante et inspirante, et pas seulement pour les gens qui partagent son parcours de personne transgenre.
Mais bizarrement, alors même que je trouve le film pertinent de par son réalisme, je trouve aussi que c'est le principal défaut du film. Il est presque "trop médical". Il manque un peu d'enjeux plus fictionnels. On ne ménage pas un scénario très fouillé, et le développement des personnages reste assez limité et monomaniaque. Raphaëlle cherchant l'amour sur Tinder pour combler un vide en elle permet de dire des choses intéressantes sur les difficultés que les femmes, et d'autant plus les femmes transgenres, peuvent rencontrer, mais tourne un peu en boucle.
Dans l'ensemble, j'ai quand même envie de retenir le positif : l'originalité du film, le sérieux de sa démarche, le bon moment au visionnage car j'ai trouvé ça très distrayant, et surtout, sa lumineuse actrice principale, qui est une très chouette découverte pour moi.
(Vu dans le cadre de l'ARTEKino Festival 2023 - c'est l'un des films que j'ai préféré dans la sélection, mais je lui en ai tout de même préféré deux autres. Je lui ai quand même donné la jolie note de 4/5. Et si ça vous intéresse, voici mon classement personnel :
=> Liste or : 5/5
1- La Sibylle d'Eduardo Brito
=> Liste argent : 4/5
2- À corps perdu de Sabrina Sarabi
3- Le choix de Raphi / Mon vide et moi d'Adrián Silvestre
4- .Dog de Yianna Americanou
=> Liste bronze : 3/5
5- Semret de Caterina Mona
6- Ladybitch de Paula Knüpling et Marina Prados
7- Sundays d'Alethea Avramis
=> Liste vu aussi : 2/5
8- Nos peurs et nos espoirs de Łukasz Gutt et Łukasz Ronduda
9- Sister, What Grows Where Land Is Sick? de Franciska Eliassen
10- Fishbone de Dragomir Sholev
=> Liste pas apprécié : 1/5
11- Splendide Hôtel : un voyant enfer de Pedro Aguilera
12- Vamos A La Playa de Bettina Blümner)
J'ai trouvé que c'était un film de guerre bien peu inspiré. Passé l'originalité de nous placer dans le conflit nord irlandais, il y a plus grand chose à se mettre sous la dent. Et encore ! On nous dira littéralement que 2 mots sur ce conflit : il y a des cathos et des protestants qui se battent, allez taper dans le tas. La suite, un film bien linéaire, qu'on semble déjà connaître, avec un soldat isolé qui va se battre pour survivre plus ou moins seul contre tous. Ce qui aurait dû être l'âme du film, son originalité qui le rend marquant n'est finalement qu'un prétexte pour réaliser un banal film d'action.
Le traitement des personnages est juste une catastrophe, je suis désolée. On n'a strictement aucune raison de s'attacher au personnage principal, à part parce qu'on a décrété arbitrairement que c'était lui le héros du film ! Il n'est pas plus intéressant ou plus touchant que les autres personnages. Au contraire, il y a plein de personnages secondaires qui me semblaient avoir bien plus d'intérêts que lui (ce petit garçon qui l'aide à se rendre au pub ou l'autre jeune joué par Barry Keoghan ou cette faction secrète/espionnage de l'armée : j'aurais vraiment aimé en savoir plus sur eux). Les personnages appartiennent à des sous-groupes qu'on oublie trop vite, on sait plus qui est de quel côté, qui est contre et avec qui, tout ça parce que c'est sans importance en réalité, dans la construction de ce film.
La réalisation ne m'a pas emballée non plus. Je lui reconnais une certaine puissance et sa capacité à faire monter la pression, le rythme. Mais cette caméra trop gigotante a vraiment eu tendance à me filer le mal de mer.
Le film garde quand même pour moi la qualité de son interprétation, d'une façon globale. Même s'il est dommage que les scènes les plus intéressantes de ce point de vue soient vraiment sur la fin du film. Elles sont là, mais on les aura attendues !